En fait je crois que ce qui me dérange, ce qui me bouffe la vie, ce qui me mine le moral jour après jour, c’est cette intuition que Virginie a un besoin viscéral de tuer.
Bien sûr, elle m’affirmerait le contraire. Pour elle, ça n’a été que des accidents malencontreux, des fruits du hasard, mais moi je trouve que déjà, deux meurtres dans une seule vie, c’est une bonne moyenne.
Je fais silence radio pendant trois jours, et puis je me repointe chez elle un soir, sans trop prévenir. Elle a l’air contente de me voir. Comme si de rien n’était, elle commence à me raconter qu’elle est allée au cinéma avec Simon, qu’il lui a tenu la main, que c’était doux, que c’était agréable, que l’attente l’avait électrisée, qu’elle aimait qu’il aille aussi lentement, que ça faisait monter le désir.
- Et t’as même pas peur ? je lui demande.
- Evidemment que si. Je crois qu’il le sent, il voit bien que j’ai jamais trop fait ce genre de trucs avant, c’est pour ça qu’il me laisse le temps.
- Et tes cauchemars ?
Elle grimace.
- Ils me foutent un peu la paix ces temps-ci.
- Vi, t’es redevenue insomniaque, avoue.
- On peut pas tout avoir hein.
Elle est allongée sur son lit, un oreiller calé sous les reins, et elle tourne et retourne dans ses mains une carte de visite. Elle est plongée dans ses pensées, et je crève de ne pas pouvoir lui arracher les mots de la tête. Il faut que je la laisse venir, sinon elle ne me dira rien. Je commence à siffloter un air qu’elle reprend en fredonnant. Puis elle ferme les yeux et s’endort, les notes meurent sur ses lèvres.
La première fois, elle avait huit ans, on avait huit ans. Elle aimait à la folie le fils de ses voisins, Antonin, qui le lui rendait bien. Ils étaient à croquer selon les gens du village, ils allaient bien ensemble, on allait les marier, et tout un tas d’autres conneries. On aurait dit un frère et une sœur tellement ils se ressemblaient. On se retrouvait tous les trois le matin avant d’aller à l’école, et ils se tenaient la main comme les grands. Dans la cour de récréation, on passait beaucoup de temps cachés derrière les bâtiments à juste discuter de tout et de rien. A la fin des classes, on allait tour à tour chez l’un ou l’autre pour avaler un morceau de pain avec deux carrés de chocolat avant de faire studieusement nos devoirs. Plus on les terminait vite, moins on ratait d’épisodes de nos dessins animés préférés à la télévision. C’était la règle édictée par les mamans, qui entretenaient un réseau de communication aussi rigoureux que leur amitié était indéfectible.
Un jour comme ça, Antonin s’est enfermé avec Virginie dans les toilettes et il lui a montré des parties de son anatomie qu’elle n’avait pas vraiment envie de voir. Elle en était ressortie furieuse, rouge de colère. Après la classe, on l’a attendu de pied ferme pour régler cette histoire, on s’est retrouvées à faire le poireau comme deux abruties pendant plus d’une demi-heure, avant de nous rendre à l’évidence qu’Antonin était déjà parti depuis un bail. D’une seule intuition, sans même que l’on ait besoin de se le dire, on a foncé comme des furies jusqu’au terrain de jeu du square, là où il était le plus probable qu’on l’y retrouve. Antonin était dans la cabane nichée tout en haut du platane, l’endroit où il avait pour la première fois dit à Virginie qu’il la trouvait jolie, l’endroit où il avait fait vœu de l’épouser un jour, l’endroit qui leur appartenait, qui avait vu naître leur histoire. Il était assis avec une petite fille aux cheveux tellement blonds qu’ils étaient presque transparents, et il l’embrassait comme on le fait à la télé. Virginie s’est mise à crier, et Antonin s’est campé d’un bond sur ses deux pieds. Il a dit qu’il l’avait attendue longtemps, qu’il était content qu’elle arrive enfin. Elle, plus il parlait, et plus elle était en colère. Elle lui hurlait des injures, lui ordonnait de s’expliquer sur le champ, lui disait que décidément, il était un sale pervers, et lui il était tout piteux, il balbutiait vaguement des explications. Et d’un coup, sans prévenir, Virginie a juste foncé sur Antonin et l’a poussé de toutes ses forces. Il s’est pris les pieds dans son cartable, ça a suffi à ce qu’il dégringole jusque tout en bas et qu’il se brise la nuque.
La fille, elle a disparu à la vitesse de l’éclair, on a jamais su qui c’était au juste. Quant à moi, si je balançais Virginie, je perdais ma seule amie. Alors j’ai fermé ma gueule.
Parfois, la nuit, Virginie se réveille trempée de sueur, elle revit la scène, ou presque, avec des variantes sympas, tarabiscotées, parfois totalement incohérentes, mais toujours dérangeantes en tout cas. Dans ces moments-là, je suis près d’elle, je lui offre mon épaule pour qu’elle y pleure.
Virginie, c’est mon autre, je suis rien sans elle, je le sais bien.
Virginie, je la regarde dormir depuis plus de deux heures sans bouger de ma chaise. J’attends qu’elle revienne avec moi, parce qu’elle a encore deux ou trois trucs à me dire.
Virginie, elle commence à remuer les yeux sous ses paupières qui battent, et puis elle soupire un peu. Elle revient tranquillement à elle. Elle me regarde, me sourit, et s’étire pendant un long moment. Elle regarde la carte de visite posée sur sa poitrine, celle avec laquelle elle jouait tout à l’heure.
- Babeth, je crois que je vais pas trop bien, en fait.
- Tu te sens mal ? Tu veux que je descende te chercher quelque chose ?
- Non ! Non. C’est pas ce que je veux dire.
Un moment, je crois qu’elle va repartir dans son monde, et puis non, elle revient quasiment aussitôt.
- Je crois que dans ma tête, je vais pas très bien. Des fois, j’ai l’impression que la façon dont je pense est pas très normale.
- C’est un peu con ce que tu dis.
- Laisse tomber.
- Non attends, je voulais dire, tu sais pas du tout comment pensent les autres dans leur tête à eux, alors comment tu peux savoir que ta façon de penser à toi est pas normale ?
- Je sais pas, une impression.
Elle me brandit la carte de visite.
- Je suis allée voir un psy. Un gars plutôt sympa. Je lui ai parlé longtemps, de plein de trucs.
- Même de…
- Non, pas de ça, j’ai pas envie de finir en taule, t’es folle ou quoi ? Je lui ai parlé d’un tas de trucs dans ma vie, de Simon aussi, un peu, de toi, de mes parents, de la fac, d’un peu tout quoi.
- Et il en a dit quoi ?
- Rien, il a rien dit…
- A quoi ça sert que tu ailles le voir alors ?
Elle hausse les épaules. Je sais pas trop pourquoi, mais je me sens mal à l’aise. Son histoire de psy me plaît vraiment pas.
- Tu retournes le voir quand ?
- Après-demain, probablement.
- Et euh… Je pourrai venir avec toi ?
Elle me sourit comme si elle espérait la question.
- J’aimerais bien oui.
La deuxième fois que Virginie a tué, on avait tout juste seize ans, elle s’était laissé plus ou moins séduire par un grand du lycée, d’un ou deux ans notre aîné. Un soir, on était tous les trois tranquillement allongés dans l’herbe qui borde la rivière, à siffler des bières et fumer des joints. Le gars - dont la conversation était tellement profonde que je me ne souviens même pas de son prénom - commençait à ne plus être très frais. Il parlait beaucoup, il s’écoutait pas mal aussi, il faisait de grands gestes en essayant de l’impressionner, mais elle gardait un air totalement détaché, désintéressé, comme elle sait si bien le faire. De temps en temps, elle me regardait sans rien dire et levait les yeux au ciel, ça me faisait doucement sourire. Et puis le type a commencé à l’embrasser maladroitement, avec un tout petit peu trop de violence pour qu’on puisse appeler ça de la passion, il a ensuite essayé de glisser ses mains un peu partout sous ses vêtements. Je sais pas trop d’où sont sortis les autres, mais apparemment il avait convié tous ses potes à se joindre à la partie, et ils ont commencé à entourer Virginie, à taper dans leurs mains, à scander des horreurs, à la traiter de pute, de traînée, de salope. Ils me retenaient, je ne pouvais rien faire. Elle se débattait, criait, et puis elle a envoyé valdinguer le gars qui a atterri dans le cours d’eau, elle a levé un énorme galet au-dessus de sa tête pour le lui laisser retomber sur le crâne. Les autres sont partis en courant dans toutes les directions.
Cette fois-là, on s’était engueulées. Je trouvais qu’elle y était allée un peu fort, qu’une baffe aurait suffi, qu’elle pouvait au moins faire semblant d’être un peu désolée, je lui hurlai dessus des tas de niaiseries pour ne pas lui dire l’essentiel, pour ne pas avouer que je m’inquiétais pour elle, et surtout que parfois, elle me faisait peur.
Les flics avaient enquêté, comme la première fois, et comme la première fois ils avaient décidé que ce n’avait été qu’un regrettable accident. Virginie s’était de nouveau retrouvée entourée de toute la compassion et de tout le soutien du monde, et son air impassible était encore passé pour de la douleur contenue. La vérité, c’est qu’elle s’en foutait. Enfin je crois.
Je ne lui en ai pas voulu longtemps. On a repris notre vie d’autistes, à partager nos journées et nos secrets, nos minutes et nos fantasmes, nos rires et nos peurs. On a grandi. On a même eu vingt ans.
Et on en est là.
On en est à ce que j’aie terriblement peur qu’elle ne tue à nouveau juste parce qu’un gars fait mine de lui tourner autour, on en est à ce que je panique à l’idée qu’un psy puisse découvrir ce qu’on cache depuis tant d’années, on en est aussi à ce que je sois un peu jalouse qu’elle puisse se confier à quelqu’un d’autre que moi.
J’ai tellement peur de la perdre que ça me fait mal, physiquement mal, ça me comprime les boyaux.
Dans le cabinet du psy, j’écoute Virginie parler de moi comme si je n’étais pas là, j’écoute l’autre lui poser des questions sur le même ton, c’est une sensation étrange.
- Ça fait longtemps que tu connais Babeth ?
- Je crois que je la connais depuis toujours. Aussi loin que je me souvienne, elle a toujours été près de moi en fait.
- Et ta relation avec Babeth t’apporte quoi au juste ?
- Je sais pas… Elle m’écoute, elle sait tout de moi, avec elle c’est facile. J’ai même pas besoin de parler, elle devine tout de suite quand je suis pas bien, elle sait pourquoi. Avec elle, j’ai moins peur des autres, parce que je me sens pas seule. Et puis je crois que je l’aime en fait.
Elle se tourne vers moi et me sourit. Le type sursaute. Il s’attendait pas à ce qu’elle éprouve des trucs pour moi ce con ou quoi ? Il tapote avec son stylo sur son sous-main, je le sens nerveux, ça me plait pas.
- Est-ce que… tu pourrais lui demander de sortir ?
- Hey, mais…!
J’essaye de protester, mais je suis bien trop surprise pour savoir quoi dire.
- S’il te plait…
La supplique de Virginie me vexe encore plus, surtout après sa déclaration émouvante ! Je suis choquée, je me lève d’un bond et je sors comme une flèche. Je fulmine longtemps dans la salle d’attente, peut-être une heure, peut-être deux, je suis tellement en colère que je perds toute notion de l’heure, et puis elle finit par sortir et passe devant moi sans même me regarder. Je me lève et je la suis sans un mot. Elle marche loin devant moi dans la rue, pas un regard, pas une parole. Arrivée chez elle, toujours sans avoir prononcé quoi que ce soit, elle entre et me claque la porte au nez. Je suis abasourdie, je ne comprends absolument pas ce qui peut motiver un revirement pareil, qu’est-ce qui a bien pu se dire derrière cette porte, de quoi m’a-t-il accusée ?
Une semaine passe avant que je ne la revoie. On est juste debout, comme ça, l’une en face de l’autre sur le trottoir devant la fac.
- Vi, tu m’as manqué. J’aime pas ton silence radio, ça te ressemble tellement pas. Et puis j’ai pas vraiment compris ce que j’avais fait de mal. C’est ton psy là, qui te retourne la tête. Enfin quoi merde, je croyais que j’étais ta meilleure amie, il est où le problème hein ? Et puis pourquoi tu pleures ? Putain, dis-moi si y’a un truc qui va pas, tu me dis plus rien de ta vie, c’est Simon ? C’est ça ?
Pourquoi elle ne réagit pas ? C’est elle qui voulait me voir, et elle reste là à regarder par terre et à sangloter, je flippe. D’un coup, elle se retourne et part en courant, j’ai rien compris.
Une autre semaine passe, je la rejoins dans un bar, elle est saoule, elle me raconte des trucs sans queue ni tête. Je la porte jusque chez elle, je la couche, je la veille, comme d’habitude, enfin.
Et puis non. De nouveau, une semaine passe, et puis une autre, et encore une autre. Je l’appelle souvent, mais chaque fois elle est sèche et refuse de me voir.
Et puis elle me donne rendez-vous, dans la cabane en haut du platane, j’en frissonne longtemps à l’avance, je trouve ça malsain. Mais j’y vais. Pour rien au monde je ne laisserais passez une occasion de lui parler. Quand j’arrive au square, je vois de loin ses jambes dépasser par-dessus le vide, et juste à côté, d’autres jambes, plus petites. Je pose l’un après l’autre mes pieds sur les planches clouées au tronc de l’arbre. C’est fou comme le corps n’oublie pas, je suis presque aussi agile qu’à l’époque. Ma tête dépasse le sol de la cabane, et je manque de tomber sous le choc. A côté de Virginie, une petite fille est assise et discute avec elle, une petite fille aux cheveux tellement blonds qu’ils sont presque transparents, la même petite fille qui se tenait là il y a douze ans. J’approche un peu, pas très rassurée par l’absurdité de la situation.
- Je te présente Jenny, ou Marion, ou n’importe quel prénom que tu choisiras, me fait Virginie sur un ton glacial. Fais pas cette tête-là, c’est presque ta sœur.
- Vi, je comprends pas…
- Arrête de m’appeler comme ça, tu m’agaces.
Ce ton cassant, je le connais pas. Elle pose sa main sur le dos de la gamine et lui souffle :
- Allez, laisse-nous.
Et puis elle la pousse dans le vide. Je crie et je m’élance, je regarde en bas. Il n’y a rien, personne.
- Magique hein ?
J’ai envie de vomir, j’ai des points noirs qui me clignotent devant les yeux, j’ai l’impression de devenir folle d’un seul coup. Virginie est d’un calme olympien. Je viens de remarquer qu’elle tient dans sa main un flacon de gélules.
- Vi, tu vas pas faire une connerie hein ?
Ma voix, c’est plus qu’un souffle. Elle débouche le flacon et laisse tomber trois gélules jaunâtres dans la paume de sa main. Puis elle en met une dans sa bouche.
- Babeth, tu sais ce que c’est que la schizophrénie ?
- Je crois…
Je ne peux plus que murmurer. Elle avale une seconde gélule.
- C’est quand on invente des choses qui n’existent pas, des voix, des gens, des événements. L’avantage des neuroleptiques, c’est qu’ils atténuent ce genre de symptômes. Les antipsychotiques aident aussi pas mal, et la volonté fait le reste du boulot.
Elle avale la dernière gélule avec un mouvement de tête en arrière.
- J’ai raconté à mon docteur ce qu’on a fait toi et moi dans le passé. On s’est trompées Babeth. La petite fille, elle n’existait pas. Antonin, il était tout seul. Les sauvages qui hurlaient et vociféraient près de la rivière, ils n’existaient pas non plus. Le gars, il est mort pour presque rien, c’est marrant non ?
Sauf qu’elle ne rie pas, et moi non plus. J’ai des sueurs froides, je me sens pas bien, je panique. J’ai bien trop peur de comprendre. Virginie s’est levée, elle s’avance tout doucement vers moi.
- Et ouais, tout ça, c’était du flan, des mirages. Toi non plus, Babeth, tu n’existes pas. Tu le sais hein, au fond de toi ? Tu es juste une pauvre création de mon cerveau malade. Tu es la carapace qui me protège des autres, qui me met à l’abri du risque. Et si je veux être un peu mieux, si je veux pouvoir vivre normalement sans être un danger public, il faut que tu disparaisses.
Elle m’a gentiment poussée du bout du doigt jusqu’au bord du vide.
- Tu as été une super amie, je te remercie pour ça. Mais je dois vivre.
Je tombe.
LA ZONE -
- Et c’est qui au juste ce mec ?
- Il s’appelle Simon, qu’elle me fait.
Ce qui est bien avec Virginie, c’est qu’elle a l’art d’éluder systématiquement l’essentiel des questions qu’on lui pose.
- Ouais, super, ok, il s’appelle Simon. Mais ça me dit pas vraiment qui il est, ce qu’il fait dans la vie, où tu l’as rencontré, s’il est plutôt du genre marrant, ou plutôt du genre gentil, ce genre de choses.
- Ah oui… ça.
- Bin oui ça.
- On est dans le même cours de bio. Et il est plutôt du genre sympa. Et beau, ouais. Du genre beau.
Elle me sert son plus beau sourire, celui qui veut dire qu’il est temps que j’arrête de la saouler.
- Et je le vois quand ?
- Je sais pas. Demain si tu veux.
- Vi…
- Ok, ok, elle soupire. Il passera peut-être ce soir boire un verre avec nous.
Je replonge le nez dans mon chocolat chaud. Elle, elle a un regard contemplatif et niais. C’est exactement ce qui me fait peur. J’hésite à la lui poser, cette foutue question.
- Et euh… Tu crois pas que…
Elle s’énerve.
- Que quoi ? Tu m’énerves à la fin, t’es jalouse ou quoi, fous-moi la paix un peu, ok ?!
Je la regarde un moment, et puis je me lève au ralenti, je prends mon manteau sur le dossier de ma chaise, je l’enfile, toujours aussi calmement. Elle, elle me regarde même pas. Elle souffle juste un “Babeth…” presque excédé. Je soupire et je me volatilise. Elle l’a bien cherché, cette conne, qu’elle reste toute seule, j’espère que ça la fera réfléchir un peu.
- Il s’appelle Simon, qu’elle me fait.
Ce qui est bien avec Virginie, c’est qu’elle a l’art d’éluder systématiquement l’essentiel des questions qu’on lui pose.
- Ouais, super, ok, il s’appelle Simon. Mais ça me dit pas vraiment qui il est, ce qu’il fait dans la vie, où tu l’as rencontré, s’il est plutôt du genre marrant, ou plutôt du genre gentil, ce genre de choses.
- Ah oui… ça.
- Bin oui ça.
- On est dans le même cours de bio. Et il est plutôt du genre sympa. Et beau, ouais. Du genre beau.
Elle me sert son plus beau sourire, celui qui veut dire qu’il est temps que j’arrête de la saouler.
- Et je le vois quand ?
- Je sais pas. Demain si tu veux.
- Vi…
- Ok, ok, elle soupire. Il passera peut-être ce soir boire un verre avec nous.
Je replonge le nez dans mon chocolat chaud. Elle, elle a un regard contemplatif et niais. C’est exactement ce qui me fait peur. J’hésite à la lui poser, cette foutue question.
- Et euh… Tu crois pas que…
Elle s’énerve.
- Que quoi ? Tu m’énerves à la fin, t’es jalouse ou quoi, fous-moi la paix un peu, ok ?!
Je la regarde un moment, et puis je me lève au ralenti, je prends mon manteau sur le dossier de ma chaise, je l’enfile, toujours aussi calmement. Elle, elle me regarde même pas. Elle souffle juste un “Babeth…” presque excédé. Je soupire et je me volatilise. Elle l’a bien cherché, cette conne, qu’elle reste toute seule, j’espère que ça la fera réfléchir un peu.
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Un petit coté 'créatures célestes' pas désagréable et toujours cette putain d'influence de Stephen King gonflante. Sinon pour le reste, j'ai beaucoup aimé, sauf peut-être que ça se traîne un poil sur 80% du texte (la mise en place) et que ça se précipite un poil sur le reste (la partie la plus intéressante, qui devrait constituer la plus grosse part du texte).
j'ai aimé aussi. ça se lit très bien, mis à part deux trois passages moins soignés, ou des phrases inutiles et moches genre "Virginie, c’est mon autre, je suis rien sans elle, je le sais bien", mais yen a pas des masses. sinon je suis pas fan de ce style d'histoire, mais là c'est tout à fait ok, même la fin.
Ca me laisse déçu.
Ce type de texte, c'est franchement pas pour moi. La psychololol je déteste ça, sous la plupart de ses formes, exceptés les récits exhaustifs de psychanalyses, ça, c'est marrant. Mais construire un récit sur des concpets psychanalytiques ou psychiatriques, je crois pas que ce soit une entreprise viable.
Mais déçu parce que le début (jusqu'après le second meurtre) m'a plu. C'est bien maîtrisé, y a assez d'informations et pas trop pour qu'on reste tendu, c'est écrit propre, bref, ça passe bien.
Et puis paf. Le premier truc qui m'a fait décrocher, c'est un détail : "ça me fait mal, physiquement mal, ça me comprime les boyaux." Jusque là j'étais dans le trip histoire mélo à la noix, j'imaginais la narratrice et sa cop's dans la peau de putes diaphanes et mirifiques, et puis là, poum, des boyaux. Bordel. Faute de goût. Enfin non, j'aime bien les boyaux, entendons-nous, mais c'est pas le lieu.
Le second truc, c'est qu'à partir de là, on sent otut venir gros comme une maison, et quand ça vient, c'est effectivement gros comme une maison. A la limite, la seconde moitié du texte aurait été remplacée par OUAIS MAIS EN FAIT ELLE EST [non je ne ferai pas de spoiler en commentaire non je ne ferai pas de spoiler en commentaire non je ne ferai pas de spoiler en commentaire] HAHAHA TROP BIEN QUOI, j'aurais préféré. Là, j'ai passé la fin de la lecture à dire "ouaiiiis d'accoooord alleeeez on a captéééé" et autres commentaires de gros con déçu.
Bref, un peu gâché. Trop dévoilé, mystère tué.
J'ai moi aussi deviné assez rapidement vers quel dénouement on se dirigeait, sinon c'est pas mal du tout, histoire construite, pas mal écrite, tout ça, un vrai récit et pas un texte vide ousque l'auteur fait des phrases, ça fait du bien de temps en temps. Quelques détails sur lesquels on peut pinailler, genre "aimer à la folie" pour des gosses de 8 ans.
Mais le défaut de base, le caractère prévisible, je me demande au fond comment on pourrait l'éviter avec ce genre de texte. Ici, c'est plutôt gros comme un camion (si, si, comme un camion). Il y a comme un défi à relever, là : écrire la même histoire (même principe de base, disons) en parvenant à surprendre le lecteur. Pas évident du tout, mais c'est ça qui serait marrant.
Ben avec la fin "OUAIS MAIS EN FAIT ELLE EST [non je ne ferai pas de spoiler en commentaire non je ne ferai pas de spoiler en commentaire non je ne ferai pas de spoiler en commentaire] HAHAHA TROP BIEN QUOI", moi j'aurais été surpris, durant environ quatre secondes, puis je serais allé voir ailleurs, comme de juste, sans avoir le temps de me faire chier la bite.
attendu, sans surprise, mais quand même bien soigné, composé, écrit. un vrai texte, quoi.
par contre la définition de la schizo...mouais...on est à deux doigts de limiter ça au dédoublement de personnalité, quand même.
C'est vraiment pas mal, prenant, bien écrit, on décroche pas de l'histoire, on a envie de savoir comment ça va se terminer, et on se retrouve avec une fin (bien écrite au demeurant) pas vraiment fraiche. Et ça, c'est bien dommage.
C'est gentillet, ça traine, mais Arkanya maîtrise suffisament bien l'art du gentillet trainant pour que ça ne devienne jamais chiant.
J'ai bien aimé. Contrairement à vous autres la fin m'a surprise, j'aime bien quand ça me surprend.
C'est vrai que j'ai deviné la fin assez vite, mais ça ne m'a pas gêné, un peu comme si il n'y avait que cette fin possible. Le côté "EN FAIT ELLE EST" dénoncé par Glaüx n'est pas si marqué, me semble-t-il, puisque, de toute façon, tout cela est prévisible. A part ça, le style m'a bien plu. Bon texte.
Pareil, j'ai du mal à voir ça comme un final twist de sa gran-mère, c'est juste la continuité (prévisible ou non) de l'histoire.
"Il y a comme un défi à relever, là : écrire la même histoire (même principe de base, disons) en parvenant à surprendre le lecteur. Pas évident du tout, mais c'est ça qui serait marrant."
On peut toujours foutre le texte dans le Palimpseste. Reste à savoir si l'utilisation d'un jouet zonard à des fins utiles va pas créer une faille dans le continuum bite-couilles de la Zone.
J'adhère pleinement à ce texte.
Tu te rends compte que tu viens d'affirmer que tu es collé à ton écran ?
Je proteste contre l'affirmation de Winteria ci-dessus. Le Palimpseste n'est pas un jouet, c'est un dérivateur de flux de connerie, un piège à boulets.
Meuh non, c'est le sextoy de Glaüx.
Tout est sextoy, en vérité je vous le dis, tout est sextoy.
(rire bête)
Même le bloglo...
Avis à l'intéressé.
Y a tellement de sperme sur mon écran que j'arrive plus à trouver le bouton "ajouter une nouvelle note".
pour avoir connu ce delire je vous souhaite le meme
J'adore, Arkanya c'est vraiment la meilleure.