Dans le passé, comme dans l'avenir et le présent d'ailleurs, il y eut, il y a et il y aura une escalade de croix gammées comme pour aboutir à quelque apogée effrayant. Mais est-ce qu'il y a vraiment un commencement ?
Au paradis de Satan, tu ne peux pas désobéir à ton roi. C'est inéluctable.
Le lobby de Satan, ce n'est pas de tuer, violer, commettre des crimes divers et affreux. Non. Le lobby de Satan, ce n'est encore moins de déambuler, comme Eric Harris et Dylan Bennet Klebold, dans les couloirs de son lycée et jouer à Doom avec de vrais fusils à pompe. Non ! Son lobby, il faut que tu le réalises, c'est de convaincre. De convaincre et de séduire et ce n'est pas une tâche facile, crois-moi.
Peu importe les fidèles sbires qui sont déjà à sa solde : ils sont rangés dans le Neuvième Cercle, prêts à servir, et Satan n'a pas à se soucier de leur loyauté : ils sont définitivement acquis à sa cause. Ce qui intéresse Satan, c'est de rallier un leader qui pourra entraîner les masses vers leur pitoyable autodestruction, un homme de trempe qui éteindra toutes les ardeurs humanistes : un homme qui scande sa haine devant tout un peuple docile et savamment lobotomisé. Il faut que la machine s'emballe, persuade de sa force absolue, et rapidement atteint le paroxysme.
Le paroxysme ? Le fond universel et caverneux de tout Homme. Les mystiques qui s'isolent dans le désert en feignant de fuir la civilisation qu'il juge corrompue, ne sont en réalité que de pauvres hères bouffés par la peur. Cette angoisse invraisemblable de faire le Mal. Pourtant ils s'abritent dans leurs thébaïdes retranchées du monde parce qu'ils possèdent ce germe fulgurant en eux ; non pas parce qu'ils veulent méditer sur l'amour altruiste ou d'autres concepts du même genre, mais bien parce qu'ils sentent, consciemment ou non, qu'ils sont riches de ce pouvoir sacré et hautement redouté.
Ce n'est pas tellement compliqué de faire le Mal ; le plus dur c'est d'engager les heureux élus dans cette voie. Il y a beaucoup d'obstacles, à commencer par l'individu lui-même ; parfois il faut même le convaincre que ce Mal potentiel est en réalité un bienfait. Pour lui et pour les autres.
Satan n'est autre que Kyzz. Kyzz n'est autre que Satan ; mais avant tout bon massacre, il y a un Penseur. Prenez l'Américain Anton Szandor LaVey et sa Bible satanique.
Septième partie. Paula ma femme et Stéfa mon assistante.
Elle acceptait volontiers que son supérieur la courtise, elle restait travailler le soir : à la faveur de la nuit, quelque chose ou quelqu'un écoutait nos palabres au sujet de la Bible de LaVey.
Elle se comportait correctement : elle n'était pas prête à se donner facilement, mais ne dissimulait pas ses jambes. Derrière la porte de mon bureau, l'ombre nous épiait.
J'étais très content d'avoir trouvé une assistante, je lui confiais des petits travaux. Et j'avais pris la résolution de l'intégrer à une expérimentation importante.
Tandis que je m'installais à mon bureau pour rédiger mon rapport quotidien et entrer les données dans mon ordinateur, mon assistante étudiait les statistiques du site que nous avions créé, une sorte de Wikipédia sataniste. En fait, le site ne comptait pas beaucoup de visiteurs. A cette époque, je m'étais décidé à ne plus jamais revoir ou parler à Kyzz, mais je ne le soupçonnais pas encore d'être Satan réincarné. Kyzz, qui analysait pour l'instant notre pensée à notre insu.
Mon objectif ne devait être entravé en aucune façon : pour booster le site, il fallait faire du porno hardcore, secret infaillible et remède à l'antique pour remonter la pente Google.
J'avais alors écrit des nouvelles littéraires vantant d'austères habitudes bestiales trop dégoûtantes pour que je puisse les décrire ici ; en vain : personne ne semblait être intéressé, on devait être les seuls à cliquer sur les liens ou à entrer l'adresse web... Bref le fiasco total !
Il fallait donc aller plus loin : faire une vidéo porno bien trash avec mon assistante. Bien sûr Paula, ma femme, les yeux larmoyants et tendant l'oreille dans les pièces à côté, était un véritable obstacle : elle ne voulait pas en entendre parler. Elle était toujours là, comme elle n'avait pas de travail, elle restait des journées et des nuits entières à la maison, prête à bondir aux moindres bruits suspects.
J'avais tout essayé : même le somnifère bien tassé dans son verre, elle guettait toujours, elle m'espionnait... Et Stéfa, mon assistante, ne pouvait me surprendre à mon retour en petite nuisette lorsque j'allais chercher du café dans la cuisine. Ma femme : un vrai boulet.
J'avais l'impression que des millénaires s'étaient passés à la maison, sous la surveillance de cette mégère puritaine, sans jamais voir un petit bout de téton de Stéfa.
Pourtant, un beau matin, alors que Paula s'absenta à contre-coeur pour aider sa mère très malade, j'eue raison de Stéfa : le col de ses vêtements se froissa, sa coiffure fut défaite en un clin d'oeil.
Cependant, peu après cet événement, alors qu'on n'avait pas encore téléchargé la vidéo sur le net, Stéfa disparut sans raison de mon existence et elle ne réapparut que bien longtemps après : sous la forme d'une défunte putréfiée, Stéfa m'avait galvanisé et ainsi avais-je réalisé le crime odieux de ma chère et tendre épouse.
LA ZONE -
Sixième partie : Extrait du journal du Narrateur.
Il baisse les yeux pour tenter de percer la lumière cinglante des néons, sert ses doigts pour étouffer la énième victime, et les voit tous, entassés sous les tables de la bibliothèque : Cleo accroupie se protégeant le visage avec un livre, Cissy avec sa jupe retroussée, et Cassie, un crucifix autour du cou, et également tous les autres élèves, qui tremblent à l'idée de recevoir une décharge de Kalachnikov, s'agitent sous les tables quand il passe près d'eux, lui donnent une furieuse envie de tous les dégommer.
Il baisse les yeux pour tenter de percer la lumière cinglante des néons, sert ses doigts pour étouffer la énième victime, et les voit tous, entassés sous les tables de la bibliothèque : Cleo accroupie se protégeant le visage avec un livre, Cissy avec sa jupe retroussée, et Cassie, un crucifix autour du cou, et également tous les autres élèves, qui tremblent à l'idée de recevoir une décharge de Kalachnikov, s'agitent sous les tables quand il passe près d'eux, lui donnent une furieuse envie de tous les dégommer.
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