LA ZONE -

Hot

Le 02/07/2009
par Lemon A
[illustration] 1

Je suis né avec un super pouvoir. Exactement comme dans les films ou dans les jeux vidéo. Tu peux t'imaginer facilement : quand je me trouve dans un certain état d'esprit, j'ai la faculté de projeter des flammes. Il me suffit d'ouvrir la bouche et je crache de longs jets de feu. Je dis longs parce que je les projette à une demi-douzaine de mètres devant moi. Et je peux te certifier que ça crame, c'est pas de la flammounette de tarlouze, rien à voir. Si tu te prends mon super pouvoir dans la gueule, ta peau fond, tes yeux fondent, tes lèvres fondent, tes poils grillent instantanément et toutes tes chairs se carbonisent et se transforment en barbecue fumant. Tu ne produis plus à rien si ce n'est une odeur pestilentielle et persistante de mauvais cochon cuit. En quelque sorte, je suis un homme-dragon.

Tu penses sans doute que les agents du gouvernement m'ont repéré dès la naissance ou quand j'étais chiard pour m'enfermer dans un endroit confidentiel, pour faire leurs expérimentations tranquille, ou alors pour me faire bosser sur des missions spéciales. Tu verrais bien un genre de confrérie de super héros, une société secrète, quelque chose d'extraordinaire, de high-tech, un truc top niveau, mais qui m'empêcherait de tomber amoureux par exemple, qui m'empêcherait de vivre peinard avec ma dulcinée sur un bout de terre, au calme. Non, ça c'est dans les films. Dans la vie réelle, on refuse de délivrer l'allocation handicapé à tes parents parce que ton cas ne correspond à rien de connu. On te vire de l'école parce que tu représentes un danger pour tes petits camarades, un risque, et que le directeur ne veut pas endosser la responsabilité. On te dit qu'on va te trouver des solutions, on te regarde parfois avec bonté et compassion, mais en vérité tu deviens vite un boulet pour tout le monde, ta famille, tes voisins et tous les gens que tu croises. Quant à la dulcinée essaie de te demander quelle fille accepterait de rouler une pelle à un type comme moi, de fourrer sa langue dans la bouche d'un lance-flamme. Une sacrée disjonctée, hein ! Une nana complètement vrillée de la tête !

Eh bien, cette fille-là existe, elle s'appelle Hot et je l'ai rencontrée.


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La différence entre Mac Donald et Quick n'a rien à voir avec la bouffe, tu t'en doutes bien. Les mêmes cultures, les mêmes élevages et les mêmes cuves alimentaires fabriquent la même camelote remplie d'air modifié. C'est dans le code couleur la différence, dans l'identité visuelle. Rouge pour les deux enseignes mais assorti avec du jaune pour Mac Do et avec du blanc pour Quick. Tu n'as qu'à regarder les logos. Voilà pourquoi plus de gens préfèrent se rendre au Mac Do, parce que le jaune dispense plus de chaleur humaine que le blanc. Et puis il y a le clown aussi.

Hot travaillait au Mac Donald quand je l'ai rencontrée. Elle avait postulé à cause du jaune et parce qu'elle aimait bien le clown. Elle était équipière et tournait sur les différents postes attribués à son rang : la caisse, la cuisine, l'entretien. Par entretien il faut comprendre le ménage et la corvée de chiottes. Son uniforme tentait de la réduire à ses fonctions. Mais sans succès, car Hot était ce style de fille dont chaque mouvement déclenchait un éclair électrique. Tu recevais une décharge de sexe, de drogue et de rock'n'roll quand tu la regardais.

A ce moment-là, avant que tout ne vire dans une direction radicalement opposée, je passais l'essentiel de mon temps sur Second Life. Personne ne voulait de moi dans la vraie vie, mais en pixels je devenais une pointure. Je m'appelais Lentar Dior, mon avatar figurait un grand type musclé qui se baladait torse nu avec un pantalon noir et des mocassins à travers les décors virtuels. Là, je possédais tout ce qu'un homme moyen souhaite posséder : des amis, du fric plein les poches, des entrées gratuites et une vie sexuelle débridée. Mon ordinateur explosait les frontières. Il y avait cette communauté de gens reliés les uns avec autres, comme les cellules vivantes d'un rêve en 3D.

Ni le Mac Do ni le Quick ne livre à domicile. Et pourtant Mac Do pourrait envoyer des types déguisés en clowns sur des cyclomoteurs jaunes et rouges. Mais les rois du marketing ont prophétisé que les gens feraient des kilomètres pour ingurgiter des burgers. Ou peut être que ce soir-là, un Dieu avait décidé que je me rendrai au drive-in.

J'avais refermé la vitre et posé ma commande sur le siège du mort, je passais la première pour rentrer chez moi quand la portière s'ouvrit du côté passager. Une fille s'engouffra dans la voiture et s'assit sur les sandwichs.

“On dégage d'ici”, elle a juste dit.

C'était une employée du restaurant. Je voyais cette fille pour la première fois mais tout se passait naturellement. Nous quittions le parking pour rejoindre la départementale, les feux de la voiture balayaient la chaussée. Dans l'ombre de l'habitacle, elle se tortillait pour retirer le sac écrasé sous ses fesses.

“Je m'appelle Hot et toi ?” demanda-t-elle.

“Lentar Dior” je répondis, “je m'appelle Lentar Dior”.


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J'habitais dans une cave aménagée. Creusée au Moyen-Age, voûtée comme un tunnel, avec une salle de bain au fond. On y descendait par un escalier en colimaçon. En haut, les marches partaient d'une cuisine minuscule dont le pas de porte donnait directement dans la rue. Probablement qu'autrefois il s'était agi d'un comptoir commercial et qu'on rangeait les marchandises en bas. Mais juste avant moi le lieu était occupé par un dealer de shit. Dans les premières semaines de mon installation, tout un tas de gars sonnaient à la porte pour s'approvisionner, un vrai casting d'artistes et d'étudiants dépenaillés. Dans la pièce à vivre, sous terre, un unique soupirail débouchait sur les poubelles. En plus de la clarté blafarde, je récupérais l'odeur des ordures ménagères et de l'urine des types qui, parfois, pissaient sur les déchets. En dehors de la salle de bain, doublée par une cloison en plastique, les murs étaient en pierres nues. Par endroits, une sorte de mousse blanche courait entre les aspérités de la paroi, probablement alimentée par l'humidité ambiante. Des extracteurs d'air renouvelaient l'atmosphère et je faisais brûler des bâtons d'encens pour masquer les mauvaises odeurs. Le sol était en carrelage beige, dans le même ton que les pierres.

L'environnement sombre et humide m'apaisait. J'avais plus facilement tendance à cracher des flammes par temps sec apparemment. Enterré dans un antre, cerné par une épaisse rocaille, je ne risquais pas de déclencher une catastrophe.

Hot trouvait mon appart' “ultra kiffant”. Je lisais dans ses yeux la gourmandise d'une petite fille émerveillée. Elle explorait l'espace en faisant glisser son regard partout autour d'elle, s'attardant sur mon installation informatique, trois PC branchés côte à côte sur une longue planche retenue par des trétaux. Un capharnaüm de câbles et de voyants lumineux attribuaient à l'ensemble une consonance technologique comme on n'en voit que dans les films de science-fiction. L'informaticien génial et retiré du monde, forçant les accès et les sécurités des bases militaires, pilotant des vaisseaux à distance et contrôlant la Terre. Hot contourna les deux fauteuils disposés autour de la table basse, à côté du lit. Je suis tombé amoureux d'elle à ce moment-là, son ombre caressant les parois concaves de la pièce, se déformant et s'étirant, comme la silhouette d'une danseuse étoile, renvoyée par l'éclat blanc de ma lampe halogène.


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Dimanche, vers midi, le soleil paradait dans un ciel bleu immaculé. Tout paraissait plus coloré, plus éclatant : le bleu, le rouge, le jaune. De nombreux clients, installés sur la terrasse du Mac Do, ingurgitaient des menus et froissaient les serviettes en papiers qu'ils abandonnaient sur les tables. Des gosses crapahutaient dans l'aire de jeu voisine. Le toboggan en plastique rendait des protestations sourdes comme le tourniquet et les animaux à bascule. Un balais de voitures faisait la ronde, virant autour du bâtiment pour le service au volant.

De loin, tu regardes la scène, plan général, vue de plongée, et tu penses que tout va bien, comme dans une station balnéaire au début de l'été. Et puis tout d'un coup, l'objectif se rapproche, cadre serré, plan de détail, et tu repère l'aileron du requin

Zoom sur la terrasse du Mac Donalds : Hot menaçait d’envoyer un burger sur le géant qui lui faisait face si, d'après ses invectives, ce dernier l'empêchait de récupérer ses affaires. Un mètre séparait les deux adversaires. L'agent de sécurité, un colosse noir, ne trouvait rien à dire mais continuait de faire barrage et, dans la seconde où Hot, très remontée, achevait son flot de paroles emballées, reçut le burger sur la tronche d’une manière si fluide et si magistrale qu’il en demeura muet et paralysé de stupéfaction. Des bouts de steak haché égayaient sa moustache finement taillée du matin même, des carrées d’oignons verdâtres auréolaient ses narines comme des chicots scintillants sous le kanyar, entrant et ressortant au rythme de la respiration, ses lunettes se trouvaient barbouillées de sauce industrielle morcelée à la tomate lyophilisée, quelques feuilles de salade pendaient, collées à l’épiderme. Certains badauds, qui avaient raté la partie cruciale de l’action, pensèrent qu’un ptérodactyle lui avait chié dessus. Hot s'empara d'un Coca cinquante centilitres et crucifia le gros taché comme un matador achève un taureau..

Une minute auparavant, elle m'avait demandé de l'attendre dans la voiture, sur le parking. Elle devait rendre son uniforme et retrouver les fringues qu'elle avait laissées au vestiaire, la veille, quand nous nous étions rencontrés. Je la regardais entrer dans le restaurant, puis, presque immédiatement, je la voyais ressortir, toujours en uniforme. Le type de la sécurité, le colosse noir, la tenait fermement par le bras et l'avait projeté vers l'extérieur, sans ménagement. Percutant une table fixée à la plate-forme en bois de la terrasse, Hot avait attrapé le sandwich d'un père de famille et foncé sur son adversaire.

Sauf que le type a fini par riposter, peut-être à cause du Coca Cola, de l'effervescence des bulles, de l'énergie du sucre ou de la froideur des glaçons. Il lui a collé un énorme direct dans la gueule et Hot s'est effondrée comme une poupée molle. Etendue par terre, inerte, son nez pissait le sang. Je me précipitai vers la scène tandis que le Noir retournait à l'intérieur du Mac Donald. Tout s'était passé si vite. Les clients de la terrasse se tortillaient sur leur chaise ne sachant pas comment réagir. Les gamins, dans l'aire de jeu, continuaient de brailler : ils ne s'étaient rendu compte de rien. Quand à moi, une détermination rageuse m'avait saisi aux tripes. Le feu me défonçait l'estomac. J'enjambai le corps de Hot et entrai à mon tour dans le fast food.


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Quand tu habites dans une cave, les gens te baratinent sur la lumière du jour et ses conséquences sur l'humeur. Parce que si tu ne vois pas le soleil tu sombres dans la déprime. Il paraît que c'est prouvé. Chez les Esquimaux et dans les pays nordiques, la moitié de la population broie du noir, se suicide ou se bourre la gueule. D'ailleurs, tu te demandes pourquoi les gens habitent encore dans ces endroits. Je n'y avais pas pensé, à l'histoire de la lumière, mais à force d'entendre les uns et les autres s'apitoyer dessus, j'ai fini par me demander si finalement tout allait bien pour moi. On appelle ça la pression sociale : tout seul tu serais parfaitement heureux mais les autres sont là pour te filer les boules. Heureusement, je ne connais pas grand-monde.

Hot se foutait de la lumière du soleil comme un dauphin du retard des trains. Exactement pareil que moi avant que l'opinion générale ne déclenche le doute dans ma conscience. Hot sortait du lot, de la masse anonyme et geignarde : elle considérait les choses d'une manière positive, sans s'arrêter sur les détails qui te pourrissent la vie parce que tu t'en fais toute une montagne. Le soir de notre rencontre, j'ai mis un disque de dub et partagé mes burgers avec elle. On a mangé, on n'a rien dit, on écoutait la musique et puis Hot m'a demandé si je voulais bien l'héberger pour la nuit et si, le lendemain, je la reconduirais au Mac Do pour récupérer les affaires qu'elle avait laissées là-bas. J'ai répondu oui, bien sûr.

Il y a des moments où les choses s'enchaînent simplement. Le soleil qui brille et qui remplit les terrasses de cafés. Hot qui prenait une douche dans ma salle de bain et qui ressortait nue, ruisselante, pour que je lui passe une serviette. Son corps parfaitement proportionné, sa fraîcheur et la vitalité te fouettaient le sang. Elle m'a souri : “vite j'ai froid”. Et je me suis précipité vers l'armoire pour trouver de quoi l'essuyer. J'ai vu les deux 8 tatoués sur le bas de son dos, au niveau des reins, de part et d'autre de sa colonne vertébrale, qui se regardaient comme une tache de Rorschach. 88 : tu sais ce que ça signifie ? Moi, je n'en savais rien du tout et cela n'avait pas d'importance.

Pendant qu'elle terminait de se sécher, je m'étais connecté sur Second Life pour gérer mes avatars-putes. Les montants que déboursent certains types juste pour vivre une relation de séduction atteignent des sommets considérables. J'avais mis en ligne une dizaine d'escort-girls qui rabattaient les gogos sur mon compte paypal. Ca me règlait les courses au supermarché et les autres factures du quotidien.

J'ai installé les matelas et nous nous sommes couchés côte à côte, Hot et moi. Je suis resté éveillé toute la nuit mais je n'ai pas osé bouger.


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Je franchis la porte et me propulsai face aux caisses. Des éléments de déco évoquant l'Amérique de James Dean : calandre de Cadillac 1960, pompe à essence Texaco, panneau road 66, plaques d'immatriculation du Nevada, du Minnesota et du New Hampshire, se mélangeaient aux impératifs de fonctionnalité made in Mac Donald : cadeaux Happy Meal en vitrine, kiosque environnement, distributeurs de pailles et de serviettes en papier, écriteaux “wifi illimité”, récupérateurs de déchets, panneaux lumineux détaillant les salades et les menus Best of derrière les caisses.

L'agent de sécurité contournait la rangée des commandes pour disparaître dans la partie cuisine. Du moins était-ce son intention probable. Tous les postes caisse fonctionnaient et une file d'attente se déployait devant chacun d'entre eux : principalement des familles avec des enfants et des groupes d'adolescents aux t-shirts floqués.

J'estimai rapidement ma trajectoire. Une partie de la clientèle et des employés obstruait le champ de tir mais aucune perspective de dégât collatéral n'aurait pu m'arrêter. Je me stabilisai devant les caisses, soutenu vers l'avant par une sorte de main invisible qui maintenait mes chevilles, mes fesses et mes épaules comme un exosquelette. La puissance partait du bas, un flux d'énergie remontait dans ma poitrine et dans ma gorge. Mon corps se tendait et personne ne faisait attention à moi. Je crachai le feu en direction du videur.

Un long jet oblique dévasta tout sur son passage, des clients, un employé qui prenait les commandes, et atteignit la cible pleine face avant de terminer dans le bac à frites et potatoes. L'explosion fut immédiate. Je crois que la détonation me rendit sourd pendant plusieurs secondes. J'avais l'impression de vivre dans une comédie musicale à laquelle on avait coupé le son. Des deux trous et des quatre trous servant en principe à caler les gobelets de boissons volaient partout à l'intérieur du restaurant, enflammés. Des gens étaient prostrés à terre, d'autres, la bouche béante, devaient hurler et d'autres encore traînaient sans but, hébétés, avec une démarche anesthésiée ou saccadée. La peur et l'incompréhension dominait. J'en recevais les ondes qui me gonflaient d'une énergie vibrante. Une odeur piquante de chair carbonisée remontait. Un incendie s'était propagé à partir du bac à frites et se répandait dans la cuisine. Les extincteurs automatiques scellés dans le plafond se déclenchaient les uns après les autres. Je ne voyais plus ma cible à cause de la fumée.

Je me sentais serein, accompli. Je ressortis sans encombre en emportant un exemplaire de “Ca se passe comme ça”, le mensuel du fast-food, qui avait échappé aux flammes. Sur la couverture, Will Smith était photographié et brandissait un pouce levé.


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Hot m'attendait à l'extérieur du Mac Do. Elle était à nouveau sur pieds et maintenait une serviette en papier appuyée sur son nez. On fila vers la voiture et on sortit rapidement du parking. Je contrôlais parfaitement la situation. A vrai dire, j'enchaînais les actions comme dans un jeu vidéo. Faire ça à ce moment-là, repérer la situation et déclencher la réponse appropriée. Point. Il s'agissait juste de faire avancer l'histoire. Les choses se passaient naturellement, sans émotion particulière, il advenait ce qui devait advenir mais, cette fois, j'avais ce sentiment de contrôle et l'ivresse que tu peux ressentir quand tu as gratté les bonnes cases et que c'est à toi de faire tourner la roue de la fortune.

“On va chez Crotale” a dit Hot, “tourne à gauche”. Et je suivais ses indications sans me poser plus de questions, attendant le prochain tableau. J'étais prêt pour que la terre arrête de tourner, prêt à embarquer pour n'importe quelle destination. La circulation était fluide et tout paraissait normal. On se gara devant la porte de garage d'une maison de ville. Hot frappa contre le métal et, à l'étage, un type se pencha sur le rebord de la fenêtre. Crotale portait son nom comme un costume bien ajusté. Agé d'une quarantaine d'années, il possédait une tête triangulaire : son crâne rasé à blanc et ses yeux ronds dont les sourcils étaient taillés en pointe évoquaient réellement la forme hypnotique et piquante du serpent. Sa peau burinée ressemblait à des écailles.

Un fatras d'objets et de décorations nazis encombrait l'appartement et le garage. Crotale gérait la SARL Saint-George, spécialisée dans l'import / export de joujoux white power. Là, un carton de briquets KKK, ici une pile de CDs Africa Korps, Kombat 18 et Skrewdriver, des médailles, des drapeaux et même un stock de films pornos où un type habillé en Waffen SS baisait des filles de couleur sur une literie IIIèm Reich. Dans un coin du salon, alors que Crotale m'ouvrait une Kro, je remarquai des tee-shirts 88, avec le même lettrage que sur le tatouage de Hot.


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Notre hôte connaissait toutes les ficelles de la clandestinité. On a d'abord déplacé ma voiture, qu'on a abandonnée dans un quartier résidentiel, pour éviter de nous griller. Puis Crotale a contacté des amis sur Hambourg avec lesquels il était en affaire. Il avança une livraison de marchandises pour nous mettre à l'abri, de l'autre côté de la frontière, dès le lendemain. Départ fixé à quatre heures du matin, douze heures de voyage à effectuer. Pendant qu'il pianotait sur Messenger et faisait tinter Skype, Hot me rasait la tête avec une tondeuse électrique. Parce qu'à l'intérieur du Mac Do, des caméras de surveillance m'avaient certainement identifié et les flics devaient être en train de zoomer sur ma gueule d'ange. Elle disait ça, Hot : gueule d'ange.

“Tu t'es cogné ? ” me demanda-t-elle en soulevant la tondeuse. “Tu as deux grosses bosses”. Son corps frôlait le mien. Je passais une main sur mon crâne nu et je palpais les deux protubérances un peu au-dessus du front, sur la gauche et sur la droite, sans éprouver de douleur ou de sensation particulière. Je ne me rappelais pas avoir subi de choc.

J'aidais Crotale à charger son fourgon, un vieux C25 kaki et brun camouflage. On embarquait principalement des boucliers mobiles de protection utilisés par les brigades anti-émeutes et des tirages photographiques contre-collés de superstars fascistes. “C'est bien qu'on ait des jeunes comme Hot et toi” me disait Crotale “des jeunes qui n'ont pas peur et qui ne se laissent pas marcher sur les pieds”. Je ne répondais rien, je me contentais d'empiler les boucliers au fond du compartiment. Un souffle d'air glissait sur mon crâne fraichement rasé. Je vivais.

Crotale s'etait absenté une heure pour faire le plein et récupérer du stock chez un collègue à lui. Avec Hot nous avons fait l'amour. Pour moi : c'était la première fois.

Parfois tu vois les gens d'une manière qui te donne une certaine idée de ce qu'ils sont vraiment, une idée partielle. Comme si tu prenais un vaisseau spatial et que tu te stationnais en orbite autour de la terre. Tu ne distingues qu'une grande masse bleue. Et puis tu te rapproches, tu traverses les nuages avec ton engin et tu aperçois les sols, les forêts, les routes, les habitants, leurs bagnoles et même leurs boites aux lettres. Tu captes des détails qui t'avaient echappé au départ. C'était la même avec Hot, peu à peu je captais des détails qui m'avaient échappé au départ.

Nous nous étions arrêtés sur une aire d'autoroute avant de passer en Allemagne. Il me restait de la monnaie et j'achetai le journal dans le magasin de la station essence. Une page entière était consacrée à l'incendie meurtrier du Mac Do. En photo, des brancardiers évacuaient un blessé. J'appris que le videur était hôpitalisé, dans un état stationnaire, entre la vie et la mort. Les autres victimes n'étaient pas en danger. Si l'article restait vague sur les circonstances du drame, il mentionnait une altercation violente au sein de l'équipe du restaurant, dans la semaine précédent l'incendie. Un témoin parlait d'insultes racistes. Hot lisait par-dessus mon épaule. Avec une main, elle me massait le dos.

Nous atteignîmes notre destination finale en fin d'après-midi : une ville au nom imprononçable, à vingt kilomètres de Hambourg.

“C'est rempli de Polonais par ici”, nous informa Crotale.

Il gara le C25 dans un quartier formé de barres HLM blanches et de terrains vagues. De la terre boueuse, de l'herbe, des fourrés, des lapins gris qui couraient partout, les trottoirs et les routes éventrés par endroits, les bâtiments lézardés. On aurait dit une cité d'après-guerre livrée à elle-même, au milieu d'un terrain abandonné.

“Attendez dans le camion je reviens” ordonna Crotale “Et faites gaffes, c'est plein de camés par ici”.

Il bondit sur le bitume défoncé et disparut au coude de la rue. A l'avant du C25, Hot se pressait contre moi. Son regard glissait dans le mien et je passai mon bras autour de ses épaules. Le décor, les lapins, les polonais et les camés, tout ça nous refilait des sensations.


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Périphérie de Stockholm, Suède. Will Smith émergea des studios de télévision par une porte de service. Il sortait d'un bâtiment cubique dont l'apparence et la dimension faisaient penser à un entrepôt. Tout autour, plusieurs bâtiments identiques portaient de grands chiffres peints en orange, reliés par une succession d'accès et de parkings. Un soleil pâle délavait le béton des façades. Avec cette lumière blanche, le périmètre prenait un aspect très épuré, digne de l'Ultime Survivant, son dernier long métrage. Une épidémie chimique avait éradiqué les hommes de la surface de la terre et Will Smith, dont l'organisme était miraculeusement résistant, donnait naissance à une nouvelle humanité.

Une attachée de presse scandinave, grande et blonde, le précédait, l'oreille collée à son portable dernière génération. Will Smith repliait les lunettes de vue qu'il avait chaussées tout spécialement pour l'interview. La prise avait été un succès. Personne ne s'était attendu à ce qu'il figure un type aussi sympa et avisé. La tournée de promotion devait se poursuivre par une séance de dédicaces dans un grand cinéma du centre-ville. Une Mercedes noire aux vitres teintées attendait sur le parking.

Le commando les intercepta avant qu'ils n'aient rejoint la voiture : quatre types en tenue militaire surgis de nulle part. Ils portaient tous des masques à gaz. L'attachée de presse reçut un coup de poing en pleine face et tomba à la renverse. Un type gaza l'acteur alors que les deux autres l'immobilisaient en effectuant une clef sur ses deux bras. Will Smith encaissa des impacts dans l'estomac et dans le foie. Sa vision se brouilla. Il haletait. Le monde se découpa en séquences courtes : un angle de bâtiment, la Mercedes, des voix. On l'entraînait. Bruit de moteur, crissement du frein à main. Une main gantée l'aveuglait à moitié mais il comprit qu'on l'engouffrait à l'arrière d'un fourgon. On le menotta. Il était allongé par terre, sur le sol métallique du véhicule qui avait déjà démarré, recroquevillé en chien de fusil, un type assis sur son corps pesant de tout son poids. Will Smith parvenait à peine à respirer, mais sentait bien, à travers la poche du manteau, que ses lunettes étaient brisées.

Périphérie de Hambourg, Allemagne. Les potes allemands de Crotale nous avaient conduit dans un tunnel désaffecté. Autrefois, une ligne ferroviaire passait par là et de vieux rails se perdaient dans une nature qui reprenait ses droits. En route, Crotale m'expliqua qu'ils voulaient une démonstration de mon pouvoir. Cinq ou six voitures étaient stationnées sur la voie de pierre devant le tunnel. Un groupe de skinheads nous attendait à l'intérieur avec des lampes de poche et une caméra. Hot me tenait par la main.

Quand un truc te démanges et que tu ne peux pas te gratter, quand tu as une envie pressante et que tu dois te retenir, quand arrive enfin la délivrance il se passe comme une sorte de jouissance liée à la saturation qui précédait. Un sentiment de contentement, une sensation physique d'accomplissement. Cale-toi le souvenir dans la tête et imagine cette sensation partant de la plante des pieds, remontant le long des jambes, passant par l'estomac et la poitrine, explosant au fond de ta gorge et s'expulsant par ta bouche grande ouverte. Capte l'intensité. Et saisis la puissance.

J'appris à me concentrer dans ce tunnel, à me mettre dans l'état de tension nécessaire pour cracher le feu. Et je crachais, pour Hot, pour moi, pour toute la vie et contre tout ce qui m'avais foutu les boules. J'éclairais l'obscurité, les tags racistes et obscènes tracés sur les parois souterraines, je noircissais les vieilles pierres. Je buvais de la bière et je riais comme un dément tandis que mes spectateurs, électrisés, tendaient leur bras par devant eux en beuglant des “sieg heil”.

Le lendemain, nous prenions un ferry et embarquions pour la Suède.


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Sur le ferry nous nous sommes rendus à l'évidence Hot et moi. Deux cornes poussaient sur mon crâne. Des cornes courtes, pointues et un peu cramoisies. Avec mes sourcils fins et mes yeux noirs, elles me donnaient un air de diable. La traversée durait neuf heures que nous passions aux toilettes à nous bouffer le sexe et à nous pénétrer. Entre tout un tas de cochonneries Hot me disait qu'elle n'avait jamais été aussi excitée. Et pour ma part, je crois que j'aurai pu la baiser jusqu'au pôle nord, encore et encore, si le bateau n'avait pas terminé sa route à Malmö, Suede.

Pendant ce temps Crotale sifflait des bières sur l'entrepont avec le groupe de skinheads allemands qui nous accompagnait. Il avait arrangé le trajet avec eux. Ma démonstration les avait convaincus et les Allemands nous emmenaient vers une planque sûre : personne pour nous emmerder, le bout de terre au calme, avec ma dulcinée.

    “Là-bas, on sera accueilli comme des rois” avait promis Crotale.

Deux types affublés de bombers kaki patchés Blood and Honor Scandinavia nous attendaient sur le quai de Malmö. Ils se briefaient avec les Allemands tandis que nous mations les mouettes tournoyant au-dessus les chalutiers, piaillant à l'affut des poissons pris dans les filets. Crotale pensait à son C25 resté de l'autre coté de la Baltique. Puis tout le monde s'installa dans deux Volvo break conduites par notre comité d'accueil. Moteur, première, deuxième, notre convoi filait vers la campagne.

Will Smith croupissait dans une baraque en rondin, à poil, ligoté au bardage. On l'avait insulté, frappé et on lui avait pissé dessus pour s'amuser. Aucune explication à sa détention, aucune revendication exprimée, seulement des brutes qui lui balançaient des canettes vides à la figure et un type plus âgé et mieux habillé que les autres qui l'avait visité sans dire un mot. Le détenu vivait ça comme une course de fond, pour lui c'était une question d'endurance. Will Smith subissait en silence et gardait son calme. Il ne formulait pas d'hypothèse sur ses ravisseurs, il ne cherchait pas à s'échapper, il attendait qu'on vienne le délivrer. Parce qu'à un certain stade de réussite personnelle et sociale tu n'arrives plus à concevoir l'échec. Ta conviction, au contraire, c'est que tout va rentrer dans l'ordre. La police, l'armée ou n'importe qui allait débarquer et canarder tous ces débiles qui le retenaient prisonnier. Dehors, une grande croix de bois pointait vers le ciel gris.


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Une palissade en chène renforcé ceinturait le camps. Surmontée d'une couronne de fils barbelés, elle atteignait trois mètres de hauteur. Un maître-chien dont la gueule était décalqué sur celle de son pitbull maintenait verrouillée l'unique porte d'accès. A l'intérieur, un terrain vaguement herbeux et mal entretenu, une grande maison principale et plusieurs dépendances construites avec des rondins. Superficie totale : environ un hectare. Un peu à l'écart, devant une rangée de résineux, une estrade faisait office de scène en plein air. Des types tiraient des câbles et installaient une console son. En face, une surface plane et dégagée devait accueillir le public. La croix était plantée derrière la scène..

On nous guida dans la maison. Une chambre était réservée pour Hot et moi, sommaire mais confortable, avec une représentation du Dieu Odin punaisée au-dessus du lit. La fenêtre donnait plein sud, à l'opposé de l'installation scénique. Il suffisait de traverser le couloir pour se rendre à la salle de bain.

C'est marrant comme tu deviens ce que les gens voient. Pour les institutions j'étais une sorte d'erreur dont on ne savait pas quoi faire. Un dossier qui passe de bureau en bureau, de service en service et qui finit par prendre la poussière. Du coup je n'existais pas ou du moins j'existais le moins possible. Je vivais dans une cave et je tissais du lien social online, derrière un écran. Avec Hot et son réseau de nazis, par contre, je devenais la star de la soirée. Alors, tu penses au vilain petit canard rejeté par sa famille, grandissant dans la solitude et la misère, recupéré par des personnes peu recommandables et qui, manipulé, sombre dans les ténêbres. Pour ce qui me concerne tu peux oublier ces foutaises. J'attendais juste les bonnes cartes.

J'ai toujours vu la vie comme un grand marché : tout se négocie mais il faut miser au bon moment. Tu trouves un créneau et tu calcules le profit que tu peux en tirer. Regarde Crotale, son truc, à lui, c'était les militants de la suprématie blanche : il brassait toute leur camelote siglée et il se faisait un tas de fric, il voyageait, il conduisait son camion et ça lui allait bien comme ça. Il s'agissait pas de politique. Blasons, cocardes, objets d'époques, portraits, musique, fringues, tu peux produire des boites de thon en imprimant la tronche d'Adolf Hitler : des fans te les commanderont. Pour ma part, je vendais du fantasme sur Second Life, je vendais des perspectives de sexe à des consommateurs d'espoir. L'espoir de sexe réel les faisait rêver et ils étaient prêts à payer pour y croire, puis à continuer de payer pour continuer à y croire. On ne sait pas combien de spermatozoïdes périssent à cause du web et on ne sait pas combien de types font éjaculer d'autres types en se faisant passer pour des femmes. Une chose est sûre cependant : Crotale et moi, nous n'étions pas très différents.

Les concerts de oï commençaient en début de soirée. Des litres de bières, un musique saturée, hurlante aux accents antisémites et racistes, une meute de bêtes humaines qui se jetaient les unes contre les autres et matraquaient, ivres mortes, des slogans hitlériens. A la nuit pleine, j'entrais en scène pour le clou du spectacle.


12

C'est un Will Smith un peu hagard, vêtu d'un simple bermuda qui regardait droit devant lui tandis que deux types cagoulés finissaient de l'attacher. Des porteurs de flambeaux sapés dans le costume traditionnel du Ku Klux Klan, se tenaient de part et d'autre de la croix. L'ombre des flammes dansaient sur les cuisses et le torse de l'acteur. Silence religieux de l'assistance. Crotale filmait les événements. J'envoyai un coucou à la caméra et me tournai vers ma future victime.

A l'instar de Will Smith j'étais torse nu, moins baraqué que lui, mais Hot m'avait enduit d'une huile qui produisait des reflets brillants sur tout mon corps. Je me positionnai devant la croix tandis que le vide se créait tout autour. Je fixai la star qui tant de fois avait sauvé le monde au cinéma. Elle ne bougeait pas, elle semblait absente, comme si son âme avait déjà pris ses cliques et ses claques. On alluma un gros projecteur dans mon dos. Une lumière blanche, un peu forte, illuminait le périmètre.

Dans la brulure c'est le troisième degrés le plus grave. Mais avant d'y arriver tu passes par le premier puis par le deuxième degrés. Le deuxième degrés est le plus douloureux. En plus de la rougeur, des phlyctènes apparaissaient sur tous le corps de Will Smith, c'est-à-dire des surélévations de la peau remplies d'un liquide translucide formant des cloques. Toutes les terminaisons nerveuses étaient touchées. Cette fois il hurlait comme un écorché vif. Et moi je reprenais mon souffle pour envoyer une autre projection.

En arrière, parmi la foule qui formait un arc de cercle, Hot ne regardait que moi, avec, dans chaque pupille, l'intensité d'une vraie passion.

Le deuxième jet de feu atteignit les couches inférieures de l'épiderme attaquant les muscles, les os et les viscères. La peau de Will Smith devint blanchâtre, cartonnée, indolore, les terminaisons nerveuses ayant été détruites. Par endroits, les tissus étaient carbonisés et viraient au noir. Toutes les parties du corps se consumaient. Plus aucun son ne provenait du supplicié. Les cordes qui retenaient l'acteur par le haut cédèrent et son cadavre se détacha de la croix. Il pendait par les pieds, la tête en bas. Il était mort, brûlé vif.
Crotale avait bien négocié mon cachet et se frottait les mains en pensant aux retombées commerciales de l'opération. Evidemment, la vidéo ne pouvait pas être protégée et devait circuler librement sur internet. Par contre, les produits dérivés se vendraient comme des petits pains avec les vocations que j'allais susciter. J'avais tout simplement propulsé la haine raciste en première division, reléguant les films russes -quelques amateurs passant à tabac des immigrés dans le métro moscovite- au rang de gentils chenapans. Lentar Dior et ses deux cornes. Le surhomme de la suprématie blanche. Un putain de business se profilait. Hot me rejoignit avec un drapeau de la croix gammé qu'elle passa autour de mes épaules J'ecartais largement les bras et les levais vers le ciel étoilé.
J'impose le respect parce que je peux tuer. J'obtiens la reconnaissance grâce à un potentiel terreur unique. Pour être crédible ou respecté parmi les hommes, il faut faire peur, vraiment peur. Si tu comprend ce que je veux dire, alors laisse moi t'aider parce que tu vois : la peur est mon affaire. Pour tout renseignement et/ou question complémentaire n'hésite pas à me contacter : lentar.dior@hotmail.com : Hot ou Crotale te répondront dans les meilleurs délais.


= commentaires =

Monsieur Maurice
    le 02/07/2009 à 20:15:16
Ça se voit immédiatement à la forme de sa bite.
Marquis
    le 02/07/2009 à 22:25:10
Non mais serieux, c'est quoi cette chute minable juste au moment ou ça commence à devenir intéressant ?
sinon le scénario pinaille pas mal sur des détails dont on n'a strictement rien à foutre, c'est dommage. l'écriture épurée passe passez bien, malgré quelques égarements descriptifs. Le tout se laisse lire tranquillement, après je pense que l'auteur sauras très bien juger du bon et du moins bon une fois le texte décanté. Et le reprendre, j'ose espérer.
Contre-paix

Pute : -2
    le 03/07/2009 à 00:18:08
Ah, c'traître, à partir du 5e chapitre j'ai pas pu décrocher. Vraiment sympa, ça mérite une critique.

Début du texte, montée lente en puissance ; au milieu, l'écriture la plus soignée et réussie (avec toutefois deux énormités qui cassent désagréablement la lecture : le kanyar et le balais de voitures...), avec une force d'évocation intéressante.
Le style est inégal, va du quasi-précieux au naïf, mais c'est un excellent reflet du personnage - effet qui ne dure pas, malheureusement.

Le texte se tient jusqu'aux chapitres 8/9, et jusque dans le chapitre 10 l'habileté avec laquelle l'action est menée parvient à faire oublier que la qualité du style baisse.

La fin, je vois pas l'intérêt de cramer will smith. Ça part dans tous les sens, et ça ne plane pas haut. Trop de banalités pour pas grand'chose (à part le cynique "vente de son potentiel de terreur", et encore). Ah oui, et les néo-nazis, c'était pas indispensable car trop classique.

Ceacy

Pute : 0
    le 03/07/2009 à 16:14:20
Fin décevante, dommage : c'était très bien parti, prenant et agréable à lire.
Et la fin arrive, sortie de nulle part.
Nicko

Pute : 0
    le 07/07/2009 à 16:18:16
Comme j'avais déjà lu ce texte, il ne me vient en tête qu'une question tout ce qu'il y a de plus con : à savoir si cette adresse mail existe et si des demeurés y ont envoyé des messages.
Marquise de Sade

Pute : 0
    le 09/07/2009 à 23:32:38
J'aime toujours autant, sauf la fin vraiment très nulle.

Ce texte aurait mérité de gagner toutes les saints cons.
ange-pauline
    le 11/07/2009 à 19:29:15
c'est décevant
j'ai trouvé le début vraiment excellent, avec le petit détachement qui fait attendre des trucs dingues et savoureux
mais finalement ça s'englue dans le rien, et ça s'arrête alors que ya pas encore eu d'histoire
je trouve ça bien écrit, accrocheur et tout, mais finalement le seul truc que je me suis dit après avoir fini la lecture c'est "oui et ?"


"je pense que l'auteur sauras très bien juger du bon et du moins bon une fois le texte décanté. Et le reprendre, j'ose espérer."
Lunatik

Pute : 2
    le 06/09/2010 à 22:23:25
Qu'est ce qu'il morfle, ce pauvre Will Smith, dans les textes de Lemon...

Bien aimé cette réflexion, faite comme en passant :
"Il ne formulait pas d'hypothèse sur ses ravisseurs, il ne cherchait pas à s'échapper, il attendait qu'on vienne le délivrer. Parce qu'à un certain stade de réussite personnelle et sociale tu n'arrives plus à concevoir l'échec."
Et la manière d'amener le fascisme sur le tapis, sans justification, qui m'a pris un peu par surprise, du coup.

Quant à la fin, elle ne m'a pas ébloui mais pas déçu non plus. Elle est dans l'ordre des choses, en quelque sorte, dans la logique de l'univers du texte.
Lunatik

Pute : 2
    le 06/09/2010 à 22:25:59
J'ai oublié de dire que, comme dans la plupart des textes de Lemon, je trouve l'univers planté de manière assez chiadée et donnant toujours envie d'en savoir plus...

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