Axe premier : être à la masse c’est bien beau, mais quand on est au plus bas on ne peut plus que remonter.
Je me souvenais plus vraiment comment j’étais arrivé sur le tapis du salon, entre la table basse et le canapé mou, mais je sais qu’en me relevant je me sentis investi d’une grande mission, quelques neurones ayant décidé entre deux impulsions qu’il fallait que je brûle quelque con. Décision n’ayant pu être prise que par des neurones bien trop proches de la retraite pour mériter leur place dans la grande société de mon cortex, ou bien alors défoncé à la sérotonine jusqu’à la chatte et ayant visiblement fait tourné la came dans une grande cascade de dopamine sous la supervision irresponsable et bienveillante de ma glande pinéale. Maudissant ce complot contre les restes chancelants de mon identité, je pris l’aplomb d’une caravelle en feu et parvint à m’appuyer sans férir dans une belle verticalité sur la table à manger ; le soleil de fin d’après-midi irradiait de sa duale lumière le petit salon dans une chaude orgie de contrastes, d’éblouissements du coin de l’œil et de réflexions spéculaires sur le petit mobilier nordique.
Je décidai d’invoquer le grand conseil.
Comme il n’existait pas, je décidai de le fabriquer.
Quatre membres et moi au milieu, là où les axes se croisent, chaque membre étant un fragment différent de L’Être, ce mot puissant, ce verbe transitif à la belle rondeur, à la robe satinée, et dont l’abus est mauvais pour le bien-être psychologique et la cohésion mentale. Tous ces incarnations ce cet idéal de terroir métaphysique devant être construites du néant, j’utilisais la technique de la permutation circulaire pour circonvenir le problème audacieusement tel un général romain devant l’oppidum railleur des téméraires Celtes de la tribu des Idées Irréalisables à la Con ; ce qui fut fait, et par leur nom je les évoquais et plaçait leurs incarnations chacun sur une chaise autour de la table, respectant les points cardinaux avec la précision d’un borgne avec un compas dans l’autre œil. Ainsi étaient-ils, et quel bel aréopage, et que s’écrivent lors les sagas :
Etre, incarné dans une statuette en bois d’une loutre stylisée, ramenée d’un pays lointain à la culture si typique par mes beaux-parents. Ma belle-mère avait dit : « C’est ressourçant, là-bas on peut vraiment se recentrer, c’est énergisant », mon beau-père avait ajouté « Et cette nature… Elle est partout… Ces odeurs… Un soir, on a trouvé plein de petits lézards dans notre bungalow, c’était fascinant ». J’avais répondu « Merci pour la loutre », plein de gratitude.
Tree, incarné en un boitier plastique d’un CD gravé resté dans la chaîne, CD d’un groupe de rock prog teuton que je ne pouvais pas blairer, si mes souvenirs étaient bons.
Reet, incarné par un catalogue « Maisons du Monde », d’où venait les assiettes.
Eetr, incarné dans un tabouret aléatoire, en équilibre précaire sur sa chaise, mais tout de même, quelle belle prestance,
Et moi, la somme du tout, le vaste Etretreereeteetr aux chakras parfumés.
Moi, debout sur la table, au centre, essayant avec une vaste dextérité d’éviter la collision entre mon crâne et le plafonnier. L’atmosphère était assez solennelle, c’était le moment où chaque parole compte, un de ces instants où l’Histoire est écrite.
Axe second : move bitch, get of the way, get of the way bitch get of the way.
Après une plusieurs minutes de débat, il me fallait voir les choses en face, ça n’avançait pas beaucoup. Tree avait bien émis un point intéressant en reflétant un rayon solaire sur un poster d’Orange Mécanique que j’aurais juré de n’avoir jamais vu, si toutefois je savais mentir et que j’avais un bon avocat, puisque en y réfléchissant bien je l’avais accroché la semaine dernière. Le débat avait été lancé, avant d’être interrompu par une objection de Eetr qui se péta la gueule de façon épique de son piédestal de merde, profitant pour tomber sur le palmier nain à côté, sans gros dégâts certes, tant ses espèces tropicales s’acclimatent aisément de la douce quiétude brumeuse de nos appartements d’hommes modernes. Brumeuse ?
La charpente du Brick craquait terriblement sous les coups de boutoirs de la tourmente. C’était jour, mais le ciel était uniformément noir et pissait de toute sa monotonie les eaux du Déluge sur le voilier robuste mais désemparé, tandis que le mistral et la tramontane et autres conneries précieuses étaient parti se faire foutre, remplacés par un conglomérat opportun des Rugissants, des Hurlants et autres Goths météorologiques, bien décidés à faire subir à l’équipage une variante céleste de la bataille d’Andrinople. Seul maître à bord, le capitaine accroché à sa barre ne prenait même plus la force d’hurler, tout ce qui devait être fait l’avait été, maintenant c’était à la grâce de Dieu ; le chaos était si assourdissant que s’époumoner aurait été de toutes manières en vain, et on y voyait rien.
Une bourrasque terrible qui s’apparentait plus à une mandale cosmique qu’à un stéréotypé coup de vent envoya paître la nef sur bâbord, le capitaine lâcha prise et se vautra sur le bois trempé, se raccrochant instinctivement à un support. Il jura, maugréa, pria un peu aussi, avant péniblement de reprendre pied. Il soupira « Dame crédieu, j’ai rarement vu un appart aussi brumeux ».
Visiblement la table n’avait pas apprécié que ma prestance dépasse la sienne, et avait décidé de sacrifier sa bonne structure en un inique et ultime sacrifice, et à défaut de bourrasque ce fut le vent divin qui m’avait fait choir lorsque le vieux meuble jaloux se sépara en deux, m’engloutissant tel Ramsès et me jetant à terre tels les étals des marchands du Temple. Toute cette religion à bout portant sur ma personne me terrifia un coup, mais c’était encore moi le capitaine et en me redressant parmi les débris, je fis un tour d’horizon des dégâts. La loutre avait habilement esquivée le chaos, et restait impassible, une lueur mutine dans le regard. Reet avait glissé sur le sol, et était désormais ouverts sur une double page consacrée aux ornements orientaux, je le rassurai d’un geste, ses jours n’étaient pas en danger.
Tree gisait, brisé en deux. Je pris une des moitié, et la plaquant au sol, lui asséna un vigoureux massage cardiaque, qui pulvérisa ce qui en restait. Sous le choc, j’entrepris un bouche-à-bouche sur la partie restante, sans grands résultats autre que d’invoquer l’animal du logis, qui sans doute dérangé dans sa sieste perpétuelle était venu jauger le bordel et témoigna sa compassion en frottant son museau humide contre mon visage à terre en faisant un Mröw plein de couleurs. Je m’assis, saisis la brave bête dans mes bras et lui hurlai « Tree est mort Coralie ! Mort ! Pourquoi ? Dis-moi Coralie, pourquoi la vie doit-elle être si dure parfois » Je la serrai dans mes bras. « On… On avait des projets tous les deux. Il aimait tellement la montagne… Il était toujours là, pour moi, toujours, et je, comment faire maintenant, je n’ai… J’ai jamais su lui dire à quel point il comptait pour moi. Pourquoi… »
En sanglots, je n’avais pas entendu la porte d’entrée s’ouvrir, ni la mystérieuse inconnue entrer.
Inconnue qui se trouvait maintenant dans mon salon, contemplant les restes de la table et ma personne en pleurs, prostré dans un coin de la pièce, serrant sa seule amie dans ses bras. Inconnue qui ressemblait de plus en plus, maintenant que je parvenais à la regarder de mes yeux embués, à ma copine.
- Euh, ça va ?
- Tree… J’arrive pas à y croire. Il est mort.
- Qu’est-ce que tu fais au chat ?
- Heureusement que Coralie était là, mon Dieu.
- C’est moi Coralie, ducon.
Je saisis l’usurpateur poilu et mou à pleine mains, lui lança un regard terrible, du genre de ceux proscris par la Convention de Genève en criant « Qui es-tu, maraudeur ? », ce à quoi il répondit en plissant ses yeux bleues comme un lagon plein de cobalt-60 et en baillant.
- C’est notre chat, Pinpin, Pinpin le chat quoi, merde, qu’est-ce t’as encore pris ?
- Toi ! Coralie l’inconnue, je suis sûr qu’on s’est déjà vu.
- On vit ensemble en même temps.
- Ah ah, ton pitoyable déguisement ne me trompe pas, débutante.
Enfin, c’est ce que je voulais lui dire. A la base c’est cette imprécation velue que je formulai :
- T’as pensé à acheter des yaourts ?
- Ouais, ouais c’est bon.
- Cool, on en aura besoin.
Je lui balançai le chat dessus.
Axe troisième : la soirée des ustensiles de cuisine aux tailles variables.
Tout était de nouveau calme dans la savane. Le lion était allongé à l’ombre d’un arbre lumineux, il s’était mangé une belle mandale de la part de la lionne sous prétexte que « Le lionceau n’est pas un putain de projectile, connard », lionne qui était ensuite partie ranger le fruit de sa chasse dans le frigo avant de décréter qu’il n’y avait pas de raison que le lion soit le seul à se marrer, et était allée boire l’eau magique du Lac Sacré, celle qui donne le don de la vision absolue, celle dont le lion se souvenait avoir un peu abusé en début d’aprèm. Il s’étira, tandis que sa panse commençait à lui envoyer les signaux gastriques du vide profond, et se mis en branle vers la cuisine, jouant de ses reins musculeux qu’il bossua, pour s’allonger sur quelque chaise en tek plate ; faisant mouvoir sa queue et frissonner ses flancs, il ouvrit le frigo et attrapa un yaourt sauvage effaré et beuglant. Le dextre Simba, peu rancunier quoique opportuniste, en profita pour lui sauter sur les cuisses et essayer de grappiller du bout du museau un peu du lacté produit aux arômes lourds et immobiles de fraise.
Maman lion revint du Lac Sacré et sortit une clope.
- Bon, je veux pas savoir comment t’as niqué la table, c’est pas une grosse perte, toujours à grincer et gémir dès qu’on lui posait un truc dessus comme la petite pute quelle était. Faudra juste penser à la remplacer et lui écrire une belle et triste eulogie avant que tes parents débarquent ce week-end, c’était la leur.
- Sois polie avec ma sœur salope.
- T’en as pas abruti.
- J’avais fait un transfert sur cette table. On jouait à la poupée ensemble.
- Bon ben t’as mis cher à ta sœur dans ce cas.
Nala se marra et attrapa Felix qui était en train de se servir dans ma proie fruitée. Le petit train de mes idées finit par arriver à la gare de ma conscience, apportant une fournée d’idées stupides et un inconnu au long manteau qui vint me secouer les ganglions en hurlant que j’avais oublié un truc, qu’il fallait que je brûle un con, putain quoi. Je lui rétorquai qu’il était complètement à la bourre, et que quand on se pointe avec autant de retard on est gentil et on ferme sa gueule le temps que mes synapses sursaturées terminent leur pause yaourt. L’inconnu partit bouder entre thalamus et corps calleux, néanmoins le mal était fait et l’idée trottait à nouveau le long de mes cellules nerveuses.
- Coralie, faut brûler un con.
- Je pensais plus bouger à Ikea.
- Dans ton état ?
- Hôpital, charité, poutre, anus.
Elle marquait un point, même si je sentais que l’eau du Lac Sacrée commençait doucement à faire son effet chez elle aussi. Je la regardais du coin de l’œil attoucher la douce fourrure de la placide Bagheera de poche qui semblait apprécier le traitement puisqu’elle avait activé son convertisseur de whiskas en ondes acoustiques basses fréquences, du genre de celle qui calmeraient un lapin Duracell sous PCP ; j’étais en train de décortiquer un morceau de pain pour faire des figures primitives avec la mie. J’envisageai de sculpter des mini-Venus et de lancer un culte de la fertilité aux céréales, l’image d’une religion vénérant les relations saphiques entre la belle Déméter et la rustique Rosmerta me traversa l’esprit, juste avant de plonger ces idoles agraires dans l’océan rosé de mon goûter, imaginant les petits cris de détresses qu’elles poussaient, et leur désespoir lorsque la cuillère valkyrie venait ramasser leurs corps brisés pour les emmener au Walhalla acide et chaud de mon système digestif, en route pour la réincarnation odorante.
Je me levai balancer le petit pot vide aux détritus, mais le regard embué de la maman des poissons m’arrêta. Elle avait des larmes dans la voix.
- Victor… Allons à Ikea, merde, notre couple sombre, il nous faut une nouvelle table et des coussins en forme de cœur, ceux avec des bras, ceux à qui tu veux faire des hugs amoureux et chauds mais ils ne te les rendent pas parce que ce sont des COUSSINS, merde, Victor, des COUSSINS.
- Putain Léopoldine, mais oui, sortons de ce taudis anxiogène, on est des animaux, on a besoin d’air et de nature.
- Et de mobilier pas cher, merde.
- Oh, Adjani, quelle connerie la guerre.
Néanmoins, elle m’avait convaincu, nous rangeâmes le félin choupinou dans son panier de tissu, lui promettant qu’on reviendrait, puis parvînmes à sortir de l’appart suspendu dans le béton.
Axe quatrième : Alors le Seigneur dépêcha un grand poisson pour engloutir Jonas. Et Jonas demeura dans les entrailles du poisson, trois jours et trois nuits.
- M. le président, si vous voulez bien me suivre.
- Avec plaisir Mme. le ministre. Quelle est la suite du programme ?
- Voici un des nouveaux tramways récemment acquis par la municipalité, il nous emmènera à notre prochaine étape.
- Quelles couleurs chatoyantes, que le peuple doit se réjouir d’emprunter un si pimpant véhicule !
- Tout à fait Valérien, et surtout c’est écologique ! Aucun rejet de vilain gaz pas beau, c’est branché directement sur une centrale atomique à ailettes de dernière génération.
- Celles avec les lapins nains qui courent en cercle dedans ?
- Oui, voilà, et attention à la marche, voilà, nous y sommes Aymé.
- Merci Heidi, validons donc notre ticket et prenons un siège.
- Qu’est-ce que tu parles de feldspath bâtard ?
- Putain non Heido, nous sommes en publique.
- Pardon, j’ai été distraite par l’immanquable douceur de ce siège.
- C’est du grès.
- J’aurai parié sur un calcaire.
Tu lis toujours le texte ? C’est bien.
La vaste plaine battue par les vents avait récemment pris cher dans ses parties intimes vertes et rurales, tant le passage brusque du dynamisme économique s’apparentait plus à un viol sauvage dans une orgie de cristaux de capitalisme coquin, subi en bourrasque et l’ayant laissé en cloque de contrats juteux de grosses multinationales, enfantant des fondations en béton armé d’une nouvelle zone d’activité ; là trônait en chef de bande le bunker bleu de la tête de pont suédoise, dégueulant boulettes et promotions, et premier pavé d’acier du secteur à se faire dépuceler par les flots poisseux et intarissables de clients enthousiastes. A peine débarqués de la gaie chenille à roulettes, nous suivîmes le torrent populaire s’engouffrant vers le grand temple bicolore, Chloé, qui recommençait à pleurer hystériquement, s’agrippant à mon corps maigre et me prenant à partie sur des sujets tels que l’Egypte pharaonique ou son enfance russo-malgache malheureuse et je l’espérais fantasmée, et moi-même, occupé à essayer de réussir ma transition en onde électromagnétique.
Nous entrâmes sous l’immense carapace du crustacé viking, porté par l’escalier mécanique de son œsophage vers ses entrailles immaculées, passant le cordon virtuel des cerbères nubiens et hôtesses d’accueil gardant l’antichambre du centre névralgique du Léviathan biomécanique.
Trois minutes plus tard, nous étions au rayon enfants, assis autour d’une petite table, des peluches d’animaux sur les deux autres sièges ; Margot serrait nerveusement contre elle un cœur extraverti en tissu moelleux.
- Et d’abord tu ne m’as jamais aimé. Si tu m’aimais tu serais beaucoup plus mou.
- Si tu veux du mou, retourne te fourrer Pinpin dans la chatte et noie cette pauvre bête sous tes torrents de mouille. Ne me regarde pas comme ça Laureline, je sais tout, il m’a raconté, tu ne réussiras jamais les tests d’aptitude psychologique pour entrer à l’académie.
- Je m’en branle, je veux que tout redevienne comme avant, avant d’être avalé par le monstre nordique, que nous vivions une relations stable, tous les deux et la table.
Un gamin passait par là, elle lui fourra le cœur en peluche dans les mains et en le saisissant par les épaules lui dit, la voix étranglée :
- Prends-le, vas-y, IL NE T’AIMERA JAMAIS TU SAIS, c’est un COUSSIN, les objets ne peuvent pas t’aimer tu sais, hein, FETICHISTE de merde. Cette lumière m’étouffe, je suffoque.
- Rentrons chez nous.
Nous nous réfugiâmes dans une maison d’enfant en carton dans un coin de la pièce, emportant avec nous nos gosses à gueule d’animaux. Je commençais aussi à me sentir mal dans toute cette atmosphère stérile, l’homo erectus en moi commençait à se réveiller et réclamer de la nature primaire et de longues courses après les animaux sauvages, et la domestication du feu. Je décidais d’improviser un repas en abattant l’élan en peluche, le dépeçant au milieu de notre refuge, tout en donnant des coups de poings dans mon premier chakra, que je n’avais pas sonné.
Il faisait bien sombre dans la caverne, à peine éclairée par les dernières lumières chaudes d’un jour mourant. Assis contre le sol froid, l’homme achevait de dépecer le fruit de sa fierté cynégétique, qui subviendrait aux besoins de la famille troglodyte pendant plusieurs jours. Les enfants silencieux l’observaient, tandis que la femme préparait le foyer. Dans l’air immobile, elle appliqua son savoir récent et fragile, mais suffisant pour séparer la famille isolée des rodeurs pleins de dents, aux noms imagés et sur la voie de l’extinction. En foutant violemment la merde dans les couches électroniques externes de deux pierres, des fragments minéraux incandescents finirent par mettre en combustion la source de gaz organique, avec laquelle elle parvint à allumer le gibier, qui partit bientôt d’un bon feu. Et ainsi, ces quelques êtres perdus dans les abimes de la préhistoire contemplaient la belle chaleur de la flamme, comme plusieurs générations avant eux, et beaucoup plus encore à venir. Le feu prit bien, dégageant une sacrée fumée, et se propagea bientôt aux enfants, puis aux parois de la caverne. L’instinct de survie des deux primitif, trop occupé jusqu’à présent à taper la coinche avec le sens commun, la stabilité émotionnelle et l’esprit d’analyse, décoinça soudain, et courut, hurlant et faisant des gestes frénétiques, le long de la moelle épinière du couple qui décida, du coup, que finalement il serait peut-être bon de se casser des profondeurs chtoniennes en carton.
Comme un chœur céleste d’anges bourrés, des chants beuglants et répétitifs emplirent l’air tandis que les détecteurs de fumée décidaient soudain de se rentabiliser ; les sprinklers sprinklèrent d’un bel ensemble, mais rien y fit, le feu continuait de se propager depuis l’espace enfant remplit de merdes en bois. D’un coup, toute la foule qui se faisait paisiblement consommer par le magasin paniqua et se dégueula par tous les orifices de secours, tandis que les prêtres bicolores du système nerveux du monolithe nordique hésitaient à abandonner le navire, partagés entre leur foi pour leur dieu en pleine combustion et les décisions contradictoires de leur encéphale complexe, réduit à la lutte des pulsions dardantes de leur cervelet reptilien et du cortex qui essayait tant bien que mal de garder le cap avec l’assurance d’un supertanker rempli de sodium se tapant le Cap Horn.
Alice courait vers la sortie du pays des merveilles passé au napalm, me tirant par la main alors que je gueulais qu’on avait oublié de prendre une table, ce à quoi elle répondit qu’on scotcherait l’autre, et que merde Clyde, tout ça c’est des objets même pas mous, que je pouvais pas comprendre ça, j’étais pas polarisé correctement, et on s’est retrouvé au bord du parking à regarder l’immense masse bleue devenir très jaune et noire et fumante. Parmi le chaos de la foule et des sirènes, on s’est tenu la main, et le temps s’est suspendu, et on a failli se faire écraser par le tram, et on est rentré dans notre bulle jouer à la dinette avec Pinpin.
Ce récit d’aventure est un texte n’étant ni expérimental, ni novateur, ayant une valeur littéraire proche d’un document politique couverte de tags et portant un message avec autant de vigueur qu’un fennec crevé entre deux dunes. Il comporte plusieurs axes juxtaposés avec une grande tendresse et une précision toute paternelle par son gentil auteur, axes rappelant par leur qualité de réalisation exceptionnelle et leur finition soyeuse les plus grandes heures de l’industrie autoroutière française. De l’ensemble se dégage un mouvement fort vers l’avant, porté vers le progrès et les conquêtes sociales, ne manquant pas d’évoquer les plus belles chansons de Guy Béart, la poussière en moins, ou encore l’arrivée du Technicolor.
Les phrases ont été composées avec un choix de mots et de ponctuation que les connaisseurs apprécieront à leur juste valeur, les autres étant priés de n’en avoir sympathiquement rien à branler, les contrevenants s’exposant à une amende forfaitaire de 200fr (nouveaux) et à un tournevis dans l’urètre.
Sans plus d’attente, votre texte :
Les phrases ont été composées avec un choix de mots et de ponctuation que les connaisseurs apprécieront à leur juste valeur, les autres étant priés de n’en avoir sympathiquement rien à branler, les contrevenants s’exposant à une amende forfaitaire de 200fr (nouveaux) et à un tournevis dans l’urètre.
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ce qui m'emmerde avec ce texte, c'est que là je suis pas motivé pour lire un truc long, et que c'est long. Mais je viens de voir passer "Alice", "napalm" et "tram", alors j'ai comme une érection.
Je reviens, je vais le lire.
ouh.
Je. Là, mon cerveau vient de se faire violer pour la 2e fois en deux jours. Sauf que cette fois, c'était bon.
Par contre, point de con, non? Ou est-ce un vibrant pamphlet contre la consommation de masse de meubles scandinaves?
"J’avais répondu « Merci pour la loutre », plein de gratitude." est ma phrase préférée, et je vais me l'accrocher au dessus du pieu.
Ca démarre en fanfare et malheureusement ça s'enlise vite. J'ai lâché l'affaire au milieu du troisième paragraphe, pour moi c'est too much, ça progresse pas, c'est juste des couches et des couches ... overdose de cacahouètes.
J'ai toujours eu l'impression quand à l'école on m'obligeait à lire du bertolt brecht que c'était un gag, que l'auteur se foutait de la gueule de ses lecteurs avec assez de talent pour passer à la postérité et alimenter de manière sadique et préméditée le catalogue des livres scolaires des lycéens des générations à venir. C'était long, incompréhensible, une vraie torture pour moi. Il peut probablement y avoir du beau dans les textes aléatoires à vocation littéraire. Personnellement j'aime pas qu'on se foute de ma gueule mais j'espère que ce texte sera obligatoire à la lecture à la synthèse et au commentaire, pour tout nouveau zonard et ce par pure vengence, comme on aime les bizutages lorsqu'on bizute.
je plusseoie la proposition du camarade Lapinchien.
Merci pour la loutre.
J'ai l'impression que le lecteur zonard fait vachement la fine bouche cette année. Mangez du gnou, bordel, mangez du gnou ! 4
Bon, ben sinon entre quelques passages lourdingues ça se digère bien. Y'a pas vraiment de con bien défini, bon. Sans trop spoiler les textes à venir, je pense que cette année, le con sera anonyme du début à la fin. Pour l'instant. Reste que pour l'instant ce texte est mon favori parce qu'Hôpital, charité, poutre, anus.
Avec tout le mal que je me suis donné pour donner vie à l'Ikea, je suis vachement déçu que personne ne trouve que c'est un bon con.
Ça me rend tout chose. Je vais aller manger un biscuit en forme de dinosaure tiens.
NJUT§
Preum's !!!
Tiens donc, CheckSam, quel plaisir de te voir en ces lieux. Fais comme chez toi, mets-toi à l'aise. Tu veux une bière ?
Je me suis arrêté au milieu de l'axe second, le mal-nommé, puisqu'apparemment pas le dernier. Toujours eu du mal à me motiver à lire un texte que l'auteur lui-même ne semble pas avoir eu le courage de relire.
Conclusion de ce morceau de lecture : je dois être complètement hermétique à ce genre d'humour. Il y a un sketch des Monty Python, où Idle passe la scène à donner des coups de coude à Jones, et c'est exactement l'impression qu'a produit ce texte sur moi : qu'on me donnait du coude et du "eh hey hé, t'as vu, c'est marrant, hein, c'est absurde s'pa, y'a des mots aléatoires eh, eh hey hé, tu ris ?".
Mais pour peu qu'on soit sensible à cet humour, ça doit fonctionner, pour sûr. Pour le principe, je suis allé lire la crémation.
A vrai dire, j'ai relu le texte un paquet de fois.
Juste après l'avoir écris, je le trouvais cool et sympathiquement bordélique. Puis j'ai pris un week-end de cinq jours et au retour, dans un autre état d'esprit, je me suis demandé ce que c'était ce bordel, avec des passages parfois un peu bizarres, et que je serai bien incapable de réécrire (franchement, quand je lis ça : "Nous entrâmes sous l’immense carapace du crustacé viking, porté par l’escalier mécanique de son œsophage vers ses entrailles immaculées, passant le cordon virtuel des cerbères nubiens et hôtesses d’accueil gardant l’antichambre du centre névralgique du Léviathan biomécanique.", autant je me souviens du pourquoi du comment j'ai écris ça, autant je me dis que je fais peut-être bien de me calmer sur certaines substances, même si le texte a été écris dans la sobriété la plus totale).
Je pense que c'est moins un torrent d'aléatoire qu'une tentative de pousser à fond le jeu de la métaphore et du lien entre différents thèmes, avec des idées récurrentes et quelques blagues nazes tellement bien planquées que je ne les retrouverai sans doute pas dans un mois.
Je crache pas sur mon texte, au contraire je l'aime pas mal, mais je comprends tout-à-fait qu'on y soir complètement hermétique.
Du coup on est d'accord, au fond, et donc ce commentaire ne sert pas à grand chose, mais tant pis.
J'ai bien aimé les dialogues et le délire du couple, le reste est assez indigeste et superflu. Déçu en comparaison au texte pondu pour la st Con 2009.
Perso, j'aime assez ce genre de texte et le style tout en incongruités, je dirais qu'ici c'est juste un peu trop long, je me suis trouvé une ou deux fois en train de lire en accéléré, surtout que les fautes sont assez nombreuses et n'encouragent pas à faire un gros effort. Ce qui est curieux, c'est qu'on a l'impression d'un texte écrit sous subtance, mais que les fautes sont plus nombreuses au début, où elles me donnaient l'impression de lire la contribution de copypasta en miniscules, qu'à la fin, où elles se raréfient.