Icare ne réagissait pas aux durs mots de son père, pas plus qu'il ne réagissait à quoi que ce soit qu'il put se passer ou s'entendre, il était bien trop occupé à rêver du ciel et des anges joufflus et vierges qui jouent de la flutine avec leurs culottes faites de nuages et de plumes.
Dans toute la ville, l'on reconnaissait l'astuce et le génie de Dédale tant pour ses sculptures criantes de vérité - si bien que l'on évitait de croiser leurs regards, de peur de les voir prendre vie et attaquer - que pour ses trouvailles toujours plus impressionnantes et utiles; on lui devait en effet beaucoup, de la création du labyrinthe qui enferma le Minotaure à jamais, jusqu'au distributeur de bières qui donne AUSSI des glaçons.
On s'accordait par contre à dire que ce dernier avait du prendre une sacrée cuite le jour malheureux où il engrossa la mère de ce gros triso qu'est Icare, si bien que quand on lui parlait de son fils, il répondait d'un trait net :
"- Icare ? Pouah !Je m'en carre."
La vie s'écoulait paisiblement à Athènes, le Minotaure avait été menotté, Minos n'était plus miné, sa femme ne ressentait plus la moindre envie de se faire prendre sauvagement par des taureaux et autres bêtes cornues venues de l'enfer, la Terre était plate et tout était très bien ainsi.
Ne restait néanmoins qu'une ombre bien honteuse sur le tableau de la quiétude du bon peuple. Icare. Icare le tocard, celui qui trainait les rues le nez en l'air en sifflotant, percutant ça et là quelques chats ou quelques grand-mères sur son passage, celui qui pissait toujours dans les bains publics et qui n'avait foutre aucune idée de ce qu'était l'art de la rhétorique, les principes de l'architecture, et tout ces sujets subtils que chaque bon jeune citoyen d'Athènes se devait d'avoir étudié. Icare était un problème pour l'image de la ville et surtout pour l'image de son père.
Déjà, durant les olympiades, il avait marqué les gravures journalières de l'époque et souillé à jamais la réputation de la ville en s'affichant avec un T-shirt "Black Power - Peace 4 All Niggaz In Da Place".
Comme Dédale son père était doué d'audace dans l'inventivité et ce même avec peu de moyens, il se mit en tête de bâtir un système pouvant porter l'Homme jusqu'aux cieux, et de faire passer le crash test de la machine à son demeuré de rejeton.
Le 10 Avril du Calendrier communément utilisé à cette période de l'histoire, Icare revenait de ses habituelles balades fainéantes avec toujours sur le visage une expression béate reflétant parfaitement l'état de son esprit ignorant. Dédale, arrivé par derrière l'imprudent jouvenceau, lui fixa dans le dos une paire d'ailes blanches faites de cire et de plumes, ainsi qu'une bombonne de dioxyde de carbone reliée à une autre d'hydrogène.
- Es-tu prêt, mon fils ? J'ai appelé cette machine "Ariane", car sa stabilité ne tient qu'à un fil (ainsi que ta vie, chuchota-t'il, légèrement rieur). Ô Icare mon enfant, je te le dis, ça risque de chauffer sévère pour ta gueule !
D'une pression sur un simple bouton, Dédale fit décoller son fils qui traversa le plafond et s'envola dans l'immensité céleste trônant au dessus de la Terre, et traversa les nuages et l'espace et se prit de petits astéroïdes pointus dans la gueule pour enfin aller s'écraser contre le soleil qui lui fit cramer les burnes ainsi que tout le reste de sa personne.
De nos jours encore, le procédé qu'utilisa Dédale pour se débarrasser de son morveux est toujours aussi efficace et répandu, surtout le 10 Avril, en mémoire du brave et génial inventeur. Aussi, lorsque vous voyez une étoile filante traverser la nuit noire, faites un vœu, car en vérité, il s'agit d'un con partit se faire latter la gueule en orbite.
"- Icare mon fils, je te le dis, tu es bien le plus golmon de toutes les âmes que comptent notre Athènes chérie."
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bon, Robert, tu peux lancer le générique de princesse starla.
heu... c'est un putain de one man show ce truc... un bordel de gnou de stand up ! mais ça fait partie de mes 3 textes préférés n'empèche. ça me rappelle les cours de civilisation que je suivais en latin.
Sympa, bien dans l'esprit, et pas mal réalisé. Marrant, sans être hilarant certes, mais sans se viander non plus. Taillé juste à la bonne longueur pour trouver des lecteurs.
T'as bien fait d'en essayer une demi-douzaine avant, celui convient parfaitement (allons, balançons, balançons...).
Cela dit, j'avais en tête que ces gens-là vivaient en Crète, pas à Athènes. Il faut rendre aux Crétins ce qui appartient aux Crétins. Je dis ça pour tous les écoliers du futur qui trouveront ce texte sur internet et s'enduiront d'erreur et de consternation.
Un de mes 32 textes de Saint Con préférés pour cette année.
Putain oui, j'ai pas mal lutté, ça doit être mon troisième texte de test (à répéter plusieurs fois de plus en plus vite, ça donne "Crottin de chabrol") celui-là, au final définitif, moins bâclé et tout. Sinon, de l'histoire dont je me souvienne vite fait et surtout grâce à wikipédia, ils ont effectivement vécus en Crète mais à la suite d'une fuite d'Athène. Je parle évidemment de marques de tampons féminins.
C'est bien les gens des Balkans, ça, ils ne peuvent pas rester en place.
Jouissif, y'a juste le passage du tee shirt que j'ai trouvé un poil navrant sinon le reste, c'est du bonheur.
Bien écrit, pas long, jamais trop chiant (malgré les références), vous avez bien fait de lutter, Monsieur Koax.
Je ne savais rien de la genèse de cette fête nationale. Toutefois, je ne me coucherai pas moins con. Faut rester lucide.
Oui, bonsoir. Voilà, j'ai pris deux fois à gauche après le premier croisement, puis tout droit sur trois cent mètres en ignorant la déviation, avant de m'engager sur la bretelle au couloir 21.
Oui, ce serait pour un dépannage. J'attends.
Sur la genèse de la Saint Con, faut être conscient qu'il y a d'autres théories beaucoup plus solidement étayées. Aucune personne saine d'esprit n'irait contester le caractère catholique et donc international de la Saint Con.
Bien aimé l'idée et la première moitié. Débile fleurtant parfois avec le lourdingue mais qui s'arrête toujours à temps. La seconde partie me parait un peu baclée/rapide/mériterait plus de développements.
C'est pas mal ce rythme cassé. On passe d'un truc bien ficelé à un gros truc bien bourrin, de quoi faire esquisser un sourire. Et de s'en tripatouiller l'intestin grêle avec une tringle à rideau. DTCS , CQFD; SNCF.
BRAVO
JE PLEURE
ICAR
MON PLUS FIDELE COMPAGNON
UN CHIEN