Peu importe, au fond, que tes pieds avancent, que tes chaussures s'usent, que tes genoux se disloquent. Peu te chaut, pas vrai, que tes vêtements s'agitent autour de ta peau mièvre, de tes articulations mal huilées, de tes os encore durs. Tu l'as intégré, on te l'a fourré dans les gênes, dans ta programmation initiale, dans les modes d'emploi tutélaires de tes traditions épiques. On te l'a gravé sur l'envers de la peau, on te l'a tatoué sur les synapses, on te l'a imprimé sur la rétine, sur la boîte noire que tu gardes dans la hanche, on te l'a volé pour que tu souhaites à tout prix le récupérer, pour que tu te battes, pour que tu lui coures après, encore, oui, cours, essouffle-toi, elle est là, la vie, du cardio sans tapis roulant, à l'ancienne, la langue sèche, flottant dans le vent, pour quoi, pour qui, pour rien, joie de l'absurde et de l'insensé, la fin justifie les moyens, je me gausse parce que c'est faux et qu'il faut s'appeler Vladimir pour y croire - quel verbe idiot - c'est le chemin qui te définit, pas l'aire d'autoroute où l'a syncope t'emporte, le bras bien raide et un magnifique pied-de-nez à l'attention de ton karma.
Tu es une intention, tu n'es pas un objectif.
Tu es un verbe et non un nom.
Tu es une litote, pas une explication.
Et dans le creux de tes désirs enfouis se rompent les vannes et se noient les chagrins. Je m'étonne que tu ne l'aies pas encore assimilé.
Il ne faut rien. Le besoin n'existe que pour pallier la frustration qui jugule nos envies. Je veux vouloir sans nécessité et devoir sans être obligé.
Pareil pour toi.
Que tu le saches ou non n'a strictement aucune espèce d'importance.
LA ZONE -
Trime, grince, couine, jette-toi à l'eau, la gorge ouverte et les doigts en suspens. Renâcle, miaule, aboie, refuse tant que tu peux, tant que tu oses, tant que tu veux, mais vas-y, fonce, démarre, botte en touche et mets-y le feu, brûle-toi et cours, toujours plus vite, toujours plus fort, essouffle-toi et crache, si ça t'élance, c'est normal, prends-en ton parti, jouis de la douleur, accepte-la, transforme-la en huile pour le moteur interne de ta vie branlante d'humain bancal, sois beau, tais-toi, sois laid aussi, ne parle pas davantage, te plains jamais, c'est comme ça, tu n'auras rien sans rien, t'auras que tes yeux pour pleurer, et si pleurer, ça soulage, n'oublie pas, vieille charrue, que ça ne sert à rien d'autre, que t'es quand même obligé de t'interrompre pour sécher tes larmes.
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Attention, je vais le lire.
ALERTE INFO
Ca y est, j'ai lu.
Il m'a fallu relire la fin une seconde fois pour vérifier qu'on ne se foutait pas de ma gueule, tout de même.
Et étrangement, non.
Ça me rappelle ce que nos officiers nous disaient quand on allait dans ces lointains goulags sibériens.
Frère, il faut mourir.
Je suis une litote, soit. Je viens de passer deux heures à essayer de comprendre pourquoi un microphone fonctionnait à l'avant d'un PC et pas à l'arrière, alors : soit.
La description du texte : pas lu, trop long, sûrement pas informatif. Soit.
CMB