Tout le monde y a mis du sien, sauf une. Évidemment. C’est dans les statistiques, on ne pouvait pas y couper. La pénible de service. Celle qui est venue pour expliquer à quel point elle se trouve exceptionnelle et qui nous démontre le contraire heure après heure. C’est très long. C’est très pénible. Mes dents commencent à crisser, tellement je les serre fort pour ne pas lui crier de fermer sa gueule.
La formatrice est en train de craquer, ce qui me fait hurler de rire intérieurement. Les mots au tableau qui devaient éclairer notre journée sont écrits en grandes lettres rouges : écoute, confidentialité, bienveillance. Morte de rire. L’intervenante nous a expliqué que 70% de notre communication était non verbale. Alors, que faut-il en penser quand elle serre les lèvres, les poings, lorsqu’elle prend de grandes inspirations chaque fois que l’autre conne prend la parole, sans l’avoir demandé, ni s’excuser d’ailleurs ?
Je n’en peux plus de cette grande saucisse. Elle doit bien faire dans le mètre quatre-vingt, dont un bon mètre vingt de jambes. Genre Adriana Karembeu. Elle porte un mini short sur des collants. Elle a une grosse bouche. Oui, je sais : moi aussi, au début de la journée, je l’ai trouvé sexy. Mais elle a une tronche bizarre, un peu déformée, et surtout, surtout, surtout, il ne faut pas qu’elle ouvre le bec. Si elle parle, on a très vite envie de la frapper.
Les heures passent et l’envie de la frapper disparaît progressivement, remplacé par le désir irrésistible de lui cogner violemment la tête contre le mur. Puis, très vite, ça ne suffit plus. Un bain d’acide ? Non plus. Une balle dans le cerveau ? Pas sûr qu’elle en ait un, elle est capable de continuer à nous soûler. Foutre le feu à ses cheveux filasses ? Ah, ça commence à prendre forme dans ma tête. Un grand bûcher, façon Jeanne D’Arc. Elle, attachée à un tableau de présentation, toutes les feuilles du photocopieur roulées en boule à ses pieds. Nous onze tout autour, avec, dans une main, un briquet et dans l’autre, un feutre marqueur rouge. La formatrice, grande prêtresse de la cérémonie de l’expiation de la connerie, dirait d’une voix forte :
— Tu as pêché, sorcière ! Reconnais-tu tes torts ? Avoue que tu as été très conne et tu seras peut-être pardonnée dans l’au-delà ! Ici, sur Terre, ce n’est plus possible, mais va savoir avec les deux barbus, celui tout en blanc et celui tout en noir ….
Et elle, elle répondrait :
— Mais je n’ai pas fini de vous raconter mon histoire de travail ….
Et nous, on la couperait tous en chœur en criant :
— Ta gueule, connasse !
Tout à tour, on lui barbouillerait de marqueur rouge la tronche et enfin, sur un signe de notre grande prêtresse et dans un ensemble parfait, nous allumerions les briquets. Un grand feu de joie s’élèverait enfin dans l’entreprise. La chaleur du feu rédempteur purifierait l’atmosphère du lieu. Le DRH se dépêcherait de quitter le bâtiment par l’escalier de service, au cas où il nous prendrait l’idée saugrenue de poursuivre notre combat contre la Connerie.
Mes fantasmes m’ont fait perdre le fil de la formation. Mais je continue à me poser la question : s’il est connu qu’on est toujours le con de quelqu’un, est-ce qu’on peut être la conne de tous ?
On est douze prisonniers, dans une petite salle qui commence à sentir fort les aisselles. Douze prisonniers pour huit heures. Une petite journée de formation sur le « mieux se connaître soi-même pour mieux interagir avec les autres ». Conneries en boîte.
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Enfin.
Enfin un texte de Saint-Con correspondant au cahier des charges.
La phrase de fin casse tout mais ça reste assez court pour se lire sans avoir envie de se gratter entre les orteils.
ça me rappelle "meutre dans l'orient express" avec Herakl... heu , Hercule Poirot
putain, j'espère que c'est pas ma sœur !
J'aime bien -
C'est écrit par 1 nana -
Mais qui n'a jamais écouté les paroles de Gérard Manset -
Dommage - Dommage -
Quand elle revint chez les siens,
Les gens l'attendaient sur le port,
Buvant le vin des musiciens,
Entourés d'hommes et de chiens
Fidêles aux longs cordages
Et qui tenaient debout leurs fusées.
On lui mit autour du cou
La dent du dernier cheval mort
Qu'on avait amené chez nous
Et dont on dit qu'il bouge encore.
En elle-même, au fond du puits
Du temps qui s'est passé depuis
Alors autour des barques folles,
Les flammes rouges montent du sol
Et devant l'évêque des mots.
On parle d'elle à demi-mot.
On dit de Jeanne revenue,
Rendant au ciel sa lame nue
Que chaque démon qu'elle abat,
C'est celui qu'elle avait mis bas
Quand elle revint chez les siens.
Les gens l'attendaient sur le port,
Fumant l'herbe des magiciens,
Jouant sur des violons anciens.
Au creux de leur âme s'envole
La chanson de Jeanne la folle.
On dit que Jeanne est revenue,
Que c'est le démon toute nue
Et devant l'évêque des mots,
On la condamne à demi-mot.
A côté d'eux, la Marne roule
Et, de son écharpe, elle enroule
Magiciens sans cérémonie
Qui montent le creux de son lit.
Alors, tout est bien
Et, de la Marne au Rhin,
Les hommes et les chiens
Tout le long du canal
Suivent Jeanne au bûcher bancal.
Quand elle revint chez les siens
Vivante et tous les autres morts,
Il s'en trouvait peut-être bien
Qui l'attendaient, qui l'aiment encore.
Au fond du puits volent les cendres
Où l'on voit son âme descendre.
On dit que Jeanne reviendra
Portant sa tête dans un drap.
Autour des barques qu'on a mises,
Montera l'eau de la Tamise
Et chanteront les vagues bleues,
Crachant des anges comme il pleut,
Des faux, des fourches et des pieux.
C'est pour le jugement de Dieu
Et chanteront les vagues bleues,
Crachant des anges comme il pleut
Des faux, des fourches et des pieux.
C'est pour le jugement de Dieu
Et chanteront les vagues bleues,
Crachant des anges comme il pleut
Des faux, des fourches et des pieux.
C'est pour le jugement de Dieu
https://www.youtube.com/watch?v=fNakbrvjoLc
...le minimum syndical...
Mais c'est vrai qu'il faudrait cramer tous ces "formateurs", collabos du système, payés par des entreprises parasites qui gravitent autour de pôle emploi et consort et qui viennent réciter leurs sermons d'intégration bidon aux chômeurs, aux jeunes, aux taulards aux handicapés, à des gens qui demande de l'aide mais qu'on va tenter d'asservir encore plus.
mise en conformité avec la charte d'accessibilité https://soundcloud.com/lazone-org/07-la-formation-saintcon2016