18
traque sans résultat
et désormais seul
WALTER parti avec strict nécessaire. m’a fait don du reste
convaincu de trouver la frontière. et y survivre
situation clarifiée
ici bas:
aucun journaliste. militaire. humanitaire. ou entité apparentée à un expert. un spécialiste. ou un sauveur
là-bas:
la terreur doit les empêcher de pointer un objectif dans notre direction.
UN seul oeil se pose encore sur notre trajectoire. celui d’un dieu
OU d’un satellite. prêt à guider une ogive nucléaire
19
changement de planque / RAS / marche toute la journée. sans encombres. calme. toujours
20
hélicoptère quadrille secteur sud. inventaire ? décompte ?
inventaire réserves : OK
inventaire enquête : aucune trace du médecin depuis J+12 . trois possibilités
se cache : effectue prélèvements avec extrême prudence. sait être recherché
job terminé : n’est plus dans la zone
mort : doit retrouver son attirail
il est vivant. dois l’écrire pour m’en convaincre. intuition autant qu’obligation. sinon ma présence n’a plus aucun sens.
cette pensée m’occupe. en boucle
reprendre traque demain au point du jour
21
encore loin de saisir la situation. réagi comme s’il y avait toujours un rapporteur. comme dans une réalité montée. diffusée par des spécialistes
dernier flic est un ermite
dernier toubib est un boucher
rideau levé. seul. nu
prendre conscience que dernier enquêteur = dernier chroniqueur
de quoi ?
chercher tient en vie. écrire. garder en mémoire. déchiffrer. tout mon temps pour réfléchir. trop vite. pas assez pour l’écrire
pourquoi rester ?
frontière = balle dans le crane
alors réécrire. expliquer ?
non
ils ont tous des réponses
ont oublié la question
monceaux de chair. en putréfaction. cobayes
seulement ? ou emprise du malin. sur l’esprit humain. sans limite. toujours repoussée
connaissance ou vérité n’est d’aucune utilité DIEU a déserté. la peste prend place nette. le monde cherche raison sur absence de justice
ne s’agit que de rendre compte
ouvrir les yeux et survivre
faire de ma chair. une boîte noire. et prier
pour que les données soient transmises. à qui de droit
en temps voulu
26
cette ville n’est plus. ne sera plus. quartiers pittoresques. port. stade. plages. subsiste un pli. un trou. sur la carte
trop grande. trop calme. trop malade. trop infecté. stérile
perdu le fil
arpenter bord de mer. face à la ville. moins de fumée à l’horizon. plus d’essence. réservoirs siphonnés. plus une goutte de carburant pour creuser fosses communes. livres pour allumer bûchers
ville morte. continent suivra
en une seule vague
ni désinfection. ni reconstruction. ILS ne veulent rien savoir
ce carnet. aucune utilité. tâche impossible. sillonner. quadriller. tous quartiers. établir plans. recommencer. errer au milieu de ruines sans piste
suis un homme seul. déserté. labyrinthe sans sortie
ne reste aucun chirurgien pour autopsier victimes
monde définitivement mort. reste à rédiger un dernier rapport
une épitaphe
avant d’être emporté
ressasse cette histoire depuis trois jours. repris toutes les pistes. revu toutes les hypothèses formulées. relu toutes les notes
ECHEC
29
dernier spectateur
moi. enquêteur sans but
moi. flic châtieur sans justice
un homme violait un cadavre. abattu
aussi simplement : balle dans le crâne.
attendu le juste moment de sa jouissance pour tirer
non pas que la situation implique jugement ou sanction.
n’est pas le premier nécrophile croisé :
ville réclame coup de théâtre
non un flic pour remettre ordre
un agent de la destruction. plus violent que le malin. prenant de cours. amplifiant spectacle. condamner chemins. refermer rideau
diabolus ex machina
hors du temps. sans loi. ni ordre
créateur réclame expérimentateur
chaos cherche destructeur
se passe certaines choses ici. ne doivent pas être conter. ni compter. seulement détruites
peste n’est pas châtiment. ni punition divine
mais son absence manifeste
monde refuse de mourir. de guérir. jeu du démon est renouvellement. valeur. empilement de nombres. cadavres. souffrances. aucun rachat. le diable offre la liberté de tester les limites
grandeur nature
carte blanche
*
A l’avenir tâchez de prendre soin de votre peau et de votre carnet. Ce dernier contient de précieuses réponses.
Vous tenez par ces quelques lignes la preuve de mon existence. Je n’ai rien d’autre à vous confier. Sauf deux questions.
Qu’attendez-vous de moi ?
Une traque est-elle le meilleur moyen d’obtenir vos réponses ?
Laissez un message en évidence, ici même, si vous vous sentez capable de répondre sans détours à ces deux questions. Sans me tuer. Cessez de me pister. Je sais qui vous êtes, où vous êtes et comment vous échapper.
*
hier encore. ai cherché à vous abattre. réfléchissais à un plan. vous tuer comme ceux qui m’ont fait perdre ce carnet. la seule issue reste de vous le confier. à votre charge de rédiger le dernier rapport.
IDENTITE : KANE YURI
DDN : 21/12/1979
PROFESSION : Inspecteur. (Cela vous étonne ? Mais vous même, êtes vous vraiment un flic ? )
CHRONOLOGIE : La raison de mon internement sont mes visions, qui ne m’auraient portées aucun préjudice si je n’avais pas harcelé les sites d’informations, les journalistes, les hommes politiques, jusqu’à ce que je sois enfermé après avoir menacé le premier ministre sur sa page facebook.
Je me suis évadé au début des événements, quand le personnel médical fût réquisitionné.
Si nous sommes encore là. C’est que l’exode a laissé une quantité importante de vivres. Bien que l’odeur soit insupportable, qu’il n’y ai pas d’eau courante, ni d’électricité, la survie est possible.
Si nous sommes encore vivant c’est que nous ne nous sommes pas encore résolus à nous laisser posséder.
Cette ville était déjà morte bien avant que tout cela ne débute.
On trouverait bien quelques virus ou bactérie dans ces corps mais ce n’est pas la cause.
Ainsi ils n’ont largué aucune caisse de vaccin ou d’antibiotiques. Encore moins d’eau, de vivres, de chaux, d’essence, ou d’armes... Ils pourraient tirer à vue, envoyer des commandos de reconnaissance, nous atomiser. Bref, ils se contentent d’observer. Ils analysent. Ils attendent.
Il n’y a pas pas d’épidémie.
La substance des choses elle même est en jeu. C’est là où il frappe. Dans la chair qui a perdue toute valeur par son accumulation dans les rues. Elle porte les stigmates. Dès qu’il a pris possession de l’esprit, l'âme ne lui est plus d’aucune utilité. Quand bien même elle n’aurait pas déjà quitté le corps.
Alors celui que vous nommer le démon écrit dans la chair, pour s'infiltrer dans le réel et prouver l’évidence de son existence. Ensuite, il n’est plus, et doit recommencer, sans arrêt.
A croire qu’il y soit contraint, qu’il s’agisse pour lui de survie, du dernier endroit où se réfugier, traqué par une force plus forte que lui. Considérons là qu’il s’agisse là de notre seul espoir.
J’ai voulu confirmer mes visions. Il m’aurai fallu disséquer un corps encore vivant pour savoir.
Mais je n’ai pas pu m’y résoudre.
PS. Puisque que vous aviez l’air d’y tenir, et que vous êtes un tueur, je vous fais don de l’ensemble de mon matériel de chirurgie, dans le sac attenant. Sachiez-vous en faire usage et trouver vos réponses.
Lorsque vous lirez ces lignes j’aurai quitté la zone.
nu.
à l’abri.
stylo. carnet. bistouri. scotch.
continuons à monologuer entre morts. moi et vous. cher “chirurgien”
continue à croire qu’une issue est possible. à condition d’abandonner tout espoir d’expliquer ce monde par des mots.
si vous n’étiez parti. je vous aurai fait don de ma chair. la marque. une étoile. marbrure. mouvante. sous la peau. la couleur. la forme. changeante. active mais non vivante.
en votre honneur. je vais trancher.
quelque soit la réponse.
il ne reste plus rien à dire.
LA ZONE -
[...]
= ajouter un commentaire =
Les commentaires sont réservés aux utilisateurs connectés.
= commentaires =
les numéros me font penser à du Konsstrukt mais je n'ai pas encore lu le texte...
Mauvaise piste pour Konsstrukt finalement. Peut être un nouveau style expérimental d'un autre ancien zonard. quintessence nec plus ultra de la liste de course de neurones. OLNI donc superbe si unique. grand retour en force du télégramme que tout le monde avait oublié. Manque les stops. *stop*
*rojeur* *copy* *ovaire* trop poétique pour être honnête.
Je me suis figuré que c'était Solid Snake le narrateur dans ce texte, allez savoir pourquoi. Et je crois que ça m'a pas mal aidé à lui être indulgent dans ce qui se trouve être un texte à la mise en forme plutôt discutable. A première vue il faut tout de même reconnaitre que si c'est tout à fait lisible, c'est aussi tout à fait écrivable et il n'y a pas vraiment grand chose qui sorte de l'ordinaire ni qui puisse donner l'envie d'en lire plus, sauf quelques formules pas trop débiles et, grosso-modo, toute la partie qui n'est pas télégraphiée. Mais c'est propre, et je ne crois pas avoir vu de fautes, ce qui devient presque un exploit en 2013, en France, dans le monde.
... le style télégraphique est justifié, c'est précis, pas de gras, suffisamment aride à l'image de ce monde qu'on nous fait entrevoir, il est palpable c'est déjà bien joué.
Bien celui ci et sibyllin comme il faut pour favoriser la relecture.