Ligotée, je me débats dans l’engluement de la compassion, les fils se resserrent à chacun de mes mouvements, bientôt je ne pourrai plus bouger. Je ne serai qu’immobilisation muette. Je serai silence. Je ne serai plus.
Seule, je me perds dans un lieu désert, plus rien n'a d'importance. Hier encore, des créatures célestes m'entouraient de leurs ailes, me berçaient de leurs rires, elles se sont changées en monstres gras et puants à l’extérieur de ces murs, j’entends leurs hurlements glauques, leurs complaintes déchirantes, rien ne sert de boucher mes oreilles, elles chantent dans ma tête et dans mon sang, je les entend avec ma chair.
Liquide, j’ai changé de forme, d’état. Où était ce pays déjà ? Je n’ai plus la carte, plus le goût, plus le souvenir. Liquide, je n’ai plus de substance, je n’ai plus de volonté, je me laisse porter dans le lit de l’indifférence enjouée, je glisse sur les cailloux caressants de l’oubli.
Disparue, j’ai besoin de silence, je suis polluée, salie, offerte à la crasse, une pute à disposition, sur qui on envoie des paquets de boue, foire morbide, vos rictus sont noirs, vos dents exhibées sont noires, vos peaux sont noires, vos voix sont noires, mon âme est noire, il n’y a que le noir.
Larguée. Mes fils ont été coupés. Je ne suis plus la marionnette obèse de ses désirs. Il me manque. Il me tuait, et il me manque. Mon défunt bourreau a laissé un creux qui refuse d’être occupé, qui prend la poussière, qui moisit lentement, qui accueille les pires créatures, celles que l’on ne nomme pas. Celles qui hantent mon univers, celles qui tapies dans l’ombre chuchotent des sorts et des incantations.
Orpheline. Plus de racines, plus de patrie. Les miens ont fui. Eparpillés à travers le continent, ils ont suivi leurs étoiles. J’entends leur voix au loin, ils tentent de sortir de leurs propres labyrinthes. Ils scandent mon nom, je leur hurle des indications imprécises, hasardeuses, aveugles. Ils ne parlent plus. Ils sont morts.
Vide. Mes organes m’ont fuie, il ne reste que ma peau. Ma peau qui se tord et se comprime. Ma peau qui crépite et se cloque. Ma peau qui s’ouvre et saigne. Ma peau qui se craquelle et pleure. Ma peau qui tremble et frissonne. Ma peau qui me hait.
Epuisée, j’ai trop marché, trop cherché la sortie. Je trébuche et me cogne, je laisse des grumeaux de peinture sur les murs que je touche, sur le sol que je frotte, les artifices se disloquent, je perds mes couleurs. Les faux-semblants meurent à chaque pas, tout devient noir. Je suis invisible.
Moribonde, je suis à l’agonie, et dans un dernier souffle âcre et pourri, je vais vomir les araignées qui me rongent de l’intérieur. Des dizaines de limaces grises et froides sortiront de mes oreilles. Des vers grouillants boufferont ce qui restera. Je ramperai comme un chien galeux vers cet escalier que je devine dans la pénombre. Je me disloquerai sur chaque marche, et à chaque palier, des monstres aux traits vaguement familiers, des caricatures hideuses aux chairs putréfiées arracheront des morceaux de mon corps. Une pierre, je déposerai une pierre sur chaque marche. Une pierre pour un fardeau jeté, abandonné. Une pierre recrachée. Je monterai péniblement. Et à un moment, je verrai une silhouette. Je la devinerai de loin se détachant dans l’ombre. Je me traînerai vers sa lumière et sa chaleur. Je baiserai ses pieds dans un dernier effort avant la fin. Cet être se penchera pour ramasser ma poussière, la mettre dans une boîte ridiculement petite. Cet être se retournera, montera les trois dernières marches pour sauter dans le vide. Et cet être, ce sera moi…
Tout n’est que recommencement.
Enfermée, cinq, six, sept, huit murs suintant de larmes, je n’arrive plus à les compter. Un labyrinthe sombre et vide, la sortie m’échappe, je suis les courants d’air. Du ciel pendent des cheveux de pourriture qui me fouettent le visage.
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J'aime pas. Alors ouais, faut dire ce qui est, c'est bien écrit, c'est fort, c'est poignant... Mais j'aime pas.
Pareil que l'enculé au dessus.
Qui est ce qui a eu l'idée d'un titre aussi pourri pour ce texte ?
Bon sinon, j'aime pas.
Moi non plus, d'abord c'est pas très imagé,et en plus elle est obèse
Moi, c'est surtout que j'ai pas tout pigé. Du coup, j'ose pas dire que j'aime pas, si ça se trouve c'est génial.
J'en ai repris deux fois, j'aime bien.
"enfermée", "ligotée", "seule", "liquide", "disparue", "larguée", "orpheline", "vide", "épuisée", "moribonde".
Mouais.
"je suis les courants d'airs".
ça, j'ai aimé.
Le seul truc qui m'ait emmerdé, c'est les quelques quintes de style enfantin, genre les "monstres gras et puants". Je me doute bien que c'est fait exprès, mais ça plonge direct dans l'ambiance cartoon genre Beetlejuice ce genre de trucs, et c'est pas trop le trip. A part ça, bonheur.
j'aime pas la fin, ça aurait pu être tourné autrement.
Et puis le titre franchement...
sinon j'aime bien; je comprends pas pourquoi mais j'aime bien.
Le titre contient un jeu de mots de merde.
Tellement pourri que même Jane Birkin l'a fait dans le titre d'une de ses chansons.
(j'aime pas du tout le texte, trop auto-complaisant pour moi, trop exalté par sa propre exaltation, bref, trop branlatoire à mon goût ; la quête de la finesse à l'extrême ça fait courir le risque du mauvais goût - j'en sais quelque chose)
Oui Glo, on le sait tous que pour toi ça va pas fort sexuellement en ce moment.
hein ?
C'est vrai qu'avec un peu derecul mon allusion qui consistait à associer "finesse" et "mauvais goût" avec "la bite à Glo" me semble bien piteuse.
Comme la bite de Glo ! Ouf, j'ai eu chaud.
J'ai trouvé mon maître en perversion humoristique, je crois. Ma vie est foutue.
* Ah, un compliment ironique, l'enculé. Qu'est ce que je vais bien pouvoir lui répondre, je peux quand même pas le laisser s'en tirer comme ça, ah ouais j'ai trouvé un bon truc, il ne s'en relèvera pas *
Tu vois Glo, là j'ai envie de te dire prout.
ce texte ne méritait probablement pas un titre aussi pourri.
Arkanya je t'aime
Blablabla suce mon Lautréamont blablabla
C'est moi qui te suce Clacker.