Il parvint à se mettre sur pieds. Son esprit s’orientait vers l’entrée de l’appartement tandis que son corps faisait ce qu’il pouvait pour maintenir le cap, en vain. Il rebondissait entre le mobilier déjà renversé et les murs souillés de crasse. Au terme de cette douloureuse partie de billard, sans trop savoir comment, ayant oublié pourquoi, il se retrouva finalement en face de la porte d’entrée. On y cognait encore, faiblement. Il ouvrit. Ses sourcils dépigmentés décrivirent deux splendides arcs de cercle blancs, au dessus de ses yeux stupéfaits.
- Salut Propre, fit le visiteur.
Celui-ci portait une barbe épaisse et un bouquet de roses. Il souriait timidement. Il inspecta l’allure générale de son hôte et se mordit la lèvre inférieure.
- Je suis désolé de débarquer comme ça. J’aurais du appeler. Tu es souffrant ?
Propre, vacillant, écartait les bras afin de préserver un semblant d’équilibre. Ses mains agrippèrent la redingote de marin que portait son visiteur. Il ferma les yeux et sembla tenter de produire un vague sourire, lui aussi. Puis il eut un spasme violent et dégorgea copieusement sur les fleurs. Le barbu ne lâcha pas son bouquet. Simplement, il tendit son bras à la verticale et orienta les roses têtes en bas. Il secoua la tête.
- Ne me remercie pas. Aurais-tu un vase ?
Son malaise consommé, le chauve décrivit de larges cercles avec le haut de son corps, se retourna et leva le doigt vers l’intérieur de l’appartement, avant de s’aplatir face contre moquette, sa façon d’inviter l’autre à entrer. Le visiteur enjamba son ami et se dirigea vers la cuisine. Il connaissait les lieux mais fut surpris par le chaos qui y régnait. A l’instar du propriétaire, rien ne tenait debout. La riche bibliothèque était écroulée au milieu du salon et les livres, visiblement piétinés depuis des mois, côtoyaient le linge sale (pantalons et tee-shirts de couleur blanche, essentiellement), les assiettes souillées, un nombre considérable de bouteilles vides et du verre brisé, un peu partout. Le barbu ôta sa casquette à visière, se gratta la tête et soupira. Il entra dans la cuisine, marcha sur une punaise, se pinça le nez, assailli par un remugle indescriptible, jeta le bouquet sur une table et ouvrit la fenêtre. Il fouilla quelques placards et finit par trouver un vase, rempli d’une eau croupie au milieu de laquelle flottait un poisson mort. Un beau gâchis, songea-t-il. Il se débarrassa de l’animal, qui s’échoua dans l’évier, passa les roses sous l’eau et les disposa dans le récipient, du mieux qu’il put. De retour au salon, il avisa un guéridon et y posa ce qui restait de la composition florale.
Propre faisait bien des efforts pour se relever. A quatre pattes, s’aidant du canapé défoncé, sa silhouette amaigrie luttait désespérément contre la gravité. Le barbu passa un bras autour de sa taille et parvint à soulever l’épave. Son ami ne pesait plus rien. Sa peau dégoulinait autour de ses bras, jadis sculptés dans le marbre. Il l’assit tant bien que mal sur le sofa, releva une chaise et se posta face à lui.
Propre fouilla le sol. Fatalement, sa main tomba sur une bouteille. Son visage s’éclaircit tandis qu’il portait celle-ci devant ses yeux et découvrit qu’il s’agissait d’un fond de vodka. Il l’agita à son oreille avec un sourire pathétique, fit sauter le bouchon et, avant de porter le goulot à ses lèvres, se mit à chantonner « Igloo, Igloo, Igloo… ». Puis il la vida d’un trait.
Le barbu sortit un emballage de poissons panés de la poche de sa redingote. Il l’ouvrit et en proposa à Propre, comme on offre une cigarette. L’alcoolique refusa en grognant. L’autre se servit et croqua distraitement dans un bâtonnet, pas encore tout à fait décongelé. Il continuait à balayer l’appartement du regard. Propre eut un haut le cœur, puis déclara :
- Alors Captain, quel bon vent vous amène ?
Le barbu prit une nouvelle bouchée, afin de se laisser le temps d’organiser une réponse. Mais l’inspiration lui fit défaut.
- J’étais en ville. J’avais envie de te revoir.
Il y eut un silence gêné.
Captain Igloo mit sa casquette sur ses genoux et, du bout des doigts, caressa l’encre imprimée en relief. Il termina son bâtonnet et laissa le paquet sur la table basse.
Monsieur Propre tenait la bouteille à l’envers, au dessus de sa bouche. Il en récupéra les dernières gouttes et la jeta contre le mur d’en face. Son geste était faible et n’occasionna aucun bris de verre.
- Tu m’excuseras pour le désordre. Si j’avais su que tu venais, j’aurais fait un effort, ricana-t-il. Maintenant, écoute. J’en ai rien à foutre de quel bon vent t’emmène. Je veux pas de toi ici. J’aurais préféré que tu restes sur ton île à la con, à tripoter des gamins ou je sais pas trop quoi.
- Ne sois pas horrible avec moi, Propre. Je ne suis pas venu pour me bagarrer.
- Non ? Et tu t’attendais à quoi ? Tu m’as abandonné !
- C’est faux. On en avait discuté.
- Et tu savais que ça me foutait les boules.
- J’avais besoin de ce voyage.
- J’avais besoin de toi.
La colère redonnait quelques forces à Monsieur Propre. Il se leva, disparut dans une chambre, fouilla dans la commode, en sortit un anneau en argent, puis revint se poster devant Igloo et lui tendit la boucle d’oreille.
- Reprends ça.
- Je ne peux pas.
- Je porterai plus jamais cette merde. T’as qu’à l’offrir à un de tes mioches.
- Les enfants ne veulent même plus m’approcher.
- Je m’en tape.
Propre posa l’anneau sur l’emballage de poissons panés.
- Tu veux savoir ce qui s’est passé sur cette île ?
- Je préfère pas.
- Hé bien je vais te le dire quand même. Au début, c’était le paradis. Nous avons accosté. L’endroit était magnifique, sauvage. Les gamins étaient fous de joie et nos cales pleines de colin. Nous avons construit des cabanes, défriché la côte, péché de splendides spécimens exotiques. Trois fois par jour, je me montrais avec ces grands plateaux de bâtonnets bien croustillants. Les enfants se jetaient dessus que c’était un vrai bonheur à voir. Cela ne dura pas. Au bout de quelques semaines, à l’heure du repas, ils ont commencé à me demander de la mayonnaise, ou des frites, pour accompagner le poisson pané. Ils faisaient des blagues, me demandaient s’il n’y avait pas un Mc Donald dans le coin. Le petit Sylvain a menacé de m’intorduire mes bâtonnets dans le…
- Et tu l’as laissé faire, j’en suis certain, vieux pervers.
- Non. La vérité, c’est qu’ils n’en pouvaient plus d’avaler mes savoureux…
- Non mais quelle surprise ! Enfin, merde Captain, tu t’attendais à quoi ? Ils sont dégueulasses tes poisson carrés. Tout le monde le sait. Personne n’ose te le dire parce que t’as l’air sympa mais c’est ignoble de vouloir faire bouffer cette merde trois fois par jour à des enfants sans défense. Que tu sois accro, c’est déjà un scandale mais n’embarque pas les autres dans ta dépendance.
- C’était mon rêve, Propre.
- Et mes rêves à moi ? T’en as rien à cirer.
- Tu sais que c’est faux.
- Mon cul. Tu es la tache la plus ingrate à laquelle j’ai jamais eu affaire.
Igloo baissa les yeux et se mit à renifler.
- Tu ne penses pas ce que tu viens de dire, fit-il en sanglotant.
Propre ne répondit pas. Il sortit un mince sachet de la poche de son pantalon, en répandit le contenu sur un coin de la table, fit deux longs traits et s’accroupit face à son œuvre. L’index déjà appuyé contre sa narine gauche, il lança :
- On partage ? Cette saloperie est complètement immaculée.
- Tu ne devrais pas te droguer. Pourquoi ne fais-tu pas tes exercices sur ta machine, à la place ?
- D’abord je l’ai vendue. Ensuite, je me suis rendu compte que soulever de la fonte, c’était vraiment un truc de pédés.
- C’est malin, répondit Igloo avec un sourire en coin tandis que la poudre disparaissait du décor en deux reniflements brefs.
- Pour commencer, t’aurais jamais du me plaquer, mon capitaine.
- Pourquoi ne m’as-tu pas accompagné ?
- J’avais de la vaisselle en retard.
- Sérieusement, Proprounette.
- Tu le sais. Ca marchait pour moi. Enfin quoi, j’étais partout. Les ménagèrent m’adulaient. J’étais utile. Merde, tu le sais parfaitement : il suffisait que j’apparaisse, que je montre mes biceps, et la saleté disparaissait en un claquement de doigt. Le fric coulait à flots. Mon combat pour la propreté avait un sens. Je pouvais faire changer les choses, évoluer les mentalités. J’ai été le premier homme a foulé le sol de la cuisine, Igloo, et pas pour aller me chercher une bière. Je me suis investi dans les taches ménagères, moi, la brute épaisse, moi, qui aurait pu faire carrière dans le cinéma porno ou la boxe anglaise. J’étais le symbole vivant que les hommes ont leur place ailleurs que devant une télévision.
- Propre, on fait parfois des choses formidables pour de mauvaises raisons. Personne ne te connaît mieux que moi. Il faut que tu acceptes la réalité. Tu es un maniaque obsessionnel. Combien de fois te lavais-tu les mains, chaque jour ? Te souviens-tu de cela, aussi ? Et les stéroïdes ? Et qui était là pour toi quand tu rentrais du travail, complètement rincé ? Incapable de bander… proprement.
- Vas te faire mettre, marin pédophile. Regarde autour de toi ! Est-ce que ça ressemble au doux foyer d’un maniaque de l’hygiène, selon toi ?
- Proprichou, il suffirait que tu le DECIDES, tu m’entends, pour que cette pièce brille en moins de deux minutes !
Propre se sentit flatté. Il regarda Igloo dans les yeux.
- Et que nous puissions y faire l’amour à même le sol sans risquer la mycose… ajouta le capitaine.
Ils sourirent.
- Je ne t’ai pas accompagné parce qu’au fond de toi, tu préférais être seul. Je le sais bien. Affronte la réalité à ton tour. Tu es un vieux loup de mer. Tout ce dont tu as besoin, c’est de tenir la barre, voguer sur l’océan et transformer les poissons en concepts géométriques.
- Tu oublies une petite fessée de temps en temps au fond d’une cabine exigüe, Propre.
Il y eut un nouveau silence, plus équivoque cette fois.
Monsieur Propre semblait apaisé. Il regardait ses mains. Puis il se leva et entreprit de mettre un peu d’ordre.
Igloo le regarda faire en hochant la tête. Il piocha un nouveau bâtonnet et le tendit vers son ancien amant. Propre, à quatre pattes sur la moquette, ramassant quelques mégots, hésita puis ouvrit la bouche. Igloo enfourna le colin pané entre ses lèvres. Ils se dévisagèrent tendrement. Propre ne mordit pas tout de suite, il laissa son ami faire glisser la chose dans sa bouche, en avant, en arrière. Il sentait le poisson fondre en lui avec un plaisir qu’il pensait ne plus jamais éprouver. Cela dura un certain temps.
- Je suis désolé de l’accueil que je t’ai fait, mon marin. Je suis heureux que tu sois passé. Je ne pensais pas ce que je t’ai dit à propos de tes bâtonnets. Ils sont toujours aussi bons.
- C’est une nouvelle recette.
- Divin, vraiment.
On entendit alors remuer dans la chambre à coucher. Propre pâlit avec une telle intensité qu’il faillit disparaître tout à fait.
- Igloo ?
- Propre…
- Il faut que tu saches une chose.
Il n’eut pas le temps de s’étendre sur cette dernière tirade car un homme à la pilosité abondante, habillé simplement du couvre-chef que portent les curés de campagne, fit son apparition dans la pièce.
- Qui est cet antique débris qui te fourre son poisson dans la gueule, mon chou ? fit-il.
Propre se redressa vivement.
Igloo tourna la tête et inspecta l’anatomie du nouvel arrivant.
Ses lèvres se tordirent de désir.
- Don Patillo, je te présente mon ami, le Captain Igloo. Captain, voici mon… nouveau colocataire, l’illustre Don Patillo.
Le marin applaudit, un large sourire lubrique se dessinant sur son visage.
- Propre, mon vieux camarade, faut-il vraiment que tu aies le cul bordé de nouille ! fit-il sans quitter des yeux le curé sans soutane.
- Ainsi voilà le fameux Captain Igloo… J’ai déjà l’impression de vous connaître, matelot, tant notre ami commun ne peut littéralement pas s’empêcher d’évoquer votre mémoire, même dans les contextes les moins appropriés. Que nous vaut l’honneur de votre visite, capitaine ?
- Je reviens d’une sorte… d’excursion scolaire. Un voyage assez décevant au demeurant. Mon équipage et moi-même avons jeté l’encre ce matin. J’étais donc en ville et je me suis dit qu’il serait discourtois de ne pas venir saluer mon albinos favori.
Propre reprit des couleurs, ce qui était inhabituel et lui allait assez mal.
- J’ignorais en revanche, poursuivit le capitaine, que ce cachotier indécrottable hébergeait un homme d’église de votre… envergure, Monseigneur.
Don Patillo fut touché. Il fit quelques pas dans le salon, marchant sur la pointe des pieds. Tournant sur lui-même, il chantonnait une vieille ritournelle italienne. Atteignant avec grâce la chaine stéréo démembrée, il appuya sur la touche adéquate et fit jouer un air pop. « Big girls, you are beautifull » chantait-il à l’unisson en agitant un tambourin. Puis il aperçut le bouquet de rose et en caressa les pétales avec une émotion non feinte.
- Est-ce vous, romantique corsaire, qui avez introduit ces quelques fleurs au sein de la fange scandaleuse dans laquelle Propre se plait tant à croupir ?
Le capitaine Igloo toucha la visière de sa casquette du bout de son index.
- Affirmatif, moussaillon.
Don Patillo fit mine de sortir une rose du vase.
- Je peux ? demanda-t-il.
- Je vous en prie, accepta Igloo.
Le curé naturiste plaça la rose entre ses dents et entreprit de danser autour de la chaise du marin. Ce dernier sortit une lourde pipe qu’il bourra en s’esclaffant, envoyant épisodiquement de grandes claques sur le cul nu du prêtre, qui s’en trouvait ravi.
Propre assistait à la scène avec un dégout croissant. Il détourna le regard et fonça vers la cuisine en pleurant dans ses mains. Il gémissait ostensiblement mais les deux autres firent mine de n’en rien entendre.
Isolé dans sa souillarde, le chauve entreprit de lutter contre sa tristesse en donnant un coup de neuf à la pièce. Il espérait également que le remue-ménage auquel il se livrerait lui épargnerait le vacarme indécent produit par ses hôtes.
Il remua quelques casseroles, débarrassa le plan de travail, se mit en quête d’une éponge. Il commençait seulement à fixer son esprit sur le ménage lorsqu’il tomba sur une vieille photographie de ses parents. Celle-ci avait servi de dessous de plat. Le cadre était brisé. Le cliché, un peu noirci, était souillé de la sauce verdâtre d’un lapin aux olives qu’il ne se souvint pas avoir cuisiné. Il caressa le visage de sa mère, sans parvenir à la reconnaître vraiment. Il conservait de cette femme un souvenir confus.
Bernadette Propre était discrète et laborieuse. Travailler, balayer, astiquer, jamais elle ne fit autre chose. Pas même se plaindre. Pas une fois, elle ne s’était éloignée à plus de vingt kilomètres du village de Muttersholtz, au cœur de l’Alsace, dans lequel les Propre avaient toujours vécu. Bernadette souffrait d’hypocondrychromie, une névrose mentale qui l’empêchait de distinguer les couleurs. Pire encore, les teintes criardes provoquaient chez cette femme d’impitoyables migraines suivies de sévères épisodes dépressifs. Aussi, habillait-elle son fils à l’aide de vêtements invariablement blancs. De fait, l’enfant était victime à l’école d’incessantes brimades, lui qui de surcroit, présentait une calvitie congénitale (jamais le moindre cheveux ne poussa sur son crane). Le garçon passa le plus clair de sa scolarité à échapper aux cruautés élaborées par ses camarades imaginatifs et brutaux. Bernadette Propre, conductrice prudente au demeurant, périt dans un terrible accident de la route, quelques jours après que la commune de Muttersholtz put s’enorgueillir de son premier feu tricolore.
Le gosse, alors âgé de huit ans, se retrouvât seul avec son père, Jean-Yves Propre. Il travaillait en tant qu’ouvrier qualifié aux brasseries Fisher. Il pratiquait l’haltérophilie en club. C’était un homme impitoyable, au physique de phénomène de foire. Jamais on ne l’entendit prononcer une phrase construite. Après la mort de sa mère, il incomba à l’enfant la totalité des taches domestiques. Celui-ci se révéla fort efficace. Au père Propre, qui le félicitait parfois, d’un grognement, lui témoignant à sa façon que la maison était mieux tenue encore que du temps de son épouse, le gamin haussait les épaules ; répondant modestement qu’il n’avait aucun mérite. En effet, il prétendait être capable de faire briller sans frotter. La fatalité frappa une nouvelle fois, à peine quatre ans plus tard, à la porte du foyer Propre. Jean-Yves décéda, victime d’un anévrisme qu’il contracta en essayant de soulever une barre de 215 kilos. Propre junior le trouva un soir, au milieu du garage, agonisant sous ses haltères. Son père expira sous ses yeux, tandis qu’il essayait de le dégager de cette charge. En vain. Il se promit alors de devenir fort. Très fort.
Recueilli par une institution religieuse, Propre se mit alors à pratiquer la gymnastique. Il rencontra le Captain Igloo lors du championnat du Bas-Rhin de cheval d’arçon, agrès auquel Propre, désormais pubère, excellait. Le marin fréquentait régulièrement les gymnases, à la recherche de jeunes sportifs au physique irréprochable. Igloo recrutait à cette époque de nombreux adolescents, qu’il appâtait grâce à de grands plateaux de poisson pané (chacun sait que la jeunesse en raffole). En vérité, Captain Igloo fournissait le sud de la Thailande en jouvenceaux européens, qui rapportaient énormément d’argent à cette époque, pour peu qu’on disposa d’un morceau de trottoir dans les quartiers touristiques. Le proxénète maritime tomba immédiatement amoureux de Propre, qui levait la jambe mieux que quiconque. Il lui offrit la boucle d’oreille de pirate que nous connaissons bien, à l’occasion de ses 16 ans et pour célébrer la majorité sexuelle du gymnaste. Ils vécurent heureux pendant quelques années mais l’infidélité proverbiale du Captain Igloo finit par épuiser Propre, qui menait par ailleurs la belle carrière que nous savons, sans jamais vraiment parvenir à oublier son premier amour.
Monsieur Propre, au milieu de sa cuisine, pleurait de plus belle. Il jeta le portrait de ses parents dans le vide-ordure.
Don Patillo et Igloo se livraient toujours au salon à des pratiques très underground que nous laisserons à l’invention fertile du lecteur. Précisons simplement que le mobilier, les bibelots et toutes sortes de denrées alimentaires périssables étaient utilisés au cours de leurs mises en scène lubriques.
Au fond de l’évier, sous un pile d’assiettes sales et autres immondices couverts de moisissure, juste à côté d’Ammoniac, le poisson rouge décédé qu’il avait oublié depuis longtemps, Monsieur Propre trouva une moitié d’éponge. Puis il se baissa et mit la main sur un bidon de détergent, enfoui dans un placard. Sur l’étiquette de celui-ci, il vit son visage d’antan, son image encore jeune, son crâne resplendissant, ses lourds bras croisés, ses yeux bleus magnifiques, sa boucle d’oreille étincelante. Saisi alors d’une immense nostalgie, il mouilla l’éponge avec le produit ménager et se posta devant une plaque chauffante, particulièrement sale. Il gonfla alors sa maigre poitrine et chantonna tristement Monsieur Propre, Super Propre, double action, super brillant. Son bras décrivit alors un large demi-cercle. Il espéra un instant. L’éponge laissa une trainée noire, immonde. N’en croyant pas ses yeux, il se mit à frotter, pour la première fois de son existence. Pour un résultat guère plus efficace. C’était impossible, il ne pouvait pas avoir perdu la main à ce point. Il frotta encore et encore, ses veines gonflant dangereusement sur ses avant bras. Il frotta en chialant, jusqu’à ce que ses ongles se retournent un par un. La plaque restait désespérément sale. Depuis le salon, l’écho de la cuillère de bois de Don Patillo, claquant sur les fesses d’Igloo, hurlant de plaisir, lui parvenait sans qu’il puisse s’y soustraire.
Monsieur Propre s’effondra au pied de l’évier et passa l’éponge sur son visage, qu’il aurait souhaité effacer à tout jamais. Il ne parvint qu’à salir davantage sa réputation.
Aussi, au milieu d’une faune plus ou moins discrète d’insectes rampants, de mouches à merde, de petites araignées et de bactéries voraces, le brave chauve descendit l’intégralité de la bouteille de détergent.
« Igloo, Igloo, Igloo… » songea-t-il.
Avant de fermer les yeux et de s’écrouler.
Lorsqu’il ouvrit les yeux, tiré de son sommeil par les coups mal comptés qu’on frappait à sa porte, l’homme s’aperçut qu’il gisait à même le sol, au milieu de la cuisine. Au prix d’un effort considérable, il parvint à se redresser sur un coude. Il laissa glisser une main sur son crâne, parfaitement chauve, puis ses doigts parcoururent son visage grimaçant, comme pour s’assurer que tout était à sa place. L’individu n’était pas frais. Il poussa un grognement d’animal blessé et regarda autour de lui. D’abord il vit un cloporte disparaître sous l’évier, puis un autre, ce dernier suivi par le restant de la troupe. La pièce grouillait d’une faune plus ou moins discrète : mouches à merde, insectes rampants, petites araignées, bactéries attaquant les déchets alimentaires (a)variés qui jonchaient le carrelage ; tous à la fête dans cette cuisine qui semblait avoir été traversée par un ouragan au nom exotique. Les effluves de bière rance et de tabac froid donnaient le ton.
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Bah, bien sûr, c'est "second degré", hein. Ah oui, attention, on sent que l'auteur en garde sous le pied, hé ! Il ronronne, là. Il est en démonstration.
Oui mais non. Mon dieu mais qu'est-ce que c'est con et inutile ce texte. J'ai l'impression d'un bon gros lourdeau qui raconte une blague interminable à la fin d'un repas, bien fier de lui, en train déjà de rigoler, qui donne des coups de coudes à ses voisins, alors qu'ils ont compris la chute depuis la 2e phrase, mais non, et il en rajoute, et il en rajoute.
Si tu sais écrire, écris des trucs intéressants. Ou alors des trucs drôles. Mais vraiment drôles, pas de l'humour Intermarché.
J'ai pas lu mais ça semble très zglub.
La première partie m'a bien fait marrer, mais c'est plus nuancé à partir de l'entrée de Don Patillo ("humour intermarché") et la biographie des parents est plus que surnuméraire. Bon, en revanche le style est agréable, bordel. Y'a deux trois choses énervantes que je relève pour faire genre le tatillon de merde :
- l'appel au lecteur,
- le "Fatalement, sa main tomba sur une bouteille". Fatalement ? Vraiment ?
- "Monsieur Propre s’effondra au pied de l’évier et passa l’éponge sur son visage, qu’il aurait souhaité effacer à tout jamais. Il ne parvint qu’à salir davantage sa réputation." Euh, personne regarde ? Réputation, où ça ?
Et le titre est bien naze, merci.
commentaire édité par Aesahaettr le 2010-4-1 0:39:46
Ah le bon batonnet du Capt'n, ils en rêvent tous les gamins. Un peu comme ils rêvent des sceptres turgescents des cardinaux je crois.
hachetétépédeuxpointsslashslashdoublevédoublevédoublevépointtagueulepointcom
je trouve ça pas mal. Sans être hilarant. Trop long. Mais, dans le genre débile, c'est soigné, correctement écrit, très lisible. Juste trop long, ça finit par s'essouffler,
Pas de bouchon sur des bouteilles de vodka, à ma connaissance. Contracter un anévrisme, ça me laisse dubitatif.
Tu suces, t'avales, tu te rinces avec quoi ?
Je suis assez d'accord avec Dourak en ce qui concerne le texte, d'autant plus que ça m'épargne un commentaire construit.
Pas de bouchons sur les bouteilles de vodka ? Des petits lapins avec un goulot dans le rectum, à la place ? Tu voulais parler de bouchons en liège, ou de trafic routier ? Sinon, j'ai pas compris.
On peut "contracter" un grand nombre de choses, de la chaude-pisse au plan obsèques, en passant par de simples morpions (ceci n'étant pas le schéma classique, néanmoins).
Je ne suce pas, merci.
J'avale en grande quantité.
Et je me rince la gueule à la vodka, justement, préalablement débouchonnée, cela va sans dire.
Kwizera, ton commentaire sent le cul serré et la chatte domestique, il faut que tu respires bien fort dans un mouchoir trempé d'ether... encore un peu... encore un peu, voilà c'est bien, maintenant évite de conseiller aux braves gens ce qu'ils devraient écrire, sombre fasciste , et pète un coup.
D'ailleurs, je suis heureux d'annoncer à personne en particulier qu'une suite est en cours, figurant Groquick et La Mère Denis au casting.
Zglubement,
Trompette Sournoise (Matin ! Quel pseudo!)
T'as bien l'air aussi lourd que ton texte le suggérait.
Mais t'en fais pas, va, il doit être drôle ton texte, regarde, tous les autres ont rigolé.
Une suite ? Je ne sais pas si on va pouvoir...
on va prendre une chambre double plutôt, hein ?
Hé ho ! C'est la saint con ?
chut. cette année la St con c'est dans ma tête.
Déterrage pas sournois.
Ah le dossier... Merci infiniment. Putain...C'est violent, quand même. Un peu comme quand tu tombes sur une vieille photo de classe, un jour où tu t'étais pointé au collège avec un pull de ski.