J’en vois un qui se fait boulotter de manière spectaculaire. Au moment précis où le squale se jette sur lui il est propulsé au dessus des eaux et on voit son corps se disloquer, se sectionner plus précisément et lorsqu’il retombe dans les eaux, la partie supérieure dont la tête et son rictus étrange et compréhensible est emportée sous les eaux tropicales tandis que la partie du bassin et des jambes fait l’enjeu d’une lutte acharnée entre deux requins tigres qui se manifestent soudainement dans un bouillon écarlate.
Pendant ce temps, une cancéreuse fraîchement débarquée attend que je redonne des couleurs à son teint épuisé et blanchâtre. Ce corps sera présentable pour la crémation. Je sais que les enfants chériront leur maman dans le funérarium. Ils se presseront tour à tour contre elle tel le mako qui vient de happer le marin philippin accroché à sa bouée qui tentait de s’éloigner en dehors de la zone d’attaque.
J’aime le bruit des morts. Ils sont sans aucun doute de meilleure compagnie qu’ils n’ont jamais été. Ils n’ont plus peur. Leur enveloppe me donne du fil à retordre parfois comme ce motard accidenté de la route qui a frappé contre un camion avant de se voir éjecté et de servir de surcouche à l’asphalte à une heure de grande circulation. Rouler sur une épaisseur de quarante centimètre de chair molle n’est pas si anodin qu’on puisse le penser. Bien sur après deux ou trois voitures, la chair est plus tendre et à la fin c’est à peine si on s’aperçoit que l’on vient de rouler sur quelque chose. A moins qu’on se chope le crâne. Ma spécialité, c’est de les rembourrer pour laisser à penser que quelque chose d’intact reste à l’intérieur de ces pauvres hères. Celui là, je le considère comme mon chef d’œuvre. Malgré le semi remorque qui est venu s’essuyer les gommes à plus de 90 kilomètres heures, il arbore encore le petit air d’un individu de type humanoïde. Bon, il ne faudra pas qu’une mamie pas bien au courant s’en vienne à trop le secouer non plus. Mais dans ce cas, je préviens les familles. On regarde mais on ne touche pas. Sinon venez pas vous étonner de devoir payer à la casse.
Le requin taureau n’est pas un mangeur d’homme. Il se nourrit habituellement de petits poissons, au mieux de mérous de belle taille. Néanmoins au milieu du carnage on en reconnaît deux ou trois se servir comme mon oncle Albert au buffet de fin d’année de son entreprise viticole. Sans modération. Le navire a eu apparemment un problème de surpoids, et il s’est mis rapidement a tanguer et à prendre l’eau. Peut-être que ce bateau de pêche ne pouvait pas supporter autant de gens à bord. Et si c’était bien un bateau de pêche, il ne se dirigeait sûrement pas vers un banc d’espadons tropicaux. A coup sûr des immigrants. Au moins quarante cinq prétendants à l’eldorado occidental se débattent en gigotant pendant qu’une vingtaine de sélaciens agissant en meute se pourlèchent les babines d’aise.
Ma préférence va sans nul doute au requin blanc. C’est un animal qui ne se déplace pas pour rien et il le démontre encore. Je me targue d’être observateur et malgré la piètre qualité de la vidéo, avant de devoir m’atteler à scier le thorax d’un homme qui a eu la tête tranchée d’un coup de hache pour une place de parking, je constate qu’il a déjà transformé cinq types en charpie. Les morceaux de viande de leurs membres flottent tout autour de lui tandis qu’il se pavane en jouant tel son cousin le dauphin avec un ballon dans un bassin à touristes.
Quand je pense à toute cette brave populace basané qui n’aura pas eu la chance de se reposer dans ma morgue remises aux normes de la communauté européenne, je suis un peu perplexe sur la justice entre les hommes. Ici il y a tout un arsenal d’accessoires en inox qui vous remettent en place un nez cassé à coup de matraques dans une manif ou de magnifiques maquillages qu’on applique sur l’épiderme de ces demoiselles qui se font brûlées vives dans les cités et qui leur rendent un peu de leur aspect de poupée sexuellement consommables. Peut-être qu’après tout quelqu’un pourrait en profiter quand je m’absente le soir. Il y a des rumeurs.
Les gens adorent les rumeurs. Et à ce sujet justement, il parait que la plupart de ces vidéos sur le net sont bidonnées pour effrayer le chaland et que ça fait un bail que les requins blancs ne mangent plus d’homme depuis qu’on leur a dit qu’ils étaient pollués aux OGM. De nos jours, on pourrait faire avaler à l’humanité n’importe quoi qu’il paraît.
Pas aux requins.
LA ZONE -
Tous ceux qui ont mis les pieds sur ce navire chaviré dans les eaux de l’océan indien auront donc fini bouffés par une cohorte de requins et n’auront conséquemment pas eu la chance de connaître le nid douillet de ma morgue. Je regarde sur you tube la vidéo amateur difusée initialement sur CNN. C’est un document pour spectateur averti comme le dit un bandeau traduit pour la version française.
= ajouter un commentaire =
Les commentaires sont réservés aux utilisateurs connectés.
= commentaires =
Ca ressemble à du sous Brussolo non ? "Baignade accompagnée" sauce zonesque !
Toi je sens que tu vas être un gros lourd. Super la comparaison totalement aléatoire. Comparer ce texte à ceux du Maître, faut vraiment avoir des problèmes de connexions synaptiques à tous les niveaux.
Il paraît qu'au contraire ils prennent goût à l'homme depuis qu'ils ont de plus en plus souvent l'occasion d'en déguster par erreur du simple fait qu'il y a de plus en plus de baigneurs.
Bon, ben, je ne sais pas où ça voulait en venir, mais ce texte ne mène nulle part. Il a un côté note de blog plus que surnuméraire.
Moi j'aime bien. L'alternance entre la vidé et le boulot est bien foutue et agréable, même si sur la fin elle pourrait être plus marquée.
D'ailleurs, pour la fin, la pseudo morale coupe trop le rythme et le style, ça gène la lecture, et le style du texte n'est pas du plus fluide.
Mais c'est quand même cool.
Et la psychologie du personnage est trop superficielle, tout comme l'est le ton du texte. On a l'impression qu'il fait ses courses.
J'ai l'impression que c'est le bordel dans ma tête.
Brussolo est ton Maître ! Pas tous ses romans quand même ? Le chien de minuit n'égalera jamais Krucifix !
C'est très bien, le motard écrasé m'a fait rire.
C'est drôle et frais, j'emmerde ce résumé de connard blasé.
youpi, on fait dans le journalisme aleatoire maintenant ? ok , on prend le dico, on ouvre une page au pif et on fait une grande investigation de fond.
je peux pas mieux dire que Aesahaettr. J'ai bien ri, j'ai tout dévoré, même si je l'avais déjà lu.
C'est justement parce que le gars raconte ça comme il ferait ses courses que ça me plait.
Peut-être que c'est la fatigue, mais ce texte ne m'a offert aucune émotion, n'a suscité aucune réaction de mon cerveau ou de mon sexe.
PLat, c'est tout ce que je pourrais dire. L'écriture est pas dégueulasse, du moins rien ne m'a choqué. Le vide absolu avec une pointe forcée sur la fin. Après, c'est une question de goût, mais le genre de final en
"De nos jours, on pourrait faire avaler à l’humanité n’importe quoi qu’il paraît.
Pas aux requins."
Je trouve ça lourd au possible.
J'aurais préféré danser avec un chien de prairie.
moi aussi j'ai bien aimé. ce texte contient tout ce qui me plaît : une histoire banale, un style plat (mais pas emmerdant), et un contrepoint très léger. pour un fois, voilà un texte court qui n'a pas l'air incomplet, et qui ne frustre pas.