Une abondance de plantes aux teintes vert de rouille, des volets bleus, un vieux vélo contre un mur blanc-gris, des pavés irréguliers et une arche recouverte de lierre. La rue des Thermopyles s’allonge au loin et semble s’achever avec un mur rouge; des briques, certainement. Elle garde un rythme soutenu, bien décidée à rentrer à la maison à l’heure convenue. Renaud respecte scrupuleusement les horaires et ne supporte pas qu’on ne fasse pas de même, le cas échéant il en profite pour élever le ton. Arrivée à une bifurcation - tiens, pas de briques rouges ?-, elle essaie de se remémorer le plan que lui avait dressé Maureen et… Non, rien à faire, elle a oublié. La ruelle de droite reste dans le ton de la rue des Thermopyles, des plantes et des volets bleus, celle de gauche semble épurée, vierge et grise. Elle choisit celle de gauche, en se persuadant que son choix ne répond pas à une cause bien définie. Finalement, cette ruelle n’est pas si terne, elle est seulement d’une neutralité incroyable. Mais étrangement, personne. Un silence pesant, si vide qu’il semble presque sonore, qu’il retentit continuellement, pire qu’une stridence à rythme régulier. On dirait quelqu’un, là, assis devant les escaliers d’une maison. Mais sa silhouette cloche, il y’a quelque chose qui ne va pas, les dimensions de son corps ne sont pas respectées, il est trop consistant pour sa taille. Elle s’approche, puisque la rue ne lui laisse d’autre choix que de continuer. Il regarde dans la direction opposée. C’est étonnant, sa tête, bien que vue de derrière, semble faire presque deux fois la tête d’un homme de base. Elle ne peut détourner son regard de la longue chevelure brune et grasse s’étendant sur le corps démesuré. Elle arrive à un angle de vue qui laisse percevoir son visage, une seconde s’écoule et la face du grand homme se tourne comme sur un rail vers elle. Elle découvre un visage épais comme de la cire, figé, crémeux. Elle s’arrête, il ouvre la bouche.
« -Il est un Etre, indivisible, qui, pour se prouver à lui-même qu'Il existe réellement, décide de faire l'expérience de ce qu'Il est. Cette expérience, il ne peut la faire qu'en se fragmentant en une infinité de parties qui représentent l'Absolument Complet. Ainsi, pour reconnaître qu'Il est parfaitement complet, Il décide de créer d'une part le fini et de l'autre l'infini. Ainsi Il créé chaque chose et son contraire; le vide et le plein. Tout, Il créé Tout. Mais Il se rend rapidement compte que tout ça se passe instantanément, il ne fait donc l'expérience de lui-même que dans l'instant le plus bref. Alors Il utilise le subterfuge du temps et de l'espace, Il forme dans une (et une seule) perspective bien précise la ligne de temps et d'espace. Ainsi Il peut se prouver indéfiniment son existence…
-Qu’est-ce… que…
-Vous êtes la conscience de Tout. Si la conscience que vous êtes se réuni en une idée qui ne reflète pas qui vous êtes réellement, cette idée deviendra expérience... Je prends un exemple simple: le nazisme. La haine raciale ne représentait pas la conscience d'une majeure partie de l'Allemagne à la base, mais elle a évolué dans l'être des masses et l'idée s'est retrouvée expérience. Ce qui est évident, c'est qu'il ne s'agissait pas d'une ''idée racine'' puisqu'elle menait droit à la division. »
Ils se regardent. Lui, avec son air de plastique neuf.
« -Je vais vous faire un enfant. »
Sur cette phrase, il tourne brusquement la tête. Des passants dans la rue, elle se retourne et les observe un instant, encore troublée, puis de nouveau fait face à l’homme, ou l’être, ou peu importe. Il est encore là, à poser ses yeux brillants sur le paysage urbain. Elle s’échappe d’un pas vif en s’efforçant de ne pas regarder en arrière. Elle a froid, et la rue est glacée. Elle marche sur une lame de rasoir rouillée, les pavés s’arrachent et comblent toutes les rues adjacentes; son rythme cardiaque est important, du tumulte des rues se sont formés des plaintes, des hurlements, des crissements et il lui semble distinguer l’éclat d’un coup de caisse claire régulier en fond, dans les catacombes sous ses pieds. Elle court toujours à s’en briser les chevilles quand elle reconnaît enfin un lieu: Place des éditeurs. Elle n’est plus très loin de la maison et se rend compte que le concert s’est calmé, tout semble comme à l’habitude autours d’elle. Elle prend donc la rue de la mer, et se retrouve bientôt devant le 3, allée du poisson. Elle pousse la porte et se retrouve une nouvelle fois devant le silence absolu. La maison est telle qu’elle l’a laissée. Elle appelle Renaud trois fois, puis Damien deux fois. Personne. Elle entre dans la cuisine et saisit le téléphone fixé au mur.
« -Maureen, c’est moi, Damien est chez toi ?
-Qui ?
-Mon fils, Damien…
-Ton fils ? Marie, tu m’avais caché ça ! Dis-moi tout, qui est l’heureux élu ..?
-Tu te fous de moi ?
-Euh… Ben… Non. Mais dis, c’est finalement Paul, hein ? »
Elle raccroche brutalement, en sueur. Elle a peur, et cette peur pue. Toute la maison pue la peur, une odeur proche de la décomposition. Le soleil s’est couché. Elle monte à l’étage, n’ose pas allumer la lumière. Elle entend soudainement des coups sourds dans la chambre d’amis. Elle hésite un instant, puis pousse la porte. Renaud n’a pas entendu la porte s’ouvrir, il continue de frapper le corps sans vie de son fils avec acharnement. On distingue vaguement un nez sur le visage violet de Damien, étendu entre le lit et le mur du fond. Elle n’hurle pas, elle est complètement paralysée. Elle observe sans ciller son mari déformer en une boule informe la face de son fils de dix ans. Renaud se retourne finalement, soufflant, il observe sa femme:
« -Marie, tu es rentrée. Tu aurais dû rentrer il y’a seize minutes, c’est pourquoi j’ai continué d’effacer notre expérience commune. Regarde, on ne le reconnait plus. Il fallait que tu sois vierge. Maintenant il va te faire un enfant, te rends-tu comptes de la chance que nous avons ? Il ne fallait pas qu’il sache que nous avions fait Damien ensemble. Assieds-toi, il va arriver. »
Renaud me tient par derrière, sur le lit. Lui, il est devant, il plante sa face plastifiée devant la mienne. Voilà qu’il se met à déblatérer pendant que je me pisse dessus. « Vos entrailles recevront bientôt le fruit de notre union physique, morale et spirituelle, et cette progéniture sera le messie que l’humanité a toujours attendu. » Renaud me serre les bras au point de toucher la limite d’amovibilité de mes articulations, ça craque. « L’important est que vous restiez en vie durant l’insémination. » J’essaie de crier, mais je suis raide comme une branche, et sèche comme un désert. Je lance un regard vers mon fils, au fond de la pièce, adossé au mur. Je ne le reconnais pas. « Je vais procéder à la phase un. » Le grand jouet saisit mon jean par les poches et tire vers le bas. Je sens mes membres revenir, je suis presque libre de mes mouvements. Alors qu’il retire complètement mon pantalon, j’agite les jambes dans tous les sens et réussi à lui mettre un coup en pleine face: « Tac ! » Il porte une main à sa face, je lui ai fait un poque. Renaud me serre vigoureusement d’un bras et me tient par les cheveux de l’autre. Personne ne dit rien. Le dadais de plastique revient vers moi avec ce qui pourrait s’apparenter à une grande cartouche d’encre dans la main. Il saisit une jambe qu’il tient écartée de l’autre, bloquée par sa hanche. Il approche la cartouche d’encre de mon vagin et s’apprête à la faire entrer. J’essaie de me débattre vigoureusement mais Renaud me donne un violent coup sur le crâne qui m’assomme ou presque. Je sens le morceau de plastique entrer en moi, férocement. Mon corps voudrait le rejeter, mais la main démesurée du jouet force le passage. Je voudrais hurler, cracher au monde mon dégout pour la race humaine, mais bientôt le seul son à sortir de ma bouche devient une long soupir de plaisir malsain et incontrôlé. Son bras est rapidement repeint de rouge-bordeaux. Le plaisir est à son comble lorsqu’il retire sa main d’un coup, m’empêchant d’atteindre l’orgasme absolu que seul une pénétration non-désirée peut produire. Il a inséré son bidule tout au fond. Renaud me relâche, et tout deux sortent de la chambre, sans un mot. Je reste là, sans bouger jusqu’au matin qui ne se pointera pas pour moi.
LA ZONE -
La porte grince effroyablement. Elle descend le petit escalier et se retrouve rapidement au centre de la Place de l’Eglise . Elle regarde par-dessus son épaule: ils sortent lentement, le pas lourd, l’air à l’Ouest comme à la sortie d’une séance de cinéma. Le curé discute avec une rousse beaucoup trop souriante. En fait il discute avec son buste, seulement. Ils semblent échanger leur haleine à en juger par la distance qui sépare leurs babines respectives.
Soudain, le prêtre pose son regard sur elle, seule, plantée au milieu de quelques passants. Ses yeux sont clairs, sa bouche s’étire en un rictus. Elle frissonne. Ils restent ainsi un certain temps. Puis elle se retourne lentement, presque effrayée par ce dialogue de muets. Renaud doit être rentré, elle ferait mieux de se presser de prendre la route de la maison. Elle décide de couper par la rue des Thermopyles sur le conseil de Maureen, sa seule véritable amie d’enfance. Tout le quartier lui est inconnu, c’est l’occasion de mieux repérer où se trouve l’école que fréquentera Damien l’an prochain.
Soudain, le prêtre pose son regard sur elle, seule, plantée au milieu de quelques passants. Ses yeux sont clairs, sa bouche s’étire en un rictus. Elle frissonne. Ils restent ainsi un certain temps. Puis elle se retourne lentement, presque effrayée par ce dialogue de muets. Renaud doit être rentré, elle ferait mieux de se presser de prendre la route de la maison. Elle décide de couper par la rue des Thermopyles sur le conseil de Maureen, sa seule véritable amie d’enfance. Tout le quartier lui est inconnu, c’est l’occasion de mieux repérer où se trouve l’école que fréquentera Damien l’an prochain.
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Ça me fait un peu mal de publier ça un 15 août. J'implore son pardon.
Il m'a enculé sans contraception...
Pas mal, mais pas vraiment marquant, les descriptions sont bien gaulées, mais je retiendrai juste le dernier paragraphe (encore un texte qui se termine trop vite, sans vraie fin bien fixe), et une partie du premier.
zbrwzlol
Je sais pas trop quoi dire. C'est pas trop mal écrit. J'ai bien rigolé. Ça a pas l'air d'aller plus loin et c'est pas grave.
Mention spéciale pour : "Le plaisir est à son comble lorsqu’il retire sa main d’un coup, m’empêchant d’atteindre l’orgasme absolu que seul une pénétration non-désirée peut produire" qui, ma foi, sort de nulle part.
En fait, la dernière partie, qui passe brutalement à la première personne, est carrément ce que j'ai lu de plus drôle sur la zone depuis bien longtemps. Sans la moindre ironie, puisque c'est visiblement fait exprès. C'est un ton assez original et intriguant, mais j'adhère.
Oula, c'est normal de relire quinze fois le 1er paragraphe pour essayer de comprendre quelquechose ?
La première phrase "la porte grince effroyablement" est d'une nullité absolue. On pourrai dire aussi, "le soleil se lève dans un ciel rouge" ou bien "la sonnerie stridente de son réveil le tire du sommeil", des trucs aussi originaux et captivant que ça. Y a je sais pas combien de personnage dans ce 1er chapitre, tous présenté par leur prénom, ok, accroche toi mon pote, l'expression est maladroite, les description plates et la fluidité de l'action donc ...embrouillée. Mais bon j'imagine, vu la longueur du texte et le type de narration qu'il doit y avaoir une histoire. reste a progresser dans l'écriture. Je recommande du Jean Paul Dubois.
Si je te suce, tu révises ton jugement ?
Tu peux toujours essayer.