Le palais du gouverneur fut le dernier à tomber. Il était grand, et sis au milieu de jardins que protégeait une enceinte de pierre et de métal, aussi vieille que la ville, mais la horde belliqueuse la franchit avec des grappins, et elle ne les retarda pas plus longtemps que ne l'aurait fait un muret. Les attendait une troupe d'élite, mais petite, les derniers défenseurs de la cité, qui se firent promptement encercler, ils se rendirent et on leur laissa la vie, contre leur servitude. Les envahisseurs rirent de leur fortune, la ville entière était à eux.
Le palais du gouverneur avaient de magnifiques jardins, résultats de siècles de travaux horticoles, et on y trouvait aussi bien des bois à l'atmosphère sombre et envoûtante que des prairies de hautes fleurs sur les coteaux d'une colline artificielle, et au milieu de laquelle vagabondait un ruisseau au timbre chantant qui rejoignait un lac calme aux rives couvertes de saules ou de pins maritimes, leur odeur douce répondant aux crissement léger des semelles sur les tapis d'aiguilles. Les guerriers enlevèrent leur armure, le soleil couchant leur réchauffa le dos, l'herbe impeccable était douce à leurs pieds. Les dernières lueurs du soleil jetaient des ombres démesurées sur les gazons et les murs de granite rose.
Les serviteurs du gouverneur sentir le vent changer, et devinrent promptement les serviteurs des étrangers. Tandis que ceux-ci se délassaient dans les jardins, allongés dans les arbres ou parmi les herbes, se baignant dans un lac, on alluma des flambeaux pour réchauffer l'air nocturne, ainsi que des brasiers, qui furent recouverts de broches immenses sur lesquelles étaient empalés assez de morceaux de viandes pour nourrir cette armée. Des tables furent jetées sur des tréteaux, et d'autres à même le sol, et on y plaça des boissons, de l'alcool ou des jus de fruits inconnus. Chacun fut gré aux serviteurs d'avoir pillé les réserves de leur ancien maître, on leur permit de se joindre aux repas et libations qui fleurissaient dans la douceur transparente de la nuit.
Lui n'avait pas de nom. Il avait une famille, une armure de cuir, un glaive et une rondache. Il avait été parmi les premiers à passer les murs et à courir sus au sang, son corps était las et son esprit confus. Il était jeune, ce n'était que sa seconde bataille. Il avait maintenant en face de lui un homme plus âgé, au visage profond orné d'une barbe bien taillée, qui respirait le calme et la sagesse, il était le vaincu, un ex-défenseur du palais, et venait d'apporter un verre de liqueur au jeune guerrier. Ce dernier parla.
"Tu es fatigué, et moi aussi. Trouve-moi ici de quoi me contenter, et je t'en serai gré. Tu es mon serviteur, je te traiterai en ami. Mais maintenant, montre-moi de quoi apaiser les hurlements de mon corps, ce palais semble riche et regorge sans doutes de trésors propre à me combler. Guide-moi."
Le palais du gouverneur était beau, et partout sous les yeux du jeune étranger s'étalait la richesse et le luxe, depuis les meubles d'ébènes aux tapis immenses et épais, la clarté lunaire faisait luire les vases peints de reflets chauds et glacés, la lumière étaient éclatée par des prismes pendus tournoyant face aux fenêtres, et les fragments brillants léchaient chaque mur en flammes calmes. Il y avait des parois couvertes de mosaïques, les pièces trop vaste délimitée par des piliers recouverts de stucs et les voûtes ornementées donnaient l'impression de se promener dans une grotte aux parois et stalactites démentes sculptées par un dieu artisan maître des belles choses, le sol était dallage compliqué ici de marbre froid, plus loin de chaudes céramiques ou de verre brillant dans la lumière, et toujours des tapis et des fourrures douces sous leurs pieds et aux murs.
Les cuisines du gouverneur étaient pleines. De nourriture, et d'agitation, car on y préparait les mets servit aux envahisseur. L'odeur y était agréable et forte, s'accrochant partout, on y sentait des herbes, des charcuteries grasses, de la viande qui attendait d'être grillée, ou les esters puissant des fruits. Lui n'avait pas mangé, il dévora un morceau d'agneau et quelques belles figues. Son ventre était satisfait, il offrit à manger à son serviteur et ils reprirent leur chemin.
La cave du gouverneur n'était pas très loin. Des tonneaux avaient été emmenés pour le festin, et d'autres n'allait pas tarder à les rejoindre. Ils étaient remplis d'un vin sombre, doux et profond, qui emplissait la bouche et charmait les sens. Il en but peu, il parcouru les étagères pleines de merveilles éthyliques, il goûta un muscat léger et sucré, doux comme du miel et à la couleur d'or, ou une eau de vie amère et glacée, qui brûlait comme du feu liquide. Son esprit devenait léger, satisfait, il emporta une bouteille d'une liqueur forte mais à la saveur délicate et chaude. Ils repartirent.
La chambre du gouverneur était à l'étage. Après avoir gravit l'escalier de pierre à la rampe d'acajou sculptée, chaude sous leur main, il y avait au font d'un couloir un épais rideau de perles de verre et de pierreries bleues, rouges et jaunes. Le vieux soldat lui fit signe d'entrer, alors il passa un bras pour écarter la cascade tintinnabulante et s'introduisit là ou dormirent les dirigeants de la vieille cité. C'était une pièce vaste donnant sur une terrasse, par les fenêtre les lueurs des festivités dans les jardins jetaient leurs chaudes lueurs dansantes sur les murs de pierres lisses et brillantes, par endroit couvertes de pans de tapisseries claires et brodées de symboles ou de figures. Trônait un lit, comme un délire de soieries et de coussins, au cadre de bois peint en tons chatoyants, et plus loin un secrétaire massif toujours rempli de documents à l'écriture serrée et géométrique. Une cheminée à un mur, son large foyer devait amplement pourvoir au chauffage de la pièce en des températures moins clémentes.
"Vois-tu, tu m'as désormais montré assez de belles choses pour me contenter. Néanmoins, il en manque encore une, un détail, mais sans lequel une victoire ne mériterait pas ce nom. Sais-tu de quoi je parle ?
- En tant que soldat, j'ai moi aussi livré bataille, aussi ai-je déjà ressenti ce besoin."
Il eut un rire clair. "Ainsi aurai-je du y penser. Suis-moi".
Les réserves du gouverneur étaient remplies de provisions, de mobilier, de caisses. Elles étaient au sous-sol, on y accédait par une large trappe dans l'ombre, au fond d'un couloir. Des soupirails y apportaient une lumière faible mais suffisante pour pouvoir s'y mouvoir sans torche. Elles étaient vastes et silencieuses, et les étagères y formaient comme un dédale. Le sol était poussiéreux et froid, le garde semblait savoir où il allait. Arrivé face à un mur, il fit signe à l'étranger de se dissimuler derrière une série de pots de terre cuite. Accroupit, il vit son serviteur enlever quelques pierres de la paroi, assez pour dégager un étroit passage. Il y passa la tête, et on entendit des murmures. Bientôt par le trou du mur sortit une femme, d'âge mûr, à la parure simple mais recherchée, au visage rond et cheveux noirs cascadant en boucles sur ses épaules. Elle regarda rapidement autour d'elle, avant d'aider une seconde personne à sortir. Bien plus jeune, elle avait un visage triangulaire aux yeux tranchants bordés par les mêmes cheveux que l'autre femme. Sa mise était semblable, élégante quoique moins riche. Alors qu’elles commencèrent à cheminer vers l'unique sortie, la voix de leur ancien protecteur, resté derrière elles, déchira le silence.
"La femme et la fille du gouverneur. Choisis celle qui te plaît, si tu l'accepte, j'aimerai l'autre."
Les deux femmes se retournèrent vivement, mais avant qu'elles ne puissent réagir plus avant, les deux combattants les avaient saisies.
La fille du gouverneur avait des cheveux qui sentaient bon. Accroupi derrière elle, le jeune guerrier lui pressait les poignets dans le dos, la forçant à rester sur les genoux, voûtée. Elle tentait parfois de bouger, avant rapidement de s'immobiliser sous l'étreinte implacable de celui dont elle ne voyait pas le visage. Elle haletait, tremblant parfois, tandis que le regard de l'étranger lui brûlait le dos. Il respira encore les cheveux doux de sa proie, et posa sa joue contre eux. Fermant les yeux, il sentait contre sa peau les battements rapides, il sentait tout le corps se soulever au gré de la respiration. Il s'adressa à son compère, qui maintenait sa femme face contre le mur, un bras tordu dans le dos.
"C'est un cadeau de roi que tu me fais, ami, et j'en suis ravi. Dispose à ton gré de la tienne, te convient-elle ?
- Pour sûr, je ne pouvais mieux espérer, car j'ai longtemps servi cette dame, et jamais je ne fus récompensé comme il se devait. Alors n'est-ce pas dans l'ordre des choses ?" murmura t’il à sa jolie et nerveuse proie.
La fille du gouverneur marchait voûtée dans le palais, la main qui lui serrait la nuque la privait de tout mouvement contingent, et elle ne pouvait même savoir où elle était menée. Elle était à présent à l'étage, plus tôt elle avait croisée des serviteurs dont elle ne put voir la tête, et qui n'avaient rien fait pour l'aider. Elle se sentait moins humiliée qu'emprisonnée, perdue dans son palais qui la retenait en son sein. Elle connaissait les lieux, mais elle en avait peur, elle avait reconnu le visage du garde venu les trahir, et n'avait pas encore pu une seul fois voir celui de son bourreau. Elle voulait s'échapper, fuir loin de l'horreur qu'elle devinait, mais la main qui lui bloquait la tête la dépossédait de son corps, elle n'était plus qu'une poupée de chiffon paniquée avec laquelle on allait jouer. Elle passa un seuil, elle fut violemment poussée sur un lit grand et encombré de coussins, il sentait la rose et la lavande.
Le Soleil déchira de ses rayons orange les derniers fragments de nuit qui s'accrochaient au corps du palais. Partout dans les jardins du palais on pouvait trouver des corps assoupis, ceux des envahisseur ou des serviteurs, emportés par leur festin. Les cuisines du palais étaient silencieuses et sales, l'odeur forte embaumait toutes les pièces alentour jusqu'à la cave presque vidée. On rencontrait en tout lieux quelque hère endormi.
La fille du gouverneur ne se souvenait pas s'être endormie. Elle s'éveilla sur un tapis, épais et chaud, aux couleurs rouges et bleues, doux sous sa peau nue, elle ne sentait sur elle que bijoux et lambeaux de sa robe. Elle rouvrit les yeux. La pièce n'était pas grande, de vastes fenêtres aux rideaux de perles et de prismes laissaient filtrer l'air matinal, il y avait aussi des meubles et une cheminée qui la dominait de sa hauteur, comme si il s'agissait d'une bouche de pierre prête à l'avaler si elle restait immobile trop longtemps. Elle voulut se redresser, mais ses bras ne répondait pas convenablement à ses injonctions ; on lui avait entravé mains et chevilles, et elle se tortilla un temps, illuminée et réchauffée par les chauds rayons dorés dans lesquels dansaient ces poussières brillantes comme un lent tourbillon de petites étincelles, toute la pièce semblait s'embrasser, et il fallut à la jeune fille détourner le regard de la clarté solaire. La lumière réconfortait ses muscles douloureux, et des souvenirs épars lui parvinrent. Dehors elle entendait les loriots et les pinsons chanter.
Les hôtes du gouverneur se réveillèrent tard, encore abrutis par leur fête, mais certain avaient l'esprit robuste et, premiers levés, errèrent en quête de nourriture, considérant les reliefs omniprésents jonchant les pelouses et les dallages, où tentèrent leur chance à l'intérieur du palais. Lui se réveilla dans le lit du gouverneur. Dans le couloir, il croisa l'ancien garde, et ils cheminèrent derechef ensemble jusqu'aux cuisines. Ils se servirent largement, remplir chacun un panier de fruits, de viande, de pain, de boisson, et revinrent déjeuner sur la belle et grande terrasse de granite rose de la chambre du gouverneur, surplombant les jardins et la masse avachie des fêtards. Là-haut, l'air était encore léger, le Soleil chaud et roux les y caressait, on y entendait les loriots et les pinsons chanter. Ils mangèrent en silence dans le bonheur matinal.
On voyait les massifs de rhododendrons écarlates, ou plus loin une rangée de hauts ravenalas encadrant une allée de galets noirs, sur un paisible étang flottaient de paresseux lotus, et parmi leurs feuilles larges se promenaient de minuscules anoures. On entendait un souffle chaud faire tinter quelque part un carillon, les perles aux fenêtres se rencontraient en clair tintements, constamment des feuilles bruissaient dans les arbres, et en cet instant hors du temps, parfois, tendant l'oreille, on pouvait entendre, pas si loin, des sanglots
Assis parmi l'air immobile, il sourit.
"Mon ami, est-ce cela la félicité ?
- C'est bien cela la félicité" respira son compagnon.
La cité dont ils ne connaissaient pas le nom était tombée sous leurs coups, leur marée humaine avait submergée les îlots des défenseurs mal préparés à la violence de leur assaut et ils avaient coulé dans les artères de leur prise, parcourant la moindre ruelle, pénétrant leur proie par de tous les chemins qui s'offraient à eux, et ils la violaient tandis qu'ils mettaient à bas ses défenses et se repaissaient de sa chair. Les habitants se faisaient cueillir dans leurs abris de pierres qui ne savaient résister à la fureur de la horde conquérante, désormais la maîtresse des lieux, et en ce titre ils s'occupaient de nettoyer leur ville de ceux qui en étaient il y avait quelques heures à peine les citoyens.
= ajouter un commentaire =
Les commentaires sont réservés aux utilisateurs connectés.
= commentaires =
Message complémentaire de l'auteur :
"Pour pas encombrer les places des textes à paraître, je replace l'ancien truc à ne pas publier par celui-ci à publier.
C'est en fait tu vois un truc inutile et recherché, une histoire incroyablement jouissive à écrire mais qui ne raconte pas grand chose, une étude d'atmosphères plus qu'un récit.
Ca veut dire que vous allez peut-être trouver ça lourd, ou sans-intérêt, ou mal foutu, mais je ne compte plus le nombre d'orgasmes mentaux que j'ai eu en écrivant cette histoire.
Ceux qui décident de lire au delà des lignes ou d'étudier le choix du vocabulaire y trouveront peut-être aussi un intérêt.
Raaah ce que ça fait du bien."
Et tu voudrais pas aller jouer à tes jeux malsains ailleurs, pédé ?
Evidemment si on fait une lecture croisé des deux textes celui-ci se fait complètement éclipser par la fureur de l'autre.
Putain mais c'est pas marqué assez gros "une étude d'atmosphères plus qu'un récit.", c'est PAS un remix de l'autre même si j'avais chois (à tort semble t-il)de conserver un parallélisme de construction.
Par contre, c'est vrai que ce texte m'a fait triper à écrire comme aucun autre avant (à part peut-être le test cérébral).
Je reste sceptique sur le choix de l'image aussi.
Si t'avais mieux, fallait proposer. J'ai un peu galéré pour trouver un truc. Une nana, un ancienne cité, ça me parait pas totalement hors-de-propos.
J'ai bien apprécié et j'aurai trouvé jubilatoire que ça finisse par un gros bordel furieux justement à propos des captives.
Heureusement que toutes les nouvelles ne se finissent pas en mass murdering ou bordel furieux sinon toutes les histoires de la Zone seraient les mêmes.
Soit, mais j'avais bien apprécié l'autre, ça oui, alors on aurait pu le prendre comme un petit clin d'oeil qui n'aurait rien enlevé à la construction de celui ci.
Ceci dit, pourquoi tu trouves à me contrarier toi, sorte de bi-animal ?
Apparemment, je dois être le seul à ne pas avoir succombé sous le charme du premier texte de hag, ce qui fait que j'ai beaucoup moins d'a priori face à celui-ci. En définitive, j'ai une préférence pour les textes comiques de Hag, ceux où il joue de l'anachronisme à tire-larigo. Celui-ci développe une atmosphère vivante, mais l'action se traîne et les dialogues manquent. Plus je lis Hag, plus je me dis que ce type devrait écrire des romans. ECRIS DES ROMANS, donc.
Petit problème formel : erreurs de syntaxe (peu nombreuses, mais bon, c'est gênant vu la qualité intrinsèque du style) et style parfois un peu lourdingue.
Ah mon bon, si tu veux lire mon premier et unique et inachevé roman, n'hésite point : http://zone.apinc.org/forum/index.php?board=10;action=display;threadid=1914
Le travail sur les atmosphères m'a laissé de glace et ne m'a fait à peu près aucun effet. Ah si, un, mais plutôt négatif d'ailleurs. J'ai trouvé certaines descriptions un peu trop poussées sur le coté paradisiaque, ça donne un coté un peu iréel au bidule. Un peu comme si ça sortait d'un grand livre de contes de fée.
Je parle de ce genre de choses :
"Le palais du gouverneur avaient de magnifiques jardins, résultats de siècles de travaux horticoles, et on y trouvait aussi bien des bois à l'atmosphère sombre et envoûtante que des prairies de hautes fleurs sur les coteaux d'une colline artificielle, et au milieu de laquelle vagabondait un ruisseau au timbre chantant qui rejoignait un lac calme aux rives couvertes de saules ou de pins maritimes, leur odeur douce répondant aux crissement léger des semelles sur les tapis d'aiguilles. Les guerriers enlevèrent leur armure, le soleil couchant leur réchauffa le dos, l'herbe impeccable était douce à leurs pieds. Les dernières lueurs du soleil jetaient des ombres démesurées sur les gazons et les murs de granite rose."
Est-ce que l'effet recherché, c'était de montrer une horde de démons en train de prendre possession du jardin d'Eden ?
En défense de Hag, le côté paradisiaque m'évoque certains textes de Lord Dunsany, l'une des influences majeures de Lovecraft (notamment pour Kadath la maudite et les Montagnes hallucinées).
Hag, je ne t'ai pas attendu pour aller jeter un coup d'oeil à ce début de roman (que je trouve alléchant à bien des points de vue), mais manque de temps pour l'instant. J'y reviendrai cet été.
C'est ça ta défense ?
Oh la la qu'il est vexant, le nihil, quand il s'y met. Je sais pas si j'arriverai à m'en relever, de celle-là.
C'est une histoire contemplative, quand je parle de jardins et de de mecs crevés, je parle de jardins et de mecs crevés, pas de de démons et d'Eden.
Mmm c'est vrai que c'est pas forcement clair. Je m'en fout, j'aime.
Il est également vrai que le procédé que j'utilise pour peindre les atmosphères (par touches de sensations croisées) n'est probablement pas optimisé pour tout le monde. Je m'en fout, j'aime.
Mais branle toi en cachette, merde !
De mon côté, j'ai vu dans ce texte comme une annexe de l'essai pseudo-historique ; ce que décrit succintement cette phrase, en fait :
"Ils étaient arrivés le matin, restèrent encore deux jours, le tant de reprendre des forces et de parachever la destruction de l'antique Ville, d'éliminer les derniers habitants."
Faut avouer qu'il se passe peu de choses dans ce texte, mais un noble pas grand-chose. J'ai eu le sentiment de voir le texte plus que celui de le lire ; c'est visuel comme il faut, ça veut dire.
Par contre le parallèle avec l'Eden et les démons m'a pété à la gueule, il faut le dire, et j'ai trouvé ça beau,
d'ailleurs en chaussant mes yeux d'analyste branlatoire, je dirais que les personnages décrivent de lentes circonvolutions autour de la Beauté, s'enfonçant à chaque pièce dans un peu plus de raffinement (le summum du raffinement étant bien sûr le viol d'une jeune vierge). [ATTENTION 9A PUE]Comme si le Mäl était contaminé par la beauté des lieux, finalement[VOIL0 TU PEUX RELIRE MAINTENANT].
Du manichéisme, donc, mais du beau manichéisme, de l'élégant. Et ça c'est suffisamment rare pour que j'aime.
Par contre, par endroit, il faudrait rompre le rythme de phrases comme
"Il y avait des parois couvertes de mosaïques, les pièces trop vaste délimitée par des piliers recouverts de stucs et les voûtes ornementées donnaient l'impression de se promener dans une grotte aux parois et stalactites démentes sculptées par un dieu artisan maître des belles choses, le sol était dallage compliqué ici de marbre froid, plus loin de chaudes céramiques ou de verre brillant dans la lumière, et toujours des tapis et des fourrures douces sous leurs pieds et aux murs.",
parce que les virgules sont comme un métronome qui revient en plein dans la tronche, et ça ça fait chier, une description qui adopte un rythme. Moi je veux quelque chose de vivant, alors cachez ces "et" et ces "," que je ne saurais voir.
Merci pour la critique constructive.
Vous allez en chier.