Elle est sinistre cette file indienne, toute fatiguée et usée qu’elle paraît, ça transpire la frustration dans les rangs. Ah, c’est l’heure de mon inspection. Je ne risque rien avec ces types qui rentrent du travail, ils ne font que baver, il leur manque l’énergie pour passer à l’acte. Un, deux, trois, oh tu es bien vilain toi, quatre, quatre appétits concupiscents, quatre œillades obscènes, quatre vits à l’étroit dans leur costume, quatre porcs qui se retournent.
Un verre, qu’il me demande, mon pauvre ami regarde toi, tu as l’âge d’être mon père, non merci monsieur, je lui réponds. Les vieux non plus ne me font pas peur, pour peu qu’ils ne soient pas saouls. Je dirais presque qu’ils m’attendrissent, et je leur réponds avec la déférence d’une gamine envers un aïeul. Ca les vexe un peu, je crois. Cinq.
J’aperçois un groupe de jeunes branleurs tandis que je m’approche de l’escalator. Il n’y a rien de pire que les groupes, si ce n’est les groupes saouls. Cela fait quelque temps que je ne sors plus armée. J’ai donné mon couteau à un ami qui en avait davantage besoin que moi, mon cutter a péri sous la rouille, et ma bombe lacrymogène s’est mystérieusement volatilisée. Je sais que ces protections sont autant d’armes à retourner contre moi, mais quitte à en arriver là, je veux y arriver morte.
Le groupe m’a repérée, ces singes m’appellent, mais je ne m’arrête pas. En quelques instants, je passe du statut de charmante demoiselle à celui de grosse pute. Salope, je te parle, qu’il me crache, arrête toi sale pute, ajoute l’autre, et ils me rattrapent. Pouffiasse. Salope. Pute. Ils m’arrêtent, je joue les gentilles connes, je ne vous avais pas entendus, j’ai mes écouteurs sur les oreilles, regardez. La gentille conne, ça je sais bien faire, mais ça ne fait que retarder le moment où ils s’indigneront, quoi ? Tu n’écartes pas les cuisses devant ma toute puissance, pute ? Je te baise moi, tu te prends pour qui ? On va te montrer nous, tu vas voir comment on va te montrer.
Pouffiasse. Salope. Pute. La peur me tord le ventre, c’est comme un détonateur, j’implose et je suis nausée, je suis dégoût. Velues leurs mains, grasses et velues, poisseuses d’honorer leurs bites maculées, elles transpirent la crasse des hommes, des porcs. Ils me menacent de leurs schlagues pleines de foutre, ils veulent m’infecter, avec leur écume ils veulent me salir. Ils me contaminent déjà avec leurs injures, ils vomissent sur ma dignité, ils sont en train d’anéantir ma grandeur avec leurs visages bouffis par leur désir de bêtes, et ils me regardent, ils suintent sur moi avec leurs yeux impropres. Je suis résignée, il est trop tard, je suis déjà souillée. Faites ce que vous voulez de moi, porcs, roulez moi dans votre fange, je ne suis rien, j’abdique, je capitule, je vous abandonne mon honneur. Pouffiasse. Salope. Pute. Je suis bien trop silencieuse pour vous, il faudrait que je cogne, que je m’agite et que je fasse étalage de ma faiblesse pour contenter vos egos de couards, à plusieurs vous bousculez, vous brusquez et crachez. Je vous connais par cœur, vous êtes tous semblables, verrats. Oh vous ne ferez pas grand-chose ce soir là, vous ne parvenez pas à bander sans les larmes, sans les cris, sans la pornographie, je ne suis pas divertissante.
Vous partez, vous me laissez dans la traînée de vos dernières injures, on lui a fait son compte, que vous pensez, elle n’oubliera pas, cette traînée. Vous êtes tous semblables.
Cinq et un groupe, ce soir.
LA ZONE -
Ce qu’elle est grande, cette station, et il n’en fini plus ce couloir. Il y a foule malgré l’heure tardive, et je croise la dernière cargaison du RER.
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'Tu n’écartes pas les cuisses devant ma toute puissance, pute ?', un instant j'ai cru que Glaüx faisait partie de la bande, d'ailleurs rien ne prouve le contraire. Sinon, J'ai vraiment bien aimé. A part quelques mots qui accrochent le pull, je trouve la chose sympathiquement écrite, pas que ce soit du grand art, mais ça vaut le coup. Une écriture simple qui abrite un texte tripeux j'aime ça ! L'autre raison pour laquelle ce texte m'a plu c'est qu'il m'a dérangé, pas choqué, dérangé, ceci parce que la situation décrite est de celles qui me font vomir. Oui, oui, je dis ça, je l'assume. C'est bien ordinaire, c'est bien gerbant. Pas besoin d'une description détaillée de la bite qui ronge le cul, la retenue outrée suffit. Que je dis.
edit : J'aime pas vraiment le grand art en écriture, le grand art d'un bout à l'autre d'un bouquin c'est comme un solo de Metallica en concert, de la virtuosité qui fait bander les singes et chier les les types comme moi.
commentaire édité par EvG le 2008-2-10 23:9:20
Moi ça m'accroche, l'idée que cela a pu être écrit par une fille ?
Bon, texte gerbant, je sais pas...encore que, non, finalement rajoute-moi dans la bande avec GLAUX.
"un instant j'ai cru que Glaüx faisait partie de la bande"
"finalement rajoute-moi dans la bande avec GLAUX"
Je bande du sacrum, là, tout de suite.
Vous êtes gentils mais si vous pouviez apprendre à parler sans obligatoirement dire "Glaüx" à un moment ou à un autre sur des sujets sans aucun rapport, ce serait chou, tas de merdes.
Le texte me satisfait pas pleinement ; il me satisfait pour l'ambiance générale, au sens où c'est aussi glauque qu'ordinaire et d'autant plus répugnant. Mais pas du tout sur le style. Trop de distance à mon goût, c'est comme si les insultes, les adjectifs et les phrases tout entières ne collaient pas aux sentiments et aux choses. Comme si c'étaient pas encore les bons mots. A mon oreille ça traîne entre la notation froide et la page de journal intime en fortissimo, mais c'est ni l'un ni l'autre.
Au-delà, y a des détails qui me gènent comme le "je suis nausée, je suis dégoût", la structure est cliché, en particulier. Mais c'est pas grave, ça.
De positif, y a aussi le jeu des discours qui s'imbriquent, paroles de la narratrice, paroles des autres personnages selon le cas en style indirect ou carrément en indirect libre assez bien maîtrisé : ça aide à la fluidité du texte et ça permet de mettre en valeur l'ambiance générale davantage que le fil du récit. Pas mal joué.
Je me tiens néanmoins à la disposition de qui veut pour de plus amples sodomies.
J'imagine qu'à la rédaction de ton dernier post tu as saisi que c'était bien parce que tu nous fais profiter de tes sodomites largesses que nous nous sentons, quand notre anus se referme, dans le besoin de t'appeler.
Ah oui et sur le texte, les langage des agresseurs est loin de ce que j'ai déjà pu entendre et de ce que je peux imaginer. MAis je me laisse porter assez facilement par le reste, surtout si je pars du principe que ces vils personnes proviennent d'une contrée mi-bourge mi-crasse.
20/20
J'ai levé les bras.
C'est fluide, c'est sale, c'est bien.
Levez pas trop les bras, ça attire les animaux lécheurs de nos phéromones, Pouffiasses. Salopes. Putes.
Le texte est très bien, il me rappelle la vie quotidienne des filles " mettables".
Hey mademoiselle? ça te dit une glace à la menthe?
hé ouech suce mon zob poufiasse...ce genre de choses.
En fait, elle veut arracher les couilles des mecs, sauf qu'elle ne sait pas servir de ses dents : tout le dictionnaire de la rime de la ZONE est réuni là.
L'idée, eût été d'adopter un autre langage, et là le texte prenait une toute autre dimension.A mon simple avis, le cul posé sur des chiottes remplies de merde.
Et en rajoutant,c'est un pote qui me l'a dit :
Le temps s'assombrit,
Car la chemise brunit...
commentaire édité par Lol47 le 2008-2-11 5:1:7
C’est toujours dérangeant les personnes qui se laissent souiller sans rien dire. Il y a un mal à l’aise qui s’installe là où il n’y avait que douceur et clarté avant de lire ou voir de pareilles scènes. Ça ressemble à un abandon du style : buvez mangez souillez et sodomisez ce corps livré pour vous. En rémission de quoi on se le demande. Une attrition forcée ? Ou un phantasme zoophilitique incontrôlable avec des porcs dans un couloir?
Mais si phantasme il y a , tant qu’à le perdre autant en profiter non ? Mais pourquoi ce mutisme ? Pour faire chier les phantasmes des autres ? C’est là que je ne comprends pas. Ce ne serait jamais arrivé dans le hall du Georges Cinq ! Alors la petite pétasse qui se pavane, aguiche, oui parfaitement elle aguiche dans un couloir, et décide de plomber la fête d’un groupe de djeunz ça m’écoeure! Au moins bouger un peu, dire des mots sales dans l’oreille, toussa. Faire au moins semblant pour faire plaisir ! Une chance pareille de vivre son phantasme ça se déguste violemment ! Enfin bref, c’est toi l’auteur de ce phantasme. Tu le vis comme bon et bien te semble. Mais je suis déçu, pas par le texte, mais par cette occasion que tu rates… Ha ça oui !
Bien aimé, fort bien raconté, une légère longueur sur la fin due au manque de relief dans l'avant dernier paragraphe. Mais c'est vraiment cool.
Eh moi j'ai trouve ca pas mal, c'est effectivement bien raconte.
J'aime pas trop le moment ou faut reflechir a la fin pour savoir vraiment jusqu'ou est allee l'agression, c'est un peu une ellipse pas necessaire, a moins que je sois con et que je n'aie rien compris (fort a parier).
Bref, en plus c'est court, et sans temps morts.
la stratégie de la victime rapelle une nouvelle de Dino Buzzti universellement connue. celle ou des prisoniers de lourdes peines doivent faire un discours face à la foule. si la foule aplaudie ils sont libérés. bien sur la foule les jettent et les renvoie à leur perpétuité rétentive. sauf un, un jour, qui dit "s'il vous plaît huez moi, sifflez moi, je ne veux pas sortir, je suis heureux en prison.....ect, il implore ...alors l'inverse se produit ; excédé la foule l'apllaudie pour ne pas qu'il soit heurux.
Il est libéré.
le faux des autres, titillez le, et vous obtenez le vrai pour vous.
banalité soutéraine est écrit par un écrivain vrai. merci.
Parce que son texte rappelle un texte considéré communément comme "littéraire" ?
Aaaaah.
non ! parce qu'il montre à voir la réalité de la connerie.
donne un chien à quelqu'un qui n'aime pas les chien, il râle. reprends lui, il ne veut plus le lâcher.
si tu vois pas le rapport c'est qu'il est ailleurs.
Aaaah les grandes lois de la doxa. C'est si beau. Remets-nous un demi, René.
Me fais pas fuir mon fan, y'a un lit trois place à la maison.
Copain.
doxa ?
Faisceau des lieux communs généralement admis, exprimés généralement en phrase marquée par une frappe gnostique massive, volontiers accompagnés d'une haleine avinée et d'un regard glauque de raclure de comptoir. Généralement maîtresse à la fois d'orgueil et de connerie, ce qui ne laisse pas d'être amusant en soi. Claudo.
comme ta skoda ?
j'ai du manger trop de pâtes aux chocolat, c'est vrai, t'as raison, un mec qui veut plus de sa meuf, un autre la reluque un peu trop du bout de la langue et voilà le largeur qui s'accroche à son ex, t'as raison il doit avoir choppé la gnostique massive ce gus ! T'as raison.
n'empêche, même pour un gros con, j'aime : vous ne parvenez pas à bander sans les larmes, sans les cris, sans la pornographie, je ne suis pas divertissante.
et sans la critique vous ne banderiez pas non plus.
Ha . je vois maintenant une autre face de toi . plouf-plouf.
sinon bien écrit , et poignant, découvrant ce texte après avoir communiqué seuleument.