« Si tu te révèles être simplement un inadapté avec un brouillon de série AB Prod à la place du génome, et pas un fils de pute infâme, tu pourras, peut-être, dans quelques années, une fois soldé ton passif de merdeux imbuvable, me sembler passable et viable. »
Glaüx - 2007
Il m'aura fallu près d'une décennie mais je n'ai pas renoncé -quel autre choix avais-je, moi qui n'étais capable de rien d'autre ?-, et je me présente à vous en ce jour, passif soldé et introspection entérinée, prétendant au titre d'Inadapté parmi les Inadaptés. J'ai renié l'inutile, le superflu, l'encombrant, cherchant parfois laborieusement, parfois en me reposant sur des acquis, la voie qui pouvait me mener au cœur et aux tripes, la seule qui vaille.
J'en ai pris plein la gueule depuis l'avènement d'internet. Je vous parle d'un temps où le seul moteur de recherche s'appelait Altavista, et où le moteur de recherche, c'était vous. Je vivais au Klondike, comme tous les autres, éberlué par cette ruée numérique dont j'esquissais à grand peine les contours.
Je ne savais rien, je découvrais tout, je m'en vexais comme un âne.
Vainement taquin, je m'imaginais furtif, ricanant sous cape, alors que pas du tout. Sainte Mère de Dieu, bienheureux celui qui croit aux vertus de la catharsis et ne craint point de s'exposer à ses propres forfaitures, et sort grandi et bienveillant envers celui qu'il a été.
« Cette petite salope d'Omega nous a refilé un texte que je suis certain d'avoir déjà lu [...] Bref, une monstrueuse tentative d'antijeu, qui devrait être sanctionnée par une victoire absolue et sans condition de ce jeu stupide. »
[...]
« Si c'est pour être publié plus souvent que les autres, à la limite je peux concevoir, mais on a défini un ordre de publication et on va s'y tenir pour éviter que ce site devienne la vitrine officielle de Mill & Omega-17 Corp. »
Nihil - 2007
Pour le meilleur et pour le pire, je dois presque tout à internet, y compris ma femme, mes plus salvatrices humiliations comme mes meilleurs textes : de mémoire, ils sont au nombre de deux. Justement châtié et justement récompensé, je n'ai aucune doléance à brandir. Internaute mi-figue mi-raisin, déjà dépassé par les tendances nouvelles qui font de moi un vieux loser s'accrochant à ses premiers émois, j'ai pris le maquis du relativisme.
N'ayant pourtant rien à vendre, je me retrouve à devoir tout de même convaincre. Si j'y suis réduit, je dirais ceci : j'ai changé sans le faire. L'évolution authentique réside dans le fait que l'on sait pourquoi, et que l'on est capable de l'expliquer. Je suis toujours l'abruti qui spammait ses textes en quête de reconnaissance, mais je ne le fais plus. Je suis toujours le crétin qui se trouvait drôle, mais je n'en fais plus autant. Je suis toujours le paumé qui rêvait d'être le nouveau Houellebecq, mais Houellebecq a failli.
Rien de rien, je ne suis pas contrit. Je me piédestale de mon misérabilisme, je sens la Force. Ce fluide qui parcourt l'univers, nous entoure et nous pénètre, et maintient la galaxie en un Tout unique. Le loser connaît ses classiques et vibre de ses échecs passés et à venir.
Que pourrait-on encore me faire subir. J'ai souffert la cruauté des prédateurs, le mépris de la tendance, l'opprobre des beaux et des apprêtés, la déconsidération des ambitieux, le jugement des parvenus, la risée des poseurs. Je suis blindé.
Mais malgré tout, alors que j'aurais pu m'enfoncer sans fin dans le dépit, et je l'ai fait un certain temps, j'ai pu rassembler mes forces pour tendre vers un idéal plus constructif : devenir par l'écriture quelque chose de moins insignifiant que ce que j'étais. Un tout petit peu moins, rien de fou, mais cette marge juste visible une fois atteinte en appelle une autre.
L'épée. Si elle miroite, c'est uniquement pour me renvoyer à ma condition. Poussière, j'y reviendrai.
« Il était abattu. Mais la mort a de quoi abattre n'importe qui. »
Richard Ford
J'ai reçu une éducation catholique, et j'élève mon catéchisme au rang de culture religieuse profitable car c'en est une. A peu de choses près à mi-chemin de ma vie, je sais déjà, bien sûr, que la seconde moitié passera bien plus vite que la première. Alors, qu'ai-je encore à perdre ? Franchement rien. J'ai une petite bite et j'ai lu le discours d'immortalité d'Alain Finkielkraut , en partie du moins, faut pas pousser.
Je suis raisonnablement raciste, souverainiste et identitaire. Réactionnaire. Soupirez autant que vous voulez, l'ambiance est plus décontractée aujourd'hui mais on faisait moins les marioles en 1995, je vous le dis tout net, aucun intellectuel ne s'y risquait, et le minitel servait à se branler sur 3615 ULLA.
Je souffle du nez en écoutant Zemmour, je hoquette comme une otarie, et j'ai voté une fois Front National, en 2012. Pour le plaisir de les faire transpirer, quand bien même pour une minute. Ils l'avaient tellement mérité.
Que vous faut-il savoir encore ? Je suis un livre ouvert.
Mon parcours, mes lectures, vous les connaissez, la bibliothèque complète du hipster des années 90-2000, l'écharpe en moins parce que je reste au chaud. Oui, bien entendu, quelques classiques de l'Antiquité pour faire bonne mesure, de préférence un Romain pour le côté décadent, mais sans plus.
Mes prédécesseurs ici-bas dont je devrais faire l'éloge -?-, Seigneur, il ne reste que des fantômes.. Les plus nostalgiques d'entre nous, les romantiques, les faibles qui n'ont pas su décrocher, les sentimentaux assumés et désœuvrés. Pitié.
Je pourrais bien vous parler de l'époque où on évoquait la Zone avec respect, où les transfuges déclaraient en époussetant leurs épaulettes qu'ils étaient zonards, une étiquette synonyme de galons dans ce web 1.0 qui n'était rien de moins qu'un Far West grisant mais tout cela vous semblerait si dérisoire à présent, à quoi bon. Vous m'avez bien compris depuis le début, ou vous n'avez rien à faire là.
Erreur d'aiguillage.
Si vous n'avez pas de Rolex à quarante ans, vous avez raté votre vie. J'ai abandonné les montres et les téléphones portables depuis 2010, et encore, j'étais en retard. C'est toujours mieux que jamais, paraît-il, mais n'y croyez pas trop : tard, c'est tard. Ne vous faîtes pas plus bête que vous n'êtes.
« La tolérance est le triste apanage de la vieillesse »
Michel Houellebecq
Parlons sexe. Je me suis dépucelé à vingt-et-un ans, j'ai tout de suite compris qu'on m'avait pris pour un con jusque-là. J'ai pris les mesures qui s'imposaient en conséquence, chose qui m'a servi, mais pas autant que la littérature évidemment. Je dois tout à mes lectures, puis ensuite à internet.
Les livres m'ont donné la théorie de la survie, internet m'en a offert les moyens.
C'est presque aussi simple que ça.
Je vais vous dire, l'épée, je me la prends.
J'en ai suffisamment chié pour me passer de votre adoubement.
Si je suis devenu cet auteur génial, c'est parce qu'on progresse dans l'existence, et donc fatalement dans l'écriture, en se faisant dresser et victimiser par ceux de plus d'expérience. A la dure.
Je suis de ceux qui ont appris à louer les traumatismes -grands et petits- car j'ai reconnu en eux de fiables balises.
Je suis de ceux qui ont appris à louer les traumatismes -grands et petits- car j'ai reconnu en eux de fiables balises.
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Ça clinque. Le verbe est haut et fier, dressé comme un sexe de bonobo se préparant au dialogue social.
Initiative audacieuse que ces discours d'auto-intronisation à la Zone, j'espère que d'autres contributeurs talentueux vont s'y lancer des deux mains.
de loin meilleur que le discours d'intronisation de Finkielkraut / faudrait que Muscadet prenne sa place à l'académie française et puis d'ailleurs faudrait remplacer les discours d'intronisation par des battles pour savoir qui rentre et qui sort plutôt que de laisser ce choix à la grande faucheuse, ça pourrait être hebdomadaire sur le mainstream et produit par Endemol
Super texte. Rien à dire.
Et ces deux dernières phrases sont superbes. Et le rythme, et tout quoi.
Bravo.
De la belle ouvrage. Pondu rapidement mais on sent que c'était larvé cette affaire, et que ça demandait à sourdre.
Mill a toujours été bon public ...
Mill a toujours été bon, public.
Sourdre est un verbe de level 5 ; ravi d'en faire l'acquisition, je me saisis de l'échelle coulissante en merisier verni pour l'ajouter à mes rayonnages.
sourdre phalanges
Staline au Quick. Ça sonne encore mieux que stabilocock.
L'objet du débat, j'imagine.
Datant de Janvier 2016, quand même.