Ils étaient douze dans les voitures et ils étaient en retard. Goran Pritska, qui réglait la note, leur avait commandé de rejoindre le restaurant pour 22 heures. A coté de sa propre tablée attendaient douze couverts inoccupés. 23 heures. Ils étaient 12 menés par Stravinsky, trois voitures, qui se garaient devant l'établissement dans un crissement de pneux sur le gravier. Ils descendirent tous, 4 hommes et 8 putes, et se scindèrent au seuil du restaurant.
Autour la table de Goran, une dizaine de personnes, tous des hommes, la trentaine passée, moins bien tanqué que lui. Lui, chemise noire ouverte sur son torse musclé, les cheveux argents coupés courts et les yeux gris. Goran Pritska ressemblait à un gros loup, un tigre-loup. A ses cotés Sweet et Nasty la garde rapprochée, le plateau de la soirée, un booker, quatre Djs allemands, un journaliste corrompu. L'ensemble du restaurant baignait dans une luminosité tamisée. Il fallait traverser la grande salle pour arriver au fond, où se trouvait Goran. Stravinsky et une partie de sa bande, seulement les putes, suivaient l'hotesse qui les menait à la table du patron. Les trois autres attendaient dehors. L'atmosphère était cotonneuse, ouatée comme un morceau de rêve. Stravinsky n'en menait pas large, les intestins noués il salua Goran avec un hochement de tête et un sourire crispé. Le patron savoura la mimique. La colère s'en allait, substitué par l'ivresse propre à la crainte qu'il inspirait. Il plaisanta pour accueillir les nouveaux venus. Les yeux gris et l'attention du tigre-loup se reportaient déjà sur les putains.
Les filles prirent place autour de la table vide : élancées, jeunes et fraiches, tout comme sur les photos que Stravinsky avait montré, au bureau du club, quelques semaines auparavant. Peut être qu'il était en retard Stravinsky, peut être qu'il ne savait pas s'organiser et que c'était un amateur, mais il fallait reconnaitre qu'il apportait de la chair tendre. Ces putes portaient le précieux nectar des débutantes : effluve de naïveté, parfum de l'innocence.
Golden était grande et blonde, elle paraissait douce, agréable, accessible et distinguée. Elles diffusait quelquechose de multidimensionnel, de la simplicité tonique mélée de sophistication, elle mixait la lune et le soleil, la neige, le sable chaud, elle lissait les antagonismes et mariait les contraires. A coté d'autres beautés la sienne prenait de l'envergure et s'imposait sans discussion, avec une évidence naturelle qui faisait de Golden une femme exceptionnelle. Goran était hypnotisé. Un instinct prédateur lui remontait des plantes de pieds jusqu'au sommet du crâne. Ni Stravinsky ni personne n'existait plus. Le charme de Golden l'absorbait tout entier.
Stravinsky restait debout tandis que les filles s'attablaient. Comme personne ne faisait plus attention à lui, il écarta le pans de sa veste et brandit deux P38 automatiques qui crachèrent leurs balles immédiatement. La poitrine de Goran explosa en une gerbe de sang, dechiquetée par le métal expulsé des canons. La puissance du double impact renversa l'homme en arrière, dans un raffut de chaise et de parquet. Il s'écroula lourdement, raide mort. Stravinsky tourna les flingues qu'il maintenait dans chacune de ses mains et visa Sweet et Nasty, les chiens chiens de Goran, ses lieutenants fidèles, assis à gauche et droite du patron assassiné. Une nouvelle paire de balles emporta leur âme vers les gouffres de l'enfer. Et deux cadavres suplémentaires s'écroulèrent de coté, jonchant le sol du restaurant, pissant à gros bouillons leur cervelle éclatée.
On aurait pu entendre des cris, des sirènes, des déflagrations, voir de la fumée, des vitres brisées, des femmes et des hommes paniqués. Mais rien de tout ceci ne se produisit. La totalité du restaurant demeura atone, interloquée, péniblement assise dans le silence troublé par les notes bleues d'une musique jazz. A la table de Goran, les DJs Allemands, leur booker et le journaliste s'étaient complètement pétrifiés. “Allez les filles, on y va “ commanda Stravinsky aux putes qui se relevaient et récupéraient leur affaires. Ils se dirigeaient vers la sortie, mécaniquement, et retrouvaient Arnold, Jonny et Kanfr sur le parking. “On va au club, on est parti” annonça Stravinsky.
Les 3 voitures démarrèrent dans un rugissement de moteurs, éblouissant la facade du restaurant des lumières blanches de leur plein-phares. Elles disparurent en direction de Faltkerk. Un vent marin bruissait dans les feuillages des arbres, les étoiles approchaient de la terre et rendaient la nuit claire. Et cette nuit là, venteuse et claire, était une nuit qui commençait.
2 - Le club
Il fallait frapper vite et fort. Quand votre adversaire plie et met un genoux à terre vous vous devez de l'achever immédiatement. Le Blitzkrieg, la guerre eclair pensait Stravinski, ne pas laisser le temps à ces salauds de comprendre ce qui leur arrivait, enchainer les actions les unes après les autres, abattre ses atouts, tout simplement. Le trajet entre le restaurant et le club nécessitait une dizaine de minutes. Les 4 hommes occupaient la voiture de tête et les 8 putes suivaient derriere.
Ce soir, le plateau réunissait la crême de la techno minimale allemande. Depuis quelques temps les productions d'outre rhin grimpaient en flèche et les DJs faisaient salle comble. 23H15 : pas mal de gens étaient arrivés en avance et stationnaient sur les deux cotés de la route, tout autour du club, l'oreille scotchée aux pulsations de leur autoradio. On prévoyait un maximum du monde. Un genre de frénésie électrique partait du sol et montait vers le ciel. L'attente avant le grand boum, les pailles, les poudres et les bouteille d'alcool. Les portes du clubs demeuraient closes, la queue s'allongeait, des groupes de gens remontaient parmis les voitures, des filles en mini, des mecs avec des crêtes, des portières, des phares et la fumée des pots d'échappement plus sombre que la nuit.
Le vieux, associé de Goran, gérait les parties juridiques et comptables de leurs affaires. Le vieux était chétif, les épaules en dedans, dégarni sur le haut du crâne, sapé comme un as de pique avec son jean informe, sa chemise hawaïenne et ses grandes baskets blanches. Le vieux vous regardait toujours par en dessous, avec un air obséquieux ou vaguement dilué. Les coups de colère et les accès de violence appartenaient à Goran, les coups tordus, les executions froides venaient du vieux. Goran figurait la force brute, le vieux anticipait les conséquences et effaçait les traces. Le vieux savait ronger son frein. Il passait les contrats.
Le club était situé dans une zone industrielle. En dehors de son enseigne lumineuse rien ne le distinguait des batiments voisins, bureaux et entrepots rectangulaires, aux doubles portes et aux rideaux de fer.
23h15, les putes se garèrent un peu à l'écart, à une centaine de mètres de l'entrée principale. La voiture de Stravinski poursuivi jusqu'à la grille qui fermait le parking immédiatement attenant à l'établissement. Ce parking était reservé au staff et aux artistes. Personne, ni voiturier ni autre garde, n'en contrôlait l'accès. Kanfr s'expulsa du véhicule pour ouvrir la grille qui coulissa dans un grincement de feraille. Ils contournèrent l'édifice et se rangèrent face à la porte de service.
23h20, les malabars de la sécu prenaient le café devant le point chaud, à l'intérieur du club, à l'étage : large passerelle fermée par une balustrade de métal qui surplombait la piste de danse. Le vieux égrainait les instructions pour la soirée et vérifiait les oreillettes. En contrebas, dehors, Stravinsky soulevait le coffre de sa voiture, il retira la couverture militaire qui couvraient deux sacs de sport longiformes. Faisant glisser les fermetures éclair il en extrait l'artillerie lourde : les fusils mitrailleurs et le lance flamme.
23H22 La porte de service était ouverte et Jonny, équipé du lance flamme, entra le premier dans les coulisses du club, suivi par Arnold, Kanfr et Stravinsky fermant la marche. Ils s'engouffrèrent dans l'escalier qui montait devant eux.
23h23 Le lance-flamme soufflait de longs jets brûlants, enveloppant le vieux et les portiers, crâmant la déco, le mobilier. Des formes s'agitaient, contorsionnées, trébuchantes, réduites en ombres clignotantes au milieu du brasier. Des cris sans doute, des hurlements mais couverts par les salves de la mitraille. Arnold et Kanfr s'étaient déployés sur les cotés de Jonny et tiraient dans les flammes. Un carnage, une élimination pure et simple, le vieux et toute sa sécurité étaient en train de se consumer, leur agonie fauchée par la morsure des balles. Du sang noir grassayait et une odeur de chair grillée se propageait dans les volutes de fumées asphyxiantes. Le feu prenait du volume et gagnait l'espace de restauration rapide. Derriere les platines et les bars, les techniciens et les serveuses s'étaient plaqués au sol, fermant les yeux et tremblant comme des feuilles au vent.
23h25 Retours dans les coulisses. Stravinsky vida son chargeur sur la serrure d'une portes verrouillée. Le bureau, de vieux ordinateurs, des étagères en fer, la sonnerie insistante du combiné téléphonique, un placard cadenassé. Stravinski flingua le cadenas. Les pains de coke étaient bien à l'intérieur empilés dans de grands sacs Tati. Au moins 20 kilos : la retraite au soleil. Arnold, Jonny et Kanfr l'avaient rejoins et tout les 4 retournèrent dans la partie publique du club. Le feu dévorait la passerelle, menaçant l'escalier qui descendait vers le dancefloor et l'entrée du public. Ils se précipitèrent. Les putes attendaient à l'extérieur, devant la porte principale.
23h27 : le club ouvrit ses portes dans un courant d'air âcre, Stravinsky tirait des coups de feu en l'air. Les détonations déchiraient la nuit. Une peur panique saisit la foule des clubbers qui s'éparpillaient dans tous les sens. Profitant de la confusion les putes récupéraient les pains de coke et les ramenaient vers leurs voitures. Leur talons claquaient sur l'asphalte alors que les premières flammes léchaient le toit du club et que de la fumée s'échappait des ouvertures.
3 - Le loft
J'attendais l'équipée au loft, au nord de Sancovis, dans cette nouvelle zone résidentielle où les villa poussaient plus vite que des champignons. Cette fois les gens plein de pognon quittaient le centre-ville pour s'installer au vert et puis dans le futur, quand la verdure deviendra trop pourrie, probablement iront-il habiter dans l'espace, sur une nouvelle planete ou dans une putain de station galactique. On croit que quand on possède du blé on a le choix et qu'on peut faire tout ce qu'on veut mais en réalité on passe son temps à fuir parce qu'on devient trop précieux pour rester peinard. A propos de pognon je pensais à mon compte banque et au gros sourire de mon banquier. Il m'inviterait probablement à tailler le bout de gras dans son bureau, pour me proposer des placements, des garantis, des assurances et toute la collection. En fait mon compte en banque ira se faire foutre et mon banquier avec, je savais déjà, moi, où dépenser ma thune et la faire fructifier.
Stravinski paru le premier, suivi des types qu'il avait engagé pour mener à bien l'opération. Il marchait droit avec son style rectiligne et hautain, ses pompes italiennes adhéraient au sol en ciment du loft, son ombre tirait sur le mur caressant le flipper et le juke box. On aurai dit une lame de couteau son ombre, une lame de couteau géante et effilée. Quand il arriva devant moi Stravinsky avait l'air absent, froid comme cette foutu lame qu'il figurait par tout les pores de sa peau pâle. Il me tendit une main. Je la serrais avec la même impression que si j'avais plongé la tête dans un fagot de bois seché.
“Prend toi une bière Stravinski, au frigo, servez vous les gars”
Stravinsky s'asseyait sur un fauteuil en mousse en face de moi, les autres se dirigeaient vers le gros frigidaire américain, dans le coin cuisine du loft.
“Ca c'est bien passé ?
_impeccable” me répondit-il. Il gardait les yeux mi-clos, il semblait réfléchir et n'ajoutait rien de supplémentaire. J'en savais assez de toutes les façons. Parce qu'impeccable, l'expression suffisait à elle même : ça roulait comme prévu et c'était tout se qui comptait. Pour l'instant c'était impeccable donc, il ne manquait plus que Golden se pointe et ça serai parfait.
Elle ne se fit pas attendre. Elle resplendissait dans une tenue décontractée, jean, basket et sweat à capuche blanc qui n'empêchaient pas sa beautée d'éclater au beau milieu du loft. Ni les hauts plafonds ni l'écart des cloisons ne réduisaient son effet. Golden était cette femme hypnotique et fatale, indifférement constante dans ce registre, du matin au soir, les yeux cernées, démaquillée, saoule, malade ou irritée, elle resterait toujours belle cette divine pute. J'avoue que je l'admirais plus que de raison. Sa classe avait quelquechose de rassurant, qui la rendait infaillible et je savais qu'une fois encore, alors que la situation imposaient du sang froid parce qu'elle pouvait vriller à tout moment, je savais qu'elle serait largement à la hauteur et même qu'elle franchirait la barre comme un putain de champion olympique.
“Les enfants ont été sage ?” elle demanda. 7 gaminots dormaient dans la pièce d'à coté, une pièce fermée qui servait habituellement de studio d'enregistrement, mais dans laquelle nous avions installé une demi douzaine de matelas. “Ils dorment à poings fermés” j'ai repondu. Avec la dose de somnifère que je leur avait administré en début de soirée c'était bien le moins. Je ne sais pas si c'est inquietant ou non mais les momes, moi, ca me rend sensible. J'ai beau déployer une muraille psychologique en beton armé pour rester pro, les gamins m'émeuvent et je me laisse attendrir. Je doit être receptif à l'innocence. J'essaie d'être gentil. J'envoie leur mere sucer des queues au bord des nationales mais je me sens le besoin vital de leur épargner toute cette merde, j'aimerai les preserver, qu'ils continuent de rever devant un DVD, qu'ils demeurent à l'écart du monde, qu'ils évitent de grandir. Qu'ils ne réalisent jamais que leur maman boufferait les dejections de leurs clients si je leur commandais. Elles en avaleraient des cuves. Une mère, tu lui confisque son gamin et elle te portera la lune. Ainsi vont les choses, c'est comme ça, c'est la nature.
“Et comment vont leurs mamans ? ” je demandais à mon tour. “Elles se préparent, elles assurent” confirma Golden. Bien sur qu'elles assurent. Cet aspect de l'opération ne me tracassait pas le moins du monde. Elles ingurgiteraient la cocaïne en boulettes et passerai la frontière avec la determination d'un barbare à l'aube du viol et du massacre. Elles s'enfonceraient deux kilos de poudre dans le cul, elles feraient n'importe quoi pour récupérer leurs momes ces connes. Elles découperaient le pape et Dieu le père, elles étaient pretes à tout..
“Tu nous fait goûter la cé ? “ je demandais à Golden. C'était comme si j'avais répété cette question pendant des siècles, c'était mécanique, machinal, c'était entendu. Golden extrait un képa de coke de la poche de son jean et le posa sur la table.
4 - La ligne d'arrivée
La coke est engageante parce qu'elle n'engage à rien. Elle te file un coup de main momentané, le sentiment de lucidité et de bonne composition temporaire, une illusion d'évidence. Dans un monde aussi incertain nous sommes les chercheurs d'or en Amérique Latine. On cherche l'étincelle. Chhuuuuit la mèche incandescente reliée à un barril de poudre. Il s'agit de préservatifs, il s'agit de baiser l'univers avec le feu de son esprit lumiere, sans prendre de risque, sans se bruler les ailes. A moins d'être un connard irradié par les conneries de la télé, de la religion et des autres discours ambiants tu ne refusera jamais un trait de coke. Un type sort un sachet à coté de toi et tu mord à l'hameçon dans la seconde, espérant vivement, demon au ventre, qu'il t'invite à sniffer. La coke file la pêche et rend la situation gérable sans pour autant te rendre complétement débile et te griller par rapport à ton entourage. Je veux dire que la coke ne te fait pas perdre le controle. Tu ne chantera pas à tue tête dans le rue et tu ne deviendra pas amnésique. Du moins jusqu'à un certain point, dans une certaine mesure et dans une certaine fréquence de consommation. Dommage que les indicateurs de niveau n'existent pas. Les alarmes de la cocaïnomanie hurlereraient dans la ville : individu intoxiqué, parano trop sur de lui, ultra imprévisible, déboule parmis les passants qui se croisent et qui filent.
Je tapotais le pochon de poudre ouvert au dessus d'un boitier de CD en plastique. Un tas de neige blanche se formait, avec des cailloux que j'écrasais à l'aide d'une carte bancaire. J'affinais la poudre au max. De cette façon elle penêtre plus vite dans les vaisseaux sanguins. Je traçais 5 traits épais.
Golden distribuait une feuille de papier qui trainait sur la table. Chacun en déchirait un morceau et roulait sa propre paille. Je tendais le CD à Stravinsky. Il se pencha dessus et aspira un trait. Puis Kanfr, puis Jonny, puis Arnold qui le fit tourner à Golden. Golden repoussa le CD au milieu de la table sans toucher à la poudre. Un éclair troublé traversa le regard de Stravinsky. Ce type possédait indéniablement des qualités. Je suis certain qu'il avait saisi notre intention avant de se lever, de se plier en deux avec un mauvais rictus, de tituber en toussant et en crachant au sol, de s'affaler, de se recroqueviller, de mourrir, assassiné par le poison qui coulait dans ses veines. Kranfr, Jonny et Arnold se répandirent par terre..
Golden me regardait comme si nous étions attablé à un diner de mariage et que c'était à moi de lancer un discours. Je devais prendre les choses en main, passer à la suite, faire avancer l'histoire. Je devais me lever de mon siège et trainer les cadavres encore chauds de mes anciens complices jusqu'aux grandes bâches pliées dans le jardin. Mais je restais posé là, assis dans le fauteuil. Pendant quelques secondes, un sentiment de plénitude saisissait chaque interstice de ma conscience. Mon avenir ressemblait à un orgasme. Les tropiques fonçaient à travers les océans et je sentais déjà l'écume des vagues venir lecher le bout de mes orteils. J'entendais le bruit du ressac, je voyais les lumières du soleil piquer la surface de l'eau. Ouais. Je passerai le reste de mon existence à siroter des cocktails, sur une plage paradisiaque, en compagnie d'une femme divine. Toute ma vie j'ai courru derriere les moyens de m'offrir les putes et la villa. J'ai grillé ma jeunesse, de combines en combines, de plans foireux en flambes inutiles, en trahisons et en déceptions multiples, j'ai consumé mes meilleurs années dans un nuage de sueur vaine. J'aurai ciré les pompes de 10 000 nababs pour concrétiser mon eden : luxe champagne et salopes dépravées. J'ai volé, j'ai trafiqué toutes les substances et j'ai posé des filles paumées sur le trottoir, sans jamais décrocher le gros lots parce qu'il y avait toujours un truc foireux pour empêcher ma fortune. L'alcool, la prison, les enculés en géréral. J'étais trop naïf, trop sensible, trop romantique pour devenir un vrai patrons. Avant ce plan avec Golden je cédais à la résignation. Je n'avais jamais brassé que du vent, des brises et des tempêtes. Et voilà que cette fois, je décrochais le jackpot : l'argent allait couler à flots et mieux qu'une brochette de starlettes siliconnées, j'allais m'installer avec la femme que je n'osais rêver. Pas une poule, non, une vraie belle femme, authentique et sublime, Golden. Une femme qui vous choisit et vous transforme en homme du monde. Je crois bien que là haut les Dieux on fini par s'occuper de moi. Ils ont considéré ma vie pourrie et ils ont inventé Golden.
Avec une créature comme Golden dans votre sillage les choses fonctionnent naturellement dans le bon sens. Stravinski, que j'avais rencontré en prison, me prenait pour un ponte. Forcement, il suffisait de regarder ma femme. Je n'ai pas mis longtemps à le convaincre de s'engager dans l'opération, lui et ses hommes de main. Des voyoux arrogants, de dangereux criminels qui seront bien mieux six pieds sous terre que lachés dans la ville. Je me levais et tirais les cadavres avec l'aide Golden afin de les emballer dans les baches. Un deux trois quatre paquets mous et longiformes qu'il fallait rouler dans la fosse que nous avions creusée. Un prochain terrassement eclipserai toute cette merde jusqu'au fond des abysses. Au dessus, dans le monde des vivants, on profitera d'une veranda.
Je relevais la tête apres un ultime coup de pelle pour tanner la terre au dessus des cadavres. Le sueur parlait sur mon front et coulait dans mes yeux. J'avais le regard trouble, corrompu par la sueur et par l'effort. Je n'ai vu qu'une silhouette et, plus distinctement, à quelques centimètre de ma figure, l'acier noir du canon. Golden tira et la balle perfora mon cerveau. Dans l'éclair du moment et dans l'intensité de la déflagration, j'eu une pensé pour les enfants. Je mourrais dans l'instant.
1- Le restaurant
Lorsqu'ils entrèrent dans le restaurant la tension était au max. Goran Pritska avait fait sonner le cellulaire, quelques minutes auparavant, alors que les trois voitures filaient dans la nuit, en bord de mer, entre Faltkerk et Sancovis. Il avait laissé éclater sa colère au téléphone : impulsive, soudaine et brève. De ces colères qui ne se dominent pas, une colère brute et barbare de taureau dans l'arêne. Ceux qui le cotoyaient craignaient Goran Pritska parce qu'ils ne lui connaissaient aucune limite. Il avait déjà ratatiné plusieurs types sur des mouvements d'humeur. Ils baisait ses serveuses dans la remise du club et dérouillait les videurs. Goran Pritska était un impulsif qui aimait se la donner et qui, dans le bouillant de l'action, ne savait plus se retenir. Stravinsky n'ignorait rien de ce tempérament. Il conduisait la voiture de tête quand il reçu l'appel. L'aiguille du cadran de vitesse dérapa vers la droite.
Lorsqu'ils entrèrent dans le restaurant la tension était au max. Goran Pritska avait fait sonner le cellulaire, quelques minutes auparavant, alors que les trois voitures filaient dans la nuit, en bord de mer, entre Faltkerk et Sancovis. Il avait laissé éclater sa colère au téléphone : impulsive, soudaine et brève. De ces colères qui ne se dominent pas, une colère brute et barbare de taureau dans l'arêne. Ceux qui le cotoyaient craignaient Goran Pritska parce qu'ils ne lui connaissaient aucune limite. Il avait déjà ratatiné plusieurs types sur des mouvements d'humeur. Ils baisait ses serveuses dans la remise du club et dérouillait les videurs. Goran Pritska était un impulsif qui aimait se la donner et qui, dans le bouillant de l'action, ne savait plus se retenir. Stravinsky n'ignorait rien de ce tempérament. Il conduisait la voiture de tête quand il reçu l'appel. L'aiguille du cadran de vitesse dérapa vers la droite.
= ajouter un commentaire =
Les commentaires sont réservés aux utilisateurs connectés.
= commentaires =
J'aime bien, c'est écrit comme il faut et on est très vite plongé dans l'ambiance. Cependant (et c'est là où je suis un sanglier) :
- pas très original, c'est quand même du déjà lu ou vu des dizaines de fois, autant dans l'histoire que dans les noms des personnages (Golden, Stravinski...) ainsi que pas mal d'expressions toutes faîtes.
- "le sueur parlait sur mon front" C4EST DAUMAJEU
C'est narratif, c'est moral, c'est bien. Pas transcendant, et pas très expurgé niveau fautes d'orthographe et de conjugaison, mais efficace et rythmé.
Cela dit, certes, on peut ne pas se sentir surpris par une histoire de truands s'éliminant les uns les autres, avec rêves de putes et de champagne sur un yatch à la clef. Être président de l'UMP, c'est quand même plus efficace. Plus long, sans doute, mais moins risqué. Et la conclusion se voit venir longtemps à l'avance, un peu comme certaine élecion présidentielle.
elecion! Ah ah !
moi je prefere les textes de merde, bien pourris et plus courts.
Parce que ca donne des commentaires bien plus interessants.
C'est sûr que c'est décevant, juste deux commentaires sur un bon texte comme ça. Mais ça change pas, un texte long et sérieux, c'est pas vendeur. A noter que Lemon A avait posté les quatre parties comme quatre épisodes, mais je les trouvais trop interdépendantes pour être isolées.
Le seul vrai reproche que j'ai en stock, c'est que ça se love dans les poncifs du genre sans jamais trop chercher à les bousculer. On reste dans les règles de l'art du polar, avec la fin relativement attendue.
Par contre, putain, belle réalisation. Ca se lit tout seul, ça déroule sans le moindre ennui, c'est la grande classe. Mention aux personnages (Goran et Stravinski), des bons gros stéréotypes, mais surtout complètement froids, inhumains et implacables, on dirait plus des robotos exterminateurs que des petites frappes à la Scorcese.
j'aime bien. Sans plus. La 3e partie me semble nettement plus faible, on la croirait écrit plus vite que le reste. Finalement le principal défaut est le deséquilibre entre les deux premieres parties très narratives et les deux dernieres où la reflexion du narrateur prend largement le dessus.
Sympa, j'aime.
Comme tlm, j'ai pas pus m'empécher de penser à tous les films mafiosi que j'ai vus et aux Tarantino's moovies, mais c'est plus une qualitée qu'autre chose.
C'est très bien raconté.
Les défauts :
- l'orthographe ramollit comme queue de PPDA dans certains paragraphe, et ça nuit au texte (imparfait utilisé au lieu du passé simple, ça m'a carrément fait décrocher tellement c'est pas naturel, "voyoux" AHAHAHAHA, etc, etc).
- j'ai pas vu venir la mort de Stravinski, mais après la mort du héros est tellement téléphonée que ça fout en l'air un tiers du texte.
Alors que le narrateur aurait pu raconter ses rêves avant d'empoisonner Stravinski et ses potes, les enterrer en une phrase (comme ça on a pas le temps de trop deviner) et se faire buter de suite. Fin du texte.
C'est une suggestion basique et assez moche...
Bref il y avait matière à faire mieux, mais c'était sympa à lire quand même.