En cet été 2013, l'Europe, encore détrempée par le passage de la Nina venue essorer sa motte maflue toute ébouriffée de cunulo-nimbus sur son territoire martyr, relevait à peine sa tête poisseuse, qu'une nouvelle catastrophe naturelle et sans précédent ravagea bientôt cette contrée désormais maudite des dieux.
En effet, à peine l'Europe eut-elle séché au soleil, devant et derrière, qu'une épidémie d'incendie de forêt aussi brusque qu'inexpiquée ravagea tout son territoire. Des Septentrions arctiques aux Méridions crétois, du Cabo Finistero aux confins de l'Oural, tout le continent fut bientôt la proie innocente des flammes.
On vit des pilotes de Canadair amérir afin d'échapper à la fournaise, d'autres, désepérés de ne plus retrouver leur terrain d'atterissage, survoler le brasier jusqu'à la panne sèche. Ceux là tombaient comme des feuilles mortes, en d'infinies circonvolutions, la colonne d'air chaud les faisant un peu remonter avant de les saisir pour les griller à point. Les plus braves, préférant périr dans l'honneur se jetaient directement dans les flammes, et se désintégraient aussitôt avec leur cargaison, avant même le contact du sol, provoquant de dérisoires nuages de goutelettes d'eau aussitôt évaporés.
Une fois les effectifs de l'aviation civile et militaire totalement décimés, on procéda à des formations accélérées de pilotage sur console WII, la cérémonie du verre de calva fut instituée avant chaque décollage collectif.
Les usines Bombardier de Montréal travaillaient en flux tendus, et, pour tenir la cadence en 3/8, on dût importer des porte-conteneurs entiers d'ouvriers cantonais. Des billions de bons-incendie furent levés à Wall-street et la chaine de solidarité internationale se fit grande et belle.
De façon concomitante, une épidémie de Pogroms s'empara également de l'Europe. Partout les haines rancies trouvèrent leur exutoire naturel: en Andalousie on lapida les ouvriers agricoles marocains accusés d'avoir mis le feu au cul des salopes locales, au large de la Sicile on envoya par le fond des cargaisons entières de congolais pyromanes , et, partout, pour combattre le mal par le mal, on brula force gitans, tziganes, manouches, romanichels et tout ce qu'on avait sous le coude en fait de voleurs de poules et d'apparentés.
Cette réaction populaire, méritoire, exemplaire, et salutaire, fut néanmoins, et contre toute attente, dépourvue du moindre effet tangible.
Face à l'impuissance des autorités temporelles, une poussée de ferveur spirituelle se manifesta mais ne fut pas davantage capable d' enrayer le fléau.
Une procession géante à destination de Fatima fut encerclée par les flammes et les pélerins s'enfonçaient à genoux dans l'asphalte bitumineuse en fusion. Benoit XVI périt ébouillanté comme une écrevisse après avoir trouvé un ultime et dérisoire refuge dans les grottes lourdaises.
Ridiculisé une fois de trop par le passage espiègle de la Nina, le revanchard Claude Allègre fut pendu pour intelligence avec l'ennemi pyrotechnique de l'intérieur après avoir été surpris dans l'enceinte de l'ENS muni d'un jerrycan de supercarburant plombé.
Le gouvernement anglais se solidarisa de la lutte continentale en faisant sauter l'entrée nord du tunnel sous la manche. Mais rien n'y fit, les flammes se propagèrent tout de même aux Iles Britanniques.
Face au Mont-Faron dévoré par le feu, la marine française se saborda avec panache en rade de Toulon.
Le 5ème gouvernement Sakozy, accompané de sa Smala, se réfugia en terre Adélie, seule possession française parfaitement incombustible. "Ah, si seulement on avait gardé le Sahara !" regrettait-on dans les cercles autorisés.
Un Gouvernement Provisoire de la République Populaire Française et Souverainiste (GPRPFS) fut aussitôt proclamée à Chamonix pour dénoncer le gouvernement du parti à l'étranger.
L'unique décision du gouvernement Villepin-Mélenchon fut, après avoir rappelé les cendres de l'ambassadeur, de rompre les relations diplomatiques avec la Hongrie.
Hélas tel un dernier pied de nez de la meteo à l'Histoire, une avalanche estivale incongrüe ensevelit le refuge de haute montagne siège du nouveau gouvernement provisoire et décapita le nouvel exécutif bicéphale et divergent.
Non loin de là, dans son nid d'aigle de Badenshtroumphzollen, le Profeseur Blanquettestein était perplexe.
Comment expliquer l'inexplicable ? Y avait-il une raison rationnelle à cette nouvelle calamité ?
Pourquoi Bitengranit avait-il été affligé d'anorgasmie persistante, provoquant le départ de feu dans le cul de Putenbois faute d'extinction par un processus éjaculatoire approprié ? Le choix d'un bois résineux avait il été adéquat pour la réalisation de Putenbois ? Du bois vert de feuillus n'eût-il pas résisté davantage aux contraintes du frottement à grande vitesse ? Et, surtout, où pouvait bien avoir disparu sa malheureuse créature ?
Autant de questions qui restaient sans réponse dans le cerveau supérieur quoique passablement surmené du Professeur Blanquettestein.
Après quelques calculs d'intégrale négligemment effectués, le Professeur punaisa une carte de l'Europe au plafond de son réduit et s'allongea sur son lit de camp non sans s'être muni de deux douzaines de fléchettes, sport auquel il s'adonnait ordinairement quand il était face à un problème insoluble, et d'une pile de journaux, car ceux-ci continuaient de paraître. Brûlant leurs vaisseaux, ils réalisaient même des ventes record en utilisant les dernières réserves de pâte à papier européennes.
Blanquettestein découpait soigneusement les articles et les compilait dans un cahier grand format à petit carreaux, prenant soin au préalable de les encoller à l'aide d'un stick.
Un vent de panique, se répandant comme une trainée de poudre, soufflait sur l'Europe, un peu partout la folie avait paru gagner les ultimes survivants : en Silésie on signalait la présence d'un Golem de pierre hurlant dans les bois, en Bretagne une vieille bigouden affirmait avoir vu un ménhir enculer un chêne plus que centenaire, à Paris le sequoia des Buttes-Chaumont avait été retrouvé brûlé sur pied et perforé de part en part par un rostre géant. Tout cela devait avoir un sens caché, mais Blanquettestein peinait à le démasquer.
Fort heureusement l'attente se dénoua rapidement, et de façon plutôt inattendue: une fléchette mal plantée retomba directement dans l'oeil droit de Blanquettestein le crevant aussi sec. Le Professeur poussa un long cri de douleur et de délivrance, tout en essuyant machinalement le corps vitré qui s'écoulait le long de sa joue, il savourait sa victoire.
Il savait.
L'auteur de la destruction de l'Europe c'était Bitengranit, son fils naturel, qui, dans sa quête éperdue de l'amour, cherchait à remplacer Putenbois de façon plus que maladroite.
Sans s'attarder davantage, Blanquettestein fit ses valises, se contentant de laisser à Mabrouck, son fidèle assistant, un post-it sur la porte du frigo: "-Relancer d'urgence nos recherches sur la xénogreffe de globe oculaire.
ps: Tes croquettes sont dans le meuble, n'aboie pas trop en dehors des horaires de bureau pendant mon absence."
Il fallait faire vite, l'humanité toute entière était en péril, Bitengranit allait transformer le monde en réserve de charbon de bois. Des chétifs bouleaux boréaux aux Eucalyptus géants Australiens, tout ce qui était ligneux et fabriquait de la chlorophylle était guetté par le viol et la destruction.
Le plan de bataille de Blanquettestein était lumineux : chercher un vol pour Seattle sur Partir-Pas-Cher, il n'y avait en effet plus rien à brûler en Europe et les brumes de Yellowstone recelaient des Sequoia Sempervirens poussant sur un socle granitique.
C'est ainsi que le Professeur Blanquettestein débarqua à Québec.
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ça commence comme du Nostradamus, ça se poursuit par du Canteloup, pour finir dans le débiloïde zonard classique. Ce texte a provoqué un furieux remue-méninges dans ma tronche. Fast rewind vers un flashback uchronique me suis-je dis d'abord. Mais il y avait trop de détails pour ça puisse être de la pure fiction. Puis je me suis dit que ma mémoire sélective avait, dans un excès de zèle, occulté l'année 2013 dans son intégrité. J'ai vérifié mon carnet de santé et je n'étais pas dans le coma en 2013. Puis je me suis demandé : Mais putain, qui c'est ce Glop Glop ? Puis j'ai secoué longuement ma tête pour jouer au pachinko avec mes neurones sans que ça n'aboutisse à la moindre réminiscence. Finalement j'ai abandonné en balançant la faute aux théories quantiques des espaces parallèles intriqués. Et ça ma suffit.
La dernière partie du texte contrairement au deux premières m'a bien fait me bidonner. Mon esprit venait de sortir de la twilight zone.