Acte 1
Scène 1
Avant même que le rideau ne se lève, on entend une musique rappelant le thème de « La Marche de l'Empire » dans Star Wars. Les lumières de la salle, s'il y en a, s'éteignent doucement.
Le rideau se lève. La pièce est dans l'obscurité. La musique décroît d'intensité, jusqu'au silence, ou presque. On entend des pas, marchant régulièrement. Le fond de la scène s'éclaire doucement. On voit des acteurs en costume de robots (Pas de réelle importance dans le costume. Si possible rétro, ou représentatif de l'idée qu'on se fait d'un robot. Par contre, aucune référence à un robot célèbre ou autre. Le nombre d'acteurs importe peu, disons entre quatre et sept) tournant en rond, parcourant de long en large la scène à la queue leu leu, et faisant demi-tour en tournant vers les bords. Ils occupent le fond de la scène. (Cette scène peut durer entre une et trois minutes, pas plus.)
Une femme entre, et s'avance au milieu de la scène. Un spot de lumière blanche, assez fort, la suit. Elle semble chercher son chemin, un repère quelconque. Elle retourne sur ses pas, fait demi tour, cherche du regard. Puis elle se tourne, regardant le public. Elle s'approche du bord de la scène, regarde en silence.
FEMME
J'éprouve des sentiments.
Beaucoup. Tout le temps. Pour moi. Pour toi.
(Elle tend la main dans le vide, parcourant le public.)
Parfois pour rien.
Elle sort sur la gauche.
Elle revient, une chaise à la main. Elle l'installe là où elle se tenait précédemment, la cale bien, puis s'assied dessus. Elle se redresse, s'étire. Se relève, ajuste la chaise. Se rassoit. Se relève.
Elle fait quelques pas.
FEMME
Parfois, je me réveille la nuit, en sueur, et je me rappelle combien de fois j'ai eu envie de faire ceci ou cela. Prendre un café. Prendre une douche. Embrasser cet homme, là-bas.
(Elle retend le bras, vaguement, rapidement, puis le rabaisse.)
On atteint facilement une bonne dizaine d'envies par heure, raisonnables ou pas.
C'est beaucoup.
Le matin, je me lève souvent sans en avoir trop envie.
Ou plutôt envie de me rendormir. Tout le monde connaît cela.
Elle marque une pause importante. On doit sentir qu'elle hésite à dire quelque chose.
FEMME
Je n'aime pas avoir des sentiments. Enfin, j'aime ça, mais pourquoi ?
Je ne sais jamais pourquoi je veux me rendormir, ma vie n'est pas si dure. Elle ne l'est jamais.
Pourquoi vouloir un café, pourquoi vouloir une douche ? Pourquoi l'embrasser ? Quand on a envie, la réalisation ne compte pas. D'abord, on désire juste. Puis l'idée de le faire vient, et remplace tout. Pourquoi m'en passerais-je, toute mon existence tourne maintenant autour de ce café, autour de cette douche, autour de cet homme ! Enfin non, ce n'est pas mon existence, mais moi, qui tourne autour de tout. Je passe mon temps à cela, tourner en rond autour de quelque chose qui ne me sert pas. Je suis un requin autour d'une flaque de sang. Pas de proie, juste une flaque, qui me rappelle une faim que je n'avais pas encore.
Ma vie entière se déroule comme ça. Des fois je goûte le sang, juste pour vérifier.
Je ne connais que ça.
Et j'éprouve des sentiments. C'est bien naturel, évidemment, on aime tous, on hait tous un jour.
On ne fait que ça. Nos civilisations ne tournent qu'autour de ça, de grandes flaques de sang, assez grandes pour que tout le monde puisse les lécher.
La sentez-vous, l'odeur du sang ? Elle m'appelle ...
Elle semble nerveuse, agitée. Elle a des tics.
FEMME
Je ne me rappelle pas un seul jour sans avoir eu envie. Envie de tout, ou de pas grand chose, à chaque jour son envie. Certaines ne restent pas.
Je me rappelle avoir eu envie d'un jouet, petite. Un truc jaune, peut-être. Ou bleu. C'était une chaussure. Plutôt deux.
(Elle s'emmêle les pinceaux.)
Puis j'ai eu envie de grandes choses. Celles que personne n'a encore eu, la Lune, les Étoiles, le Ciel.
Puis on y arrive pas. Alors on cherche quelque chose que nos bras pourraient attraper. Un café. Une douche. Cet homme là-bas.
(Pause.)
Vous vous souvenez ?
Je m'en souviens, moi. Un jour, quelqu'un a touché le ciel, quelqu'un a eu la lune. Avant moi. Je n'en rêvais même plus. Il a touché ce qu'on désirait si fort avant. Alors on s'en veut. On aurait bien aimé, on aurait bien souhaité ...
Je m'en souviens. Une de mes amies avait acheté une plante. Une vieille plante, assez moche, mais qui avait de belles feuilles, et puis qui irait sûrement bien sur ma fenêtre. Elle me l'a montré. Je n'en voulais plus, de la plante, mais je ne voulais pas non plus qu'elle l'ait.
(Hurlant soudainement.)
Elle l'avait mis sur une chaise ! Une chaise, vous imaginez ?!
(Elle se calme.)
Je ne lui ai plus jamais reparlé.
Elle va s'asseoir sur la chaise, jette un œil en arrière, aux robots. Puis se retourne vers le public.
FEMME
Je n'ai jamais acheté de plantes, ensuite. De toute façon, ça met de la terre partout.
Le premier homme dont je suis tombée amoureuse en avait une. Il l'aspergeait tout le soir, avec une sorte de pulvérisateur. Il lui parlait même. Plus qu'à moi d'ailleurs.
(Petite pause.)
Je l'aimais très fort, cet homme. Il disait que lui aussi, et on a vécu pas mal de temps ensemble. Deux ou trois ans, quelque chose comme ça. On a acheté une table ensemble, et un lit. On couchait ensemble, on dormait ensemble. Puis un jour, il a repris sa plante, et la table, et j'ai dormi toute seule pendant des années.
La nuit, quand je regardais la Lune, je voyais celui qui l'avait eu.
(Pause, triste.)
A quoi ça sert, les sentiments ?
Je ne sais pas moi, j'en ai toujours eu. Vous aussi. Peut-être que ça ne sert à rien du tout. C'est là pour meubler, comme les plantes.
Et vous savez, je ne les aime pas, ces sentiments. Je me serais bien passé de l'amour, je me serais bien passé de la haine, et pourtant ...
Elle reste sur sa chaise, dans une pose lasse. Elle regarde le sol durant quelques instants, puis re-regarde le public.
FEMME
Et pourtant, comme vous, je ne connais que cela. Contrairement à eux, là-bas.
(Elle se retourne et montre du doigt les robots au fond de la scène.)
Eux ils s'en passent, de ces sentiments. Ils peuvent vaquer à leurs occupations sans avoir envie de café. Ils peuvent traverser la rue sans penser à ce qu'aurait pu devenir leurs vies, ils n'en ressentent ni le besoin ni l'utilité.
Un des robots se détache du groupe, et approche, d'un pas humain, vers la femme.
Il se place à côté d'elle, lentement, et fait mine de s'asseoir. Il s'assoit, mais sur le vide, comme s'il existait une chaise.
La lumière s'éteint, puis se rallume, quelques instants plus tard.
ROBOT
Madame.
Quelqu'un arrive.
Il dit avoir un grand message pour l'ensemble des hommes.
Il dit apporter un message non-pacifique.
La femme se tourne vers le robot, le regarde pendant une seconde.
FEMME
Super.
On entend alors une sorte de musique électronique rudimentaire, dissonante, faite de divers bips et autres bruits mécaniques. Sort de la gauche un homme en scaphandre rétro, constitué d'une tenue de plongée ou d'un scaphandre de couleur rouge, avec un bocal à poisson renversé sur la tête. Un vrai casque de cosmonaute peut également faire l'affaire, mais sans visière réfléchissante. L'usage d'un micro à oreillette me parait recommandé pour son texte. Il porte également dans son dos un sac.
SPATIONAUTE
Bonsoir madame.
Y a-t-il un homme ici qui pourrait comprendre ce que j'ai à dire ?
FEMME
Qu'avez-vous à dire ?
SPATIONAUTE
Vous ne comprendriez pas.
Il faut un chromosome Y pour comprendre le message, voyez-vous.
La femme cherche dans ses vêtements, palpant rapidement ses poches, puis se tournant, ainsi que sa chaise, vers le spationaute.
FEMME
J'ai dû oublier le mien chez moi par inadvertance.
Mais je vous assure que j'en ai un, il doit traîner pas loin du frigo, ou près du canapé.
Dites-moi quel est votre message !
Le Spationaute répond d'une voix ferme, légèrement trop fort, rapide mais parfaitement audible, comme le ferait un soldat pour répondre à un supérieur.
SPATIONAUTE
J'ai bien peur, madame, de ne pouvoir m'adresser à vous.
Comprenez-moi, j'aimerais que l'on me comprenne.
FEMME
Je vous comprends, parlez.
SPATIONAUTE
J'ai bien peur que non, madame.
FEMME
Vous voyez bien que si.
SPATIONAUTE
Non madame, je ne le vois pas.
Pendant toute cette scène, le robot s'est « levé » de sa chaise inexistante, et reste debout, en retrait, immobile. Le spationaute, suite à la réplique de la femme, fait quelques pas, se promenant tout en observant vers le haut, vers l'horizon, comme cherchant à savoir où il a atterri. La femme semble nourrir un grand intérêt pour lui, et ne semble pas être agacée le moins du monde par son apparente misogynie.
SPATIONAUTE
Est-ce là votre monde ?
Où est votre mâle responsable, madame ?
Mon message est très urgent, et ne peut souffrir d'aucun retard.
FEMME
Mon mâle responsable ?
Hésitant un peu.
Il y avait bien un homme ici, mais il est parti, il ne voulait pas de moi.
Une histoire de sentiments, vous connaissez, je suppose.
Le spationaute se tourne vers elle, et répond avec un ton à la fois surpris et indigné.
SPATIONAUTE
Non !
Bien sûr que non !
Je n'ai pas de temps à perdre avec ces sottises, et je ne supporterais certainement pas que l'on puisse compter autant sur ce que je ressens !
FEMME
Vous avez tort, ça peut être amusant.
SPATIONAUTE
Permettez-moi d'en douter fort !
Le spationaute cesse sa promenade, et un silence gêné s'installe légèrement entre les deux personnages. Le spationaute rompt ce silence en toussotant.
SPATIONAUTE
Bon, je suppose que je peux faire une exception pour ce monde-ci.
Et puisqu'aucune personne masculine compétente ...
Il tourne alors l'œil vers les robots, puis regarde de nouveau la femme.
... puisqu'aucune personne masculine compétente n'est présente, j'ai bien peur de devoir me contenter de vous, sans vous offenser.
FEMME
Je comprends.
SPATIONAUTE
Bien.
Comme vous devez déjà vous en doutez, je parcours les planètes afin de faire connaître ce qui est la vérité. Voyez-vous, nos scientifiques ...
FEMME
Vos scientifiques ?
SPATIONAUTE
Oui, nos scientifiques.
Bref, comme je vous le disais, nos scientifiques ont découvert une chose qui deviendra vite la lumière de la connaissance dans toute la galaxie.
Ils ...
FEMME
Mais d'où sortez-vous exactement ?
Enfin, je veux dire, de quel monde ?
SPATIONAUTE
D'abord hébété par la stupidité de la question, répondant ensuite avec un ton d'évidence.
Mais le centre madame !
Le centre-même de la galaxie !
Plus que jamais le centre maintenant, au vu des nouvelles que je vous apporte.
FEMME
Il y a un centre ?
SPATIONAUTE
Oh oui madame !
Un centre tout ce qu'il y a de plus central, d'ailleurs, il se situe au milieu, pour tout vous dire.
Mais je ne suis pas là pour parler de géométrie ...
FEMME
Veuillez m'excuser.
SPATIONAUTE
Excuses acceptées.
Comme je vous le disais, donc, je ne suis pas là pour parler de géométrie. Je vous apporte ici le résultat de longues années de recherche de la part de nos scientifiques, qui ont réussi à isoler parmi d'innombrables mensonges l'unique vérité existante.
FEMME
Vraiment ?
Concerne-t-elle les sentiments ?
Cela m'aiderait bien.
SPATIONAUTE
Elle concerne la paix.
FEMME
Et qu'en dit-elle ?
SPATIONAUTE
Qu'il faut l'éviter comme la peste madame, la fuir comme s'il s'agissait de dynamite.
Nos scientifiques, travaillant dur et suant sec pendant presque dix ans maintenant, ont observé, prouvé et vérifié l'impensable.
FEMME
Dites-moi !
SPATIONAUTE
Madame, la paix est, j'en ai bien peur, cancérigène.
FEMME
Cancérigène ?
SPATIONAUTE
En effet.
Elle rendrait l'homme malade, autant que le plus subtil des poisons.
Elle s'insinuerait partout, l'économie, la culture, l'éducation ...
L'amour même !
FEMME
Pensive.
Vraiment ...
SPATIONAUTE
S'enflammant alors contre les méfaits de la paix.
Jusqu'à battre le plus fort et endurant des hommes !
J'ai bien peur alors madame qu'une seule chose soit possible pour arrêter ce fléau, pendant qu'il est encore temps !
FEMME
La guerre ?
SPATIONAUTE
Exact madame, la guerre !
D'ailleurs, tandis que pacifiquement nous parlons, nous faiblissons.
Je vous propose de nous y mettre tout de suite.
A la suite de ses mots, le spationaute dépose le sac qu'il portait sur l'épaule au sol, l'ouvre, et commence à fouiller dedans, penché.
SPATIONAUTE
J'ai apporté avec moi quelques broutilles qui permettront de commencer.
Je compte ardemment sur notre imagination pour trouver au fur et à mesure de l'avancée du conflit quelques brillantes et destructrices inventions afin de nous entre-tuer.
Le spationaute sort du sac une lance démontée en plusieurs morceaux, un fusil, des grenades, un pistolet, une masse d'arme, etc ...
SPATIONAUTE
J'ai hésité à prendre une mine sous-marine, mais ne sachant si les planètes que je visiterais serait toutes équipées d'océans ou de mers, j'ai préféré m'abstenir.
Durant tout ce temps, la femme reste silencieuse, comme apeurée de la tournure des événements. Elle s'est retournée, elle et sa chaise, vers le public, et se ronge maintenant nerveusement les ongles.
Le rideau tombe.
Scène 2
La scène est maintenant éclairée d'un rouge vif. Alors que le rideau se lève, on observe 8 personnages affairés autour d'un grand avion, peint à plat sur une structure rudimentaire d'avion en carton. Les 8 personnages sont visiblement en train de tenter de le réparer, se passant divers outils, se répartissant les taches, certains tentant d'en rafraîchir la peinture, d'autre d'en réparer le moteur. Seul 4 personnages parmi ces 8 serviront réellement. Afin d'améliorer la clarté du texte, les personnages ne porteront que des chiffres comme noms, allant de 1 à 8. Leurs habits doivent évoquer celui d'un équipage traditionnel d'avion de ligne, en passant du commandant de bord à l'hôtesse d'accueil. Le personnage désigné sous le chiffre 1 est celui portant l'habit de commandant, quand aux autres, les habits n'ont pas d'importance réelle.
1
Où en sommes-nous ?
2
On n'en sait rien commandant.
A vrai dire, le mécanicien ne sait pas encore d'où vient la panne.
1 reste silencieux.
Le spationaute arrive par la gauche, des coulisses, et s'approche de l'avion, qu'il observe sous toutes les coutures. Il s'approche enfin de 1, après quelques secondes qu'il consacre à regarder vers le public, comme contemplant le paysage à l'horizon.
SPATIONAUTE
Où en sommes-nous ?
1
On n'en sait rien Monsieur.
A vrai dire, le mécanicien ne sait pas encore d'où vient la panne.
SPATIONAUTE
On est bloqué ici donc.
Ça n'arrange pas nos plans.
1
Non Monsieur.
Qu'en est-il de la guerre ?
SPATIONAUTE
Oh, vous savez, commandant, je ne m'inquiéterais pas pour ça si j'étais vous.
La guerre a toujours été une affaire qui marche.
Mais à vrai dire, j'ai comme l'impression que beaucoup de gens y restent réticents.
1
Ça reste préférable à la paix, vu les événements !
Le spationaute ne répond pas et s'éloigne de quelques pas.
1
Monsieur ?
SPATIONAUTE
Mmmh ?
1
Vous la sentez, vous, la paix ?
SPATIONAUTE
Non commandant.
Mais nos scientifiques nous ont prévenu, c'est un processus très insidieux, on ne le sent presque pas.
D'où le danger.
1
Ah oui.
Bien sûr.
D'où le danger.
1 semble réfléchir hardiment à la question, comme s'il pesait chaque mot et son sens.
2 s'approche lentement du commandant, plongé dans ses pensées.
2
Commandant ?
1
Sortant de ses pensées, bougonnant, s'éclaircissant la gorge avant de répondre.
Oui, quoi ?
2
Le mécanicien a trouvé la panne Commandant.
1
Continuez.
2
C'était le delco.
Il dit qu'on pourra repartir d'ici 30 minutes.
1
Dites-lui qu'il fait un très bon mécanicien.
2
Bien Commandant.
2 s'éloigne et va retrouver 7, le seul personnage en train de s'occuper de l'avion à présent. Durant toute la scène précédente, tous les personnages sauf 1 et le spationaute devront mimer le désintérêt pour l'avion dès que 7 en aura trouvé la cause. Ils peuvent éventuellement échanger alors des conversations inaudibles. Il est important que l'équipage de l'avion parle avec respect et légère crainte auprès de 1.
1
Nous partirons bientôt Monsieur.
SPATIONAUTE
Ah.
1
Avez-vous réussi à apporter la nouvelle auprès des habitants de la planète ?
SPATIONAUTE
Oui, mais j'ai bien peur que la nouvelle n'ait pas réglé l'affaire ...
Voyez-vous, il n'y avait qu'une seule habitante.
1
Une femme Monsieur ?
SPATIONAUTE
Exact.
Faisant un geste de la main comme pour stopper une pensée.
Mais elle a visiblement tout compris.
1
Semblant un peu perturbé.
Mais comment pouvait-elle s'en sortir toute seule ?
Je veux dire, comment peut-elle espérer sortir de la paix puisqu'elle ne pourra guerroyer contre elle-même ?
SPATIONAUTE
Agacé.
Il est évident que j'avais pensé à la question.
Je l'ai aidé.
1 reste silencieux, et préfère retourner auprès de son équipage, maintenant assis près de l'avion en train de discuter. Seul 7, le mécanicien, reste auprès de l'appareil, préparant celui-ci au décollage.
Celui-ci procède encore à quelques réglages, puis laisse tomber ses outils sur le sol, et s'approche du spationaute tout en s'essuyant les mains, pleine de cambouis, sur un long mouchoir blanc.
7
M'sieur ?
Le spationaute ne l'entend pas tout de suite, perdu dans ses pensées.
7
Plus fort.
M'sieur ?!
SPATIONAUTE
Se retournant, à la fois confus et irrité.
Oui, que voulez-vous ?
7
Excusez-moi de vous d'mander ça m'sieur, mais l'équipage et moi-même nous posions une p'tite question à propos d'la paix, et j'me demandais si ...
SPATIONAUTE
Posez-moi donc cette question, qu'on en finisse.
7
Ben voilà, les gars et moi on a bien pigé que la paix était cancérigène, mais on s'demandait pourquoi dans ce cas on ne faisait rien pour régler le problème ...
SPATIONAUTE
Portant le poing à son menton, prenant une pose reflétant autant le mépris que l'incompréhension.
C'est bien pourquoi nous parcourons la galaxie mon cher. Pour apporter la guerre et ainsi sortir notre espèce des désagréments de cette paix.
7
Ben, z'avions bien compris ça, m'sieur, mais nous on est pas en guerre là.
J'veux dire, vaudrait pas mieux qu'on se batte ensemble pendant la durée des voyages, afin d'éviter qu'nous aussi on y passe ?
SPATIONAUTE
Et que se passerait-il si le commandant de bord ou vous-même étiez blessés mortellement ?
Comment ferions-nous alors en cas d'avarie ou de situation d'urgence ?
7
Bah oui, j'comprend m'sieur.
Donc on va tous mourir alors.
SPATIONAUTE
Nous porterons notre message de guerre jusqu'à la fin, c'est ce qui importe.
Après tout, je vous le rappelle, vous étiez tous volontaires pour cette mission, et vous saviez qu'elle comportait de tel risques.
7
Ouais mais on s'disait avec les gars qu'on pourrait faire des haltes de temps en temps pour se frapper dessus, juste histoire de ralentir les effets, voyez ...
SPATIONAUTE
Si vous y tenez autant, allez-y, cognez vous.
Mais veillez bien à ne pas trop vous abîmer, est-ce clair ?
7
D'un ton reconnaissant et soulagé.
Merci m'sieur !
7 va vers le petit groupe que forme l'équipage, et rapporte sa discussion. Tous semblent alors très soulagés et se lèvent pour s'enlacer joyeusement, un peu à la façon des joueurs de football après un match gagnant. Un des personnage du groupe, 6, commence à aller chercher derrière l'avion quelque chose, et revient peu de temps après vers le groupe, transportant un grand carton, qu'il dépose au sol. Tout le groupe s'empresse de l'ouvrir, et en sort des gants de boxe rouge vif ainsi que des tonfas, à l'aide desquels ils vont se frapper allègrement pendant quelques minutes, à grand cris et fracas. Le spationaute reste à l'écart, observant avec grand sérieux la scène.
Le rideau se baisse.
Scène 3
Le rideau se lève sur le même décor que la première scène de l'acte 1, au moment exact où celle-ci s'est fini. La femme se lève de sa chaise et se rapproche du spationaute.
FEMME
Je ne crois pas que la guerre soit une option.
D'ailleurs, qu'est-ce qui vous fait croire que nous courons le moindre risque, après tout ?
Je ne me rappelle pas un seul moment de ma vie où je me serais sentie en paix.
SPATIONAUTE
Que voulez-vous dire ?
FEMME
Ressentez-vous, monsieur ?
SPATIONAUTE
Je ne comprend rien à ce que vous me dites.
FEMME
Je vous demande si parfois vous viennent des sentiments, monsieur.
Ressentez-vous parfois l'envie irrésistible de faire telle ou telle chose ?
SPATIONAUTE
Je suppose, oui.
FEMME
Qualifierez-vous ces moments de moments de paix ?
Le spationaute semble enfin saisir le sujet de la conversation et se ressaisit alors, comme récitant un discours appris par cœur.
SPATIONAUTE
Ne prenez pas le terme « paix » dans ce sens-là.
La paix dont nous parlons est l'état de paix, la vie sans angoisse de l'individu qui invariablement, selon nos experts, apporte décadence et tumeurs malignes.
FEMME
Sans angoisses, dites-vous ?
Cela ne ressemble en rien à mon existence.
Je pense que vous pouvez d'ores-et-déjà reprendre votre voyage monsieur, cette nouvelle ne me concerne pas.
SPATIONAUTE
Vous ne comprenez pas.
Tant que vous resterez sans conflits, vous dépérirez.
Et avant même d'avoir pu répondre à vos sentiments vous rendrez votre dernier souffle.
FEMME
Monsieur, vous déraisonnez.
Le simple fait de vouloir déclenche chez moi ce fameux conflit.
Chaque matin, quand je vois le soleil se lever, je me rappelle que je ne le verrai jamais lorsqu'il se couchera pour la dernière fois. Je ne peux pas faire quelques pas sans que l'envie de m'asseoir en vienne à me gagner, et ma gorge me rappelle tous les jours qu'elle aimerait de l'eau.
Ses sentiments qui font de la vie une histoire nous réduisent à l'état de personnages, déambulants, se voyant obligés de répondre à des besoins invisibles.
Je ne vis pas monsieur, je joue.
Posez donc la question à un acteur si son spectacle le plonge dans l'état de paix, et vous verrez comme je ne cours aucun risque de contracter ce cancer.
SPATIONAUTE
J'ai bien peur de ne connaître aucun acteur.
Mais le fait est que vous ne souffrez d'aucune agression physique, et que tant que ce fait ne changera pas, le crabe vous guettera, chaque jour un peu plus.
Je me moque de vos envies et des relations que vous entretenez avec elles.
A vrai dire, je ne vous laisserais pas vous rendre malade juste pour entretenir votre intellectualisme.
Le spationaute se saisit d'un pistolet laser digne des plus grand navet de SF, l'un des objets sorti de son sac, et le pointe sur la femme.
SPATIONAUTE
Entrez en guerre maintenant.
Ne faites pas l'erreur de refuser la main qui vous sauve.
Le rideau se ferme.
Scène 4
Le rideau se lève sur le même décor que la seconde scène de l'acte 1. L'équipage n'est plus sur la scène, seul reste le spationaute et 1. La lumière, auparavant rouge est maintenant violette, symbolisant la nuit. Les deux hommes sont assis près du cockpit de l'avion en carton. 1 fume tranquillement une cigarette, sa cravate défaite, sa casquette de commandant sur les genoux. Il a l'air défait, tandis que le spationaute reste froid et rigide.
1
Jamais je n'aurai pu croire que la guerre puisse un jour nous sauver.
Quand j'ai annoncé à ma femme pour quelle raison je partais en mission, elle n'a d'abord pas voulu me croire. Vous êtes marié Monsieur ?
SPATIONAUTE
Non.
1
Je suis avec ma femme depuis bientôt 15 ans.
On a eu une fille ensemble, elle s'appelle Marion.
Attendez, je dois avoir une photo d'elle quelque part ... Je ne pars jamais sans elle.
1 cherche dans ses poches, ne trouve rien, cherche à nouveau. Il finit par arrêter, visiblement fatigué.
1
J'aurais pourtant juré l'avoir.
Enfin ...
Il marque une pause, ré-allume une cigarette.
Marion va avoir 9 ans cet été.
J'espérais pouvoir rentrer à temps pour son anniversaire, elle se plaint toujours de ne jamais me voir, et je dois avouer qu'avec cette mission, je risque de la décevoir à nouveau ...
Vous voulez des enfants, plus tard ?
SPATIONAUTE
Non.
1
Au début, quand j'ai pris ce poste de commandant en chef, je pensais que ça me permettrait d'emmener souvent ma famille en voyage.
J'avais pas prévu ce genre de mission top-secrète, où bien sûr les proches ne nous accompagnent pas.
Vous aimez voyager Monsieur ?
SPATIONAUTE
Pas spécialement.
1
Quand j'étais jeune, j'aurais tout donné pour partir dans l'espace.
Alors naturellement, j'ai fini par faire mes classes quand j'ai été en âge.
Maintenant je me rends bien compte que finalement, l'espace, c'est juste du noir et quelques points blancs.
Même les planètes se ressemblent toutes à force.
Ciel orange, sol vert, animaux et monstres bizarres, atmosphère irrespirable, tout finit par devenir d'une banalité affligeante ...
Il reste silencieux, regardant ses chaussures, comme perdu dans ses pensées.
Le spationaute se lève, s'époussette, et fait quelques pas négligemment sur la scène.
SPATIONAUTE
Quelle est la prochaine planète que nous visitons ?
1
Se redressant, remettant sa casquette et écrasant sa cigarette du talon.
Gamma du centaure bis ¾ Monsieur.
SPATIONAUTE
Allez donc vous coucher, nous avons beaucoup de chemin à faire pour annoncer la nouvelle.
1
Oui Monsieur.
Il se dirige rapidement vers l'avion, le contourne, et rentre par une porte non visible dans celui-ci.
Le spationaute reste seul.
SPATIONAUTE
« Juste du noir avec des points blancs. »
Il arpente la scène lentement, les mains dans les poches.
Puis, soudainement, il se tourne vers le public, et tend la main, comme pour commencer une tirade.
SPATIONAUTE
J'admire profondément le manque total d'imagination du commandant.
Il voit du noir alors qu'il y a opportunités.
Il prend des étoiles gigantesques et vieilles de millions d'années pour des points blancs.
On lui ferait écouter de la musique qu'il n'entendrait que des bruits de vaisselle.
La prochaine fois, j'essayerais de prendre un commandant en chef un peu moins idiot.
Il fait une pause.
J'ai commencé mes études de spationaute à l'âge de 7 ans, alors que ce commandant devait encore baver devant sa fenêtre la nuit en observant les étoiles.
Il devait encore chercher à les compter quand j'en connaissais leurs masses exactes, leurs compositions, et leurs coordonnées, à chacune d'entre elles.
Mon père était immensément riche.
Cela ne l'empêchait pas d'être aussi idiot que mon commandant.
A vrai dire, il n'avait fait fortune que grâce à l'envolée du prix des céréales, pas besoin d'être un génie pour fixer un prix.
Il fait une pause.
A vrai dire, tout cela n'a plus vraiment d'importance, la guerre vient et elle emportera tout.
Les gens mourront.
Les étoiles perdront leurs noms, et personne ne se souviendra de leurs masses, de leurs compositions, et de leurs coordonnées.
Même ces mots-là perdront leurs sens.
Le soleil ne sera plus qu'un astre, il n'illuminera plus nos jours.
Les arbres resteront, et leurs feuilles tomberont sur une terre sans culture.
Nos os seront les seuls vestiges de notre race.
La vie se passera de nous.
Le spationaute regarde vers le ciel, et se tait.
Les éclairages s'éteignent doucement.
Le rideau tombe.
Acte 2
Scène 1
Le rideau se lève. Sur la scène, traînent ça et là des meubles de jardins, une table, des chaises placées de façon désordonnées, et un parasol aux couleurs vives et flashy se dresse au dessus de la table.
Quatre jeunes hommes, attablés, sirotent des cocktails très colorés, avec des petites ombrelles.
Ils discutent assez bruyamment, semblant quelque peu ivres. Ils portent tous des costumes cravates. Au bout d'une petite minute, le spationaute arrive de la gauche, portant sur son dos le même sac que dans le premier acte. Il s'arrête à quelque mètres des jeunes, qui le remarquent et se tournent vers lui, lui lançant quelques vannes inaudibles et riant.
JEUNE 1
Sifflant.
Hey, pssssit, le super-héros là !
Tu fous quoi en costume ?
S'adressant aux autres :
C'est l'anniversaire de quelqu'un ou quoi là ?
Le groupe s'esclaffe.
SPATIONAUTE
Je suis ici pour vous annoncer une nouvelle de grande importance.
Les scientifiques de la planète d'où je viens ont découvert un fait qui change radicalement l'actuelle vision de notre monde.
JEUNE 2
Agressif.
On s'en tape, barre toi bouffon.
Le groupe de jeune se détourne du spationaute et continue de parler bruyamment, de choses terre-à-terres. Le spationaute reste sur place un instant, puis marche d'un pas ferme vers le premier d'entre eux, qui, tourné vers les autres, ne le voit pas arriver. Le spationaute retire brutalement sa chaise, saisit le jeune homme alors au sol, le relève, le tenant au col.
SPATIONAUTE
C'est la guerre.
Toi, lui et lui et lui ...
Désignant de la tête les autres, tour à tour.
... vous allez tous crever.
Vos carcasses seront tellement pleines de trous que les chiens errants ne mangeront pas vos restes, ils les laperont sur le sol !
Le spationaute lâche le jeune 1, qui s'écroule littéralement, tandis que les autres, pétrifiés, se sont levés et regarde le spationaute, silencieux. Le spationaute prend la chaise du jeune 1, la cale bien, puis s'y assied, invitant les autres à faire de même. Le jeune 1 reste au sol, se redresse vaguement.
SPATIONAUTE
La guerre, messieurs.
Petite pause.
Car voyez-vous, nos scientifiques en sont venus à la conclusion que la paix, aussi agréable soit-elle, entraînait une mort longue et douloureuse.
Petite pause.
Le cancer.
Oui, le cancer messieurs.
JEUNE 3
Abasourdi.
Le cancer ?
SPATIONAUTE
En effet.
C'est ainsi, vous comprenez, que nous devons combattre cette insidieuse paix par les moyens les plus radicaux que nous connaissons, à savoir la guerre.
Les jeunes se taisent, se regardant tour à tour, l'air hébété. Le spationaute suit leurs regards.
SPATIONAUTE
J'ai apporté ici quelques effets qui pourraient vous aider à mettre en place cette difficile mais essentielle situation.
Il sort de son sac des pistolets, grenades et autres armes petites ou moyennes, et les dépose soigneusement sur la table, les étalant au fur et à mesure. Celles-ci finissent par couvrir plus de la moitié de la table, devant les yeux ébahis des jeunes.
SPATIONAUTE
Voilà.
Je vous laisse faire votre choix parmi tout ces outils, et quand vous jugerez que le moment s'y prêtera le mieux, je partirais, afin de vous laisser seul dans ce moment.
Petite pause, devant le manque de réaction des jeunes.
Je reviendrais bien sûr après, afin de m'assurer que tout s'est bien passé.
Mais je vois que vous avez tous l'air de jeunes hommes fort respectables et je vous fais une entière confiance quant à la finalité de cet événement. Je sais que vous allez tous faire de votre mieux.
Ne voyant aucune réaction de la part des jeunes, le spationaute se lève de son siège, attrape l'un des pistolets. Il le soupèse, fait jouer la culasse, inspecte l'intérieur de l'arme, en enlève le chargeur, etc pendant une petite minute. Puis, se tournant vers les autres.
SPATIONAUTE
Alors, voyez, ceci est un Colt Goverment 1911.
Il s'agit d'une arme de poing semi-automatique, pouvant contenir environ dix cartouches de calibre .45. On les insère dans le chargeur, que vous voyez ici ...
Il illustre ses propos en montrant les différents endroits, et en manipulant l'arme sous les yeux des jeunes, faisant passer de mains en mains d'autres modèles semblables.
... puis en insérant le chargeur dans la crosse de l'arme. Puis vous actionnez la culasse, qui se chargera de faire monter une balle dans le canon juste contre le percuteur, armant alors le chien.
Libre à vous ensuite d'en actionner la gâchette une fois que vous serez bien sûr que votre cible se trouve dans l'axe du canon.
Il illustre son propos en chargeant l'arme au fur et à mesure du récit, avant de tirer à plusieurs reprise vers les coulisses à la fin de sa tirade. Il est important que le spationaute tire en direction des coulisses postées derrière les jeunes, comme s'ils n'existaient pas ou comme pour les effrayer. De plus, il faudra que toute la scène suivant l'altercation avec le premier jeune soit jouée dans un calme olympien.
SPATIONAUTE
Voyez ?
Simple comme bonjour.
Il repose l'arme sur la table.
Ah, et veillez surtout à ne pas mettre vos doigts dans la trajectoire de la culasse, lors de son retour en arrière, cela pourrait vous blesser.
Ne remarquant toujours aucune réaction chez les jeunes qui se contentent de le regarder, certains tenant encore les armes distribuées en mains, patauds, le spationaute se lève, et, ouvrant les bras :
SPATIONAUTE
Et bien messieurs, je crois qu'il est temps pour moi de vous laisser à votre tache, je repasserais d'ici une vingtaine de minutes, vous aurez amplement le temps.
Petit silence.
N'hésitez pas à vous entraîner, bien sûr, avant de procéder.
Vous trouverez les cartouches dans le sac.
Les petites vont dans les petites armes, les grandes dans les grandes, je crois que vous vous y retrouverez.
Il se lève, commence à partir légèrement à reculant, puis, leur faisant « au revoir » de la main, s'en va en leur tournant le dos vers les coulisses de gauche.
Le rideau tombe.
Scène 2
Le rideau se lève.
On retrouve les décors et l'éclairage de la scène 2 de l'acte 1. Se tiennent sur la scène le spationaute, 1, 2 et 3. Les trois personnages, en train de manipuler des cartes ainsi que des appareils de mesure étrange, bricolés avec des cadrans, des tuyaux d'aspirateurs, et des pièces électroniques de toute sorte. Tous semblent concentrés, silencieux, absorbés par leurs tâches respectives. 1 et le spationaute regardent les cartes, et les comparent avec le résultat des instruments de mesure tenus par 2 et 3.
Finalement, 1 et le spationaute laissent les cartes tomber au sol, et le spationaute laisse échapper un gros soupir. 2 et 3 semblent désolés, et retournent près de la carcasse de l'avion.
SPATIONAUTE
Bon, il semble clair que la situation risque de durer. Il aurait peut-être été préférable que je n'autorise pas l'équipage à se livrer à cette rixe improvisée.
1
Monsieur, si je puis me permettre ...
Semblant attendre une approbation qui ne vient pas.
... personne n'aurait pu penser que le mécanicien serait tué. Il semblait d'une force bien rude, propre à sa profession, et il ne s'est pourtant pris que si peu de coups de matraques ...
SPATIONAUTE
Peut-être, commandant, mais le voilà mort maintenant, et il nous laisse avec un vaisseau qui , malheureusement, manque d'une dizaine de minutes de réparation supplémentaires. Et il était le seul à pouvoir les faire, d'après ce que j'ai cru comprendre.
1
En effet, oui.
SPATIONAUTE
De plus, nous ne sommes visiblement pas sur Zirbon-VIII.
Se retournant brusquement, prenant un ton dur et sans réplique.
Vous m'en aviez pourtant assuré, commandant, et cela dès les premières minutes de l'atterrissage.
Vous, comme vous l'aviez dit, « reconnaissiez la lumière particulière de Zirbon-VIII en cette saison ».
1 reste silencieux, baissant honteusement la tête vers le sol, regardant ses pieds.
SPATIONAUTE
Passons, tirer des conclusions ne va pas nous aider à sortir de là.
S'ensuit un petit moment de silence, durant lequels le spationaute prend le temps de réfléchir. Il se frotte l'arrière du casque, comme s'il s'agissait de sa tête.
Monsieur 2.
Approchez.
2 s'exécute, d'un pas rapide, comme attendant un ordre depuis quelques temps, et étant très désireux d'aider dans cette situation difficile.
2
Monsieur ?
SPATIONAUTE
Tournez-vous.
2 se retourne, fixant alors le côté droit du public.
2
Après un peu de silence.
Je ne comprends pas monsieur, que suis-je sensé faire après m'être retourné ?
Dois-je regarder dans une directi....
Le spationaute vient de tirer une balle directement dans la tête de 2. Le geste doit être très rapide, le public ne doit même pas avoir le temps de voir le spationaute tirer son arme.
Le corps de 2 s'écroule, celui-ci tombant d'abord à genoux, puis s'écroulant face contre terre.
Derrière lui, le spationaute tient toujours son arme, fumante, puis, se tourne vers 3 et 1 lentement, et la braque vers eux.
SPATIONAUTE
Réparez le vaisseau.
Je me moque que vous sachiez le faire.
Faites-le.
1 et 3 sont sous le choc. 3 essaye d'ouvrir la bouche pour parler, mais 1 l'en empêche, et lui indique le vaisseau d'un mouvement de tête insistant.
Les deux se dirigent vers le vaisseau, 3 passant derrière pour chercher une boite à outils, tandis que 1 examine la carlingue.
Le spationaute range son arme, après les avoir observés un petit temps. 1 et 3 sont maintenant au travail, et avancent vite, semblant s'y connaître, et recouvrant au fur et à mesure le sol de pièces mécaniques diverses, fils, engrenages, puces électroniques, etc ...
SPATIONAUTE
Monsieur 3, cette pièce n'a pas l'air de rentrer, vous le voyiez bien, alors n'essayez donc pas de l'enfoncer avec autant d'acharnement.
Pause.
Vous n'êtes vraiment pas à ce que vous faites.
Pause.
Vous êtes le prochain.
3 s'arrête de travailler, commence à se rouler en boule et à sangloter. Le spationaute s'approche de lui, sort son arme, et demande à 3 de se lever. Celui-ci refuse.
SPATIONAUTE
Hurlant.
DEBOUT !
LEVEZ-VOUS, MAINTENANT !
3 se lève, difficilement.
Le spationaute lui tape sur l'épaule, et lui place l'arme dans la main.
SPATIONAUTE
Sur un ton gentil et compatissant.
Allez, éloigne-toi un peu vers là-bas, et tire-toi une balle dans la tête.
Le spationaute marche à présent vers 1 qui travaille toujours, en laissant 3 sur place.
Le rideau tombe.
Scène 3
Au milieu de la scène, sur un rocher jaune en carton-pâte, au beau milieu d'un sol bleu, se tient un vieil homme dégarni et portant une longue barbe blanche et des haillons bleus délavés. L'éclairage est tamisé, laissant le fond de la scène partiellement dans l'ombre,
Celui-ci se gratte les dents avec les ongles, hume l'air en regardant le ciel, puis commence à parler d'une voix rauque et peu assurée.
ERMITE
Un drôle d'homme à tête de bulle est venu, il y a quelques jours.
Nous avons parlé, Il a parlé, je l'ai écouté ...
Et il m'a laissé ça.
Le vieil homme ouvre alors la main qu'il gardait contre lui, dans laquelle se tient une grenade.
ERMITE
Nous avons parlé des étoiles.
Je lui ai dit ce que je pense, ce que j'ai vu.
Il était passionné.
Je suis très heureux que quelqu'un soit enfin venu pour que je lui explique ce que les étoiles veulent dire.
Silence.
Voyez-vous, quand j'étais jeune, je regardais surtout la mer.
Il baisse alors les yeux vers le sol, puis relève la tête.
Maintenant, c'est surtout le ciel qui m'intéresse.
La mer, c'est très mouvant, mais on voit bien que c'est un gros tout qui ne fait que de se balader sans forcément avoir quoi que ce soit à faire de ce qui l'entoure. Quand on y plonge l'orteil, elle vous bouscule le pied. Quand on y entre complètement, elle vous fracasse contre le rocher, ou vous en éloigne complètement pour mieux vous emmener vers le prochain.
Aucun savoir-vivre.
La mer ne fait que s'amuser, enfin elle essaye, car on sent bien qu'elle s'ennuie.
Le ciel, c'est pas pareil.
Il essaye de vous parler.
Il s'interrompt, et gratte de l'ongle les motifs qui recouvre la grenade. Visiblement, il n'arrive pas à la gratter assez à son goût, puisqu'il la porte à sa bouche et tente de finir le travail avec les dents. N'y parvenant pas, il la pose sur le rocher à ses côtés, lui jetant des regards mauvais tout en crachant dans l'eau.
ERMITE
L'homme à tête de bulle a essayé de me dire qu'il venait du ciel.
Je l'ai pas cru, bien sûr.
Qui pourrait vivre là haut ?
Soyons sérieux.
Il m'a dit qu'en effet, le ciel me parlait, et que lui aussi voulait me parler, de quelque chose de première importance.
J'ai tout de suite pensé qu'il m'apportait quelque chose de bon à manger.
J'avais, la veille, tenté de parler de nourriture avec le ciel, et puisqu'il prétendait en venir, j'ai tout de suite pensé qu'il était le livreur.
Malheureusement, il m'a parlé de paix.
J'ai tout de suite répondu que je n'étais pas intéressé, que j'étais bien content comme ça et que la paix était vraiment la dernière chose dont j'avais besoin.
J'ai essayé de recentrer le débat sur la nourriture, mais il s'est empressé de dire que justement, c'est pas la paix qu'il me fallait, qu'il le voyait bien, mais que ce serait pas mal que je m'entre-tue afin de ne pas mourir.
Je vous avoue que c'est à ce moment-là que j'ai commencé à me méfier.
Ça commençait sérieusement à ressembler au speech des vendeurs d'appartements en copropriété.
Il m'a demandé ce que je faisais là.
Silence.
Quand il a vu que je n'en savais foutre rien, que j'avais pas l'air d'attendre le bus quand même, il s'est excusé, puis m'a demandé si il y avait quelqu'un d'autre ici.
La question m'a semblé tellement stupide que je lui ai pas répondu.
Puis je lui ai demandé comment c'était le ciel, vu d'en haut. Parce que moi je sais ce qu'il y a, en haut, et qu'il me paraissait pas du tout venu de là bas.
Il n'a pas répondu.
J'ai alors embrayé sur le sujet des étoiles, parce que ce type, quelque soit l'endroit d'où il venait, connaissait forcément d'autres types, et que j'avais bien envie qu'il propage l'idée.
Le vieil homme se décale un peu, tournant pour se mettre face au public, penchant la tête comme pour aborder un sujet qui lui tient à cœur.
ERMITE
J'ai mis au point un dispositif ingénieux afin de pouvoir lire les messages codés du ciel.
Parce que le ciel est assez gamin dans le fond, et s'il communique, il n'a pas envie que chaque piaf puisse savoir ce qu'il dit. C'est pour ça que toute les étoiles ne dessinent pas clairement le message, comprenez.
Pause, durant laquelle le vieil homme se redresse.
C'est assez simple.
Vous prenez votre pouce gauche, votre index gauche, et vous les faites se rejoindre, comme ça.
Il mime alors le geste, dessinant un zéro de ces deux doigts.
Vous voyez, c'est tout bête.
Puis, avec ce savant dispositif, si vous le disposez précautionneusement entre votre œil et le groupe d'étoiles à observer, tout s'éclaire.
Enfin ... pas tout. Y'a toujours les approximations linguistiques, évidemment.
Je soupçonne vaguement le ciel d'avoir appris le français dans un manuel qui date un peu, mais ça reste compréhensible.
Sauf les passages plus à gauche, à vrai dire. Ceux là-bas.
Il montre du doigt le coin supérieur droit de la scène.
Je pense que le ciel a voulu essayer une autre langue, ou quelque chose du genre, parce que ça devient illisible dans ce coin.
Quand je lui ai dit, le gars a tapé son doigt contre sa bulle à plusieurs reprises, et c'est là qu'il m'a donné sa noix moche ...
Il désigne d'un mouvement de tête la grenade.
... et qu'il m'a dit d'enlever l'anneau en haut du truc quand j'aurais compris le passage à gauche.
Silence.
Le vieil homme regarde le public quelques instants.
Puis ramasse doucement la grenade, la tenant au creux des mains, la tournant et la retournant, tout en l'observant. Il marmonne :
ERMITE
J'aurais franchement préféré de la bouffe.
Le vieil homme relève la tête vers le ciel durant quelques instants, reporte ses yeux vers la grenade, puis se lève, se tourne vers le fond de la scène, et, prenant de l'élan du bras, balance la grenade vers la coulisse gauche. On entend alors un gros «plouf».
L'ermite se rassoie, contemplant le ciel.
Le rideau tombe.
Acte 3
Scène 1
Le rideau se lève. La scène est dans le noir. Un projecteur s'allume, laissant entendre un grand bruit d'activation, résonnant comme un « clac ! ». Au centre, une chaise. Un homme sort la tête des coulisses de gauche, regardant vers le public. Il s'agit du Ministre de l'Information et des Secrets.
Il porte un costume 3 pièces très bien taillé, qui renforce l'impression solennelle de son poste. Seule dénote peut-être la couleur bleue ciel du costume.
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Je m'installe ici ?
Une voix lui répond. La voix est grave, neutre, et visiblement déformée par un logiciel de modification vocale.
VOIX
Oui.
Le Ministre sort de la coulisse et prend place sur la chaise, visiblement à l'aise. Il croise les jambes, plaçant ses mains sur le genou le plus élevé.
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Alors, je vous écoute, de quoi souhaitiez-vous parler ?
VOIX
Il y a quelques semaines, un homme est venu sur notre planète, se disant porteur d'une nouvelle scientifique de haute envergure.
Il a été auditionné par vos services, je crois.
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Oui, je crois voir à qui vous faites allusion, et il a été, en effet, auditionné par nos services.
VOIX
Quelle était cette nouvelle ?
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Cela concernait la sécurité planétaire. Cela la concerne toujours, par ailleurs, et c'est Classé Défense
.
VOIX
Certains politiques ont déjà soulevé l'hypothèse d'une nouvelle concernant l'aspect sanitaire de la paix.
Le Ministre a un tic de visage, et change de position, visiblement mal à l'aise.
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Il y a en effet eu des rumeurs sur un éventuel risque sanitaire de la paix.
VOIX
Elle est cancérigène.
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Très mal à l'aise.
Plaît-il ?
VOIX
La paix est cancérigène.
De nombreux services d'informations scientifiques ont déjà fait des comptes-rendu sur ce sujet, dans de nombreux systèmes solaires au cours de ces derniers jours.
Est-ce que l'homme a bel et bien évoqué ce sujet lors de son audition, Monsieur le Ministre ?
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Bougeant sans cesse, changeant de posture et s'essuyant le visage.
Oui.
Il en a parlé.
VOIX
A-t-il donné d'éventuelles solutions au problème causé par l'aspect cancérigène de la paix ?
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Oui.
VOIX
Combien en a-t-il évoquées ?
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
A vrai dire, une seule.
VOIX
La guerre, Monsieur le Ministre ?
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Manifestant du trac.
Oui.
Il y a une pause. Le Ministre en profite pour s'essuyer le visage, et regarder ses pieds.
VOIX
Qu'avez-vous fait après avoir auditionné l'homme ?
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Eh bien... Du fait de ma position, j'ai dû prévenir le conseil des ministres.
Puis nous avons commencé les premières déclarations publiques.
Enfin, le président s'en est chargé, pour la plupart.
VOIX
En tant que Ministre de l'Information et des Secrets, n'était-ce pas votre rôle ?
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Si, mais au vu de l'importance de la situation, la président n'a pas souhaité prendre de risque.
VOIX
Comment le président a-t-il défini le problème, lors de ses discours publics ?
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Il a présenté ça comme un problème de politique extérieure.
VOIX
Un problème de politique extérieure de quelle envergure, Monsieur le Ministre ?
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
D'ordre militaire.
Il a dénoncé une atteinte aux frontières inter-spatiales de notre voisin, Phaéton IX.
L'atteinte à la souveraineté planétaire requérait l'utilisation de la force militaire.
VOIX
Est-il vrai, Monsieur le Ministre, que cette idée venait du département de l'Information et des Secrets, votre département ?
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Pas complètement, le département des Fusils et gros Machins pour Tuer était d'accord sur le dossier.
VOIX
Certains détracteurs vous reprochent votre implication dans le conflit, et même d'avoir déjà préparé sa venue.
Ils s'appuient sur les détails de livraison des entrepôts militaires qui auraient reçu, au cours des 5 dernières années jusqu'à 15 fois plus de livraisons d'armes et de matériel militaire que lors des années précédente.
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Un peu plus confiant.
Je n'ai plus exactement les chiffres en tête, mais le renforcement de la sécurité planétaire était au programme du Président lors des élections, et c'est d'ailleurs l'une des raisons de son accession au pouvoir.
VOIX
Monsieur le Ministre, vos services avaient-il eu connaissance de la position pacifique de Phaéton IX ?
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Non, c'est le service de l'Information et de l'Espionnage qui avait l'information.
VOIX
Est-il vrai qu'après les première tentatives parlementaires de Phaéton IX vous aviez déclaré que les informations concernant l'aspect pacifique de cette planète avait été perdues suite à, je cite, des problèmes de fax ?
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Silence.
Oui.
VOIX
Aviez-vous connaissance que les premiers bombardiers nucléaires ont d'abord été pris pour une commission d'ambassade ?
MINISTRE DE L'INFORMATION ET DES SECRETS
Non, nous n'étions pas au courant.
La lumière s'éteint brusquement, le rideau tombe.
Scène 2
Le rideau se lève. La scène est totalement éclairée. Sur celle-ci, un immense poste de télévision à été dressé, un peu à la manière de Ian Burton dans la version réécrite par Robert Carsen de Candide. A l'intérieur du poste est assise à une table bleue une femme, entre deux âges, habillée d'un tailleur orange. Sur la table, des feuilles de papier. Derrière elle, un grand mur d'un bleu plus profond. Un grand encart, placé sur le mur à droite de la femme, présente un article de journal agrandi sur lequel on peut lire, en titre : « The War finally declared against Peace : Lets kill that Bitch ! ». Sur le devant de la table s'inscrit en grosses lettres jaunes « Le journal de 20h de la galaxie. ». Un faux logo de chaîne peut également être ajouté sur le côté droit de l'immense Télévision. Une musique d'introduction ressemblant à celle qui commence les journaux télévisuels se fait entendre, la présentatrice affichant alors un grand sourire tout en classant ses fiches de papier. Elle regarde le public.
PRESENTATRICE
Messieurs et mesdames, bonsoir, et bienvenue sur TG1 !
Vous êtes en train de regarder le journal de 20 heures galactique, il est minuit sur Darwinia IV !
Tout de suite nous retrouvons les gros titres de l'édition de ce soir, en commençant par la déclaration de guerre de Triton VIII à Phaéton IX.
Le Président de Triton VIII a en effet déclaré la guerre envers son voisin et allié, après avoir subi des violations territoriales.
Cette déclaration de guerre rejoint celles déjà en cours de cette dernière semaine.
Il est en effet à noter que de nombreuses planètes, visiblement excédées par le comportement de leurs voisines, ou dans certains cas, lointains alliés commerciaux, engagent des procédures militaires.
Le député John Mérouga du parlement galactique s'est dit « désolé de la situation », mais souhaite que cette guerre totale ne soit pas mal interprété. « Il est important de signaler », a-t-il déclaré, « que cette guerre est avant tout passagère, avant de trouver une autre situation plus accommodante. »
Courte pause.
Et maintenant, nous enchaînons sur les titres de la semaine :
Le cours du plutonium en barre grimpe encore à la bourse de Pluton, suite aux différentes guerres ayant éclaté dans la galaxie qui rendent de plus en plus difficile l'extraction de cette matière première.
Le député John Mérouga aurait déclaré, lors du dernier débat organisé au Parlement Galactique, qu'il était « choqué de cette façon dont les citoyens sont pris en otages », la flambée des prix étant selon lui une « réelle atteinte à la liberté des ménages. »
Sport maintenant, avec les Roubulus de Plouga XI qui ont battu les Marougos de Blotange IV ce soir au palais des sport de Boruto III, avec un beau lancé boléen de la troisième balle juste avant la 16ème mi-temps.
Courte pause.
Nous retrouverons les gros titres de la journée après une petite page de publicité.
La lumière de la scène s'éteint brusquement, avant de se rallumer quelques secondes après. On entend une douce musique d'ascenseur durant cet intermède.
PRESENTATRICE
Bonsoir, et bienvenue sur TG1 !
Vous êtes en train de regarder le journal de 20 heures galactique, et nous enchaînons tout de suite sur la suite des gros titres de la journée, avec la déclaration officielle du Président de la Corée de l'Espace-Nord, qui se dit prêt à répondre à toute forme d'attaque par des tirs de missiles thermo-méga-nucléaires anti-soleil.
L'Organisation Inter-Planètaires de la Galaxie d'Orion condamne d'ors-et-déjà de tels actes.
Nous rappelons ici que les missiles thermo-méga-nucléaires anti-soleil, armes ayant la capacité de détruire une étoile en 15 secondes, ont été interdits par la plupart des planètes membres de l'OTSS, l'Organisation du Traité du Système Solaire.
Courte pause.
Nous retrouvons tout de suite un reportage de Bob Liébon sur les meilleurs endroits où passer vos vacances d'été ...
La lumière décline doucement au cours de ces dernières phrases, pour finalement s'éteindre complètement. Seul résonne encore la dernière phrase de la présentatrice, revenant plusieurs fois en écho.
Le rideau tombe.
Scène 3
Le rideau se lève. On retrouve le même décors que celui de l'Acte 2, Scène 3, à savoir un rocher jaune en carton-pâte, au beau milieu d'un sol bleu, sur lequel se tient un vieil homme, dégarni et portant une longue barbe blanche et des haillons bleus délavés. L'éclairage est toujours tamisé, laissant le fond de la scène partiellement dans l'ombre.
Le vieil homme est en train de regarder le ciel, une main devant son œil, formant avec celle-ci un cercle du pouce et de l'index. Il promène ses yeux sur l'ensemble du ciel, puis quitte sa pose et commence à regarder l'eau, las.
ERMITE
On va avoir une drôle de nuit.
Les étoiles sont trop brillantes ce soir, c'est mauvais signe.
On entend tout d'un coup un gros sifflement, semblable à ceux produits par les bombes lors des bombardements. Il passe de droite à gauche, et finit ponctué par un gros bruit de crash, provenant de la coulisse de gauche. L'ermite tourne la tête de ce côté, puis finit par se tourner entièrement du côté du crash, regardant avec intérêt. De la coulisse de gauche sort en volant le spationaute, avec sur le dos un jet pack. Ceci pourrait être réalisé en suspendant l'acteur tout simplement à une corde, fixé sur un rail permettant au personnage d'aller de la gauche à la droite de la scène. Si cela est possible, il serait intéressant de fixer dans le dispositif du jet-pack une soufflerie, qui, conjuguée avec des filaments de papier crépon jaune, orange et rouge à la sortie des réacteurs, produisent un effet « flamme de réacteur » très cheap.
Le spationaute sort donc de la coulisse gauche en volant et vient doucement se poser sur le rocher jaune, juste à côté de l'ermite, après lui avoir fait signe de se décaler. Pendant tout cette scène, l'ermite doit suivre des yeux le nouvel arrivant, avec un regard déjà fatigué.
SPATIONAUTE
Laissez-moi donc de la place, vous prenez tout !
Ce rocher n'est pas qu'à vous, tout de même !
ERMITE
Terre !
C'est une terre, pas un rocher !
Et c'est vous qui prenez toute cette place avec votre fusée, là !
Ils continuent de se chamailler un peu, puis prennent tous les deux place, serrés l'un contre l'autre à cause du manque d'espace.
ERMITE
Que faites-vous là, vous n'avez pas des nouvelles à donner ?
SPATIONAUTE
J'ai décidé d'arrêter un peu, ça devenait malsain.
Et vous, vous n'aviez pas un message à déchiffrer ?
ERMITE
Le ciel a changé d'interlocuteur, j'en ai bien peur, à moins qu'il s'amuse à écrire en allemand pour me narguer.
Vous savez, au fond, je crois qu'il est comme la mer, quelqu'un de mal élevé.
Le spationaute esquisse un sourire, puis lève les yeux vers le ciel. Lui et l'ermite restent ainsi pendant un petit moment, puis le spationaute rompt le silence.
SPATIONAUTE
Comment êtes-vous arrivé ici, au juste ?
ERMITE
Ici où ?
C'est vague comme question.
SPATIONAUTE
Sur ce rocher.
ERMITE
Sur ce continent, vous voulez dire ?
Eh bien à vrai dire je m'en souviens plus bien.
J'ai dû nager, me semble-t-il, mais je ne me souviens pas d'où.
Je me souviens juste de la raison.
SPATIONAUTE
Se moquant.
Les étoiles ne brillaient pas bien de l'endroit où vous étiez ?
ERMITE
Très sérieux.
Non, rien à voir. C'était les gens, qui ne « brillaient » pas trop, là où j'étais.
Au début, on s'accommode, on marmonne entre ses dents ...
Jusqu'au moment où on se rend compte que définitivement, ils sont tous cons comme les pierres, et qu'être seul serait bien plus supportable que de se coltiner leur présence jours après jours.
SPATIONAUTE
Ah oui.
Ça.
Oui, ben je crois que je comprend assez, oui.
Ils sont assez énervants, avec leurs manies, leurs centres d'intérêts tout sauf intéressants, et surtout cette sale habitude qu'ils ont de parler sans cesse.
ERMITE
Acquiesçant avec force.
Oh oui, ce que c'est énervant ça !
Toujours à causer de leurs histoires énervantes, persuadés d'être dans le bon droit, dans le bon camp...
Le spationaute tourne la tête un moment vers l'ermite, puis regarde de nouveau face à lui.
SPATIONAUTE
Oui, comme vous dites.
Petit silence.
Alors, où s'arrête la conversation avec le ciel exactement ?
ERMITE
Il essayait de me vanter l'utilisation des produits ménagers sans javel.
Très honnêtement, je crois qu'il perd un peu la tête.
Mais vous, dites-moi, d'où est-ce que vous venez, finalement.
SPATIONAUTE
Petit silence.
Le personnage semble être pensif.
Bonne question.
Plus ou moins du centre de la galaxie, du moins c'est ainsi qu'ils l'appelaient.
Mais plus ça va, et plus je me demande si on était pas un peu tout de même légèrement plus à gauche.
Globalement, je viens d'une planète ronde, assez grande, et complètement industrialisée. Plein de villes partout. Des usines, des labos... ce genre de trucs.
On est la première puissance scientifique, paraît-il.
ERMITE
Vous aviez peut-être découvert vous, ce que le ciel essayait de dire, non ?
Á moins que le vôtre ne vous parle pas ...
SPATIONAUTE
Pour être honnête, ce n'était pas vraiment le sujet de prédilection de nos scientifiques, non.
ERMITE
Ah.
Et qu'est-ce que c'était alors ?
SPATIONAUTE
Les légendes urbaines.
Dernièrement, ils s'intéressaient beaucoup aux rumeurs et à leurs déformations au fur et à mesure de la propagation.
ERMITE
Moui, pas très passionnant.
SPATIONAUTE
Bah, vous savez, les scientifiques sont tous les mêmes, ils ne s'intéressent qu'à leurs nombrils, ou du moins la composition bio-chimique de leurs nombrils.
ERMITE
S'arrêtant un instant pour contempler le spationaute, puis souriant.
Vous m'êtes bien sympathique, monsieur !
SPATIONAUTE
Merci.
Tout d'un coup se fait entendre un immense fracas, plusieurs détonations très fortes, assourdissantes, accompagnées de lumières colorées vives, couvrant l'ensemble du spectre coloré, en provenance du plafond de la scène. Les flash de couleurs sont courts, environ d'un quart à une demie-seconde, et accompagnent les bruits d'explosions.
L'ermite et le spationaute se sont levés dès les premières détonations, et regardent le ciel.
ERMITE
Bordel de nom de dieu, mais qu'est-ce que c'est que ça ?
SPATIONAUTE
A première vue, je dirais que les étoiles éclatent.
L'ermite regarde le spectacle avec horreur, la bouche grande ouverte et fixée dans une expression de terreur.
Le spationaute, quant à lui, regarde avec sur le visage une expression de surprise et d'émerveillement.
ERMITE
Mais qu'est-ce qui se passe ?
SPATIONAUTE
Je ne sais pas, mais c'est beau ...
ERMITE
Mais vous ne vous rendez pas compte !
Comment allons-nous communiquer, maintenant, le ciel et moi ?
C'est des années de conversations qui se réduisent en miettes, là !
SPATIONAUTE
Bah, il finira bien par construire d'autres étoiles pour vous causer, soyez patient.
Et puis en attendant je suis là.
L'ermite tourne la tête vers le spationaute quelques instants, puis la reporte vers le ciel.
Pendant ce temps, le spationaute se rassoit, puis se remet à contempler le ciel, avec cette fois un sourire aux lèvres.
L'ermite reste encore un instant debout, puis finit par rejoindre le spationaute, se rasseyant.
ERMITE
Vous admettrez quand même que ce n'est pas tous les jours que les étoiles se disloquent simultanément !
SPATIONAUTE
Je ne dis pas le contraire.
C'est d'ailleurs bien dommage, je trouve que le spectacle en vaut la chandelle.
ERMITE
Vous réagissez vraiment comme si cela n'avait aucune importance !
SPATIONAUTE
Vous savez, on est que des animaux.
ERMITE
Je ne vois vraiment pas le rapport.
SPATIONAUTE
Ça viendra.
La lumière décline doucement, seuls les flashs lumineux continuent d'éclater, révélant l'espace de la scène quelques brefs instants.
Le rideau tombe.
Scène 4
On retrouve le même arrangement de scène que lors du premier acte, première scène.
Les robots sont tous en ligne, dans le fond de la scène, baignant dans une lumière tamisée, tandis qu'un spot de lumière est braqué sur le corps sans vie de la femme qui gît dans une mare de sang. Elle est figée dans une posture complètement désarticulée, face contre terre. Pas très loin d'une de ses mains se trouve une arme.
Juste à côté d'elle, agenouillé, se tient un robot. Celui-ci observe le corps.
Il prend alors la parole, d'une voix très respectueuse, semblant inquiet.
ROBOT
Madame ?
Bien évidemment, il n'obtient aucune réponse.
Le robot se tourne alors vers les autres, se relève.
ROBOT
L'humain est mort, cassons-nous.
Les robots bougent alors tous, repartant de la scène comme ils sont arrivés, tournant en rond, parcourant de long en large la scène à la queue-leu-leu et faisant demi-tour en tournant vers les bords, jusqu'à sortir par la coulisse de droite. Durant cette courte scène, on entend la même musique que celle du début de la pièce, rappelant le thème de « La Marche de l'Empire » dans Star Wars, à ceci près que celle-ci paraît cette fois tout à fait désaccordé, passant d'un registre musical à l'autre, de l'électro à la soul, manquant des notes, jouant faux, faisant des couacs.
La lumière décline progressivement tandis que les robots sortent.
Le rideau tombe.
Fin de la pièce.
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- Les indications temporelles/spatiales/Ours polaire, comme suit : "Pas de réelle importance dans le costume. Si possible rétro, ou représentatif de l'idée qu'on se fait d'un robot. Par contre, aucune référence à un robot célèbre ou autre", ça me pose pas de problème particulier, sauf qu'il me semble que l'approximative, c'est pas tout à fait propre au théâtre. Mais soit. Quoique non, NON? 9A PEUT PAS. Si Georges Lucas avait fait des approximations pareilles pour Star Wars, et si Georges Pompidou, et si les Otaries buvaient de la Corona, et si. Donc faut pas, tu OBLIGES ton putain de lecteur à se trouver là où que tu veux qu'il se trouve, c'est comme ça et sinon c'est pas bien et puis après, euh, ben c'est pas bien quoi merde.
- Ensuite H2G2.
- Ensuite la mise en page. Oui. Donc tout ce qui est indications tempo/mes couilles en italique ou en Comic Sans Ms, rien à braire, mais en tout cas, j'allais pas me faire chier à modifier ça. La prochaine fois TU OBTEMP7RE OU J4ENCULE UN VORTEX SUPERMASSIF QUI PASSERA 0 TRAVERS LE MUR DE TA CHAMBRE POUR VENIR SE PLANTER DTC (si bien sûr t'as une chambre)
- Ensuite j'applique la règle des trois "Ensuite".
Sinon c'est pas mal, c'est bien même, j'ai pas l'habitude de lire du théâtre et j'aime pas particulièrement ça, donc ça sera dur de donner un avis objectif au bout de, PUTAIN DEUX HEURES DE MA VIE S2RIEUX? BORDEL DE MERDE§ Mais c'est plutôt cool et ça sent l'effort tout en étant facile d'accès.
Bon bah fallait pas sortir ça avant de l'avoir relu, re-relu et réécrit entièrement après s'être dit, "tiens, j'ai fait de la merde" et de se demander ce qu'on voulait vraiment faire. Je ne dis pas que ce n'eût point pu être un truc potable, pour ce que tout peut être un truc potable dans des conditions favorables de température et de pression ainsi qu'avec un bon arrosage, mais je dis que là, en l'état, c'est de la merde.
D'abord, c'est du vent. La volonté métaphorique, très bien ; mais soit tu fais du surréalisme et t'assumes la sortie totale hors du sens commun, soit ut fais de la métaphore et tu mets une PENSEE derrière. Pas des grumeaux de soupe.
Au théâtre, on crée des personnages et on les fait vivre. On leur donne d'abord une chair, et on met des idées dedans. Les deux vont ensemble. Là, y a du vent. Des sacs en plastique avec un mot écrit dessus, et du vent dedans.
Ensuite, les didascalies, t'arrêtes. C'est malsain.
Soit tu fais du théâtre, et alors, ton texte, c'est une ouverture. Plus il sera ouvert, plus le metteur en scène et les comédiens pourront en faire du théâtre. S'il ne propose aucune liberté, aucune ouverture, alors tout le monde s'y fera chier, metteur en scène, régisseur, comédiens, spectateurs.
Soit tu fais du cinéma, et là si t'as envie et les moyens et du temps à perdre, tu peux t'amuser à scénariser, réaliser, faire le script et diriger les acteurs.
Au théâtre, aussi, mais faut s'appeler Louis Jouvet, au moins.
Et pour finir, le langage, faut le choisir. Une direction nette, une personnalité linguistique nette. Un style. Là, on vasouille entre le parlé, le pseudo-philosopheux, le vulgos, la série américaine mal traduite par un roumain alcoolique.
Bref, goto relecture et réécriture.
En fait et pour le dire simplement, après lecture complète, on se dit que putain, y avait rien, là, rien à dire. Et c'est fâcheux, vue la taille du texte. Un texte de trente lignes, je pardonne. Là, faut pas déconner.
Du coup ça m'énerve.
Je vais chier, tiens.
Georges Pompidou, il a fait une approximation colossalement plus grave que ça, il a laissé les Angloys entrer dans la CEE. Même Sarkozy n'a rien fait d'aussi stupide.
Mais au moins, il avait un nom rigolo.
"Pompidou", ça ferait parfait pour une peluche un peu trop garnie de mousse qui fait "KOUIN" quand on appuie dessus. UN PUTAIN DE PANDA ROUX§
Pompidou, le panda roux tout doux.
Je n'ai pas encore lu mais, après survol, j'ai déjà deux ou trois choses à dire, alors autant m'en délivrer :
- les dialogues ont l'air un peu débile et tant mieux, sauf si c'est ennuyeusement débile (souvent eu cette impression avec des textes théâtraux vaguement surréalistes, d'ailleurs), et alors dans ce cas là tant pis (marche aussi avec : sombre, violent, subversif, pathétique, politique, anticonstitutionnel, classique...).
- je trouve que l'auteur aurait dû mettre les dits d'Ascalie en italiques, en plus elle aime ça. Du coup je boude au moins jusqu'à demain, d'autant que des morceaux de moi-même m'attendent déja dans mon lit.
- j'ai aussi l'impression que les indications sont parfois excessives ou inutiles (surtout au début)
- je me demandais pourquoi Koax-koax mettait du temps à publier après avoir annoncé qu'il s'en chargeait. Deux heures ? Deux heures. C'est pas un défaut en soi, évidemment, mais il ne faut pas s'attendre à ce que le texte soit vraiment beaucoup lu sur le net.
Certes, Georges Pompidou. Mais 1973 tout de même.
Deux heures. Mais espacées par des crises de spasmes de quelques minutes, plus recherche d'image illustrant le propos d'une demi-heure, et encore, le propos, j'ai pas tout lu, faut pas déconner.
Tragicomédie Racine Big Up Rastafarai... bon je vais lire avant de dire des conneries et je vais faire comme si ce n'était pas trop tard. Sinon je proteste au niveau de l'antériorité de la théatralité primale sur la Zone car j'avais pondu cet oeuf pourri il y a quelques temps deja. Unité de temps, de lieu, d'action et de connerie : http://www.lazone.org/articles/1238.html
autant pour moi... c'est pas du théatre, c'est le kit de montage de bonhommes dans les oeufs Kinder Surprise, non ?
Bon je commence à lire le texte maintenant.
bon j'y arrive pas, je vais faire un exercice mental consitant à penser que c'est une opérette avec que des clones de Louis Mariano.
Bordel de merden, ça me fait penser au Chat Potté maintenant.
Tiens, ouais, les didascalies ne sont pas en italique ... Je crois que c'est un oubli. A vrai dire, je dois avouer que je ne m'en souviens pas.
Alors déjà, je suis content que des gens ait remarqué le caractère débile, c'était vaguement le but.
Comme le souligne Glaüx, les personnages sont des sacs en papier avec un nom dessus, description que franchement je compte te piquer par la suite, parce que c'est vraiment ça.
En même temps, t'imagines franchement ce genre de personnages avec un background ?
Je n'en verrais pas l’intérêt, leurs vies, comme dirait l'autre, on s'en branle le derrière à la machine à coudre. Il sont présentés et agissent comme des figurines d'Action Man mal peintes et fabriquées en Chine. Le but du théâtre n'est pas forcément de créer des personnages et de les faire vivre, on peut aussi choisir de raconter une histoire, ou tout simplement de faire chier son public pendant une heure trente. Rayez la mention inutile !
H2G2 n'a pas grand chose à voir, hormis le caractère space-opéra, et encore.
Quant à donner dans du pur surréalisme, quel est l’intérêt ?
C'est comme l'argument du choix du registre de langage, je ne pense pas qu'on ait une obligation formelle de devoir s'en tenir à un style. Ou alors, fallait rester à l'époque Racinienne. Remarquons que si le spationaute avait à enterrer son frère près d'une muraille quelconque, ça pourrait aussi être bien poilant.
Pour ce qui est de la liberté d'adaptation, et donc de la liberté des acteurs/metteurs en scène et autres de faire joujou avec, ouais, j'dois avouer que je m'en branle un peu. Qu'ils fassent preuve d'inventivité et coupent dans le texte ou s'en détache, ou alors qu'ils changent de boulot, chuis pas leur mère.
Il me semble que l'argument "OUAIS MAIS J4M4EN FOUS CHUIS LIBRE ET PIS J4M4EN VAIS VIVRE EN TERRE DE FEU ET PIS J4VOUS EMMERDE TOUS HaaAAhAHHAHNAAAanAHrHAHhAHA" a été employé un peu trop fréquemment ci-dessus, assorti de diverses conneries crasses sur le théâtre en général, pour que je puisse imaginer avoir un dialogue humain argument par argument.
Je vais donc continuer à aller chier tout en te flattant les dreadlocks.
Oh merde alors, je suis tout vexé dans mon amour propre !
Mais j'trouve ça dommage, sérieux, parce que dans le genre "conneries crasses sur le théâtre", j'avais enfin eu l'impression de tomber sur quelqu'un de compétent.
Blague à part, c'était une vrai question, je ne vois pas quel est le problème de changer de style de langage ou de mettre trop de didascalies, en fait.
'Me semble que la variation de langage peut "renseigner" sur le personnage, ou dans le cas de cette pièce, renforcer le caractère plastique des personnalités.
Quand au didascalies, certes, c'est dictatorial, mais pas franchement insurmontable.
Qu'est-ce qui gène tant que ça ?
alors là j'suis parti pour me le farcir en imaginant les voix de tenors, de soprano, tout le toutim avec le grand orchestre philharmonique de Vladivostok avec Charles Manson aux baguettes. JE VAIS REUSSSIR A TE LIRE?TEXTE§ LA VOLONTE SuR LA MATIERE? QUOI§
Concernant le langage, au théâtre où l'on voit vivre des personnages durant quelques minutes (même pas quelques heures, sauf chez des tarés comme Claudel ou assimilés) avant de les voir disparaître derrière le rideau, et sans les avoir connus du tout auparavant, on a le besoin crucial de trouver de la chair, quand on les aborde en spectateur. Sans chair, aucun personnage n'a d'existence, tous sont interchangeables, et c'est même un des critère des mauvaises pièces : si, au bout d'un quart d'heure, on ne peut pas reconnaître tel personnage de tel autre, c'est une pièce foirée ; si, au bout de quinze minutes, on se dit qu'on reconnaîtrait le personnage même si tout à coup il était joué par un autre comédien dans un autre costume, le personnage a été bien créé.
Pour ça, quand on est auteur, y a guère que le langage. Quand on est comédien, le langage du corps. Quand on est metteur en scène, les moyens scéniques et le jeu, vu d'en haut. Et la lumière s'il le faut, et le costume s'il le faut (et il le faut pas forcément). Mais quand on est auteur, y a guère que le langage ; faut apprendre à pas mélanger les savoir-faire et les métiers. Un écrivain de théâtre, c'est juste un écrivain. S'il empiète sur le territoire du metteur en scène, il fait de la merde, c'est quasiment automatique, à moins d'être aussi comédien et metteur en scène (et doué). Auquel cas soit. Mais faut avoir une putain de foi en soi.
Alors on donne une voix au personnage, parce qu'en tant qu'écrivain, on n'a que ça à lui donner, une voix. Les didascalies, c'est hors jeu, c'est parfois (ou souvent) nécessaires mais à moins d'un projet spécifique (chez Beckett, par exemple), ça doit le rester, strictement nécessaire. Et pas un moyen comme un autre. C'est pas normal, la didascalie. C'est un aveu d'impuissance. L'aveu que le texte qu'on a écrit ne suffit pas à sous-entendre, à entraîner, à créer, toutes les possibilités de jeu de scène qu'on a soi-même dans la tête, et que le metteur en scène aura au centuple.
Une voix, c'est parfois un rythme ; parfois des tics de langage ; parfois un registre et un vocabulaire particulier ; parfois une accentuation de la phrase ; beaucoup d'autres choses.
Si un aveugle reconnaît les personnages, alors c'est du théâtre, t'as donné à voir.
Si t'as besoin de souligner douze fois chaque chose que tu veux faire voir, c'est que t'y arrives pas.
Et si les personnages ne sont pas foutus de porter un langage particularisé, c'est pas des personnages.
Ce qui fait qu'écrire du théâtre, c'est foutrement difficile, et on s'y râpe la gueule sur le goudron plus souvent qu'on voudrait.
Ouais, là, c'est bien plus clair.
J'comprend du coup parfaitement la critique, et ce que j'aurais à y répondre, loin d'être une défense, serait que je ne comprend pas le théâtre comme tu le fait.
Et je pense que de nos deux vision du théâtre, et bien, c'est la tienne qui est la plus juste.
Si justement il y a autant de didascalie, c'est que je ne voulait pas offrir un texte, mais une pièce, déjà achevée et sans besoin d'être jouée.
Ce qui est, dans un sens, stupide.
Si je ne comprenais pas bien où tu voulais en venir avec les registres de langages, c'est qu'autant que je me souvienne, chaque personnage à sa façon de parler, et donc, même si c'est loin d'être d'une grande finesse (et j'insiste, pas du tout travaillé pour, le côté artificiel étant choisit volontairement) apporte une "personnalité" unique à chaque sac en plastique avec un nom.
Un des buts de la pièce (et de la prochaine qui va être publié sur le site, pauvre gens que vous êtes) est de justement pas montrer sur scène des personnages, mais des images.
Ils ne sont que des archétypes. Le politicien est sans envergure, l'ermite non plus, et le spationaute parait sortit d'une couverture d'un comics de mauvaise qualité des années 50. Idem du "scénario".
Et c'était ça un des buts, outre le message assez fumiste.
Une pièce de série B, déjà prête à l'emploie et ne nécessitant même pas d'être jouée, vu que tout est là, bien décrit, pour que même le plus bête des lecteur sache quoi se représenté, tant cela lui est dicté.
Ce qui est chouette, c'est que ma piètre capacité d'écrivain a renforcé cette ambition bien plus que je ne l'imaginais, et je vois grâce à tes commentaires ô combien c'est incroyablement trop grossier.
Mais dans le fond, j'était au courant.
Bon, ben, personnellement, je n'ai aucune grande idée sur le théâtre (si ce n'est qu'effectivement ça doit être très difficile et très casse-gueule, et Dieu me garde d'une telle idée). Que les personnages soient sans substance humaine, je m'en fiche, tant qu'il y a un autre intérêt, n'importe lequel. Et s'ils sont sans personnalité, je m'en fiche qu'ils n'aient pas leur voix propre dans le texte, comme il est fatal de découler conséquemment, de ce fait et assez logiquement. Du reste, en vérité, ce n'est pas tout à fait exact, comme par exemple les "z'avions" des mécanos.
Dans l'ensemble, je ne sais trop comment réagir, parce que je ne sais trop quelle était l'ambition de départ. Un texte débile et marrant pour la zone, un vrai texte de théâtreux lorgnant vers le surréalisme ou l'absurde et prétendant dire quelque chose, ou un on-verra-bien-ce-que-ça-donne-mais-en-attendant-ça-m'amuse. Face à la critique de Glaüx, t'as l'air de te rabattre sur une position de repli, mais c'est peu indicatif.
Alors, si le but était modeste, ça me paraît raté parce que ça m'a plutôt emmerdé au lieu de m'amuser, parce que fondamentalement trop long et trop insipide. Faut peut-être faire du modeste dans des formats modestes, plus courts, je ne sais pas.
Si le but était plus ambitieux, alors ça me paraît également raté du simple fait que je puisse me poser la question du sérieux de l'auteur, et parce que ce n'est ni drôle ni profond (à moins que ce ne le soit juste trop pour moi). A priori, pas assez construit et mûri.
Finalement, le passage où j'ai repris intérêt, c'est celui avec le ministre, où on voyait plus clairement le ton de comédie s'affirmer. Tous les passages à tendance dramatique (la femme et ses sentiments délicats, opposée en gros clichés aux hommes bourrins prêts à s'entretuer dès qu'on le leur suggère), qui n'ont pas ou peu l'air parodique, m'ont donné envie d'aller faire autre chose.
J'ai un peu l'impression qu'il fallait choisir entre faire un sketch en quelques soirées ou une pièce de théâtre en quelques mois. Et un sketch, ce n'est pas péjoratif, de même qu'il vaut mieux une bonne nouvelle qu'un mauvais roman. Là, j'ai juste l'impression d'un truc foireux et/ou foiré sous prétexte pas très sincère de série B.
Le prétexte de série B était très sincère.
Même si visiblement, à la lecture, personne ne l'a pris directement comme cela, à voir ta vision de la scène de la femme.
Sérieusement, une femme aux sentiments délicats, opposée aux clichés masculin ? La scène n'est pas du tout censée dire ça, non. Je n'vois même pas comment on peut le prendre ainsi.
Si je bats en position de repli, c'est tout simplement parce que je trouve la façon de Glaüx de voir le théâtre bourrée de clichés et trop simpliste, et que je me sens vraiment pas de confronter des idées maintenant.
Pour répondre à la question, le pièce s'est fécrite sur plusieurs mois. Je ne fais pas particulièrement de relecture, vu que c'est un écrit personnel, le retravailler est impossible. Deux jours plus tard, je ne peux pas me remettre dans l'ambiance, déjà essayé.
Quant à faire des projets modestes, c'est comme apprendre à nager pour simplement faire 3 brasses l'été sur la côte d'azur, ça n'a aucun intérêt. Je préfère de loin me viander méchamment et me noyer en tentant de traverser l'Atlantique à la nage.
Préférer une bonne nouvelle à un mauvais roman ne tient debout comme argument que si tu recherches la qualité.
Et la qualité reste tellement subjective, qu'au final bof, non, je trouve l'argument con. On croirait entendre du "la plume est plus forte que l'épée".
Question de point de vue.
Pourquoi faudrait-il forcément créer pour le mieux ? Et par rapport à quels critères ?
Sans vouloir du tout paraître vexé (je ne le suis pas, sinon je vois pas pourquoi j'aurais foutu ce texte ici, sur la Zone), je préfère par exemple lire un scénario de pub télé que de lire la dernière adaptation de Glaüx version théâtre, où la volonté de sens n’intéresse pas, tant le style est pédant, la faute à un clodo limite moine bouddhiste "Vous avez souillé mon silence. Je vous en voudrais, si je ne vous reconnaissais pas".
Comme disait l'autre, DR;TL.
Je n'aime pas ce théâtre là, et je suppose que la réciprocité est une histoire de goût.
J'ai un peu de mal à comprendre votre vision de l'absurde, qui me parait par trop caricaturale. La pièce est en soi absurde, juste pas guignolesque.
Après, c'est clair qu'argumenter ne va pas servir à grand chose là-dessus.
Vous trouvez la pièce co-conne et sans aucun sens, et personnellement j'y vois un sens qui me touche.
J'dois avoir des goût de chiotte, ce qui me dérange pas.
Ça reste intéressant quand même de voir ce que d'autres en pense, j'aurais par exemple jamais cru qu'on puisse interpréter la première scène de façon aussi chelou.
Je pense qu'y a un vaste écueil entre nous (toi et le reste du monde) : tu considères qu'écrire, c'est un truc personnel, pour se faire plaisir, s'auto-émouvoir et s'auto-congratuler ; et qu'au théâtre, on s'en branle des spectateurs et de leur avis, des lecteurs et de leur avis, des professionnels et de leur savoir-faire, que l'auteur fait son truc dans sa tour d'ivoire, si ivoire il y a.
De notre côté, si la Zone est un site collaboratif et, tout bonnement, un site, ouvert sur le monde et au monde, c'est pas pour rien.
Si tu entends faire ton truc et rien en avoir à foutre de personne, alors garde tes brouillons au chaud...
Et viens pas nous sortir que tu te "sens pas" d'argumenter, que tu trouves ça inepte, viens pas balancer des idioties comme "la qualité reste tellement subjective, qu'au final bof, non, je trouve l'argument con" pour te sortir d'affaire, ni des fadaises sur les goûts et les couleurs.
Ca, c'est pour les branleurs.
Trois zonards ayant lu et commenté le texte ne sont pas non plus exactement le "reste du monde", faut reconnaître...
Par faire modeste, je voulais parler de l'ampleur, pas de la qualité du texte. Mais c'est sûr que si on prétend préférer délibérément voir grand et se viander, il faut s'attendre à ne plus être très lu par les mêmes personnes, ou de plus en plus en diagonale, ça me paraît humain. Et, au niveau qualité, il me semble contradictoire de dire voir grand et chercher le niveau "série B".
Le pire, c'est que je n'ai pas dit que c'était irrémédiablement de la merde, juste que c'était selon moi raté car ayant l'air de pisser trop loin, ce qui fait une nuance. Je suis prêt à envisager l'idée que je sois passé complètement à côté du texte, que je n'en ai pas saisi tout l'absurde parce que je m'attendais à du guignolesque, ou que je n'ai pas vu tout le sens très profond qu'il faut y voir alors que ça crève les yeux... Mais si l'auteur vient me dire qu'il n'a pas recherché la qualité et qu'il ne se relit jamais parce que c'est bon pour les tâcherons, ça, alors je préfère juste passer à autre chose, en fait.
"Pour répondre à la question, le pièce s'est écrite sur plusieurs mois. Je ne fais pas particulièrement de relecture, vu que c'est un écrit personnel, le retravailler est impossible. Deux jours plus tard, je ne peux pas me remettre dans l'ambiance, déjà essayé."
J'ai clairement écrit "je ne fais pas particulièrement de relecture". Pas : "j'en fai jamai lol c pourri."
Par relecture, j'entend surtout remanier d'importants passages tout en restant dans l'esprit, et c'est ce que j'entendais par "c'est un écrit personnel, je ne peux pas me remettre dans l'ambiance".
Idem, je n'ai pas dit que je ne recherchais pas la qualité, j'ai dit que la qualité était diablement subjective. Parce que oui bordel, y'a des oeuvres qualifiées comme chez d'oeuvre qui resterons pour un paquet de monde des grosse daube, comme un bon paquet des oeuvre de Molière, à mon goût. Ou Titanic. Bientôt Titanic 3d.
"Et, au niveau qualité, il me semble contradictoire de dire voir grand et chercher le niveau "série B"."
Ah bon.
C'est quand même chier sur tout un style cinématographique alors que celui-ci, au moins, à l'avantage de se moquer de lui-même. ça dépend bien sûr du film de série B, hein.
"Mais c'est sûr que si on prétend préférer délibérément voir grand et se viander, il faut s'attendre à ne plus être très lu par les mêmes personnes, ou de plus en plus en diagonale, ça me paraît humain. "
Oh, mais ça ne me dérange pas. ça me parait normal aussi.
Après tout, c'est le cas, non ?
"De notre côté, si la Zone est un site collaboratif et, tout bonnement, un site, ouvert sur le monde et au monde, c'est pas pour rien."
Ah ah.
"Je pense qu'y a un vaste écueil entre nous (toi et le reste du monde) : tu considères qu'écrire, c'est un truc personnel, pour se faire plaisir, s'auto-émouvoir et s'auto-congratuler ; et qu'au théâtre, on s'en branle des spectateurs et de leur avis, des lecteurs et de leur avis, des professionnels et de leur savoir-faire, que l'auteur fait son truc dans sa tour d'ivoire, si ivoire il y a."
Non.
Les lecteurs et spectateurs sont, par essence, tout puissant au théâtre. Sinon le théâtre ne chercherais pas à reprendre de l'influence sur le spectateur via des moyens plus immersif. Si je dit que le texte est personnel, c'est via son sujet, son message, et la raison pour laquelle je l'ai écrite. Je ne l'ai pas écrite simplement pour moi, car, idiotement, je pensais qu'elle parlerais à d'autre. Je ne m'auto-congratule pas, je ne cherche pas à défendre sa qualité, mais ne comprend pas forcément l'ensemble des défauts que vous lui reprocher. Non pas par vice d'égo, mais par non-recul sur l'oeuvre.
"Si tu entends faire ton truc et rien en avoir à foutre de personne, alors garde tes brouillons au chaud...
Et viens pas nous sortir que tu te "sens pas" d'argumenter, que tu trouves ça inepte, viens pas balancer des idioties comme "la qualité reste tellement subjective, qu'au final bof, non, je trouve l'argument con" pour te sortir d'affaire, ni des fadaises sur les goûts et les couleurs.
Ca, c'est pour les branleurs."
Cher ami, autant que je sache, j'ai parfaitement le droit de te balancer des idioties à la gueule, à vrai dire, je pourrais même tenter d'en débattre, on appelle ça une conversation.
Et ouais, j'me sent pas d'argumenter, principalement parce que t'a l'air tellement borné dans tes idées que je sais d'avance que je perdrait le débat, m'épuisant à te faire comprendre chacun de mes arguments. J'ai pas envie de me lancer dans un débat stérile à la PQ-RG. Sans compter que mes cours de théâtre remonte plus loin encore que mon gros côlon.
C'est sympathique de traiter au passage Kant de branleur, à propos, c'est aussi ce que j'ai toujours pensé de lui.
Je ne te parle pas de goût et de couleur. Si la phrase "Je n'aime pas ce théâtre là, et je suppose que la réciprocité est une histoire de goût." était là, c'est pour éviter de sortir que la forme de théâtre vaguement foireuse/pseudo-intello que tu semble défendre me parait vaguement moyenne.
L'histoire d'rester poli.
L'art n'est pas vraiment une question de goût et de couleur.
C'est une histoire de stimulis et de savoir faire.
ça touche, ça touche pas, c'est bien mené ou non.
Mais ce qui touche est purement une affaire de subjectivité, tout comme quelque chose de mal mené peut toucher.
Comme Star Wars, par exemple, est un redoutable exemple de montage foireux. Techniquement parlant, au niveau des plans, ça ne vole pas haut, et parfois tombe bien bas, et pourtant reste une des licences pompe-à-fric des plus florissante.
Glaüx, en général, quand on cherche à discuter avec quelqu'un, on évite de présumer sur ce qui pense et de déjà sortir un jerrycan.
Déjà par ce que l'essence, ça pollue et c'est grégaire à côté d'une batterie de voiture, et qu'ensuite, je suis foncièrement d'accord avec le fait que ma pièce n'est pas vraiment bien mené. Je pensais simplement que le fond transparaîtrait un poil plus. Faut croire que non.
Un coup, t'as pas envie de t'expliquer parce que, pour résumer, "han mais tavu j'le sens comme ça t'vois" ; un coup, tu joues au copieur-colleur frénétique dopé à la colle.
J'ai pas trop envie de m'énerver à une conversation pointilliste et sans fonds. Si t'as un truc à dire, tu fais comme tout le monde, tu synthétises et tu poses ta thèse.
Sinon, ta gueule.
Ah, et, non, sur la Zone, on n'est pas poli. Non mon brave. C'est même un des principes du site. T'es censé connaître, dugland, ça fait des années que tu traînes ici toi aussi.
>""Et, au niveau qualité, il me semble contradictoire de dire voir grand et chercher le niveau "série B"."
>Ah bon.
>C'est quand même chier sur tout un style cinématographique alors que celui-ci, au moins, à l'avantage de se moquer de lui-même. ça dépend bien sûr du film de série B, hein."
Je ne crois pas qu'on puisse voir le série B comme un style. Ça implique simplement, à la base, un budget limité et un objectif d'exploitation commerciale modeste mais peu risquée, en vendant au public un produit stéréotypé et vite torché correspondant au goût du jour, le tout avec des ambitions artistiques quasi nulles. Que certains réalisateurs aient pu dépasser ces limites, c'est rare et accidentel.
Ce qui, du reste, s'applique mal au théâtre, en tous cas au niveau de l'écriture d'une pièce. L'auteur écrit, il n'a pas besoin de producteur, de matériel, et de personnel qualifié. Il y a lui et un texte à pondre. Il n'y a pas de "série B" qui tienne, ici, ça ne me semble pas avoir de sens. Il y a l'auteur, ce qu'il veut faire, et son talent pour y parvenir.
Donc, pour moi, quand on parle de "série B" à propos de théâtre (ce que personne ne fait jamais à ma connaissance), tout ce que je peux en comprendre, c'est une ambition "artistique" limitée.
Dourak, c'est le plus fort pour traiter les gens de gros cons sans en avoir l'air. Dourak, c'est mon héros.
Oh, j'ai dit "poli" ? Pardon, je voulais dire "bite", ça a dû m'échapper.
Pour ce qui est de la série B, dire que certain ralisateurs aient dépassés ces limites par accident me parrait réducteur, par exemple dans le cas de "L'Attaque de la Moussaka Géante", c'est loin d'être accidentel.
J't'invite quand même à zieuter l'genre, ça fait quelques petit temps que ça a dépassé le stade de l'accident, et ça donne place à des trucs franchement pas mauvais. De mauvais goût certes, mais ça on s'en branle.
Je ne crois pas qu'on puisse voir la série B comme un genre.
Je vois ça, oui.