Je me réveille comme un lendemain de cuite. Désarçonnée, complètement éreintée par cette nuit de merde que je viens de passer. Les images ne cessent d’exploser en flashback infernaux et petit à petit je deviens aveugle, ivre d’émotions confuses, j’étouffe. Je voudrais déchirer à pleine dents cet épiderme qui empêche mon corps en sueur de respirer. Les yeux hagards, je me dis qu’enfin j’ai tout bousillé. Je n’ai même pas tenu un an. Le monstre qui sommeillait en moi s’est brusquement éveillé et a repris son travail de gangrène.
Assise devant mon café, je reste immobile, la cuillère en l’air. Le sucre se dépose lentement au fond de la tasse. Petit à petit, il se dissout avec la chaleur, exactement comme les restes de mon cerveau sous l’effet de cet échec incommensurable.
Je l’ai trompé.
Je suis paralysée par les retombées de ce désastre qui, comme Tchernobyl, a engendré une mutation malsaine chez moi. Inconsciemment, je voulais voir. Je voulais voir ce que ça faisait de replonger dans le chaos. Durant une nuit, je me suis sentie douloureusement vivante. Les sens en ébullition, les nerfs à fleurs de peau, je me suis écorchée vive volontairement. Que pouvais-je faire d’autre maintenant, à part rentrer chez moi ?
[…]
Ca ne coupe pas. Avec plus d’effort, je m’ouvre les bras comme on égorge un porc, dans les cris les plus assourdissants qu’ils soient. Dans un état second, j’observe cette peau ciselée de part en part que je prends plaisir à tendre pour déchirer un peu plus. L’alcool me monte vite à la tête, tout se brouille, des images me reviennent et pourtant je divague...
La douleur lancinante me réveille, elle me sort de ma torpeur durant quelques minutes. L’affliction qui me touche est emplit d’une culpabilité grossissante et dérangeante. Je n’ai pu me résoudre à interner ces pulsions indomptables. Mon estomac gronde sa rage la plus noire et mon corps, parcourut de spasmes incontrôlables, me susurre que l’heure arrive. Je roule sur moi-même en position fœtale et lève les bras vers le plafond comme dans une dernière prière. Je me vide, dans mon propre lit, le matelas absorbe une partie de moi et bientôt il avalera mon âme. Avec une fascination étrange, je pose mon regard sur ces petites gouttes qui s’extirpent de cette enveloppe charnelle pour croitre en de larges rivières pourpres. Je deviens un gigantesque fleuve rouge, des vagues naissent dans mon sein, engloutissent avidement toute cette haine dont je n’arrive pas à me défaire avec le temps. Ce temps, sec et violent, assèche ma tristesse. En pleine mutation, ma composition devient boueuse...
Lorsqu’il pénètre dans la chambre, il ne comprend pas. Ses yeux s’ouvrent grands comme des soucoupes et sa bouche forme un grand « o ». Petit à petit, son visage se décompose, son regard se terne, il est triste. Il sait que c’est trop tard. Le ventre du matelas est gonflé de sang, il est saoul de ma personne. Et lui ne bouge toujours pas, comme si un être invisible s’était pourvu d’un marteau et avait clouté ses pieds au parquet. Il me fait étrangement penser à un Oran avec ses paumes vers le ciel, et enfin, il tombe à genoux. Le corps branlant, sa tête se balance d’avant en arrière, il est sous le choc.
Des algues s’enroulent autour de mes chevilles et des plantes grimpantes s’arrachent du matelas pour s’agripper à mes bras. "Hystériquement" bipolaire, je suis devenue le Monstre, avide d’alcool et d’hémoglobine qui pue le mal et la colère. Et lorsqu’on écartera mon corps aux quatre coins de la pièce dans un flot de prières, je pourrais, sans me tromper, être le désert que j’ai toujours été.
LA ZONE -
= commentaires =
Pas vraiment original, tout ça, mais ça reste bien écrit voir sur certaines tournures, carrément cool. Dommage que ce soit si anecdotique , et que le narrateur ne soit pas un Castor ou un truc du genre.
Trop sombre, pour un Castor. Ça ne lui donnerait pas envie de se narrer.
C'est quoi un Oran ?
C'est pas mal, mais qu'est-ce que ça ne mène nulle part, oh puteborgne.
La phrase "Des algues s’enroulent autour de mes chevilles et des plantes grimpantes s’arrachent du matelas pour s’agripper à mes bras." m'a interpellé plus que le reste, en fait le texte aurait été vachement plus intéressant en allant dans cette direction-là. Mais tout de suite après ça retombe dans le terre-à-terre dépressif, puis la dernière phrase en fait trop dans le tragique tout en étant bizarre point de vue logique (écarter le corps aux quatre coins de la pièce dans un flot de prières? de quel culte parle-t-on, là ? les écarteleurs du septième jour ?).
Ne serait-ce pas Onan ? ...
Ce qui explique le corps branlant.
Il reste toujours quelques phrases complètement sans sens, mais je rejoins Koax sur certaines tournures bien trouvées. L'histoire, quant à elle, est tout à fait passionante et donne encore une fois très envie de vivre. Ca s'arrange pas pour elle. Pauvre fille.
Oh putain, j'avoue à "je l'ai trompé", moi j'ai lâché l'affaire quatre lignes plus loin.
Sans être totalement dégueu le style est trop appuyé, démonstratif, estudiantin-gyropharique si vous voulez mon avis. Alors au moins il devrait être défendu par une trame originale mais le truc de "je l'ai trompé" on se demande si il faut rire ou pleurer et après on replonge dans la même chose... journal intime sombre et gnan gnan, aucun intérêt pour le lecteur, mêmele gentil lecteur. Faudrait voir à balancer une vraie histoire, quelque chose d'inattendu, de surprenant, qui nous tienne en haleine....
J'ai aimé des tournures aussi comme "son regard se terne"
Grammaticalement c'est mieux que le skyblog, mais la thématique reste assez similaire.
Dans le genre je préfère "Mordre au travers" de Despentes, qui ne fonde pas l'autovivssection sur le fait d'avoir trompé son mec.
J'aime le texte cependant, à cause de ces tournures et aussi, parce qu'il est juste assez long (ou court)
Otto Vive Section d'Assaut.
AHAHA AHAHAHAHAHAHHHAHAH ! pardon.
C'est moche.
La cuillère en l'air, ça se garde, je veux bien admettre cette formule comme matériau récupérable, avec la phrase stomacale à la limite, mais c'est tout.
Pour ce qui est des tournures bien trouvées, j'en vois pas vraiment. Par contre : "je m’ouvre les bras comme on égorge un porc", et "je me suis sentie douloureusement vivante". Carton rouge.
Attends, il y a vraiment des phrases très classes, comme par exemple : "comme si un être invisible s’était pourvu d’un marteau et avait clouté ses pieds au parquet."
Classe éco, oui.
Trop tortueux. Vague. Imprécis. Catapulte. Guéridon.
J'aimerais bien être le mec, ça doit être marrant d' être trompé par une nana qui pète un boulon alors que Perso je suis un Oran, j'en ai rien à battre et je lève les mains pour applaudir et m'accrocher à une branche parce que ces pures de zoophile ça va un moment mais bon faut que je retourne au zoo.