Au départ, ma claustration était voulue, du moins au degré que peuvent l’être l’enfermement volontaire et la mise à l’écart choisie. Elle est vite devenue une catastrophe : trop souvent une nuit sans dormir, trop souvent des idées noires. La recherche de liberté qui m’avait guidé dans mes actes se faisait elle-même enfermement, un autre enfermement, un de ceux dont on perd très vite le contrôle pour en devenir la marionnette. Et me voilà dans ma chambre, à agiter les bras et les jambes comme une vulgaire poupée actionnée par des fils invisibles. Et me voilà toujours en train de danser, en train de faire semblant, avec ma propre personne comme seul public inexistant. Je mime la vie : je m’habille le matin alors que je ne sortirais pas, je me lève alors que je passerais la journée à attendre de me coucher, je bouffe, je chie, je me lave, je cherche du travail pour mieux pouvoir le repousser. Je me donne l’impression que je fais encore partie de la société, en fréquentant les chats, en parlant à des personnes que je n’ai jamais rencontrées de ma vie et ne rencontrerais jamais. Je me donne l’impression d’encore exister en recensant les muscles en train de s’atrophier, les articulations qui me font mal. Je flotte au gré de la chanson, tout en me donnant l’illusion que je la contrôle, que c’est MOI qui la chante, encore et encore. Il ne reste, au final, que la fatigue. Fatigue de faire semblant, fatigue de courir dans une direction changeante sans savoir où on va, fatigue de se mentir. L’envie d’en finir avec le monde, de brûler les fils invisibles qui m’y retiennent comme on brûlerait un cordon ombilical pour faire comprendre à un môme que la seule chose qui importe vraiment sur cette terre c’est d’arriver à oublier les cendres et l’image de l’incendie, se fait fièvre, se calmant le matin pour recommencer de plus belle le soir, tous les soirs. Et le pantin de s’entendre dire « Je ne veux pas mourir, je veux juste ne plus jamais avoir à vivre ».
Le même rituel tous les jours. On s’habille, on se branle, on va chier, on boit un coup, on fume une clope, et on tue le temps en se branlant, chiant, buvant un coup ou fumant une clope. Le même rituel tous les soirs, à la recherche de quelque chose qui saurait anesthésier la douleur et les cauchemars. Le même rituel toutes les nuits. Les mêmes cauchemars, la même sueur, la même odeur de colle et de peur au réveil. Je tourne en rond dans cette boite exigüe, dans cette chanson monocorde qui ne varie que pour alimenter la frousse que j’ai d’en sortir. Je tourne en rond et ne sais plus pourquoi je tourne. J’ai décoré ma boite avec des photos souvenirs pour pouvoir regarder le monde à travers mes yeux et ne pas le regretter. J’ai empesté ma boite avec des vapeurs de clopes et de gaz intestinaux afin d’alimenter mon mal de tête. La migraine qui ne me quitte plus distord encore la chanson, la rendant méconnaissable et différente et me donne l’impression que je suis ailleurs. Je ne me mens pas, mais que Dieu me soit témoin : j’essaye tous les jours.
Un jour je sais que tout sera différent, que j’aurais renoué avec la société en général, et mes voisins directs en particulier. Que je serais de nouveau capable de supporter leur regard, inquisiteur ou non, dans un environnement différent de cette boite dans laquelle je me suis enfermé. Un jour je serais adulte, j’aurais un travail, je serais tout ce que je refuse. Je me serais trahi vingt fois, une fois par année qui sera passée, et j’en jouirais quand on me le fera remarquer. Un jour j’aurais des perspectives d’avenir plus larges que d’arriver à tuer le temps le lendemain. Je sais ça parce qu’on me l’a dit, qu’on m’a dit de ne pas perdre espoir et que tout arrive en attendant assez longtemps. Celui qui m’a dit ça est un con. Il pensait que je n’avais pas choisi mon isolement, que c’était la vie qui m’avait jouée des mauvais tours. Il pensait que je n’étais pas maître de l’extermination totale et définitive de toute destinée qui aurait pu me convenir un jour. Il pensait que je fuyais les gens parce que j’avais besoin de calme. C’était moi qui ai dit ça, un jour. Qui ai dit que j’avais besoin de me reposer dans une boite, une toute petite boite dans laquelle il n’y aurait pas de place pour le monde, juste pour moi, ma boite, la mienne, à moi, mon havre, mon refuge. J’ai été con. Maintenant je ne contrôle plus rien, et la chanson me brise les tympans. Je crie.
LA ZONE -
La chanson est toujours la même. Tous les jours elle se répète, se décline, se remixe jusqu’à n’être plus qu’un capharnaüm assourdissant dans lequel je n’ai plus ma place. La chanson m’enivre, m’élève, et me tue. Elle me réveille le matin pour mieux me broyer le soir même, et tous les jours elle recommence, cycle sans fin, boucle sans intérêt. N’allez pas en prison, ne passez pas par la case départ, ne touchez pas 20.000 francs.
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Viens en Belgique, ils louent des T2 pour une bouchée de pain dans ce pays. Les gens sont plutôt cons, mais c'est plus facile pour briller en société.
Et puis tu pourras toujours revoir Trainspotting en Blu-Ray si t'es trop heureux.
Je ne suis pas une fille facile.
Sinon, les commentaires sur le texte c'est bien, et Trainspotting est une merde.
Très bon texte, même si le sujet est ultra usé le ton est impeccable. En fait ça m'a renvoyé direct au "texte dont je suis le héros" (qui dans le genre, est surement le truc le plus percutant du site). Ca fait du bien de se prendre un texte de ce genre dans la nifle.
Ça ferait une conclusion parfaite pour N3rDz !
Youpi on fait référence à nos propres textes communautaires et si quelqu'un écrivait une histoire sur la bibliothèque secte que nous sommes devenus?
Chiche!
Sinon, merci pour les compliments. Et oui, le thème est du genre ultrabateau encore une fois ^^'
Allah Krishna!
Je lance l'initiative sur le forum. Avec Fuckushima, on a retrouvé le taux de lecteurs qu'on avait après Tchernobyl \o/
Et oui, le thème est du genre ultrabateau encore une fois ^^'
ultrabateau encore une fois ^^'
^^'
AAAH
retourne à ton élevage de poneys toi.
ça reste ultra long. Mais pas assez ennuyeux.
Tu devrais arréter de te branler, surtout le matin, t'économiserais sur la boisson. Et puis qui sait il resterait du jus pour donner du rythme à ton texte.
Autrement ça rend bien compte d'une certaine réalité. pas besoin d'etre grossier par ailleurs, d'ailleurs. le dépouillement du factuel pauvre permettrait de le mettre dans une perspective intellectuelle distancièe qui mettrait en valeur l'existentialité quasi organique de l'animal, ité, en cage que tu as choisi en te retranchant de l'humanité.
Car qui dit "autres" dit langage, et l'appauvrissement de l'expression, est aussi celui de l'énergie expressive ; la redondance répètitive étalée reste horizontale - au niveau de la conscience du narrateur.
En Factorisant cet aspect tu aurais pu explorer la verticalité des barreaux à la fenêtre - en hauteur sur le dessin d'illustration.
Que serait le désespoir de la vie en flaque sans un rayon de lumière pour l'éclairer, venue d'un "Was ist das" de chiotte.
Un humain qui vit en cloporte ne vit pas dans l'obscurité du cloporte vois tu ?
la tienne avant la mienne?