Ouverte je la franchis; et j'avance, et je vais dans la cuisine. Je m'y sens déjà étranger, je suis déjà le mal-venu, j'anticipe. Prends un Post-It et écris un mot suintant d'amour, du lait qui déborde de la casserole. Ca pue l'hypocrisie, mais faut bien, c'est mon rôle, et ça servira de réservoir, ça les dispensera des soirées entre coupables, de toute l'angoisse que je cherche, moi.
Mes billets en poche, j'ouvre, passe, et ferme la porte de l'entrée. Ma vie est morte; les souvenirs naissent, les remords, eux, apparaissent. Denué de raison; je me sens exister. Héle un taxi. Gare de Lyon.
Je ne laisse aucun pourboire une fois devant la gare, j'aurais fait pareil une deuxième et une troisième fois, si j'avais pu.
La musique à quatre notes, et l'annonces. Le train échoue au bout de la voie, je composte le billet qui scelle ma décision, et j'y monte.
Presque personne. Une dizaine d'individus, une vingtaine si je compte les autres, ceux qui ne méritent pas même un chiffre. Les coquilles vides d'une vie qui se finira comme elle s'est déroulée; dans le silence, dans l'abnégation de soi. Si un seul mérite de vivre, c'est moi, merde. J'ai tout foutu en l'air, je ne veux pas que ça m'arrive.
Je ne pleurs pas sur l'Inexorable, je ne mouille pas de larme Papa et Maman, je ne couvre pas de glaire la société, non, je vois le gouvernail, je le prends en main, et je sombre moi-même dans l'abysse, sans envie, sans raison, sans but. C'est la liberté, c'est la merde.
Pourquoi partir? Quelle belle vie! La gâcher? Alors que des enzymés, alors que d'autres en jouieraient?
Foutaises.
Arrivé là-bas, je prendrais un boulot dans un boui-boui crasseux, un snack mal famé, avec des porcs mal rasés, puant la Corona à longueur de journée.
C'était subtil. Je marchais dans des pas tracés avant moi, c'était pour moi. La neige ne fondait jamais où je me reposais.
Ni papier, ni crayon, ni plan, rien. Rien d'autre qu'un passport, et une agrapheuse, comme tout le monde veut un Nord, bordel, je me le crée. Et de l'argent. Encore, pas d'argent! Juste de quoi être dans la merde.
Je m'assoupis, en regardant mes pupilles dans les vitres du TGV. Elles s'impriment de manières éphéméres sur chaque paysage, je m'élevais, haut, bien haut, bien haut.
Le train arrêté, je descends. L'air est frais, mes poumons en souffrent, mes yeux piquent, mon nez me démange.
Je vais chialer.
C'est une journée parfaite. Ils ont déjà dû se réveiller; ils ne se rendront compte de mon absence que ce soir, ils verront le Post-It, et peut-être pleureront-ils, peut-être pas. Peut-être qu'ils se rassureront. Il va revenir, j'en suis sûr. C'est vrai.
Ils pensaient ça, mais moi, j'avais des remords, des regrets, de l'angoisse, avec une souffrance quoi. Putain, j'étais quelqu'un. C'était Monsieur Douleur, maintenant. Clochard, futur vieillard merdeux, édenté, imbibé, enfumé, noircit par la grave des mauvaises joies, mais joyeux d'avoir été, d'avoir fait.
Travailler, commencer à zéro, à moins un, partir dans le négatif, plus bas encore. Comme un thermomètre russe, comme un hussard, que ça casse, que le mercure coule, qu'il soit. Que je fus.
LA ZONE -
Parfait, il n'y a plus de soleil, plus de lune, plus d'étoiles; personne ne me verrait.
J'ouvre la porte de ma chambre, délicatement, tirant la langue tout ce que je peux pour lui intimer de faire moins de bruit. Le grincement résonne presque, une note me semble une timbale battue par un troupeau.
J'ouvre la porte de ma chambre, délicatement, tirant la langue tout ce que je peux pour lui intimer de faire moins de bruit. Le grincement résonne presque, une note me semble une timbale battue par un troupeau.
= ajouter un commentaire =
Les commentaires sont réservés aux utilisateurs connectés.
= commentaires =
+1 pour le résumé.
Ce texte a été écrit en partie grâce à l'écriture automatique, non ?
J'aime bien le rythme. Mais il y'à quand même certains clichés.
Hors sujet : zonemetal ne fonctionne plus. Pas le forum. Pourquoi ?
DTCS
Ah non, je perds la main.
Parce que zonemetal, c'est une annexe de la Zone ? Ou c'est le contraire ?
Non non, rien à voir, c'est juste Osiris qu'est une annexe du cul du Néant du point de vue du cerveau.
Putain, j'ai un skibili retard dans les textes, faut que je commente après la piscine en capsule.
Par les nuées, et au son des cors d'airain et des tambours lourds, et tandis que le ciel s'ouvre par devant nos présence dans une cathédrale de lumière, cascadant et se mirant dans l'éther, alors les trompettes se baissent, car en vérité Hag va laisser une remarque. Oyez ses paroles.
- Tranche de vie peu intéressante.
- Style mal maitrisé (mal adapté au sujet aussi) mais avec un certain potentiel. Les phrases sont beaucoup trop courtes pour ce genre d'histoire et rendent la lecture pénible.
Bref, trouver un autre thème et mieux soigner son style, et ça pourrait bien devenir fort sympathique.
Et Hag se retire, mais le silence reste, mais tout le monde s'en branle.
Merde j'ai pas réussi à caser Jérusalem Céleste dans mon commentaire.
Tranche de vie aussi peu interressante que possible, je ne cherche pas à faire dans de l'épique, mais vraiment dans un pathétique complétement banal.
Pour ce qui est de "travailler" le sujet, je ne vois pas vraiment ce que tu entends pas là. Quand j'écris je ne cherche pas à caser absolument telle ou telle figure de style, mais seulement à retranscrire une émotion. Si l'émotion a du mal à passer, c'est que le narrateur lui-même a du mal à la vivre.
(Omg, grave)
Pour répondre à Osiris; ce n'est pas de l'écriture automatique, mais c'est du premier jet pur et dur, je n'écris que comme ça d'ailleurs. Je ne retouche jamais une phrase, rien.
C'est la première phrase qui a dû engendrer la suspicion de poésie frauduleuse. Vaut mieux passer dessus, laissons le soleil, la lune et les étoiles tranquilles (ceci dit, dans un registre carrément poétique, le texte de Winteria "Con comme la lune" était plutôt bien passé).
Sinon, ce texte n'a qu'un vrai gros défaut, c'est qu'il me rappelle une chanson de Michel Sardou. J'ai plutôt apprécié le fond, c'est vaguement confus mais pas mal écrit sur le style.
Le style nuit légèrement à la fluidité de la lecture. Aucun plaisir malgré deux trois trouvailles.