En ce qui me concerne, ça ne va pas mieux, une balle m’a arraché deux doigts et des poussières de la main gauche et j’en ai une dans le ventre, juste en dessous du nombril. Curieusement, je n’ai pas mal au bide, juste une légère lourdeur qui passerait peut-être avec un digestif, mais je déguste pas mal côté main. Pas jolis les doigts avec les tendons qui pendouillent, un peu ridicules. Enfin, on va pas se mettre à chialer pour la cause, je n’en ai plus pour longtemps…
Je suis sûr que si je me redresse, ils m’aligneront par la fenêtre. Ca fait quoi ? Quarante, cinquante secondes que je suis couché, ils ont eu tout le temps de se rapprocher. J’agiterais bien un drapeau blanc mais j’y crois pas. Je suis certain que le premier qui sera face à moi va me buter sans me laisser la moindre chance… Je lui en veux pas, je ferais pareil… Pas de procès pour les chiens ! C’est de bonne guerre et puis, ils peuvent me buter si ça leur chante, dans la course aux cadavres, j’ai assez d’avance. J’en ai refroidi combien en deux ans ? Disons deux par mois, en restant modeste, dont quelques flics. C’est pour ça qu’ils sont aussi teigneux. Je peux dire que je laisse derrière moi un joli paquet de veuves et d’orphelins qui iront le dimanche déposer des fleurs sur la tombe de leur feu papa. Chacun ses distractions !
J’entends déjà du bruit derrière la porte et je viens de voir passer une ombre derrière l’autre fenêtre. Il me reste quelques balles à tirer. Pas moyen de choper la grenade, je les sens trop près. La porte ne va pas tarder à voler en éclats. Bon, je vais encore essayer de m’en choper un avant d’y passer. Ne pas bouger, attendre. Le premier qui montre le nez, je lui explose la tête. Je ne crois pas que j’aurai le temps de vider le chargeur… Faudrait juste qu’ils se magnent parce que je ne vais pas tarder à m’évanouir. Ce serait trop con… J’aimerais bien m’en offrir un dernier pour la route.
Ca a commencé quand tout ça ? Et comment ? J’étais un employé terne, fade et effacé, poli, sans histoire, ni brillant, ni mauvais, assez neutre. Je dégageais la saine assurance de l’insipidité. A la maison, j’étais un mari qui évitait les disputes à force de compromissions, un père lointain et distrait, un plouc comme il y en a tant, quoi ! Je n’avais pas de grandes joies mais pas de grandes douleurs non plus. J’étais né pour mourir dans un lit. Mais le destin ignorait que je l’emmerdais et que c’était moi qui allais gérer la suite.
C’est en me levant en pleine nuit pour aller pisser - ce qui dans mon existence était déjà une fameuse aventure - que je me suis dit que ça me faisait chier de tondre la pelouse et que justement, demain, c’était le jour. Sur le pallier, j’ai entendu, agacé, la radio du gamin qu’il avait oublié d’éteindre une fois de plus. En entrant dans la chambre, j’ai vu, dans la pénombre, ma femme qui dormait bouche ouverte avec un petit ronflement porcin. Je n’ai pas eu le courage de me recoucher à côté de ce tas de viande qui avait pris 20 kilos - un par an - depuis notre mariage. Je suis allé dans la penderie, j’y ai pris quelques jeans, t-shirts, pulls, slips et chaussettes. J’ai enfourné tout ça dans un grand sac en toile, un dernier regard pas même attendri et je me suis barré avec la bagnole. Je n’ai jamais revu ma chère petite famille…ni mes amis, ni mes collègues, ni personne de ce que j’appelle la vie d’avant.
Cette nuit-là, je me suis offert mon premier mort. Il devait être trois heures du mat, je roulais dans la ville sans but précis, sans savoir ce que j’allais faire mais certain, tout au fond de moi, que la nuit allait m’apporter une solution acceptable. Il faisait chaud et la moiteur de l’air portait sur les nerfs. Je m’envoyais cigarette sur cigarette, un peu tendu sans comprendre pourquoi. Je mettais ça sur le compte de mon départ. Lui, il marchait sur le trottoir dans un quartier assez calme parce qu’assez bourgeois. Sans doute rentrait-il chez lui après une soirée avec des potes. Je l’ai dépassé et puis j’ai remarqué qu’il titubait un peu et que les lumières des maisons étaient toutes éteintes. C’était une chouette ambiance pour prendre une vie je trouve. Il n’était pas trop costaud et donc la proie semblait facile. De toutes façons, avec ce que je lui gardais en réserve, costaud ou pas, ça changeait pas grand-chose. Je me suis rangé cent mètres plus loin devant lui et je suis sorti pour trifouiller dans mon coffre en sifflotant, décontracté. J’ai trouvé tout de suite ce que je cherchais et la chaleur du manche en bois m’a fait dresser les poils sur tout le corps. J’ai attendu en tremblant de peur et d’excitation. Quand il est passé à ma hauteur, je l’ai laissé faire puis j’ai bondi derrière lui et lui ai abattu le marteau sur le crâne. Il y a eu un craquement marrant et il s’est écroulé d’un coup avec un léger gémissement, comme qui dirait soulagé. Sa cervelle rose coulait sur le sol dans la lumière crue d’un réverbère. Je l’ai retourné pour voir de quoi il avait l’air. Un jeune homme de vingt-cinq, trente ans maximum, beau mec, chemise-cravate, fine moustache, le genre de mec qui comme moi il y avait encore quelques minutes, était programmé pour une petite vie banale. Grâce à moi, en un coup de cuiller à pot, deux destins tranquilles venaient de se transformer.
- Tu me dois une fière chandelle, mon salaud, ai-je dis en lui chopant sa montre, son portefeuille et une gourmette en or. Et c’était foutrement vrai… Il venait de gagner quelques décennies sur la mort. Il allait éviter les patrons, les gosses, les ulcères, les hémorroïdes, les factures, le cancer, la ménopause de sa femme, les soirées où on se fait chier en souriant, que sais-je encore ?
En regrimpant dans la caisse, je me suis rendu compte que je bandais comme un âne et c’est là que j’ai compris que je venais de découvrir ma voie et ça c’est le plus bel accomplissement qu’un homme puisse espérer. Certains se révèlent curé, avocat ou flic, moi je serai assassin ! Ca avait quand même une autre gueule ! C’était autre chose que d’égrener un chapelet ou d’apprendre l’article 243 du code pénal. Il y allait enfin avoir quelqu’un de célèbre dans la famille et pas un petit chanteur efféminé ou un acteur alcolo ou un poète déjanté, non, un tueur. Evidemment à ce moment, je ne savais pas encore jusqu’où je pourrais aller mais j’étais sûr d’avoir le temps d’expédier quelques âmes en enfer avant d’aller les rejoindre.
Cette nuit-là, je l’ai achevée dans la bagnole, sur le parking d’une autoroute à moins de dix kilomètres de chez moi. C’était un haut lieu de la faune homosexuelle du coin, mais je m’en foutais pas mal. Il y a bien un mec qui s’est approché pour me proposer une pipe, mais je l’ai remballé. S’il avait su avec quoi je me fabriquais mes érections, il se serait barré en hurlant. L’idée de me le faire m’a effleuré, mais j’étais fatigué et c’est juste ça qui allait lui permettre de tailler des queues pendant quelques années jusqu’à ce qu’il en crève sans mon aide… Je n’ai même pas fait de cauchemar et j’avoue que malgré l’inconfort de ma bagnole, il y avait longtemps que je n’avais plus aussi bien dormi.
Au réveil, j’étais hésitant. Je pouvais encore rentrer chez moi et reprendre ma petite vie pépère. Il y avait peu de chances pour qu’on découvre que c’était moi l’assassin. Une engueulade avec ma femme, un bouquet de fleurs, une semaine de maladie et tout rentrait dans l’ordre. C’est vrai j’y ai pensé mais je ne me suis pas vu faire ça alors j’ai roulé jusqu’au premier restoroute où j’ai pu prendre un copieux repas dégueulasse et me débarbouiller dans les chiottes.
Après, tout s’est enchaîné d’une façon somme toute assez logique. J’ai vécu comme un S.D.F. pendant un mois, nourri de frites graisseuses, de cervelas et de coke, me lavant dans des toilettes publiques à la propreté douteuse et dormant dans ma bagnole en changeant d’endroit chaque jour pour pas me faire repérer. Un soir, avant de basculer mon siège en couchette dans un zoning commercial, je me suis dit que ça ne pouvait plus durer. Quelques jours avant, en roulant au hasard, j’avais repéré une espèce de fermette de pacotille isolée et j’ai décidé d’aller y faire un tour voir si une opportunité ne s’y présenterait pas de dormir dans un vrai plumard. J’ai passé 48 heures bien planqué à observer ce qui s’y passait. J’étais crevé, je sentais mes yeux brûlants mais ça en valait vachement la peine. Imaginez, cette bicoque était habitée par une femme seule d’une soixantaine d’années et en trois jours, pas de visite, pas même un facteur. Jolie aubaine pour un sans-abri pas trop regardant sur les moyens de s’approprier un toit…
La suite coule de source sauf que je n’ai pas attendu la nuit pour aller la saluer, je me suis présenté au petit matin quand j’ai vu de la lumière et dès qu’elle a ouvert la porte, en robe de nuit à fleurs, je lui ai collé un coup de manivelle qui l’a foutue K.O. et lui a décollé la moitié de l’oreille gauche. Elle n’a même pas eu le temps de l’ouvrir pour crier et c’était un sacré joli coup de manivelle. Je l’ai traînée jusque dans sa chambre puis suis allé prendre un fameux p’tit dèj. J’ai quasiment vidé son frigo tant j’avais faim. Elle avait préparé du café que s’en était une bénédiction et c’était vraiment moche qu’une vieille dame capable de faire un truc aussi bon allait canner dans des souffrances indescriptibles.
Quand elle s’est réveillée, elle a eu un putain de choc vu que je l’avais bâillonnée avec sa culotte maintenue par du scotch, ligotée sur son lit et désapée. Le sang lui barbouillait la tronche et ça m’a fait sourire. Dans ses yeux, on lisait une telle épouvante que je me suis senti maître du monde. Elle était pas terrible avec ses nichons flasques aux tétons ramollis et les poils blancs qui lui surmontaient le trou d’aisance mais bon, fallait pas être difficile vu que ça faisait cinq semaines que j’avais plus satisfait mes instincts. Je me suis allongé sur elle et rien ne s’est passé. Je me suis frotté sur son ventre, me suis aidé de la main, pensé à des gonzesses bien salaces que j’avais vues en poster, rien n’y faisait. Pas moyen d’avoir un putain de début d’érection. Je lui ai collé deux baffes dans la tronche et ai réfléchi autant que je le pouvais. Je n’avais pas le choix, je l’ai tripotée longtemps avec ses couteaux de cuisine et là c’est revenu tout bien dans mon calbard. J’aurais bien aimé entendre ses cris mais je ne voulais pas prendre le risque qu’un baladeur éventuel ne l’entende. Elle devait déguster grave parce qu’elle a failli en bouffer son bâillon. Je me suis démerdé pour jouir en même temps qu’elle crevait et lui envoyer ma giclée sur les seins. J’étais assez content de moi sur ce coup-là. Je trouvais que ma nouvelle carrière démarrait pas si mal.
Je suis resté sur place quelques jours et c’est quand j’en ai eu marre de voir sa gueule verte et son corps triste et de sentir qu’elle commençait à pourrir que je me suis barré avec le fric que j’avais pu ramasser et quelques bricoles qui pouvaient servir. J’ai fait deux ou trois nuits dans un hôtel en semi-pension avec son pognon qu’elle tenait caché dans une boîte à sucre et juste comme j’arrivais à court et que j’allais devoir me trouver une solution sous forme d’un squat forcé, j’ai rencontré Guy et Ivan dans un petit bistrot assez louche. On a copiné tout de suite et de fil en aiguille, ils m’ont appris qu’ils arrondissaient leur fin de mois en truandant à droite à gauche selon l’humeur. Rien de bien terrible, des vols de métaux, des cambriolages sans histoire, des petits trafics d’armes, des vols de papiers, des conneries quoi. Ils vivaient ensemble pour limiter les frais et m’ont hébergé.
Comme je voulais pas être une charge, deux jours plus tard, j’ai emprunté un revolver à Ivan sans qu’il s’en aperçoive, et j’ai braqué un night shop. Y avait pas grand chose dans la caisse, deux mille cinq cents je crois, mais c’était déjà ça et puis il reste toujours la beauté du geste. En partant, je ne sais pas pourquoi, j’ai buté le patron et ça m’a fait du bien. Il s’est écroulé en vagissant dans les bouteilles de limonades, en cassant une bonne partie. J’ai chopé quelques fardes de cigarettes et je me suis pas attardé vu que j’avais pas de silencieux et que du monde commençait à rappliquer. Dehors, j’ai tiré quatre fois vers des ombres et j’ai entendu un gosse brailler...
Le lendemain, quand la téloche en a parlé, je leur ai donné le fric avec un sourire en coin et ils ont pigé tout de suite. En plus du mort, il y avait effectivement un enfant de huit ans dans un état critique. Connards de parents irresponsables de laisser des marmots venir à un tel spectacle mais bon, c’était pas mes oignons. Ils m’ont maté bizarre et n’ont rien dit, mais à partir de ce jour on ne s’est plus quittés. On a commencé les petits braquages en série et mes nouveaux potes ont vite pris goût à tuer, surtout Guy. Quand il envoyait une bastos à quelqu’un, je voyais sur sa tête que ça lui faisait de l’effet comme à moi, mais on n’en a jamais parlé. Le truc, c’est que lui, il restait dans les vapes pendant plusieurs heures, comme un qui se serait shooté. D’ailleurs de l’herbe, on en prenait tant qu’on pouvait, Ivan la faisait lui-même et c’était de la bonne, mais il ne commercialisait pas parce qu’il avait des principes... On aurait pu continuer longtemps comme ça, pépère, petit ménage à trois, à prendre du bon temps. De temps en temps, je me faisais un gentil coup en solo et la vie s’écoulait pleine de lait et de miel...
Et puis, soudain, Ivan a commencé à voir grand. Il voulait faire un coup ultime qui nous mettrait à l’abri pour le reste de notre vie. L’opération qui nous assurerait des vieux jours tranquilles sous un soleil sud-américain, bord de plage et jeunes gonzesses, cocktails et farniente. Il avait une vocation de fonctionnaire en fait et où on a été bien cons, c’est que, tout doucement, il a réussi à nous convaincre de rentrer dans son délire de sécurité sociale. Son idée, c’était d’enlever le gosse d’un banquier qui nous ouvrirait la salle des coffres en échange de la vie du moutard. Ca ne pouvait pas échouer, il nous a tout bien expliqué dans le détail. L’idée a fait son chemin dans nos têtes et finalement on a été d’accord pour le faire. En fait, moi je m’en foutais, je savais que je prendrais pas ma retraire pour autant. C’est la mort et le sang qui me plaisait, pas les basses considérations matérielles. Faut bien que ça rapporte, on est d’accord, mais le but ce n’était pas ça, donc riche ou pas, ça ne changerait rien. Je continuerais à tuer jusqu’à ce que j’y laisse ma peau puisqu’il n’y avait plus que ça qui me faisait grimper au ciel.
On s’est donc mis à faire les sorties de l’école pour repérer comment ça se passait. Ca semblait assez fastoche, l’école n’était pas trop fréquentée et une autoroute se trouvait à proximité ce qui fait qu’on pouvait calter assez facilement. Sa mère l’attendait dans sa voiture à trente mètres de la sortie, toujours à la même place. Quant au gamin, il devait avoir dans les sept ou huit ans, frêle, blondinet et heureux de vivre, le petit con ! On s’est cherché une gentille planque à la campagne. Une maison abandonnée a fait l’affaire. De toutes façons, on ne devait y rester qu’une soirée, le temps qu’on vide les coffres de la banque.
L’enlèvement s’est déroulé sans problème. J’étais au volant, Ivan se tenait à l’extérieur prêt à ouvrir la porte arrière et Guy était nonchalamment appuyé contre le mur près de la grille. Quand le gamin est passé en rigolant avec ses copains, il l’a attrapé par le col de son manteau et a couru avec lui jusqu’à la bagnole en le traînant à moitié. Il hurlait comme un veau mais ça n’avait pas d’importance. En quelques secondes, on était parti et d’un coup d’oeil dans le rétro, j’ai compris que personne ne nous suivait. Sur la banquette arrière, le gosse tremblait et pleurait en reniflant et Ivan lui a dit de la boucler en lui mettant un flingue sous le nez. Bonne technique, il a fermé sa gueule aussi sec... On avait réussi sans le moindre accroc, on commençait à se dire qu’on était les meilleurs.
Ca a merdé total quand Ivan a téléphoné au banquier pour lui expliquer la situation et nos projets d’avenir soleil et champagne. Il arpentait la pièce à grands pas en agitant son bras libre dans tous les sens. Guy et moi, on se rendait bien compte aux réponses d’Ivan qu’il y avait une couille dans le potage. Il a coupé la communication et nous a regardé, emmerdé et blanc comme la mort. Je savais déjà ce qu’il allait nous dire, mais je ne voulais pas y croire.
- Ben, alors ? j’ai fait.
- Il dit que son gosse est à la maison en train de faire ses devoirs…
Guy a couru comme un dingue jusqu’à la chambre où le môme était menotté au radiateur, l’a secoué en lui demandant quel était le métier de son père. Là, le gosse a manqué de jugeote, je trouve. Il aurait pu répondre maçon, épicier ou clodo, et on en serait peut-être resté là, mais non, il a fallu qu’il dise policier avec une petite voix tremblante de peur. C’est pour ça qu’il est mort maintenant, Guy l’a massacré à coups de poings et nous on a laissé faire. Faut nous comprendre aussi, on était vachement déçus. A chaque coup, sa caboche cognait contre le mur avec un bruit sourd, mais pas désagréable. Il ne s’est arrêté que quand sa cervelle gris-rose est sortie de son petit crâne défoncé et que sa langue s’est mise à pendre hors de sa bouche. Ivan était atterré, pas pour le gosse, non, mais par l’erreur commise et j’ai été pris d’un fou rire devant l’ironie de la situation et encore plus quand ils m’ont demandé pourquoi je riais. Pas le sens de l’humour, mes compagnons. Deux heures plus tard, alors qu’on était sur le départ, les flics arrivaient…
Derrière la porte, il y a quelqu’un qui me crie de me rendre. Je me dis que j’ai peut-être une chance de sauver ma peau, mais je me vois mal me prendre 30 ans de cabane pour finir par crever de vieillesse et d’ennui dans une cellule puante. Je réponds en tirant une balle dans la porte mais, pas si idiot, le gars n’est pas resté devant à m’attendre. Un silence. Je ne sens plus mes doigts déchiquetés, mais ça commence à me faire salement mal au bide et j’ai comme un voile devant les yeux. Il faut dire que j’ai perdu quelques litres de sang depuis tout à l’heure. J’ai une petite pensée pour ma famille, mais je la chasse bien vite. Ma femme doit être remaquée à un plouc bien tranquille amateur de football et de belles voitures et mon fils en train de glander. Ces gens me sont devenus étrangers, on n’est plus du même monde, quoi. Ma famille, depuis deux ans, on vient de me la flinguer et, en y pensant de plus près, ça ne me fait ni chaud, ni froid. Après tout, c’était jamais que deux petites frappes sans envergure, mais je me serai quand même bien marré avec eux. J’entends que ça s’agite dehors et je me mets à espérer qu’ils fassent vite parce que je sens que je ne vais pas traîner à filer au paradis des truands.
Un premier coup à la porte qui vibre, mais tient. Un second, elle s’ouvre en grand et un homme entre, arme au poing… Merde… j’ai pas eu le temps de tirer…
Cette fois c’est bien fini. Je savais depuis le début que ça me tomberait dessus un jour. Mais, je ne pensais pas que ça arriverait si vite…
Gisant par terre à quelques mètres de moi, il y a Ivan. Il lui manque la moitié du visage. Son œil gauche pend sur sa joue et on dirait qu’il me regarde ironiquement. Ca lui ressemblerait assez d’ailleurs. Il baigne dans une flaque de sang. Je pense qu’il en a pris au moins trois, une au visage et deux au buffet. Je ne vais pas lui poser la question, il serait bien en peine de me répondre parce plus refroidi que ça, il n’y a qu’un morceau de banquise. Quant à Guy, il râle sourdement, une balle dans la gorge bien propre, bien nette. Un trou de la taille d’une pièce de 10 centimes. C’est lui qui a morflé le premier. Il a essayé de crier mais tout ce qui est sorti de sa bouche c’est une espèce de gargouillis spongieux et un flot de bulles rouges. Malgré son élocution vaseuse, on a compris tout de suite et on s’est jeté à terre en sortant nos flingues, mais, cette fois, ils étaient trop nombreux. Ils ont bien préparé leur coup, les vaches. Depuis, il n’en finit pas de crever. Tout près de lui, dans un sac de sport, il y a du fric, enfin à peine deux mille euros, une misère, résultat du dernier casse dans une station-service, une grenade défensive, deux cents grammes de hash, un poignard affûté comme un couperet de guillotine et des papiers d’identité divers dont les proprios ont trouvé une mort violente. Dans la pièce à côté, il y a encore le gosse. Mort lui aussi, il n’y a pas de raison…
Gisant par terre à quelques mètres de moi, il y a Ivan. Il lui manque la moitié du visage. Son œil gauche pend sur sa joue et on dirait qu’il me regarde ironiquement. Ca lui ressemblerait assez d’ailleurs. Il baigne dans une flaque de sang. Je pense qu’il en a pris au moins trois, une au visage et deux au buffet. Je ne vais pas lui poser la question, il serait bien en peine de me répondre parce plus refroidi que ça, il n’y a qu’un morceau de banquise. Quant à Guy, il râle sourdement, une balle dans la gorge bien propre, bien nette. Un trou de la taille d’une pièce de 10 centimes. C’est lui qui a morflé le premier. Il a essayé de crier mais tout ce qui est sorti de sa bouche c’est une espèce de gargouillis spongieux et un flot de bulles rouges. Malgré son élocution vaseuse, on a compris tout de suite et on s’est jeté à terre en sortant nos flingues, mais, cette fois, ils étaient trop nombreux. Ils ont bien préparé leur coup, les vaches. Depuis, il n’en finit pas de crever. Tout près de lui, dans un sac de sport, il y a du fric, enfin à peine deux mille euros, une misère, résultat du dernier casse dans une station-service, une grenade défensive, deux cents grammes de hash, un poignard affûté comme un couperet de guillotine et des papiers d’identité divers dont les proprios ont trouvé une mort violente. Dans la pièce à côté, il y a encore le gosse. Mort lui aussi, il n’y a pas de raison…
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C'est tellement bien que ca en est trop court.
Mais ouais, un bon petit texte, qui se lit d'une traite.
Et la fin est particulierement reussie.
J'aime bien, mais pas trop.
Noir, sans issue et no futur à souhait ! un autre style ! j'adore ! Encore ! Stéph de Grenoble !
Effectivement, pas mal du tout malgré les quelques petites fautes, qui passeraient presque inaperçues. On ne va pas crier au génie, mais ça se lit tout seul, c'est distrayant et bien réaliste comme il faut. Un très bon point; c'est de ne pas avoir cédé à la surenchère du gore, d'avoir su rester sobre, ce qui rend la narrateur bien plus crédible. J'aurais bien aimé un ou deux paragraphes de plus sur la famille, où le fils en particulier aurait mangé bon, mais ce doit être une question de sensibilité. La fin est sympa, mais la dernière phrase fait un peu débander, j'aurais bien vu une formule plus aphoristique par exemple. Bon ensemble cependant.
Sans surprise, quelques clichetons dispensables et une fin digne d'une rédaction de CM2.
Et puis, merde, les poils du cul c'est ce qui blanchit en dernier, faut se documenter un peu...
@ glopglop : Je n'ai pas dit que le reste n'était pas blanc aussi...
@ Contre-paix : Si on ne sent pas l'ironie de cette phrase, c'est que j'ai vachement raté mon effet...
@ tous : Merci pour vos commentaires.
commentaire édité par Chacal le 2010-3-19 8:7:53
Pas vraiment de commentaires à faire. C'est pas mal, c'est sympa, ça se laisse lire, mais a priori ça a dû se laisser écrire itou.
Manque peut-être un détail supplémentaire, un fil conducteur, n'importe quoi qui aurait démarqué le texte de milliers d'autres assez semblables. Un ragondin, tiens.
Par contre, je n'ai aucun problème avec la fin. Mais je n'aurais pas mis les points de suspension. En d'autres endroits aussi. Chacun ses manies, ceci dit.
Tu suces, t'avales, tu connais Montauban ?
Bien vu Dourak, c'est du pur premier jet. J'aurais pu bosser un peu plus, mais je me suis dit que pour une bande de zonards illettrés, c'était assez comme ça... Les points de suspension ? Oui, je sais, trouble psychologique ? Déficience congénitale ?
Je suce, j'avale et je connais Montauban, mais seulement si on me paie...
ça sent le professionnel. Après je ne saurais dire s'il s'agit d'un professionnel de la plume ou du couteau. Y a bien des accès à internet dans les prisons maintenant, hein ?
l'homme qui défonce la porte et entre arme au poing à la fin, c'est Marcel Belliveau.
Marcel quoi ?
Bon...
Mec, est-ce que tu as transpiré en pondant cette merde?
Parce que si non, j'ai de la peine, et tu sais pourquoi? Je vais t'expliquer.
Tout d'abord, je viens d'un milieu défavorisé, et ton texte suppurant le capitalisme outrageant me révulse les yeux. Tout cette adage sur l'argent et la réussite, le pouvoir et les femmes... Tu es une épave ma vieille.
Ensuite, ton texte est énorme, tu me donne envie de gerber, sincèrement je trouve même pas de mots pour exprimer le dégout que je ressens à la lecture de ton texte, c'est nul à chier. En plus on sens que tu as tout donné pour ça, alors que finalement, ça n'atteint même pas le pied d'un auteur comme BERNARD WERBER! Franchement, prend ça au sérieux, je vais te faire mourir de rire.
Pour finir, un texte si peu dénué de sens et d'intérêt est censé faire quoi? Nous faire rire? Pleurer? J'veux dire, j'ai même pas saisi le message derrière... C'est quoi? Faire l'amour pas la guerre? Droguez vous parce que c'est le mal?
Aller, on se revoit.
Merci ...
'tain, me faire tancer de la sorte par une chèvre, j'ai atteint le fond... Je me flingue tout de suite pour le bien de l'humanité ou je continue à vomir mes diarrhées ?
Oui, on se revoit, j'adore les chèvres !
Suce ma bite.
D'accord, mais j'avale pas.
C'set con ça, pourquoi?
Pourquoi tu veux devenir mon pote? Je suis tout sauf sympa.
J'ai jamais dit que je voulais devenir ton pote ! J'aime bien les chèvres en général, c'est tout.
Tu mérites le bucher.
Ta gueule pute ! JAMAIS ! JAMAIS ON N'ENLÈVE L'ACCENT CIRCONFLEXE D'UN MOT ! T'ENTENDS GROSSE SALOPE ?
Ah oui et sinon le texte est sympa. Je l'ai lu jusqu'au bout, chose rare.
commentaire édité par Ezna le 2010-3-25 15:31:49
Meme. Bucher. Tete. Forler. Intéret. Batiment. Benet. Ane. Careme. Relache. Et j'en passe.
Abominable con, tu es viré.
Hé Chévre du futur ! Oui, toi, retourne-toi, connard ! Faut que je te cause même si tu vas rien piger. Tu trouves que j'ai tout mis là-dedans ? C'est normal pour un cerveau de batracien comme le tien. Tu es incapable de plus alors tu t'imagines que là, j'ai mis tout ce que j'avais...
Toi c'est dans ton commentaire à deux balles que tu as tout mis. Tu peux crever, ton oeuvre est accomplie. Tu as atteint le point de Peter le jour où tu as pu tenir sur tes pattes arrières.
La notion de sous-homme tu connais ? On l'a inventée rien que pour toi et tes semblables. Je suppose que ta mère horrible et infâme est crevée de honte le jour où tu es né, en souffrant si possible. J'ose même pas t'imaginer, pauvre larve.
Si tu te reproduis avec une truie de ton espèce, tue tes batârds avant qu'il ne contaminent leur entourage.
Tu ne viens pas d'un milieu défavorisé, tu es un connard de bourge sans le sens le plus hideux du terme, dans ton crâne emplis de glaise improductive. Tu es l'exemple parfait de la misère humaine. 'tention j'attaque la partie lyrique : Tu es une sous-merde, un déchet glaireux, un avorton cérébral, une couche pleine, un étron de porc, un chancre suintant, une perte blanche, un crachat d'asthmatique, une bile d'atrabilaire, un abcès de la vie, un fion de hyène, quand tu penses, tu donnes une idée du néant. Quand tu parles, même les mouches crèvent et les attardés sont contents parce que, pour une fois, ils pigent tout.
Fais-moi plaisir, va faire un tour sur la rubrique suicide de Mill et mets-moi tout ça à exécution ! Crève, cafard, pour ne pas qu'un autre se salisse les mains à te trouer la panse. Je ne te hais pas, mais je vomis ton inutilité. Bisous.
Aaaaaah, ça fait du bien...
T'es vrai nerveux toi hein ? Tu lis un truc et wouf, trois mois après tu pètes un câble.
Ouais, j'suis un impulsif.