LA ZONE -

Brouillons d'histoires - Théologie du Feu

Le 08/03/2016
par HaiKulysse
[illustration] Brouillons d'histoires : Théologie du Feu sur le mode Mill cette nuit.

Sèchement une droite dans la gueule. L'un s'en va, l'autre pisse le sang. La station d'Oji Kick évide tout ce qui pourrait nuire à sa réputation malfamée. Plus loin, si on quitte les quais de cette station de métro pour remonter à la surface : on voit sur les terrasses des cafés de jeunes gens attablés, devant un cendar et une bière. Il est tard : les soirées bien arrosées finissent ici tête-bêche dans le caniveau. De mon côté, j'écris vite, l'écriture automatique permet de ne rien avoir à penser. On entend le grondement régulier du métro de là où j'écris. Paris qui grouille de cloportes m'a vu débarquer le jour d'avant et, en observant la tapisserie jaune de la chambre d'hôtel, je me dis que ce n'est pas une ville pour moi. Pas une ville aussi pour commencer à se lancer dans un roman de longue haleine : trop de bruits, trop d'histoires pour rien.
Même la barre de recherche de Google semble ici contaminée par le malaise ambiant : à peine ai-je tapé plus de trois lettres qu'elle ne me propose déjà plus rien, comme si elle savait d'avance que je veux surfer sur les sites pornographiques, non mais franchement.
Les cris des enfants ont fait voler les vitres en éclats. Dans la cave, quelque chose respire péniblement.
Ils croient dur comme fer que la juxtaposition de ces épais rideaux tirés les cache du monde. Erreur. La Légende, clope au bec, surgit du fond des millénaires comme un spectre revenant les hanter, comme de la braise prête à être ravivée, haranguée par de multiples étincelles -des étincelles qu'ils sentent sous le textile comme des aiguilles brûlantes suturant une blessure-
Au-dessus, sur le plancher, on entend leur père aller dans la cuisine où il réchauffe une casserole de café sur des plaques à induction. Ils sont plongés dans un monde où la laideur l'a emporté ; elle a gagné du terrain petit-à-petit, opérant des travellings délirants, avant de brûler toute la beauté, toute la poésie initiale d'une société maintenant condamnée. Les braises qui résultent de cette combustion vont servir pour faire grandir les feux allumés ici et là. En soufflant de plus en plus fort sur les braises, la laideur comme une fougueuse déesse inca, attise l'âtre.
Dans la cuisine, il éteint son mégot dans une petite coupelle d’eau au fond de l’évier, s’essuie les mains dans un torchon suspendu contre le réfrigérateur. Ils savent d'avance qu'ils le retrouveront à leur mort, au niveau de la partie la plus inférieure des limbes infernales : Marcello, leur père, a conçu le Shining Project sans jamais manquer de combustibles. Et d’inspiration.
A deux heures vingt deux du matin, il vient de prendre non point le précieux café italien, cette liqueur vivifiante et concentrée, mais simplement une eau noirâtre dans une tasse de faïence bleue pâle étrangement décorée de fleur de lys.

Elle n'est pas morte seule au moins. En la retrouvant inanimée dans les souterrains de la station d'Oji Kick, l'équipe de nuit a eu un haut-le-corps lorsqu'elle a découvert son squelette, avec un organisme extra-terrestre collé sur le visage. Le temps d'une nuit, tout a chaviré pour elle.
On dirait que son squelette appartient à une vieille mais on a identifié la victime : X, vingt trois ans, travaillant pour la station comme agent d'entretien.
La peine, le vide, le néant absolu alimentent son inexistence qui aujourd'hui fait la une des journaux.

Les volets ont claqué et les vitres ont volé en éclats. Frères de Judas, les corbeaux décrivent de longs festons dans le ciel. Le labeur, la lumière aveuglante, la chaleur, la fatigue courbent les gens vers la terre.

Bon, alors voilà, je suis là, le cendar à ma gauche et Delphine à ma droite, nous sommes quatre à jouer, à moitié allongés sur le tapis du salon, après une soirée bien arrosée, quand je tire une étrange carte de tarot : Le Pendu. Mais ce n'est pas un pendu classique qui s'est glissé dans mes mains, la carte représente deux hommes pendus : l'un par le pied et l'autre par le cou, ils sont ainsi tête-bêche.
On rigole pour dissiper le malaise passager mais il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette histoire.

= commentaires =

LePouIleux
    le 11/03/2016 à 20:28:57
Comme dit dans le résumé, difficile de comprendre le sens général du texte s'il y a en a un. Mais l'ambiance putain, aussi noire et gerbante que les rues de Paris pour un provincial.
Muscadet

site blog fb
Pute : 0
    le 12/03/2016 à 08:44:30
Mon avis depuis un moment, et même si cela procède ici d'un clin d'oeil à Mill, c'est qu'Haikulysse propose des textes dont l'écriture et le style sont manifestement forcés.
L'aspect cryptique ou parfois ésotérique dessert sa volonté poétique, et de sens, qui se voit souvent nullifiée par une ligne directrice en mousse de canard, du coq-à-l'âne, ou les fameux apartés délétères.

L'écriture automatique, ça peut fonctionner très bien une fois ou deux sur dix, à condition de faire le tri et de s'auto-censurer régulièrement, ce que cet auteur refuse obstinément de faire.

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