LA ZONE -

Métro

Le 30/01/2008
par Kwizera, Aesahaettr
[illustration]     Dans le livre, il la présentait droite, debout cette ville, et dès que j’ai jeté mes yeux dehors il s’est trouvé toute une bande de hyènes pour y marcher dessus, m’éblouir de virgules et de bulles qui éclatèrent au ciel sans révérences. Il tombait une fine et mince pluie, bien la seule ici à être timide, à ne pas s’imposer d’emblée. Ça ne m’arrangeait pas lerche, moi, cette bruine… ça faisait qu’agrandir la distance, de là, à travers les océans…
L’éloignement me traînait quelque part dans le ciboulot et, tout en regrettant de n’avoir apporté mon parapluie, j’assemblai mes idées avec une grande difficulté, à la porte de l’hôtel. Je titubais de partir… ou pas… Le groom m’aida à me décider, d’un coup d’épaule entièrement prémédité où je sentais remonter une poussée d’hormones de la réussite. Une cage à oiseaux emplie de valises le précédait à la sortie de la porte d’entrée, sans se soucier de la logique. Il portait son costume de groom avec un sourire dans le coin gauche de sa bouche, exactement comme si ce cintre qu’il coinçait devant ses dents avait tenu de lui-même ses vêtements. On voyait, aux rattaches de sa joue avec les lèvres, des fosses communes se creuser, où rentraient se protéger du jour quelques zombies mal lunés. Sa lèvre supérieure, pour en reprendre la description, était retroussée comme des poches vides ; poches qu’on retrouvait par ailleurs sous ses yeux, lourdes de sable celles-ci.
    Je suis donc allé bousculer mon chemin parmi la foule. En arpentant mes pas au rythme voulu, je les remarquais chez de plus en plus de passants, ces fosses communes… Ils portaient tous les mêmes, et leurs zombies communiquaient par des galeries souterraines, et parfois reprenaient le dessus à la faveur de l’ombre d’un immeuble mal agencé. Elle venait des murs, dans cette ville, l’ombre, les nuages étaient trop loin pour imposer leur forme. Les coins de rue et les carrefours, que je préférais parce qu’ouverts, s’avéraient grouiller de croisements en tout genre. Les avenues devenaient des routes, à l’aide de panneaux que tentaient d’impressionner de pédaleuses voitures. Le passage clouté l’était vraiment, ou du moins c’est ce que se disait les conducteurs, vu le peu de temps qu’ils prenaient la peine d’y passer, en y déboulant à vive allure.
    C’était une langue bizarre, qu’ils avaient, entre eux, les amerloques. Une langue toute détendue, caoutchouteuse de slip en fin d’usage… Une langue coulante, qui toquait pour sortir de la bouche, en se lovant derrière les dents du haut. Je l’avais déjà lue, avant de partir, bien calée entre des lignes, et reconnaissante. Les langues étrangères sont comme les filles, toujours des yeux vous les dévorez fort, puis à les entendre elles deviennent volubiles de distances, perdent de leur tact, et finalement le contact… Leurs lettres, toutes dégazées d’accent, sans robe ni honte, me tournaient trente-six chandelles comme au milieu d’une table et entourées de bouteilles alcoolisées.
    L’estomac possède sa part de mémoire, il ne souffre pas lui non plus d’avoir des remontées de souvenances, il préfère noyer tous ces maux-là sous des trombes d’alcool, qu’on en parle plus, que l’orage laisse la rogomme se ramasser à la petite cuillère… Le repas de la veille, à mon arrivée, me revenait dans ses difformes proportions de festins. Les aliments avaient valsé.
    Une fois qu’on s’y était habitué, elles se suivaient bien poliment, leurs rues. Comme les bonhommes qui leur bourraient la gorge. Y avait un code de la bousculade, comme un code de la bonne conduite chez nous. Leurs immeubles, sur les côtés, si grands qu’ils se dardaient, jouaient aux videurs. Ils évitaient de frotter leur costume aux murs, les bousculeurs, ils préféraient que ce soit vous qui alliez racler le coude contre le solide. Je me demandais d’où elles arrivaient, ces décharges de têtards bien préparés mais à qui il semblait manquer quelque chose. Ils en savaient sûrement rien eux-mêmes. Dans les choses de la vie comme dans celles de la mort, on est avertit qu’au tout dernier moment, pied au plancher avant d’y allonger le dos. C’était un vagin sans fin, cette ville, et des milliers d’agents du foutre new-yorkais se précipitait vers la fente promise. Les rejetés, sur le côté, merdassaient sur les dents, débris d’une faciale peu avantageuse pour leur descendance.
    Puis, à force de tapiner les trottoirs, je finis par tomber au pied d’une bouche de métro, qui se fellationnait un flux incroyable de travailleurs et touristes. Elle avalait tout ce qu’on lui montrait, cette gourmande, et les recrachait de l’autre côté de la rue, après un tour de rame. Elles demandaient environ autant que chez nous, leurs aguicheuses, pour qu’on y pénètre, et l’empressement des clients mettait en confiance quant à la qualité de service.
    Nous y descendîmes, mes poursuivants et moi, quatre marches par quatre, car les trois autres glissaient, luisantes de crottes. A l’intérieur, de suite, ça m’a paru une géante oreille, ce métro, exactement aussi sale et crasseux ; et puis surtout à cause des bruits qui rebondissaient comme pour trouver la bonne cymbale à faire vibrer. Dehors, le bruit, il a toujours un choc plus loin vers où courir, il se soucie pas de là où il finira par cogner, il baigne en pleine jeunesse. Le sous-sol, c’est l’hospice du son… une cave où les oreilles prennent des cours d’œnologie afin de mieux goûter ce breuvage parasite. On finira tous ainsi dans un quatre planches, avec trois glissantes, que personne viendra ouvrir pour nous, et des bruits atrocement boumerang. Nous y serons à juiter dans nos huiles essentielles, dans les cris de nos prénoms, aiguisés par la pierre du temps, enfermés pour de bon là-dedans, à moisir et devenir meilleurs au palais de nos dévoreurs de jour en jour…
    En fait de palais, c’était plutôt un égout, ce métro. C’est à peu près à ce moment que m’est venue cette improbable envie de marcher, jusqu’à n’en plus pouvoir, d’aller vraiment au fond de ce trou, d’aller voir où disparaissent les rayons dans cette fosse commune qu’enfin je matérialisais ailleurs que sur les joues trop grasses des amerloques. Tout de suite entré, un pouilleux m’accostait pour mendier avec l’espoir, sûrement depuis déjà longtemps tari, que les hommes se montrent plus fraternels une fois enterrés. Il sentait fort de la gueule, c’était la seule vengeance qu’elle avait trouvé pour se la ramener, sa gueule, de sentir fort. Pour compenser qu’il fallait qu’elle se la ferme et s’écrase, en ronchonnant si elle voulait. On lui autorisait bien, complètement inutile dernier râle.
    Je vous disais, plus possible pour moi de continuer, le bruit finit par m’assommer. Sa grande batte en évidence m’étendait ! J’étais pincé à la gorge, du moins c’est l’impression, la pression que me donnait l’air autour. Il se déplaçait illégalement cet air, sans papier et venait me contaminer clandestinement mes bronches. Je me devais de tousser dignement, de l’expulser sans compromis, qu’il est pas même le temps de les rassembler les siennes, de promesses de quintes. … « rah, rah » que j’essayais d’expulser un peu d’air… et rien ne sortait… Il me fallait aspirer, expirer, de peur d’expirer. Tout de même, à un certain moment, que je ne fréquentais que depuis peu de temps, il m’est venu quelqu’un en aide, à me foutre de grands coups dans le dos, comme pour m’aider à cracher un trésor. A sa suite, ils se sont pointés en tir groupé, une scène d’admirateurs, persuadés par leurs faces enjouées qu’on leur préparait une surprise, un tour de magie dans la circulation. Que de mon bec gueulant sortirait une colombe, une étoile de sol, une clé de baba, une tour de rechange ! Ils se donnaient entre eux des clins de coude, sûrement pour se faire passer le retard qu’ils avaient tous y a deux minutes. Toujours leurs sports aux amerloques, d’envoyer la balle, la bombe, le plus loin de soi possible. Ne pas recroiser son poids sur ses frêles épaulettes.
On a accouché d’une souris, pour tout tour prestidigeant. Il s’en est fallu de peu qu’on ne nous en lance pas, des souris, au moment du poteau rose, mais ce coming-out fluo nous a gardé la sympathie des conventions. On n’appuie pas trop sur la pédale, quand bien même la selle vous rentre aux fesses. C’est sur ces respects plus formels que sincères que je fis la connaissance de mon sauveur à Malibu, la bouteille tendue pour me remettre de ma quinte furieuse pour laquelle j’avais bluffé personne. Bien sûr, il était pas médecin mon assistant, mais sur son front perlaient des gouttes pour tous les remèdes contre les saloperies de la vie. Il tremblait du bras gauche et c’est péniblement qu’il s’essuyait les sourcils avec l’ongle du pouce, en raclant pour faire tomber tout le nectar tant convoité. Puis il le ravalait comme si de rien n’était, à la dérobée, hop ! et effectivement… rien n’y était…
    Nous remontions ainsi je ne sais quel cours, quelle ligne, empruntant à qui est la plus rapide des correspondances à n’en plus finir de timbrer et de le devenir, nous fondant dans la masse au fond de cette marmite pleine qu’en haut des buildings sans cheminée tentait de faire ressembler à une ancienne cocotte-minute. Il me tirait par la manche, mon gardien à oxygène, la bouteille vive en cas de pépin, le grumeau au bec qu’il crachait en molardant les chaussures trop brillantes pour ses binocles. « K’homme heaune ! » il assénait, le doigt en l’air tendu dans cette chatterie de gouttière où vous tombait dessus, dans certains tunnels, les froides sueurs d’un plafond qui sentait s’être fait enrhumer son rôle de ciel, puisqu’on roulait encore sur lui par en haut, dehors.
Les jeunes filles, américaines, elles n’avaient pas le temps même pour un regard, vous n’aviez rien à en apprendre. Elles étaient de papier glacé, avec des dents qui claquent et donc une entrée des plus dangereuses pour toute langue non habilitée. Cylindriques, elles se dressaient. Je rêvais de les déplier, exactement comme un poster, puis ensuite d’y étaler ma colle et de les plaquer là, contre un des murs sales que venaient faire crier des mots arrachés à de minables bombes de peinture. Une guerre de religion, en somme, avec Intifada des couleurs vives. Qu’il me voit à les regarder, mon sauveur, ces murs travestis, ça m’a fulgurament mis dans ses bonnes notes. Il est devenu poli de première, il s’abaissait contre ma poitrine pour y faire frotter son dégarni crânien. « L’eau v’li ! l’eau v’li ! » il répétait… Il a voulu me montrer le QG de sa bande, lui si vieux pourtant d’aspect, cachait un jeune tagger s’il m’en fallait croire mes yeux, et à défaut des autres sens, sans direction, je m’y fiais.
     Ah ! mais alors dans l’autre sens qu’on a dû repartir ! et sans traîner ! La précipitation, toujours, mère de leurs vertus. A contre courant nous nagions ! comme poursuivis ! Je me retournais, tout en sautillant pour hausser le pas, voir ce qui nous coursait… Absolument rien ne restait derrière nous. La vitesse transformait tout en lignes, qui se décomposaient ensuite dans les lointains, comme des enfances à l’étranger.
    Quatorze paquets de laines s’effilochaient là, sous les griffes agressives des murs contre lesquels ils se blottissaient fortement. On leur voyait à grande peine de la chair, sous ces amas d’habits, à ces quatorze clochards, et quand enfin elle se manifestait, leur peau, c’était alors avec la ruguesse de la parole chez les pères qui ne parlent jamais, on l’entendait racler tellement il fallait qu’ils aillent loin en eux-mêmes la rappeler au bon souvenir de l’air. Ils avaient une peau qui venait des os, avec moelle épinière et tout le jardin des plantes sauvages qui y poussaient. Horde de cactus couverts. Et puis enfin, l’odeur d’un alcool de vomi, aux degrés plus subtils encore que ceux qu’on compte jusqu’à 180, un alcool sans entendement, à consommer au-delà de la gorge. Il se buvait déjà avec le bide celui-là.
    J’ai dans l’idée qu’à l’intérieur de notre estomac, on doit en collectionner, des morpions de ce genre qui trouvent, entre deux conduits intestinaux, le moyen de se confectionner un abri bus à un arrêt où le seul ticket valable serait une pierre tombale à faire poinçonner au marteau-piqueur. Les voilà qui ont fait leur trou. Et passent à côté d’eux les aliments modèles. Un peu à recycler, et hop, le reste là où on sait, qui finissent entre deux feuilles de papier rose ou sous un ongle qui a traversé par surpression. Et qu’on aura beau se les ramoner tous et en chœur, nos derrières d’élites, qu’il en restera coincés des mille et des moins mûrs, à provoquer des toux chroniques qu’on trouve pas dans les journaux rubriques diverses et contes de faits. La crasse c’est aussi persistant qu’un lingot d’or, y a qu’en la dépensant qu’on s’en enlève la convoitise.
Je les ai regardés une dernière fois, droit dans les couvertures, puis j’ai pris congé de leurs vacances interminables, à mon groupe de peu de fortune. Sur le trajet retour, je me suis perdu une bonne fois pour toutes alors pour ne pas sombrer plus bas que terre j’ai volé un de ces chapeaux bizarres qu’un gosse obèse et prêt de la mort portait sur la tête, un chapeau orange avec une hélice dessus, et j’ai essayé de m’envoler comme ça pour rejoindre le sol et c’est en sautant ainsi que j’ai dû me cogner la tête et m’assoupir.
En rouvrant les yeux, sous l’écran de fumée disposé pour bien me faire la souvenance qu’on avait ici les moyens de se payer des effets spéciaux de cinéma, il est sorti un flic avec, seulement posé sur sa tête, bien attentif, un bizarre chapeau bleu. Genre justicier de la nuit, robin des bois du sous sol. Les allers-retours de mes paupières clignaient devant mes yeux. Nous étions seuls, apparemment, le bruit n’avait plus que son fond mécanique, il avait été dépecé de toutes ses percussions. Seuls ou bien à trois, quatre… cinq… mille ! Ainsi à demi-fermés mes yeux compensaient en doublant de nombre les objets que la réalité lui envoyait refléter. Je le voyais très peu, seule chose de sûr c’est qu’il me faisait chier pour mille ! Il pesait mille, million, en connerie, et j’en avais tout autant, en nombres, des idées qui se bousculaient aux portillons de mes muscles afin de l’envoyer goûter le sol s’il lui seyait mieux vu de face qu’à la plante des pieds. Il essayait de me parler, se rapprochait… je lui voyais maintenant assez clairement deux têtes, dont une de plus en plus près qui en devenait agaçante de mocheté gratuite. Je le guettais patiemment, que l’orbite fasse son chemin… me l’amène plateau couvert et service mis… Je vous détaille aussi ma position, allongé, mis bas par l’assommement et recouvert crasseux de flemmardise à bouger… Comme un seul homme, se sont levés à l’intérieur de sa bouche des lettres dictées par la situation, qui n’avaient pas de temps pour se prendre la tête en point de passage. C’est rare que les mots empruntent le complet chemin qui les promène du cerveau à leur tombeau, à l’heure de sortir au grand soir de sa carapace. Les raccourcis les avantagent bien mieux, ils ont en chemin moins le temps de se charger de ces désagréables syllabes superficielles, qui sont de bien mauvais remèdes contre les conversations. Il gesticulait avec sa bouche, la montrait gourmande, la testiculait de réponse, m’en priait de les lui amener ! et encore avec ce stupide viral accent de la langue ! « Comment ? » que je lui hurlais… « Qu’est-ce que tu racontes ? »
    « Ticket, pli’, ticket ! sœur » … son charabia… d’une vague, de la main, je lui proposait de se rapprocher encore un poil… ça devrait être bon ainsi… derrière, son double ne se doutait de rien, sifflait, s’amourachait les lèvres avec l’air de ses chansons… L’autre continuait à se baisser vers ma poire… Je le jugeais à assez bonne hauteur, là… Vlam ! que je lui lançai alors un furieux coup de pompe dans sa gueule moche. Je me jetais sur lui, cet imbécile. Ah, ça me paraissait finement honteux, complètement le scandale impardonnable, d’être venu me remuer le sommeil pour un ticket dans une autre devise de communication ! Ah, je me devais de lui imprimer mes horaires, à lui ! qu’il en prenne pour son grade ! que je lui creuse ses communes fosses aux joues avant de l’y jeter ! j’allais lui faire se ravaler par-devant sa tête immense !
J’avais les ongles douloureux, quelque chose d’intérieur qui me les démangeait. Par terre mon chapeau à hélices hoquetait ses derniers soubresauts après ma chute, et je le ramassais d’un air de promesse à un enfant. La classe, ce chapeau, comparé au sien. C’était plus que des cheveux, le sien, des cheveux baignés, saignés. Cette fois on était bien tout seul… Le métro scintillait, laissait passer en lui des courants d’air comme pour se refaire une toilette d’aisselle sociale. Il devait être dans les cinq heures, un peu avant. Le bleu à mes côtés, lui qui n’avait plus de cotes, gémissait dans un anglais des plus mâchouillé. « Help… help me pli’ ». Je repensais soudain à son pote, son double, son besson, le siffleur de jeunes mélodies, où est-ce qu’il était passé ?
    Je me suis traîné le corps de ce flic dans les couloirs, aussi vite que le poids me le permettait. Aux encoignures, je gaffais rien, je le cognais comme une bouteille vide, il se brisait le peu encore de bon état qu’il lui restait. L’état, ça le connaissait, il me doutait pas qu’on lui en rebâtirait un neuf avec médailles et rêves en promos offerts. Je l’ai trimballé ainsi jusqu’au tantôt visité repère de clochards. Je l’ai, là devant ces enivrés, désapé de ses vêtements, sans toucher à son moral que je trouvai pourtant en dépliant ses chaussettes. Une fois bien nu, je l’ai regardé à deux fois, pas dans les yeux, et l’ai décapsulé du sexe. A la place du prépuce, les hélices du ridicule chapeau faisaient un effet des plus comiques qui contrastait quelque peu avec l’état délabré de sa pauvre chère bouche amochée. Puis j’ai rendu l’objet à s’ouvrir des bières à son alcolo de proprio, qui m’a dramatiquement jugé, à la faveur de mon dernier geste. Il perdait rien pour attendre, à ne pas réagir. Ainsi vêtu de l’uniforme flanqué du sigle « Imperial metroguard », il n’ont eu aucun mal, mes supposés collègues, à comprendre que cette bande de clodos était à tabasser, et je m’en suis donné à cœur joie avec eux dans ma nouvelle fonction.
    Plus bas, où ils m’ont fait descendre, le métro rejoignait le réseau de récupération des eaux de la ville. Nos clochards, à demi encore conscients, ils me donnaient comme ça de but en blanc de sacrés coup d’oeil pour m’avertir qu’ils étaient pas à leur joie. Pour y répondre bien poliment, à ces coups d’œil, on s’impliquait conscencieusement, mais nous avec les pieds, qu’on distribuait en le prenant individuellement le notre, de pied.
Petit, ma mère me servait de temps à autre ces soupes de pâtes de lettres, et je m’amusais à former des mots, des phrases. Une sorte de scrabble culinaire. Là, on aurait pu faire pareil, avec leurs membres, à nos clodos. Je m’attendais pas à voir comme ça des alligators dans leurs égouts, à ces ricains. Pour les nourrir, dans les jours qui ont suivi, nous patrouillions par petits groupes, à la recherche des sans-tickets. Certaines lignes plus que d’autres offraient leurs fraudeurs de bonne qualité. Plus on s’enfonce, plus tout se résume à des histoires de viande.

= commentaires =

Aesahaettr

Pute : 1
    le 30/01/2008 à 18:33:01
"Kwizera c'est d'la pute nègre de qualité, t'entends ?"
Heenok 1er, Hégémon Suprasuprême de la Terrienté à l'ambassadeur de Korvax.
13è année de l'ère de la Mante.

Je suis en gros d'accord avec nihil sur le tiers de ses adjectifs, les laudatifs ça va de soi. "Ambiance", je sais pas vraiment s'il y en a une.
Tout est narré et vu selon ce que ressent le narrateur, son discours intérieur est rendu comme tel quel. Mélancolique, vaporeux, oui; car l'homme qui descend sous terre est confronté à un malaise sociopathologique. C'est un gars qui aime pas trop les gens, il les détaille, il se sent pas à sa place, d'où l'air détaché du serial killer de film qui observe le monde avec haine. Enfin, je raconte peut-être de la merde sur un batonnet mais ça expliquerait le style tarabiscoté et l'impression qu'il se passe jamais rien, puisque c'est que du détail. Moi j'en suis ravi.
J'ai envie de lever mon joint et ma lampe Starck à notre partenariat, Kwizera.

Je ferais pas de commentaire aussi laudatif si j'avais vraiment participé à l'écriture de ce texte, bien sûr.
Kwizera

Pute : 1
    le 31/01/2008 à 01:16:41
nous ne sommes plus des auteurs morts. et nous sommes devenus 162, d'après la zone.

et toi ça te donne envie de lever ta lampe ? starck ? j'ose pas imaginer ce que tu vas faire au prochain texte.

sinon je suis globalement d'accord avec nihil pour "tas de pédales" et 400asa pour le reste.
Ed
    le 31/01/2008 à 03:19:13
Le médaillon du roi heenok touche a son penis .
C'est pour ca qu'il est si respecté dans le Queen t'entends ?
Nico

Pute : 0
    le 31/01/2008 à 14:02:16
Le texte, que je n'ai pas pu lire jusqu'au bout, a quelque chose de Brian Eno : l'ambiance à coup de longue plage de pad brumeux qu'on étale façon tartine plusieurs couches.

Je sais pas si je suis très clair.

Bref on s'emmerde, c'est dommage.
Dourak Smerdiakov

site yt
Pute : 0
ma non troppo
    le 02/02/2008 à 00:29:44
J'ai d'abord renoncé à le lire le soir de sa publication, tout de suite compris que ça m'aggraverait la migraine - ou autre chose. Là, j'ai attaqué, et bon sang que ça fait du bien au cerveau quand ça s'arrête.

Avec ce style concentré en images tordues, faut rester attentif en permanence et être à ce qu'on lit, ça ne va pas cartonner sur la zone, trop exigeant. Il y a des phrases où on a l'impression de redécouvrir les mots et de ne plus savoir ce que ça veut dire, et de ne plus savoir du tout ce qui se passe, où on est, et de quoi ça parle. Je viens de lire quoi ?

J'aime assez les textes qui partent en délire, mais celui-ci est vraiment difficle à suivre du fait du style. J'ai franchement du mal à affirmer que j'ai apprécié ma lecture, en fait. Et pourtant je crois que si, j'ai quand même apprécié, mais je m'en rendrais compte plus tard.
Kwizera

Pute : 1
    le 04/02/2008 à 00:03:35
J'aime à la fois l'idée d'obliger le lecteur à la plus grande attention, et celle de différer le difficile plaisir de la lecture. Donc, oui monsieur Smerdiakov.
Quelqu un

Pute : 0
    le 22/02/2008 à 23:07:43
Céline n'aurait pas mieux écrit...
    le 22/02/2008 à 23:20:58
On applaudit tous bien fort Bonne Maman et son grand retour comme critique littéraire, après avoir fait fortune dans l'étiquetage de confiture industrielle.
Kwizera

Pute : 1
    le 23/02/2008 à 14:43:41
c'est quoi ton problème avec les confitures Bonne Maman ?
    le 23/02/2008 à 14:44:39
Les mamans ne peuvent pas être bonnes, à excepter celle de 400asa. C'est une menterie commerciale.
Aesahaettr

Pute : 1
    le 23/02/2008 à 16:42:02
Les confiotes c'est juste une voucverture.
EvG

Pute : 0
    le 31/03/2008 à 23:16:28
Et c'est vraiment dégueulasse. Tiens, un texte de plus à lire. Tiens,encore une soirée HERALDIK...
N
    le 27/05/2008 à 15:07:23
surtout à la groseille. Vu les grains autour y a que de quoi rendre son tablier
Gaston
    le 27/05/2008 à 19:55:08
merci de nous faire partager tes goûts, N

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