« Sa taille était courte, sa poitrine large, sa tête très grosse. De petits yeux, la barbe clairsemée, les cheveux grisonnants, le nez aplati, le teint mat, il reproduisait ainsi les caractéristiques de son origine. »
— Jordanès, Histoire des Goths, XXXV
Soyons-en persuadés : l'an 453 ne peut réserver que de bonnes surprises… Il parait que là où je passe la mauvaise herbe ne repousse pas :
1. J'ai traversé les Alpes et pris l'Aquilée après un long siège puis avec moins de difficulté nous nous sommes emparé de Padoue, Vérone, Milan et Pavie. Mais je m'attends à des actes de rébellion de ces coquins aussi restons sur nos gardes l'an prochain.
2. On peut sentir les clivages et tensions au sein même des rangs de nos vassaux germaniques, Gépides, Ostrogoths, Skires, Suèves, Alamans, Hérules, Thuringiens, Francs, Burgondes, Alains et Sarmates. Ces conflits internes vont probablement s’aggraver. Une nouvelle année commence mais la vigilance doit être accrue.
3. Je me fiche de Constantinople, la Gaule est mon tribut et nous relancerons autant de campagnes qu'il le faudra jusqu'à ce qu'elle tombe dans notre escarcelle. Cette terre doit être pacifiée car les révoltes la gouvernent. Puisqu'ils ne trouvent pas la concorde et l'entente, c'est sous notre règne qu'on y enseignera la paix. Les Romains y sont chaque fois victorieux mais nous avons tué Théodoric le roi des Wisigoths dans la bataille des champs Catalauniques. Nous recommencerons tant qu'il le faudra même si nos retraites sont lourdes et nos pertes humaines et nos butins abandonnés sont conséquents. C'est la plus importante de mes résolutions.
4. Nous ne manquerons jamais de casus belli par delà nos frontières et comme à chaque fois, les opportunités se présentent car de même qu'il y a des discordes dans nos rangs et qu'il faut les mater, l'ennemi connait les mêmes troubles. Prenons les Francs en exemple et guettons les querelles de succession pour nous positionner, cliver les rangs adverses.
5. J'ai menacé les ambassadeurs romains de revenir l'année suivante si Honoria et ma dot ne m'étaient pas remises. Mais comme en 451, ces escrocs du Trésor m'ont dupé, j'ai dû céder devant mes adversaires unis et les deux gouvernements romains solidaires. Celui qui contrôle le trésor même dans la défaite peut écraser les vainqueurs, les plonger dans l'indigence tout en promettant monts et merveilles, et alors même que l'honneur est vendu, les fourbes temporisent le versement de la dette jusqu'à l'épuisement des ressources du vainqueur. Il faudra se montrer impitoyables, intransigeants. Les corrompus dans nos rangs qui négocient avec l'ennemi un étalement des versements, simulent des vols, pactisent de fausses razzias, ceux-là seront écartelés.
6. L'empire a été attaqué à l'Est par les troupes de ce maudit Marcien décidé à porter secours à Rome et sans ses assauts incessants nous n'aurions pas eu à négocier ce qui en réalité est une victoire puisqu'on nous verse une lourde contribution pour que cesse notre progression. Réclamons-la par le glaive, ils règleront les pénalités de retard par le sang.
7. Redoutons la nature et sa colère. Elle entraîne famine et exodes. Rappelez-vous le tremblement de terre qui détruisit une grande partie de la muraille théodosienne de Constantinople dont cinquante-sept tours s'effondrèrent. Ce fut une chance pour nous cette fois. Mais de nombreuses villes et villages de la province de Thrace furent dévastés, leur silos détruits apportèrent la famine, la maladie et la désolation. Il est vrai que cette calamité nous permit de franchir le limes et pénétrer en Dacie aurélienne. Les troupes romaines stationnées à Marcianopolis tentèrent de nous couper la route mais nous les écrasâmes à la bataille de l'Utus. Puis nous pillâmes les provinces de Mésie, de Macédoine et de Thrace. L'an prochain les tempêtes et les tremblements de terre seront de retour mais ils pourraient très bien nous être défavorables cette fois.
8. Remémorons nous nos origines, nous vivions en pasteurs guerriers, de l'élevage des chevaux et des moutons puis nous sommes devenus les maîtres de populations paysannes, ces Germains serviles, ces Sarmates dociles. Nous menions nos razzias et tout était plus simple et agréable. Rançonner ceux qui n'ont pas le courage de se battre et qui pensent que le fruit de leur travail est acquis tel est le sens du monde. Et ces fous méritent bien de perdre ce qu'ils ont conquis par la faucille. Nos récoltes nous les mènerons par l'épée.
9. Maudite soit cette épidémie qui à décimé mes troupes. La situation était désespérée pour Rome. Valentinien III décidait même de négocier en envoyant une délégation composée du pape Léon Ier, d'un ancien consul et d'un ancien préfet du prétoire. J'ai uniquement accepté le traité car la maladie décimait les miens et nous aurions pu facilement entrer dans Rome s'il n'y avait pas eu de coalition. Méfions nous des vents mauvais, de l'eau croupie, des charognes qui colportent de violents maux dans nos rangs. La nature est plus vindicative que la coalition des Romains et des Wisigoths.
10. Ce qui est certain c'est que demain je ne trouverai pas la mort pendant mon sommeil.
superbe TDM prédictif assumé par Jacques Attali qui est intrinsèquement un pur appel désespéré à palimpseste de citron qui se concrétise de fait par ce dossier et ses participations. L'immondice originelle est ici
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Serious litteratur.
C'est moins facile, en matière de commentaire trollesque et lapidaire, du coup.
J'aimerais quand même savoir si tu as mangé une oeuvre historique dernièrement, sur cette période en particulier, ou autres.
Parce que moi, ça m'a fait la même chose avec le récit des aventures de Pablo Escobar et de la situation géopolitique entre la Colombie et les USA dans les 80'.
D'un coup, je me suis mis à parler en espagnol, très grossièrement, et j'ai arrêté de me raser.
C'est pour savoir, c'est tout.
non, c'est un cut up de Burroughs sur l'article Wikipédia concernant Attila.
C'était ça ou tu avais mangé Dourak.
Merci de la précision.
j'aimerais bien manger Dourak mais je suis pas du tout son genre.