Cette fois-ci, comme à l’accoutumé, je suis sorti du bain trempé (il en va de soi), avec la plus grande des peines, le plus grand des regrets (il en va de soi), à reculons, à contre cœur (il en va de soi), mais plus déterminé que jamais, à mon grand étonnement, à faire ce que je m’apprête à réaliser à présent (et çà, çà n’a rien d’évident)… Etrange sensation, effroyable sensation…
Je me tourne vers vous humblement. Je m’en remets à vous. Vous rendez-vous compte au moins ? Vous qui me terrifiez, vous que j’exècre peut-être parce que vous me terrifiez, vous qui gigotez maladroitement dans l’en-dehors, vous qui faites partie, qui êtes l’en-dehors in fine… Je m’agenouille, je me prosterne et vous tends les clefs de mon royaume, je vous donne le pouvoir d’infléchir mon introspection, pour sûr la plus intime de mes quêtes.
Dans le prochain épisode :
Le narrateur va tenter de battre un record d’apnée introspective 1 (16%)
Le narrateur doit cesser de prendre des bains parce que les douches c’est plus écologique 1 (16%)
Le narrateur devrait expliquer un peu plus en quoi consiste l’expérience parce que j’entrave que dalle 3 (50%)
Le narrateur devrait se coucher plus tôt parce que le sommeil c’est réparateur des cellules du cerveau grillées 1 (16%)
2. Isométries
(Précédement 50% des votants ont souhaité : Le narrateur devrait expliquer un peu plus en quoi consiste l’expérience parce que j’entrave que dalle)
Samedi 25 mai 13 :42… J’immerge totalement mon corps… voilà que je flotte entre le liquide et l’air. Je m’arrache à la gravité… Les forces d’Archimède annulent l’effet de la pesante pesanteur. Mes oreilles trempent sous l’eau. En secouant un peu la tête, on arrive à se débarrasser de ces bulles d’air si incommodantes qui obstruent les canaux auditifs… Les sons me parviennent altérés, amoindris, difformes au point que l’inconscient ne les interprète plus. Parfait, le vacarme de l’en-dehors ne viendra pas perturber ma méditation.
Certaines personnes se sont prêtées à l’expérience… 6 en tout, c’est déjà çà. L’en-dehors semble déstabilisé dans sa majorité. Le curseur qu’il a sur moi est titillé. Il semble vouloir comprendre le pourquoi de la chose. Des éclaircissements ? C’est bien ce que l’altérité réclame… Mais lui en donnerais-je ? Est-ce là le but ? Linéariser le pourquoi du comment ? Le rendre accessible ? Est-ce là la clef de voûte ? … Oh, je ne le crois guère. J’ai l’impression qu’il y a maldonne. Mais c’est dans l’air du temps me direz-vous. Je comprends qu’on puisse se tromper. On baigne dans le choix multiple et les cases à cocher. A la télé, sur Internet, à l’école, au travail, dans nos vies publiques comme privées. On regarde, on juge, on vote, on élimine et on choisi, on infléchit le cours des évènements en cliquant, en envoyant un SMS, en tapotant un code, en attribuant des notes… les plus basiques des règles… les outils de l’expression passive les plus accessibles possibles… Ah vous souhaitiez des éclaircissements ? J’ai abordé le thème, très bien, vous avez eu ce que vous vouliez. Mais qui observe qui ? Qui recense ? Qui infléchit les choses ? L’en-dehors ou l’en-dedans ?
Je viens de prendre un bain vers 13h. J’avais le choix, j’aurais pu prendre une douche mais j’avais besoin de solutionner un problème pour mon taf, un algo de classement d’objets en profondeur à pondre pour faire un rendu en 3d isométrique. Il fallait que je m’isole pour réfléchir car sur le net je n’ai trouvé que de la doc à la con traitant les cas les plus basiques, ceux où les objets s’inscrivent dans une unique cellule… Dans la problématique que j’affronte, les objets reposent sur des socles variables de plusieurs cellules. Qu’on ne vienne pas me parler du point le plus bas de l’objet. Vendredi j’ai trouvé plusieurs pistes mais aucune n’était satisfaisante, çà venait des postulats que je posais au départ… des a priori grossiers… des trucs du genre : « Lorsqu’un objet n’est pas derrière, c’est parce qu’il est devant. » « Si on recense pour chaque objet le nombre d’objets devant lesquels il se trouve alors on n’a qu’à faire le rendu en commençant par ceux derrière lesquels il n’y a rien puis remonter jusqu’à celui derrière lequel il y a tous les autres. » « En constituant un tableau, vide au départ, en y insérant par la gauche un élément nouveau, en parcourant les éléments vers la droite et en comparant le nouvel objet à eux jusqu’à trouver un élément derrière lequel l’objet se trouve pour arrêter la position où s’effectuera son insertion, on trouve l’ordre d’affichage exact.» Enfin … Je crois tenir le bon cette fois-ci. Çà c’est presque formalisé tout seul.
A priori, a priori, balayer les a priori, pour avancer… Allez vers le vrai, tout de suite… Je viens de comprendre que çà ne sert à rien. L’important c’est de bâtir quelles que soient les fondations, quitte à devoir tout démolir après. On démolit bien plus qu’une théorie en faisant des erreurs, on démolit bien plus que les postulats de départ, on démolit aussi pas mal d’autres hypothèses qu’on aurait pu émettre, des champs d’hypothèses entiers que l’on brûle. Faire des erreurs, c’est une purge.
Dans le prochain épisode :
heu... Il y a erreur, là, je crois 0 (0%)
putain... c'est un remake du grand bleu version petits moyens ? 0 (0%)
on y voit aussi clair que dans mon trululu 0 (0%)
c'est quoi la touche du telephone pour eliminer definitivement comme pour Jeremy de la Star'ac ? 0 (0%)
En multipliant les choix à la con on donne plus de chance au choix le moins con 2 (22%)
je ne participe jamais aux sondages 2 (22%)
je ne suis pas une statistique 2 (22%)
plus de pathologie moins de details logiques 3 (33%)
3. Tractations
(Précédemment :
-une majorité de votants a choisi : plus de pathologie moins de détails logiques
-Commentaire de nihil : Sinon, j'adhère au concept, et je vote pour que la suite de ton introspection aquatique évolue vers une pignole frénétique.)
J’ai pas une télécommande dans le fion. Vous en redemandez c’est çà ? Vous n’avez pas compris que vos choix j’m’en contrefous ? Que je m’en sers de prétextes pour faire avancer ma réflexion ? Vous avez un rôle consultatif et en aucun cas directif sur le déroulement de mon introspection. Ah vous souhaitiez laisser des commentaires, me donner directement des ordres ? Mais ce ne sont pas les règles du jeu, vous savez ? Et même si telles étaient les règles, ne pensez-vous pas que par le biais d’interprétations, je ferais tout en mon pouvoir pour infléchir les choses comme je l’entends ? Garder le contrôle ? Souhaitez-vous tant que cela amoindrir la faible influence que vous avez sur ma personne ? Si vous me donnez des ordres directs via les commentaires, vous ne pensez tout de même pas que je serais assez bête pour ne pas exploiter vos contradictions, vos divisions internes pour voir les choses comme bon me semble ? Ne me sous-estimez pas. Ne me considérez pas comme un jouet. Tout est question de rapport de force ici. Et ne voyez-vous pas que jusqu’à présent, je décide des choix que vous avez d’une fois sur l’autre ? Ne voyez-vous pas que je formalise les nouvelles orientations ? Ne voyez vous pas que je suis celui qui place ces œilletons que vous avez sur ma vie ? Ne voyez-vous pas qu’in fine, c’est moi qui vous bombarde de questionnements et de doutes ?
L’en-dehors ne souhaite donc plus que j’étale ma science, l’en-dehors ne souhaite donc plus que ma réflexion soit formalisée à l’aide d’outils logiques… C’est un détail apparemment… Vous croyez que je n’ai pas compris votre manège ? L’en-dehors souhaite plus de pathologie, hein ? L’en-dehors me veut du mal ! L’en-dehors espère me voir malade ! Vous croyez que je ne connais pas vos intentions ? L’en-dehors veut m’amoindrir, me voir faiblir, me recroqueviller, il aspire à ce qu’en moi macèrent de malsaines circonvolutions, qu’elles m’obsèdent, qu’elles m’obnubilent au point d’en accaparer mon existence entière… L’en-dehors veut m’absorber au plus tôt… L’en-dehors me portera l’estocade au plus vite pour que je retourne à lui…
Ah ! Mais me suis-je relu au moins ? J’ai beau me répéter que votre influence est minimale… diluée dans mon autoritaire vision des choses… « Plus vous serez nombreux et plus votre avis sera absorbé, lissé, perverti… » Je n’arrive plus à m’en convaincre, et même au contraire maintenant je le vois clairement à la relecture, toutes vos volontés ont été exhaussées… Il n’y a plus rien de logique dans mon introspection, c’est pathologique à souhait… Altérité, tu gagnes cette fois, comme le souhaitait un de tes représentants, l’exercice a évolué vers une « frénétique pignole »…
A partir du prochain épisode :
il faut prendre en compte les commentaires 6 (66%)
il ne faut pas prendre en compte les commentaires 3 (33%)
4.Insomnies
Précédemment :
2/3 des votants souhaitent que l’on prenne compte des commentaires
Les commentaires étaient :
nihil : Dis, c'est tout à fait rigolo ce passage, on dirait clairement les atermoiements (et on me pardonnera les fautes sur ce mot de merde) d'un homme politique qui hésite à suivre les exhortations de ses cons de militants, ou d'un chef d'entreprise contraint malgré lui de suivre les recommandations du conseil d'administration... Ou de n'importe quel décideur qui propose diverses solutions à ses co-décideurs alors qu'il a déjà en tête celle qu'il a retenu, histoire d'essayer d'obtenir une légitimité en bois (au risque d'avoir l'air tyrannique et anti-démocratique quand il fait finalement le contraire de ce qui lui est recommandé parce qu'il avait déjà décidé depuis le début).
Faire ce qu'on veut et suivre sa route sans s'apercevoir qu'elle a de toute façon forcément déjà été infléchie par les opinions débiles des éléctrons ? Faire ce que les autres veulent, tout en sachant que ça ne peut amencer qu'à la catastrophe ?
nihil : Tu veux dire que tu vas prendre en compte mon commentaire pour la suite de ton combat de catch interneuronal ? Batard ! J'avais voté pour "ne pas prendre en compte les commentaires".
Samedi 2 juin 1h38 … J’ai dû dormir 4 heures par nuit grand max cette semaine… Je suis lessivé et pire que tout, pas moyen de fermer les paupières même si la fatigue est pesante et douloureuse… Ne croyez surtout pas que cela vienne de vous. Je vous l’ai dis, votre emprise sur ma personne est minime. J’ai mis ce canal de dialogue direct entre vous, l’altérité, l’en-dehors et moi-même pour profiter du bon sens commun de la majorité, en alimenter mon introspection, éviter de tomber dans les erreurs grossières en implorant votre aide, votre avis, auréolé de la sacro-sainte sagesse statistique, en aucun cas pour me laisser envahir par la médiocrité de la multitude… L’extérieur est menaçant, l’extérieur est carnassier, l’extérieur est féroce et finira par avoir ma peau… Il se délectera de ma carcasse, rongera mes os jusqu'à ce que même les dernières traces fossiles de mon existence ne soient effacées par l’érosion, mais en attendant la fin, pas question de laisser l’extérieur prendre le contrôle sur mon inexorable chute, le compte à rebours vers la putréfaction… Vous suivez ? Je pense donc je suis… Je pense à autre chose donc je ne suis plus… Concentrez-vous un peu bordel de merde !
La dernière fois l’en-dehors a fait preuve d’une magnifique approche irrationnelle de la problématique exposée. La majorité écrasante souhaite que je prenne compte des commentaires et ne poste aucun commentaire. Une branche dissidente du non-moi souhaite qu’on ne prenne pas du tout en compte ses commentaires et commente pourtant. J’en conclue donc que l’en-dehors commence à se prendre au jeu, qu’irrémédiablement au delà du titillement qui l’agaçait dans ma démarche et qui apparaissait lors des premières consultations, l’en-dehors cette fois-ci a tenté de me porter un coup mortel car il a compris que l’issue de la confrontation serait fatale à l’un de nous deux. (apparemment l’en-dehors ne veut étonnamment pas se laisser faire.) En effet, il apparaît clairement maintenant que l’en-dehors aspire à ce que cette initiative soit avortée… Si je prends en compte quantitativement vos derniers commentaires, force est de constater qu’ils n’aspirent à rien du tout, qu’ils m’invitent au rien du tout, à rejoindre leur inexistence…
Si maintenant je décide d’évaluer qualitativement vos commentaires afin d’en tenir compte dans la suite de mon récit, et je ne vais pas m’en priver puisque cette liberté vous ne me l’avez pas encore ôté, ressort très nettement au dessus du lot l’interrogation sur l’esthétique de ma précédente intervention. Par le biais de différentes analogies l’extérieur conclue à la plus ou moins équivalence d’un libre arbitre alter-régulé et d’un destin lissé par la médiocrité ambiante. Finalement le sommeil vient en écrivant comme il vient en vomissant après une grosse biture.
LA ZONE -
1. Starting-blocks
Samedi 25 mai 03:26… J’me lance… Début de l’expérience… J’viens de prendre un bain… J’aime prendre des bains tard dans la nuit… J’aime prendre des bains et réfléchir, faire le ménage dans ma tronche, la part des choses, m’isoler dans la salle d’eau, immerger mon corps entier sous des litres de flotte chaude, faire abstraction de l’en-dehors, cet horrible en-dehors qui me terrifie, que je fuis de toutes mes forces, à la recherche du plus petit des diviseurs de ma pensée, en pleine quête effrénée, en pleine exploration de l’en-dedans que j’adule, l’en-dedans qui m’appelle, l’en-dedans, mon refuge… L’introspection est la voie, l’introspection est la seule bataille qui vaille la peine d’être farouchement menée.
Samedi 25 mai 03:26… J’me lance… Début de l’expérience… J’viens de prendre un bain… J’aime prendre des bains tard dans la nuit… J’aime prendre des bains et réfléchir, faire le ménage dans ma tronche, la part des choses, m’isoler dans la salle d’eau, immerger mon corps entier sous des litres de flotte chaude, faire abstraction de l’en-dehors, cet horrible en-dehors qui me terrifie, que je fuis de toutes mes forces, à la recherche du plus petit des diviseurs de ma pensée, en pleine quête effrénée, en pleine exploration de l’en-dedans que j’adule, l’en-dedans qui m’appelle, l’en-dedans, mon refuge… L’introspection est la voie, l’introspection est la seule bataille qui vaille la peine d’être farouchement menée.
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Bien, un bon concept à proposer à TF1.
Pour le texte, sinon, j'aime bien. Comment faire un texte entier sur quelque chose désintéressent en somme. C'est drôle.
ya même une suite doudou dis donc
http://zone.apinc.org/forum/index.php?board=7;action=display;threadid=2118
j'ai le meme en mieux a la maison
http://youtube.com/watch?v=AZDFAndSohQ&feature=dir
http://youtube.com/watch?v=pMhbW3Pc0a8&mode=related&search=
lol
http://youtube.com/watch?v=xV4cjg9FUw8&mode=related&search=
relol
heu... le petit détail, c'est que çà n'a rien à voir sinon.
En mai, fais ce qu'il te plaît, mais ça sera de la merde en octobre.
Roger ? over
J'aime bien ce texte, surtout le passage 2 : "Isométrie"
Il y a texte parce Lapinchien part du principe
que l'endehors est hostile .
C'est faux l'endehors n'est hostile a personne.
Rejoins nous .