Par terre, des verres dans lesquels reste un fond de boisson en train de pourrir, du soda, du jus de fruit, de l’eau. Dans les plus anciens des ronds de moisissure verts flottent tranquillement parce qu’ils savent que leur heure est venue. Par terre, des bouteilles vides renversées, des bières, de la vodka, du Jet-27. De l’alcool bon marché au goût du jour. Par terre, des assiettes entamées et jamais finies, des pâtes emprisonnées dans un océan de sauce tomate et de gruyère devenu gelée, divers plats décongelés. Ils durcissent au fil des heures, ils s’accrochent à l’assiette, se consolident autour les couverts jetés négligemment dedans. Dans l’air, une odeur de renfermé, une odeur de décomposition, une odeur de crasse.
Sur la table, des boîtes de dvd en désordre, des disques de musique en vrac, hors de leur boîtier qui doit reposer sous un canapé ou près de la chaîne hi-fi. Sur la table, le petit mot de sa mère : « Mon chéri, je te souhaite une bonne semaine. Papa et moi serons rentrés dans une semaine. J’ai fait les courses, le frigo est plein. N’oublie pas de nourrir le chat. Bisous ». Sous la table, la gamelle du chat est presque vide, quelques croquettes attendent nerveusement leur heure. La gamelle d’eau est verte, des poils se noient.
Sur la table basse, un grand cendrier plein de cendres froides, comme un vaste champs de bataille dévasté après l'affrontement. Les mégots éteints sont recroquevillés comme des cadavres exprimant encore leur ultime souffrance, la tête dans la terre que forment les cendres. La tension se lit encore sur les corps contractés. Sur la table basse, un Ipod déchargé, plongé dans le coma. Faut-il s’acharner pour le ramener à la vie ? La pièce pue la paresse. Sur la table basse, la poussière s’accumule, le ménage n’a pas été fait. Mais dans le noir on ne voit pas la crasse. Tout est naturellement sale dans l’obscurité. Sur la table basse, la télévision est allumée, le son est faible, l’image est blafarde. A l’écran un film d’horreur des années 1980 qu’il connaît par coeur, une femme qui hurle, un couteau sanguinolent en arrière fond. Sous ce cadre de réalité pixélisée, une X-box, une PlayStation et d’autres comme les têtes de l’hydre. Au bout des câbles, les manettes sont étalées dans la pièce, les bras tentaculaires du monstre qui attire tout à lui.
Et sur le bureau, l’ordinateur.
Sur une chaise, en face de l’écran, dix-sept années de vie biologique se retrouvent dans la position du fœtus, mais assises, les jambes repliées contre la poitrine, bloquées par les bras refermés autour, la tête sur les genoux. Un halo de lumière bleue relie son corps et l’écran de l’ordinateur. Il regarde. Son visage est devenu bleu, peut-être que s’il s’en allait maintenant, cette couleur de glace ne le quitterait pas. Ses yeux sont globuleux, exorbités. Ses yeux descendent régulièrement sur l’horloge électronique - en bas à droite de l’écran - pour s’assurer que le temps passe bien.
Tout autour de l’ordinateur, les mugs de café vides disposées par le hasard presque symétriquement, ont l’air de bougies allumées à la gloire d’un dieu.
L’espace a disparu. Le garçon est comme un périphérique de l’ordinateur. Il est connecté à internet. La souris sous sa main est comme le prolongement de son système nerveux, le clavier la continuation organique de ses doigts. Il est connecté.
Il s’ennuie. Les trois cent chaînes câblées de la télévision l’ennuyaient, alors il s’était assis devant l’ordinateur. Mais les possibilités infinies d’internet l’ennuient encore plus. Régulièrement il s’étire. Régulièrement il sent son paquet de cigarettes l’appeler. Régulièrement il ferme les yeux, plonge son visage dans ses mains et se retient de pleurer. Quelque chose le travaille, quelque chose l’angoisse, quelque chose fait le vide en lui. Il a beau regarder des vidéos amusantes, consulter des sites de blagues, jamais il ne sourit. Il regarde des films sans ressentir d’émotion. Voir des naufrages et rester sec. Il se frotte les yeux, il a mal à la tête.
Son téléphone portable sonne. La sonnerie le fait sursauter, il cogne le bureau, une tasse se renverse. Le café coule sur le tapis.
- Allô ?
- Salut Phil ! Tu viens ce soir chez moi ? Je fais une petite soirée entre potes…
- Ah non, désolé… J’ai promis à ma mère de l’accompagner au cinéma ce soir.
- Ah… Bon c’est pas grave. A la prochaine, alors !
- C’est ça. Salut.
Puis il recommence à s’ennuyer. Il ne sait pas bien ce qu’il y a. Il se sent seul mais il ne veut voir personne. Il lance de la musique qui couvre le son de la télévision. Pink Floyd, Let There Be More Light. Un petit message apparaît sur l’écran. Le film porno est téléchargé. Il ne le lance pas tout de suite. Pas tout de suite.
Sous la table, le chat regarde tristement ses croquettes dégueulasses. Comme sa litière sentait trop mauvais, il a préféré pisser contre une commode.
Sur la table, quelqu’un a marqué salope sur le mot qu’a laissé la mère.
Par terre, il s’est allongé, fatigué de n’avoir rien fait.
Dans le refrain des heures.
Il voudrait un flingue.
Pour tuer le temps.
LA ZONE -
Les volets sont fermés. Ils n’ont pas été ouverts depuis un certain temps. La pièce est plongée dans une obscurité presque totale, les rayons du Soleil ne passent pas du tout au travers des lourds volets métalliques.
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y a un vieux relent de N3rdz là-dedans...
Démasqué le plagiaire.
Ca m'étonnerait, je les ai pas lus.
Ah... on vient de me signaler que je n'aurai pas du dire ça.
Ca commençait mal. Je me suis vite fait chier et j'avais pas trop envie d'aller au bout. Puis j'ai commencé à trouver ça glauque. Puis réaliste. Ensuite j'ai regardé mon bureau. Puis j'ai cherché s'il y avait une caméra qui m'avait suivie ces dernières années.
Alors je l'ai trouvé efficace. Mais efficace seulement parce qu'il parle au genre de personnes qui trainent ici, donc un peu facile. En gros j'ai aimé, mais parce que c'est moi. Je ne sais donc même pas si c'est un bon texte.
Moi y a les expressions antropomorphistes qui m'ont un peu chagriné, genre "des ronds de moisissure verts flottent tranquillement parce qu’ils savent que leur heure est venue", "ils s’accrochent à l’assiette", "quelques croquettes attendent nerveusement leur heure". Bon je suppose que c'est voulu, et finalement ça prend son sens, les objets sont les protagonistes les plus intéressants du texte, plus que la pauvre larve devant son PC.
Le reste, tout bon.
Sinon y a une majuscule à Soleil, c'est un texte paganiste. Inquisition !
Non, j'accroche pas. Pourtant, bon style et tout, mais l'absence d'intrigue me gêne.
En même temps pour décrire ce que je voulais décrire je vois pas comment j'aurai pu insérer une intrigue quelconque (parce que justement il ne se passe rien) à part "parviendra t-il à finir son assiette de pattes???".
Chais pas moi, t'as qu'à lire les nouvelles de Will Self, ça te donnera des idées.
Bordel, mais ta gueule, Mill.
Pourquoi? C'est pas mal, Will Self. Il retranscrit un univers comparable à celui de Nico en développant des intrigues relativement marrantes.
On a rien à braire de Will Self ni de tous les connards pourris dont tu te gargarises à longueur de journée, c'est bon, ça capte là ?
Will Smith ?
Je ne sais pas si c'est un connard, le Will Self. Quant au terme "pourri", ce n'est pas impossible, vu que ce n'est pas forcément un grand styliste, mais les thèmes qu'il privilégie, on les retrouve sur la Zone, et notamment dans ce texte. Et je ne me gargarise pas.
Et c'est quoi cette agressivité de merde, d'abord, hein? Ségolène!
Je connais pas Will Self, j'en n'ai même jamais entendu parlé. Et j'ai pas envie d'écrire comme Will Self ou comme machin ou comme bordel.
Tu peux pas lire un texte sans dire du tac au tac "ah tiens ça ressemble à bidule" ou "ça aurait été mieux avec un peu de truc muche"... J'en ai rien à foutre de ça.
En même temps pour décrire ce que je voulais décrire je vois pas comment j'aurai pu insérer une intrigue quelconque (parce que justement il ne se passe rien) à part "parviendra t-il à finir son assiette de pattes???". (citation de Nico : 26/06 à 13h30)
Will Self a su répondre à cette question. C'est tout. J'en ai rien ai foutre de Will Self, que tu écrives comme lui ou non, si tu veux savoir, ton style est meilleur mais tu sais pas développer une intrigue, point barre.
Commencez à me courir, les blaireaux.
Ca t'as pas traversé l'esprit que j'avais pas forcément envie d'une intrigue ?
J'ajouterai bien : BANZAI
mais je me retiens.
Ca t'as pas traversé l'esprit qu'on pouvait avoir envie de critiquer les textes qu'on lisait sur la Zone? Et c'est d'un "on" global que je parle.
Géronimo!!!
Mais vas-y critique bordel. J'attends que ça des critiques ! Mais par contre quand je dis "j'ai pas voulu d'intrigue dans ce texte" et que Sa Grandeur Mill me répond "ahah tu sais pas développer une intrigue ahah", ouai, ça me fait chier.
Ta gueule maintenant, c'est mon texte et tu pourris les commentaires.
Non, j'accroche pas. Pourtant, bon style et tout, mais l'absence d'intrigue me gêne.
Voilà, Msieur Nico.
Bin moi j'ai trouvé ça bon. Je vais quand même pas faire un schéma car ce texte est clair et précis, tout y est bien dessiné. Oui on le voit le mec dans sa piaule...donc c'est un bon texte...
c'est du bon,description ultra fluide,légère comme la bite a nihil(oups merde c'est vrai que je doit resté triste pardon)sa se lit tout seul j'ai presque envie de dire encore ho oui encore!VA Y DEFONCE MOI LE CUL ENCORE ENCUL2 HOOOOOOOO OUIIIIIIIIIHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
Oui. Encore que.
J'aime bien ,c'est bien écrit, il y'a du talent.