De Nerval, hein ? (...) Non. Ça va pas être possible. Votre nom de startup est vraiment tout pourri. Trop démesuré. Trop maison mère internationale. Trop. Je vous suggère un machin plus djeunz, auto-dérisoire, calembour à deux balles. Vous voyez ? Dans l'air du temps. (...) Attendez. Attendez. C'est mon truc, ça, les noms de startup. Les "weestities", les "coconutz", les "R2rien", les "restausecours" et les "minutepavillon.com" (...) C'est décidé. Ce sera Narvalo. (...) Ouais, ça claque. C'est gratuit. C'est un échantillon d'idée gratuit. Vous me remercierez plus tard. Déposez vite le nom de domaine ou je vous le prends demain. (...)
Bon. Présentez-nous un peu votre projet. (...) Ah ? Ouais mais non en fait... Un bureau d'étude poétique, ça ne me parle pas vraiment. Vous pouvez préciser ? (...) Des audits sur l'impact poétique de projets sur le quotidien des gens ? Ah, ok. Du marketing, de la publicité donc... (...) Hu hu hu... L'opposé ? Ah ! Des slogans débiles ? Je ne vois pas, désolé... (...) Sublimer les projets de vos clients ? Les convertir en œuvres d'art ? (...) Du spéculatif donc. Ça me plait, le spéculatif, vous avez tout compris, on touche le cœur de l'innovation là. Vous proposez donc à vos clients de monétiser leurs projets en plus des gains traditionnels, rajouter une dimension financière, un apport pécuniaire sur la variation de quottes sur le marché de l'art ? (...) Ah ? Pas du tout ? Tant pis c'était pourtant une excellente idée... Elle aurait plu aux capital risqueurs et aux business angels, d'ailleurs j'en parlerai à des potes de mon cluster... (...) Ah, non ne vous inquiétez pas, ce n'est pas de votre projet dont je vais leur parler. Ce ne serait pas très déontologique. Vous savez les clusters, ce ne sont pas des trusts monopolistiques qui choppent les idées des jeunes talents et contournent les lois de la libre concurrence (...) Non, ne vous inquiétez pas. On est là pour aider les petites pousses prometteuses, les faire bénéficier de nos réseaux d'investisseurs à des fins purement philanthropiques. Continuez, je vous prie. (...) Une analyse artistique des projets ? Une mise en relation avec des artistes pour leur donner une touche unique ? Je ne vois plus trop bien où vous voulez en venir. Quel est votre business model ? (...) Oh vous savez les progrès sociétaux, humains et scientifiques, ça n'était rentable qu'avant l'explosion du bloc communiste. On ne cherche pas à améliorer la vie des gens. On ne regarde plus vers l'espace et les étoiles mais vers leur nombril. Ce sont les lois du marché. Avant ils voulaient des idéologies, aujourd'hui les consommateurs veulent d'autres produits. Oh ! Tout aussi inutiles, je vous l'accorde, des gadgets, des services, de l'Entertainment. Des bidules qui tournent autour de leur nombril et de leurs verbiages stériles, voila...(...) Non, non, non. On s'en fout de l'économie réelle, des emplois, du capital humain. C'est cyclique, ça reviendra peut-être à la mode et dès qu'il y aura de la demande, on avisera. Non, nous notre truc c'est l'économie spéculative, tant qu'elle se porte bien, on peut faire beaucoup plus d'argent, c'est 100 à 1000 fois plus gros. (...) Les gens, c'est un peu has-been. Et puis ça a toujours été sur-quotté comme matière première. (...) Non, au progrès préférez le terme d'innovation. D'ailleurs on entend ça partout, toutes les deux pubs à la TV... (...) Comment ça, tout ce qui est nouveau n'est pas forcément bon pour le devenir de notre société sur le plan éthique, moral, au niveau responsabilité pour les générations futures ? (...) Mais vous rigolez ? Tant que ça fait de l'argent... (...) Nous notre truc c'est d'entrer dans le capital des startups pour faire un max de blé avec l'argent des autres. En tant qu'investisseurs financiers, on ne va pas risquer notre argent quand même... (...) Non, les gens nous le donnent, ce sont des fonds à l'innovation, les gens investissent là-dedans mais des fois ils ne le savent pas. (...) Nous on achète des obligations, pas des actions. (...) Oui. On prête l'argent d'autres gens. Plein de petites sommes, ça fait un tas d'argent qu'on peut investir. On touche des commissions sur les obligations chaque année que la startup fasse des bénéfices ou pas. Et puis surtout on prend le pouvoir. (...) Ah non ! On ne prête pas l'argent des gens sans prendre le pouvoir dans une société. Les porteurs de projet n'y connaissent rien en finance. On ne va pas leur laisser la barre... (...) Voilà. Retravaillez votre business model et revenez nous voir pour les fonds d'amorçage. (...) On parlera de labels à l'innovation, d'accès aux zones franches et de crédits d'impôt ensuite. (...) Bienvenue dans un monde de nihilistes cyniques. A la revoyure ! (...) Agathe, faites entrer le connard suivant, je vous prie.
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Mwouai, faire de l'humour sur les gens qui bossent, j'apprécie moyen, les mots orduriers ou cyniques me semblent hors de propos, à moins que ce soit un américain, mais un helvète, non, ça ne le ferait pas du tout, faut vraiment ignorer la rigueur et l'éthique de l'investissement de terrain pour écrire un truc pareil.
Ben, t'excite pas. C'est un texte de merde. Mais j'imagine que ta réaction de type écrite est aussi un commentaire de merde ce qui est de circonstance.
Ahah, dès qu'on peut usurper une particule nobiliaire, on ne se sent plus péter !
Pas très sympa d'utiliser #TDM2014 pour faire passer des idées politiques revanchardes.
Tu t'es fait voler un concept, LC ?
ah non. pas du tout. Ce texte est une fiction et chier à la gueule de ces reptiliens de banquiers et financiers est une chose assez vulgaire et propice à l'évènement.
Celui-ci je ne l'ai lu qu'une seule fois, et cela m'a suffit.
C'est très pourri car c'est très réel, c'est dit tout haut ce qui n'est pas dit tout haut dans un contexte comme celui-là, c'est donc peu réaliste mais c'est vrai. Mais ce n'est pas pourri de la part de l'auteur, car il a tout compris.
J'imagine très bien ce monologueur racontant sa rencontre à d'autres comme lui des collègues et qui leur dirait à eux ce qu'il ne dirait pas directement à la personne interviewée ici. Je ne sais pas si l'on me suit. Je m'imagine le témoin involontaire de la discussion entre ces deux collègues. Je suis attablé à la table d'à côté (attablé à la table? je prends deux tables à moi tout seul, j'ai un de ces gabarits), et je m'entends dire : "quel dialogue pourri, ces gens sont des merdes". Ma conclusion étant qu'il s'agit bien là d'un texte de merde, c'est chiant, c'est immonde, et c'est très réaliste, mais transposé de manière irréaliste dans un contexte où ce monologue, pourtant dialogue mais dont les réponses restent inaudibles de manière irréaliste, n'aurait pas lieu. Ma conclusion ultérieure étant qu'il s'agit bien là d'un texte de merde.
Y'a encore des connards pour confondre l'auteur et le narrateur ici ? Bon par contre, le texte est à chier mais pas pour les bonnes raisons. Justement parce que ce n'est pas un vrai texte de merde. Par définition (Oui oui, par définition. Allez vous faire foutre) le caca c'est non substantiel. Hors, ici il y a bien à boire et à manger.
Il va falloir faire plus d'effort pour être con, Lapinchien.
Je lis dans l'ordre de parution les TDM 2014 pour essayer de comprendre ce que c'est, ce que ça doit être, dans le secret espoir - peut-être - d'y participer plus tard,un jour ou une nuit, je laisse un petit commentaire simplement pour montrer que je suis passé par là, mais ici plus besoin d'y aller de mon impression puisque LeLoempe a déjà tout dit comme je le pense, alors je raconte ma vie...
Je lis toujours chaque texte au moins deux fois, ici une fois suffira, j'ai pas envie d'y retourner, nausée, c'est peut-être à ça qu'on les reconnaît les bons TDM.