« C’est quand plus rien n’est possible que tout est possible. C’est le ying et le yang, la gauche et la droite, le blanc et le noir, le pur et l’impur, tout est double, y compris nous même. On enregistre constamment les choses en binaire et on ne s’en rend même pas compte. Moi j’affirme que notre cerveau est coupé en deux globes et que ces deux globes font leur petite affaire chacun de leur coté. Je vous le dis il y a toujours deux réalités, deux faces des choses, on chemine dans deux mondes distincts, on est constamment dédoublé, on vit le cul entre deux chaises avec deux bras, deux jambes et deux matrices. Nous souffrons tous de schizophrénie congénitale, c’est le mal qui nous ronge, la malédiction de l'humanité. Mais on en a pas conscience, on cherche pas à comprendre, c’est pas diagnostiqué du tout. Le fond et la forme, le pour et le contre, le corps et l’âme, nous restons enfermé dans ce putain de schéma mental, nous sommes prisonniers, stupidement contraints de toujours tout casser en deux.
_ Ouais ouais et pis la pute et ta mère ! Dis Joss tu veux pas arrêter deux minutes avec ta métaphysique à deux balles » coupa Gus derrière le volant. Depuis plusieurs kilomètres il en était réduit à prendre des axes aléatoires, naviguant entre les conseils purement intuitifs que Pépé prodiguait de manière péremptoire et les quelques idées directionnelles tout aussi peu maîtrisées qui, de temps en temps, lui germaient dans la tête. Gus commençait à se lasser de conduire. Il avait la désagréable impression de tourner en rond et entendait comme un minimum requis que les autres passagers s'associent au problème. Aussi, le flux tendu de Joss, mal formaté à ses préoccupations immédiates, l’irritait comme râpe à fromage sur gland de bite.
_ DEUX minutes ! métaphysique à DEUX balles ! » s’exclama Joss bien lancé « Pour exister il faut être libre et nous sommes enfermés dans notre folie du binaire, comme des cons. Le bien et le mal, le vrai et le faux, le oui et le non, tout ces couples sont des mêmes choses, les uns ne vont pas sans les autres, ce sont des systèmes, des dynamiques, des continuum eux mêmes en interaction constante. Et c’est pareil pour tout. Mais on s’obstine justement de tout percevoir sous deux angles exclusifs et apparemment opposés.
_ Arrrrrrrrrête pitié tu nous saoule ! » feintait de se lamenter Pépé à son tour. Car, en vérité, il appréciait les tirades de son pote. Malgré le fait qu'elles auguraient de longues tchatches débiles et avariées, elles lui procuraient l'aérienne sensation de cotoyer l'’intelligence.
« C’est vrai Joss t’es grave relou avec tes théories à la con » renchérit Gus toujours indisposé. « Tu te prends trop la gueule et du coup tu prends aussi celle des autres. A la rigueur en en rediscutera tout à l'heure, sous trip, de ta conception de l’univers. Mais là, pour le moment, on cherche la teuf »
Ils étaient parti de Montpellier en fin d'après midi, trois dans la caisse, une 205 rouge qui brassait du sans plomb. Gus 26 ans étudiant en histoire de l’art tenait le volant, grand et mince, ses locks en bataille lui donnait des airs de cocotier ambulant ; à coté de lui contrastait Pépé 27 ans commis de cuisine, petit et trapus comme un pitbull trop bien nourrit ; avachi sur la banquette arrière Joss 26 ans philosophe rmiste et calibré passe partout à binocles passait pour l’intellectuel de la bande. Direction : Barcelone. Le tekos se situait sur la route -sortie 26, à droite après le pont, continuer jusqu'aux trois cheminées et avancer jusqu'au camping-.
" Mais qu’est-ce que vous cherchez ? » s’emporta Joss nullement découragé « A vous éclater la tête ? Ouais on va faire la teuf ! Hue hue, clap clap, j’me perche la gueule pendant trois jours et j’me la fou dans les enceintes ! Pis j’rentre à la maison, j’encaisse 3-4 jours de descente et la vie continue. Alors boum boum j’affronte et j’entasse mon lot de conneries quotidiennes jusqu’à la prochaine teuf et ainsi de suite jusqu’au pétage de plomb final. La teuf c’est du Nicollin je vous le dis, c’est du ramassage d’ordure, ça clean l'espace pour se remplir de pourriture, encore et encore. Pour moi aussi c’est la même, je vais tout oublier, je serai à fond fondu au fond d’une putain de zone d’autonomie temporaire où tout le monde est à fond. Et au fond quoi ? Eh ben je vais me défouler. Mais c’est pas ça qui tombera les œillères et qui m’empêchera d’être à nouveau gavé de merde, bien au contraire. Vous captez rien, vous opposez la teuf au quotidien, d’un coté la teuf et de l’autre la réalité hein ! Si vous vous imaginez sortir du monde vous vous leurrez les gars. Vous me faites pitié mais grave ! Pour vous et pour tous les connards de votre espèce ça y est ! Miracle ! On va explorer le nouveau continent, changer de dimension, les kilos de son et les grammes de poudres magiques. On sera entre nous, la bulle des lanternes éclairées dans une communauté résistante et affranchie. On comprend, on s'insurge et on refuse de vendre son âme au diable. Vous vous prenez pour des originaux, des pionniers, mais en réalité vous n’êtes qu’une bande de ramollos du bulbe, exactement pareil que ces bons vieux bataillons de beaufs qui se regardent le nombril entre deux injections de télévision. Vous baignez dans l’illusion mes amis, vous mâchonnez de l’eau, brassez de l’air, sucez du vide, et c’est pas en clapant tout s’qui bouge pour se ventiler les cervicales que ça va s’arranger, croyez moi. Oh non ! Vous pouvez m’faire confiance ! La teuf c’est de la branlette compulsive pour oublier l’horreur du monde, de la gerbe d’ivrogne commandé par ses caprices d’estomac, c’est la gamelle du pauvre, de l’eau croupie, du pain rassit, une noix de beurre étalée sur vos trous du cul béants. Retirez les casquettes citoyens, parce qu’on vous chie dessus, que vos paupières sont closes et que vos bouches sont grandes ouvertes.
_ Pourquoi t’es là alors ? Si tu veux on te dépose. Toi t’es toujours en train de critiquer : les teufs ci les teufs ça. Mais au final qui c’est qu’on retrouve tout le temps en teuf ? » répliqua Gus avec un air mauvais. Sur son siège Pépé esquissait un sourire en coin. D’une voix douce il chantonnait le refrain « ben ouais pourquoi t’es là alors ? hein gars pourquoi t’es là alors ? ».
« Une fin marque toujours, toujours, un début les gars » entama Joss d’un ton magistral.
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c'est plutôt moyen, ça manque surtout de réalisme à mon goût, un teuffeur d'accord, mais un teuffeur qui réfléchit -même si la reflexion n'est pas particulièrement brillante-, moins. pour en avoir été, hein...
Ca me fait penser à "Brèves de comptoirs", tiens.
des comptoirs en forêt alors, puisque c'est de ça qu'il s'agit...
Non mais c'est un ramassis de propos incohérents, de réflexion de drogués entre drogués, sur la vie et forcément la drogue et euh, oui, eux c'est du pinard et du pastis mais putain de bordel aréopage de putes octogénaires, c'est dans l'idée.
D'ailleurs je le recommande à tout le monde c'est jean-Marie Gourio qui le fait et c'est super pour chier.
On ne gerbe pas deux fois dans la même teuf.
salut ca va ?
Pas mal subversif votre site.
pasdadresse.xooit.fr/index.php
je t'envois directement les frais d'ophtalmo suite au visionnage de ton site ?
ouiche, qu'est-ce qu'on peut s'éclater avec un rien parfois, ça me rappelle l'ambiance d'un salon de coiffure à côté de chez moi. Si on veut se marrer faut pas chercher à comprendre, et puis là on arrive à se sentir con d'être cérébré.
Lu ça juste après Tobby de Massime. Du coup, c'est la claque. Bien mené, sans prétention, stylé. J'aime beaucoup.
C’est du total foutage de gueule de pas finir un texte comme ça. On plante un décor et puis pas d’action…