- J' y perdrais mon honneur. Je te demande de me conduire au royaume de Gorre, et tu me dis que tu ne le feras qu'à la condition que je monte dans ta charrette. Un chevalier ne voyage pas en charrette. L'honneur j'y perdrais ! Je ne dois rien entreprendre qui sur moi jetterait l'opprobre.
- Seigneur, veuille considérer ceci : aucun homme d'honneur ne peut atteindre l'immonde royaume de Gorre. Si tu persistes, blanc chevalier, tu t'égareras à jamais dans cette forêt. Monte dans la charrette, et avant demain à Gorre tu seras.
Le pur chevalier regarda la charrette. L'homme avait du y transporter des bestiaux : le bois était sale et puant. Comme il hésitait, le petit homme reprit :
- Tu sembles être déterminé à aller au royaume de Gorre, malgré que nul ne cherche à s'en approcher et que tous le fuient. Ta détermination, Seigneur, ce n'est pas ma charrette qui l'entravera. Ta conscience t'exhorte à ne pas monter dans la charrette, pourtant tu le feras. Monte maintenant, ne perdons pas de temps, le pont de l'Epée n'est pas juste devant.
Et dans la charrette, le pieux chevalier monta. Alors le petit homme fit avancer la charrette en la tirant. A l'arrière de cet attirail, le chevalier demanda :
- Quel est ce pont dont tu as parlé ?
- Deux ponts mènent à l'immonde royaume de Gorre : le pont sous l'Eau, qui n'est pas accessible aux hommes et le pont de l'Epée. La traversée est périlleuse mais tu le verras quand nous serons à destination.
Devant des chasseurs, la charrette passa, et les chasseurs rirent et se moquèrent en apercevant ce honteux chevalier. Des pierres ils lancèrent, elles se fracassaient avec bruit sur le bois de la charrette. Le noble chevalier ne put se résoudre à descendre et à les molester. Il savait qu'aux yeux du code de la chevalerie il était pareil à un paria.
- J'aimerai savoir, blanc chevalier, quelle nécessité peut te pousser à subir ces humiliations, vers quel but ton noble coeur tend t-il avec tant d'ardeur ?
- J'ai une dame à secourir. Et je ne puis patienter, tire donc plus fort que cette charrette se dirige plus vite vers sa cible.
- Connais-tu la devise du royaume de Gorre ? « Ce royaume dont nul ne retourne ».
- Moi, le pur chevalier, l’élu des Dieux, j'y parviendrai.
- Dis moi, quel est ton nom, Seigneur ?
- Lancelot du Lac.
- Ton amour pour elle doit être grand pour que tu endures ces sacrifices.
- Ce n'est pas ma dame. Pas encore.
- Te voilà au royaume de Gorre, blanc chevalier, le Pays sans retour. Tu y entreras par le truchement du pont de l’Epée.
Félon passage était le pont de l’Epée. La voie avait la largueur et le tranchant d’une épée. Dessous la rivière déchaînée semblait vouloir happer quiconque tenterait de franchir le filiforme pont. L’eau grondait, noire et épaisse, violente et lourde, tant laide qu’épouvantable.
- Chevalier, si dans cette eau tu tombes, jamais tes yeux le soleil ne reverront.
- Merci pour ton aide, petit homme.
- Tu es protégé des Dieux, Seigneur, je le sens. Mais prend garde, il est des lieux ou la puissance des Dieux s’égare.
Lancelot s’élança prudemment sur le pont de l’Epée, à quatre pattes, pareil à un chien, pour ne pas tomber. A chaque mouvement le tranchant entaillait ses mains et ses genoux. Le sang s’échappait comme les meurtrissures se creusaient dans sa chair. Mais jamais le blanc chevalier ne songea rebrousser chemin. Là, sur l’autre rive de ce maudis fleuve, était enchaînée Guenièvre. Il pensa à son doux visage, et son cœur fut empli de courage. Il redoubla d’effort et parvint à franchir le pont. Il ne s’accorda de pause que pour panser ses blessures.
Lors vit devant lui une cité vide entourée d’une étrange brume. C’était Bade, grande ville du royaume de Gorre et pourtant vierge de toute industrie humaine. Nulle âme ne semblait y vivre, mais loin Lancelot vit une tour rougeoyante d’où une fumée noire s’échappait, et il y sentit la présence du terrible fils du roi Baudemagus. Ce fils si cruel que nul son nom ne connaissait. Le chevalier s’élança vers la tour et l’atteint rapidement.
Il aperçut un grand homme sur les escaliers qui menaient à la petite porte de la tour.
- Ah, je vous attendais. Venez, venez.
Lancelot sortit son épée du fourreau et s’approcha de l’homme habillé de noir qui l’attendait sur le seuil. Il était couvert d’un grand vêtement et sa tête d’une capuche noire. Seuls ses grands yeux noirs étaient visibles. L’homme sur l’épaule du chevalier posa sa main brûlante comme une braise et dit en souriant :
- Vous êtes un des plus fous chevaliers du monde ! Vous êtes de ces nobles chevaliers errants, probablement le plus noble, de ces chevaliers qui vont flânant par tous pays, faire le bien par les bonnes actions et qui finissent par mourir de faim et de misère comme des bêtes au détour d’un chemin.
Lancelot dégagea son épaule, il n’aimait pas le ton de cet homme. Le poison sortait de sa bouche. Le timbre de sa voix était vil et sale.
- Que veux-tu dire ?
- Qu’aucun autre chevalier n’a osé venir ici, délivrer Guenièvre. Pas même le Roi Arthur. Le Seigneur Gauvain a tenté sa chance, mais n’a pas pu franchir le pont sous l’Eau et n’a pas eu le courage de passer le pont de l’Epée. Il a fait demi-tour, judicieusement, car ce n’est pas lui que j’attendais. C’est vous, Lancelot du Lac. Vous n’êtes pas comme les autres chevaliers, plus noble est votre esprit, plus pur est votre cœur. Vous avez plus de courage et de force en votre âme que le monde entier n’en n’a. Et pourtant, je le sais, cette même âme souffre. Elle crie intérieurement… Guenièvre ! Guenièvre !
- Tais-toi! Pourquoi l’enlever ? La Reine de Bretagne ! Mène-moi à elle et je t’estourbirai ensuite !
- Vous pouvez prendre Guenièvre. Elle ne m’intéresse pas.
Lancelot se tut car le discours de l’homme n’avait pas de sens. Il remit son épée au fourreau, sentant que le péril n’était pas pour tout de suite.
- Dans ce cas, mène moi à elle, et gare à toi si son corps ou son âme tu as blessé.
L’homme accoutré de noirs affublements rit de bon cœur et poussa la porte étroite. Un vent d’air chaud brûla le visage du blanc chevalier et de la fumée noire ternit son habit. L’homme entra dans la fournaise, Lancelot le suivit. Il y avait tant de fumée qu’il était difficile de respirer et l’on n’y voyait rien.
- Est-ce donc dans cet immonde lieu que tu retiens ma dame ?
- Tous ici sont en exil et en servitude. Mais pour la Reine Guenièvre j’ai fait une exception. Elle est retenue dans la plus haute tour, loin de la chaleur infernale.
L’homme parlait bas et lentement pareil au serpent. Et il souriait constamment.
- Qui es-tu donc ?
- Je suis un mort solitaire, qui s'est réveillé. J'ai dormi, dans les ténèbres des forêts. Les bêtes, les hommes et les heures sont passés, sans me deviner. Et puis, une nuit, le vent est venu me réveiller car il a entendu loin le battement d'un coeur pur, l'écho d'une âme noble, car il a senti l'amour des Dieux et le courage du lion. Cela ne m’éveille pas. Mais le vent glisse "il est amoureux d'un amour que jamais il ne pourra combler". Alors je me lève. Et à me voir me lever, le soleil accélère sa course pour me fuir, car il sait que je suis réveillé. Dans la ville de Bade, au royaume de Gorre, le feu s’est ravivé, et la fumée noire que tu vois ici a recommencé à ternir le ciel. C’est ainsi. Viens, maintenant. Suis-moi.
- Tu n’as pas dit quel est ton nom.
Sans se retourner il répondit :
- Méléagant.
Et lorsqu’il prononça son nom des flammes jaillirent tout autour d’eux. Le feu inonda la tour de lumière rouge. Lancelot vit sur la longueur infinie des murs des corps suspendus, la chair calcinée, les yeux révulsés, la langue pendante. Il ne put compter les suppliciés tant ils étaient nombreux. Le retour des flammes les fit gémir tous ensemble et les corps remuèrent mollement. C’était comme si les murs bougeaient. Rien ne se pouvait comparer à céans.
Méléagant se mit à rire, et son rire emplit la tour, résonnant sur les murs. Un rire qui n’avait rien d’un rire humain, et Lancelot posa sa main sur le pommeau de son épée. Alors le fils de Baudemagus dit, tout bas :
- Bienvenu chez moi. Suis mes pas.
Méléagant gravit un étroit escalier qui grimpait le long d’un mur. Lancelot le suivit. Des suppliciés l’interpellèrent.
- Ais pitié, Seigneur, délivre-nous !
- Ton noble cœur ne peut nous abandonner à la souffrance éternelle !
Lancelot s’arrêta. Méléagant fit un geste de la main et tous les damnés se turent.
- Ne prends pas attention à eux, chevalier. Viens, Guenièvre est là haut.
L’escalier semblait sans fin. Et à perte de vue il y avait toujours plus de suppliciés sur les murs. Enfin ils atteignirent une petite porte que Méléagant ouvrit sans la toucher. Il y avait derrière un sombre couloir dans lequel languissait trois superbes femmes. C’étaient les plus belles créatures que Lancelot ait jamais vu. Méléagant dit :
- Guenièvre est dans la salle suivante… Mais ne te laisseras-tu donc pas tenter par ces femmes là ?
Les donzelles au poitrail dénudé entourèrent le chevalier. Il sentait leur parfum capiteux. Elles le touchèrent et soignèrent ses blessures. Méléagant semblait inquiet, et Lancelot ne comprenait pas quelle en était la raison. Les femmes continuaient de tourner autour du blanc chevalier qui sentit sa force faiblir. Leur odeur envahissait son esprit.
Brutalement il repoussa les créatures qui disparurent immédiatement.
- Tes sirènes ne me feront pas reculer ! Retire donc tes bordelières, j’ai juré de ne donner mon cœur juste et valeureux qu’au véritable amour dont la pureté n’a d’égal que la volonté des Dieux. Mène-moi à Guenièvre dans l’instant ou périt par la lame de mon épée !
Méléagant sourit et une porte s’ouvrit.
- Elle est là.
Dans la pièce, Guenièvre était assise sur le lit. Son visage s’illumina en voyant celui de Lancelot.
- Mon ami ! Vous êtes venu !
- Je vous laisse, dit Méléagant.
Il referma la porte derrière lui.
- Je vous aime tant, dit le chevalier en contemplant les formes accostes de sa Reine.
Ce fut elle qui l’embrassa, mais Lancelot ne se retira pas.
Dans la tour, Méléagant marchait la tête basse. Ses lents mouvements semblaient irréels, comme ceux d'un fantôme revenu de l'au-delà. Les dalles du sol se fissuraient à son passage. Ses grands yeux noirs brillaient dans l'obscurité. Soudainement un rictus son visage déforma. Il se prit à rire monstrueusement. Son rire faisait se gondoler les murs et glaçait le sang des suppliciés.
Il remonta en toute hâte les escaliers où se désolaient les damnés et il posa une oreille contre la porte. Rien. Le silence dans leur chambre. Il ouvrit lentement la porte. Lancelot et Guenièvre dormaient ensemble dans la couche. Le visage décharné de Méléagant se fit grave et il s'approcha des deux amants enlacés. Il se pencha et renifla l'odeur des draps et des corps nus. Puis sa main il déposa sur le ventre de Guenièvre. Sa main s’illumina quelques secondes, et il y eut comme une modification dans le ventre de la Reine.
Alors que Lancelot et sa dame dormaient paisiblement, Méléagant sentit le vent se glacer, même ici, au royaume des flammes éternelles. Dans les cieux éthérés, Ils venaient de le sentir. Méléagant posa son regard sur les amants. Il murmura :
- Vous qui êtes entré céans, vous auriez dû perdre tout espoir.
Il jeta un regard moqueur aux cieux puis se retira.
Lancelot se réveilla grelottant de froid alors que le soleil faiblard commençait à darder le ciel. Il se revêtit et prit son épée. Il poussa la porte. Méléagant l'attendait.
- Ton heure est venue, je vais t’occire. Dans quelques moments tu seras mort et je ramènerai Guenièvre à Camelot.
Méléagant s'approcha et murmura :
- Je sais que tu me veux meurtrir dans l’instant, mais écoute moi auparavant. Ah tu vas ramener Guenièvre... au Roi Arthur. Mais tu l'aimes n'est-ce-pas ?
Lancelot hésita. Plus sa bouche s'entrouvrait sans qu'aucun son n'en sorte et plus Méléagant souriait.
- Guenièvre redeviendra Reine, et je redeviendrai chevalier errant. Je l'ai aimée une nuit et ma vie est comblée. Arthur ne le saura jamais.
- Ah non ? chuchotait l’homme en noir. Peut-être n'en n'es-tu pas encore au courant, mais Guenièvre porte un enfant en son sein. Un enfant... de toi, Lancelot du Lac. Un enfant qu’elle ne pourra cacher. Un enfant qui va ruiner ton monde.
Méléagant s'approcha encore davantage et le chevalier pouvait sentir son souffle.
- Un bâtard... Un fils illégitime, qui déshonorera à tout jamais les tiens, la Reine, le Roi et le Royaume de Bretagne. Cette nuit tu as mis un terme à ta destinée extraordinaire en violant les vertus chevaleresques, toi qui par la volonté des Dieux devais être le chevalier blanc, le plus noble et le plus pur de tous, tu t’es livré à une union interdite. Sens-tu en ton coeur comme les Dieux t'ont abandonné ? Tu t'es déjà avili en acceptant de monter dans la charrette. Ton coeur noble est perdu, ta destinée prodigieuse est devenue maudite !
Lancelot fit un pas en arrière. Méléagant leva les mains au ciel et reprit, en criant maintenant, alors que le sol se mettait à trembler :
- « Au jour où le favori des Dieux par la faute leur fera affront, la prophétie sera rompue. Le siècle des larmes s'abattra sur les royaumes, le chaos et le déshonneur sur les hommes. Je me chargerai de la punition » voilà ce que j’ai prédit ! Du feu de la forge d'où je viens, Chevalier Lancelot, courre y brûler ton âme avilie. Ta destinée extraordinaire s'arrête ici, dans mon antre, dans le feu du feu. Par ta faute c'est à ton fils illégitime, ce bâtard, que reviendra la félonne quête du Graal. C’est à lui qu’il incombera désormais d’apporter aux hommes la lumière divine. Le futur je devine, Galahad, ton fils y mourra. Et tu le sais, car seul toi pouvais en réchapper. Tu as condamné ta descendance, ton sang. Met un terme à ta misérable existence maintenant, elle ne vaut plus rien. Regarde ces murs, regarde ces funestes flammes, entend ces souffrances, c'est le royaume de l'ombre, et rien n'est plus triste que tes yeux !
Dans la tour à perte de vue les flammes se ravivèrent. Tous les damnés furent brûlés et tombèrent en hurlant dans l’antre. Les yeux de Méléagant étaient à présent rouges, rouges comme le sang et comme les flammes qui l’entouraient et jaillissaient de ses mains. Sous les pieds de Lancelot, les dalles se fissuraient et des failles s’échappait une vapeur brûlante.
- Tu as semé la désolation, Lancelot du Lac. Et pour ce que tu as fait, il n’est pas de salvation possible.
Lancelot s’approcha des flammes. Son visage fut balayé par un ardent souffle qui glaçait l’âme. Il pensa à ce qu’il avait fait, au malheur qui se répandrait à Camelot lorsqu’on apprendrait la grossesse de la Reine. L’œil torve de Méléagant le suivait dans son dos. Les flammes se reflétaient dans ses yeux vitreux. La tour entière tremblait si fort que des blocs de pierres se détachaient des murs et s’écrasaient tout autour d’eux.
- Les Dieux n’épargneront pas ta descendance, ils n’épargneront pas le Roi Arthur et les chevaliers de la Table Ronde, ils n’épargneront pas la Reine Guenièvre, ils n’épargneront pas les hommes. Ils sont en colère. Toute la destinée des hommes est brisée en cet instant, et par ta faute, Excalibur ne luit plus, les remparts de Camelot s'effondrent, la fée Viviane qui t'a tant aidé ne reviendra plus, les barbares envahiront le royaume et pour longtemps ce sera le siècle de l'ombre.
Guenièvre qui avait tout entendu s’était écroulée à genoux, une main sur son maudit ventre. Lancelot lui jeta un dernier regard puis fit un pas de plus et le feu s’enroula autour de lui.
Méléagant ne sourit pas lorsqu’il vit le chevalier blanc dévoré par ses flammes infernales. Lancelot se tordait de douleur dans les flammes. L’éternité ne serait pas de trop pour le châtier dans ce feu que Méléagant avait attisé spécialement pour l’élu des Dieux. Et maintenant sa chair et son âme étaient flétries par le mal et ce à jamais. Ce n'était pas le feu purgatoire, le chevalier ne s'y dissolvait pas, il continuait à y souffrir. Ses cris résonneront à jamais céans.
Méléagant se retourna lentement vers la Reine Guenièvre dont le visage ruisselait de larmes.
- Retourne à Camelot y apporter la malédiction que j’ai forgée. Dis leur que je suis réveillé.
Je suis réveillé. Après des éternités à reposer à même la terre au plus profond de la plus profonde des forêts, après des siècles de paix dans le cœur des hommes et de bonheur sur le monde, je suis réveillé. Lorsqu’une âme courageuse hurle de malheur, lorsque son noble esprit s’embrume dans la folie ses limbes, lorsque se lève le vent, lorsque la puanteur de la désolation envahit les ruelles crasses et les narines de l’humanité, je suis réveillé. Et dans les tempêtes de feu d’où je viens, le chancelant monde des hommes je ferai retourner, moi, prince du royaume de Gorre, fils du roi Baudemagus, et la prophétie des Dieux pour toujours sera anéantie.
Bêtes maléfiques, orages déchaînés, ténèbres et créatures, veuillez m’annoncer. Je suis réveillé.
Bêtes maléfiques, orages déchaînés, ténèbres et créatures, veuillez m’annoncer. Je suis réveillé.
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Désolé, j'apprécie l'effort, mais pour moi c'est total échec. J'aime beaucoup l'intro, très sombre, très mystérieuse. Au-delà rien.
Ne parlons même pas de Saint-Con. Comme pour le texte de Johnny, c'est presque par accident que cette nouvelle cadre avec le règlement. Passons là-dessus, le texte a surement réclamé trop de travail pour être simplement jugé à l'aune de la Saint-Con. Mais même en tant que tel, je trouve ça pauvre.
En fait ça me rappelle plein de trucs mais pas le cycle arthurien. J'ai sans arrêt eu les images du jeu vidéo merdique Oblivion qui me parasitaient la lecture. C'est pas par hasard, dans Oblivion aussi on a une espèce de royaume infernal abatardi, dans une longue tradition d'apauvrissement de la vision l'enfer. En tous cas on est bien loin des mystérieux territoires de l'au-delà celtique, cadres de quêtes initiatiques symboliques et complexes.
J'ai presque l'impression que cet épisode du cycle arthurien s'est mal encodé dans l'esprit de Nico, et qu'il y a vu l'enfer de Dante, le chateau de Dracula avec ses maîtresses vampiriques, le Mordor de Tolkien, l'Hadès d'Orphée et Eurydice. Mais sûrement pas le chateau du roi pêcheur ou celui de Méléagant. Même les écrivains chrétiens qui ont repompé le cycle arthurien celtique sont pas allés jusque là dans l'abatardissement (pourtant ils ont fait fort en introduisant la chevalerie galante et l'amour courtois dans la légende celte ou en remplaçant le chaudron d'abondance par le Saint-Graal).
Résultat, on se retrouve en face d'un Dark Vador de pacotille, avec yeux brûlants et rire satanique de rigueur, planté au milieu d'un royaume maudit bien manichéen et bien gogoth avec succubes et flammes en plastoc. C'est du niveau de ces RPG d'héroïc-fantasy de chiottes qui repompent péniblement Tolkien, qui repompait péniblement Dante qui s'inspirait de l'Hadès grec. Manque plus que Luc Besson pour produire l'adaptation à coups d'effets spéciaux pour finir d'éliminer tout ce que ça peut avoir de valable. C'est une relecture actuelle, avec les références de notre époque, ok, mais putain que c'est terne et prévisible à coté de l'au-delà celtique.
Bon passe encore, je suis pas un intégriste de la tradition arthurienne, même si je dois en donner l'impression. Mais par contre, l'écriture sape tout. Mauvaise imitation mal maitrisée du style médiéval, avec des tournures mal employées, un vocabulaire pas à la hauteur et des références mal digérées. Le style est plus proche de celui de Maitre Yoda que de Chrétien de Troyes, encore que Yoda parle dans un français correct, contrairement à Nico. Quelques exemples au pif :
"L’homme accoutré de noirs affublements"
"Rien ne se pouvait comparer à céans."
"les formes accostes"
"Au jour où le favori des Dieux par la faute leur fera affront"
Bref, ça passe pas du tout, on bute sur toutes les phrases. J'aurais vraiment préféré un style simple et passe-partout, parce que là c'est la marrade totale.
Céans Méléagant qu'on devient meilleur.
ok, donc ça c'est fait.
sinon le texte, bah d'habitude quand dans le premier paragraphe ya "moi, prince du royaume de Gorre, fils du roi Baudemagus", je vais pas plus loin. Là j'ai tout lu sans sourciller, avec oui cependant de grosses réserves sur les exagérations du style : genre les phrases Yoda, le matraquage de "céans" et "lors" et affiliés, ou les quelques phrases bateaux qui abaissent un peu le niveau général (par ex : "Il ne put compter les suppliciés tant ils étaient nombreux." bin oui)
mais sorti de ça, ça passe tout seul, ya un trip (peut-être original dans le contexte de la saint-con, beaucoup moins sinon), une ambiance, une histoire, ya du feu, ya une pute, mais on va dire que Lancelot était quand même un petit con.
edit : ah merde, nihil a copyrighté Yoda.
commentaire édité par Kwizera le 2008-4-11 18:11:56
"Du feu de la forge d'où je viens, Chevalier Lancelot, courre y brûler ton âme avilie"
je connasse la chasse à courre, mais ici... c'est pire qu'un WC à pédale franchouillard !
commentaire édité par Quelqu un le 2008-4-11 23:25:42
J'ai lu que le premier quart. Ca m'a fait penser aux Visiteurs, jacquouille menant la cariole et l'autre grande couille, le baron machinchose
Sauf qu'apparement le second degré est involontaire. Bon. La charette répété 15 fois et l'immonde royaume de Gorre asséné de la même façon avec les histoires d'honneur tu perdra ça m'a gonflé.
Au suivant comme dit la chanson.
Oh putain c'est pourri.
Je parlerai pas des références, puisque je suis un ignorant intégral pour tout ce qui touche de près ou de loin à la Rosbivie.
Mais la trame et le style m'ont fait plus de peine qu'une carcasse de scout (ou qu'un scout vivant, c'est négociable). L'intrigue suit le sillon moisi [mise à l'épreuve/triomphe du héros face à l'adversité/nouvel écueil/chute de l'éprouvé] et cède aux poncifs les plus lourdauds. Ça aurait pu être de la merde élégante, le style aidant ; au moins de jolies arabesques de fiente, je sais pas. Mais le style achève tout.
lépreux chevalier ! yippiiiie !
calembour lui l'mou powaaaa!
Cf Winteria. Me suis fait chier du début à la fin.
Je vous remercie, et dans l'ensemble je suis plutôt d'accord avec vous, je ne vais d'ailleurs pas tenter de défendre ce texte.
Pour la Saint Con, ne devrait t-on pas faire des textes courts et percutants, plutôt que des sagas interminables...
Pas le temps de lire et de donner un avis.
ascenseur au fond du couloir à droite, le bouton rdc...
attention, vous perdez la moitié de votre farde !
Hahaha le royaume de Gorre, hahaha.
Ah non ? C'est pas une blague ?
Dommage...
Mais putain le royaume de Gorre quoi.
Ah ben ça j'y peux rien... autant les autres reproches je veux bien, autant c'est pas de ma faute si Lancelot s'appelle Lancelot.
Pute.
Comme les autres : style à balancer, histoire longuette et bancale.
J'aime bien ce qu'a dit nihil sur "relecture actuelle blabla", après réflexion, le texte me donne l'impression d'avoir été passé à la javel, et tout les détails sympathiques, historico-fabuleux se sont barrés pour laisser des lignes directrices ternes et des personnages caricaturaux.
Surtout en plus que moi, la légende Arthurienne, je suis pas du genre à déconner avec.
On a l'impression de faire une putain d'aventure dont vous êtes le héros mais en pire.
J'arrive pas, désolé, je peux pas lire ça. Trop lourd, trop terne, trop massif.
De même, en plus le pseudo de l'auteur sous-entend une teutonne frigide qui glapit " To aaaall tomorrow'zzzz partiezzz " ça m'excite, je veux son cul sur une pique en viande.
Ah, toi aussi, les broches de döner, ça t'a toujours excité ?
Quelqu'un pourrait me faire un mot d'excuse ? J'arrive pas à finir là. Dès que je tente ça fait "blablabla" dans ma tête et c'est très désagréable.
Par " pique en viande " je sous-entendais " bite " en fait, mais l'image d'une femme que je ferais tourner sur ma bite et contre un radiateur brûlant m'inspire en effet au plus haut point.
Un mouton également.