Le jour se lève sur une désolation sans nom.
Une aube grise et sale forme une sombre chape sur des enchevêtrements de corps désarticulés.
La mort étend ses longues mains aux doigts crochus dont les griffes acérées tracent des sillons sanglants sur des hectares de terre remuée indéfiniment.
Rien ne perce la teinte uniforme de ce ciel délavé.
Le corbeau croaille en observant ce macabre spectacle. Cette vision d'humanité perdue est une boucherie grotesque dont les enfants de la Patrie sont les pantins. On ne distingue plus les hommes d'avant. Leurs rires se sont tus et on ne discerne, dans ce grand vide, que les croassements du volatile, perché sur un arbre souffreteux et criblé d'éclats. Végétal torturé et témoin d'un siècle agonisant.
Les cratères fumants ordonnent des irrégularités sur le champ d'honneur. Des mares d'eau croupie tapissent quelques ornières et on remarque, à une centaine de mètres, l'église du village en ruine. Le pan gauche de la nef est planté tel un monument dédié à la barbarie humaine.
Le corbeau esquisse un semblant de satisfaction tandis qu' un éclair glisse furtivement sur son oeil noirâtre et fixe. Les canons se remettent à tonner dans le lointain.
Ce mois de février 1916 entame une débauche de cruauté indicible de huit mois discontinus.
VERDUN.
Le vingtième siècle commence et, de mémoire d’hommes, sera le plus meurtrier de l’Histoire.
Dans un bruissement d’ailes, le messager de la mort prend son funeste envol.
D’autres champs de bataille l’attendent.
D’autres souffrances.
La mort industrielle.
L’extermination de masse.
Génocides.
Le corbeau ne représente plus qu’un infime point dans l’horizon.
Puis il disparait.
LA ZONE -
Passé et présent se mêlent souvent pour contrecarrer le futur...
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Quel merveilleux texte ! Merci pour l'illustration qui l'honore. C'est un récit mineur que tu as choisi !!! La Zone aime le médiocre. Ca tombe bien, j'en ai d'autres !
N'hésite pas, on a une très grande poubelle.
"Le corbeau croaille"
Très drôle, merci! Ça détend.
Sinon, si ça se voulait sérieux, bah... il y a une idée, il y a un lexique potentiellement intéressant, mais ça reste plat. Dommage.
J'avais un très gros doute aussi sur le corbeau croaille, mais s'était joli, comme de la poésie absurde. Comme de la merde ouais.
ouais, bordel, le corbeau, il croaille pas, il croasse. il peut aussi caquetter à l'occasion mais seulement quand on l'encule.
Ignares et incultes personnages ! Croailler existe !
Ah oui, je veux pas dire, mais sur ce coup vous auriez dû fermer vos gueules :
"Le corbeau, lat. corvus, peut corailler, crailler, croailler, croasser, grailler"
Plug and play, disponible en noir.
commentaire édité par Strange le 2008-7-6 16:29:44
Vivement le prochain texte de Zaroff, qu'on apprenne un nouveau mot !
Je pensais y fourguer "borborygme" ! Mais vos cerveaux supporteront-ils le choc révélatif de la Culture ?
Ouhla, pas trop d'un coup quand même, on est des êtres inférieurs nous, si c'est trop compliqué on retourne jouer à WoW.
Attention ou je te transforme en sheep !
oui, bah, eh bien j'ai trouvé ça tout à fait nul. Enfin, surtout les deux premières phrases. Surtout la première, en fait. Oulah, oui, surtout surtout la première. Ah mais la deuxième aussi. Je crois que même si tout le reste tuait sa maman, rien que pour ce début, je trouverais ça nul. Au reste, c'est pas comme si la suite tuait sa maman.
C'est vrai que la première phrase est nulle. Et ça saute aux yeux, vu que c'est la première phrase. Comme quoi.
Zaroff : au temps pour moi. Je te dois un tube de vaseline pour avoir étalé mon ignorance sous les yeux de ta culture.
D'ailleurs, je ferme ma
Je crois bien que ce corbeau ( d'ailleurs un inconditionnel impondérable de l'univers néogothoadolescentochiant ) m'a donné envie de me faire une poule.
Ce texte.... ce texte, alala. Ce texte me fait voir une lumière bleutée, intense qui ressemblée fortement à un raz-de-marée électrique, en fait.
C'est peut-être un court-circuit dans la molette de ta souris ?
J'aime quand on me cite, asa je te fais les fesses quand tu veux
C'est bien écrit. Euh... c'est ni bien ni mal.
Rien d'autre à dire là dessus.