Assis aux premières places, à peine les publicités passées, Jumbo vit quelque chose fendre l'écran : ce fut, trois fois, un intertitre, décoré de notes de musique éparpillées et peintes à la main :
La Vengeance de Kelia !
La Vengeance de Kelia !
La Vengeance de Kelia !
Suivi par un lent balayage panoramique, puis la caméra s'immobilisa un instant pour examiner une tâche humide sur le canapé jaune, la scène campagnarde idyllique et ensoleillée visible depuis une fenêtre, un tas de photos de vacances sur la table à abattants, la petite culotte très légère abandonnée dessous.
Une bouteille de champagne ouverte et deux flûtes à moitié pleines étaient posées sur la crédence peinte, comme pour un portrait de famille. De l'autre côté du couloir, dans la chambre d'Angela, sous un plafond à miroirs, un grand lit circulaire avec un chevet en forme de coeur et des draps en satin cramoisi et or, délicatement froissés et tachés.
Il y avait également des murs, et pourtant la caméra, alors même qu'elle explorait l'ensemble tendrement, comme en le caressant, parvint à ne pas se filmer. Derrière le lit se trouvait une porte entrouverte, la caméra se glissa par l'ouverture et pénétra dans une salle de bains au carrelage et aux miroirs étincelants.
Et ici, ici seulement, on pût voir la caméra et le caméraman, se refléter dans cette profusion de miroirs. La caméra s'arrêta un moment sur un espacement vide d'un meuble de la salle de bain. Et une indication sonore retentit :
« La boite de Tampax a disparu, Jumbo l'aurait-il volé à la Gardienne du Temple ? »
Une kyrielle de flash-back apparut alors : c'était un défilement rapide d'images où l'on voyait Jumbo prendre la boite et la mettre discrètement dans son sac.
Et puis, tout de suite après, un violon tantôt mélodieux tantôt strident au fur et à mesure que la caméra avançait jusqu'à la baignoire. Le caméraman plein d'entrain, lança : « O déesse Katia, es-tu là ? »
Et, sur l'écran, les spectateurs purent admirer une jolie nymphette, comme échappée d'un conte de fée, sortir de la baignoire verte en forme de yoni environnée de savons, de shampoings, d'éponges et de jouets érotiques de bain.
Une fois debout, elle eut une petite exclamation de stupeur, éclata de rire, leva les bras comme pour répondre à une ovation imaginaire. Son visage avait perdu toute trace de timidité, libre, ouvert, comme son récent partenaire, caméraman et acteur du film ne l'avait jamais vu, à toutes les promesses qu'offrait sa beauté.
HPG avait délaissé sa caméra, tandis qu'un autre caméraman, en reprenant le relais, s'activait à filmer maintenant la fellation hors norme et pourtant classique que Katia avait perfectionné avec le temps.
Et Jumbo, qui était littéralement scotché sur son siège, à des années lumières de cette planète où il avait laissé Katia, bavait sur sa chemise.
Mais sa vengeance avait-elle atteint son point de paroxysme ?
Il en doutait, et déjà en tremblant de tous ses nerfs, il sortit prestement de la salle de cinéma... Il pressentait, une expression grave de déterré sur son visage, que Katia, la déesse courroucée de la planète OS X, lui réservait encore bien d'autres surprises.
LA ZONE -
Gravitant autour d'une énigme irrésolue, ce cinéma porno au coin d'une grande avenue, venait d'ouvrir ses portes (En inauguration, un film mystérieusement sans titre était projeté ) !
Dès qu'il avait appris la nouvelle, Jumbo s'était jeté dans le premier bus pour prendre une place (environ l'équivalent de 90 à 95 centimes d'euros) sans se douter que ce film allait ranimer le souvenir de la planète OS X où il avait abandonné Katia à son triste sort.
Dès qu'il avait appris la nouvelle, Jumbo s'était jeté dans le premier bus pour prendre une place (environ l'équivalent de 90 à 95 centimes d'euros) sans se douter que ce film allait ranimer le souvenir de la planète OS X où il avait abandonné Katia à son triste sort.
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La ZONE assiégée par l'assaut désespéré des migrants candidats à l'asile de Calembourie, traversant dans l'hystérie collective l'amère Méditerranée. La Calembourie qui rappelons-le est embourbée dans une immonde guerre civile et sous le joug d'attentats humoristes.
J'aime beaucoup la façon dont tes textes tournent sur eux-même et semblent diffusés par un satellite laissé à l'abandon.
je ne suis pas dupe ça sent le Serial Substitute industriel de contrebande