Bien sur il y avait les émos, mais lequel choisir ? Trop nombreux, pas assez original. Les fanatiques religieux ? Pareil. Les fascistes ? Pareil. Les hommes politiques ? Pareil. En fait il y avait surtout du con de mauvaise qualité, des comme on en trouve en abondante quantité pour peu que l'on cherche un minimum. Mais du bon con solide, dont le spectacle de la combustion m’inspirera joie et satisfaction, déjà moins. C'était de plus ma première Saint-Con, et je ne pouvais me permettre de faire un choix mauvais ou banal.
Alors j'ai cherché en ma mémoire les personnes dont le souvenir m'était abject, ceux dont la disparition serait un soulagement. Ainsi je m'orientai vers une solution égoïste, un autodafé qui ne profiterai qu'à moi-même. Mais bon, c'était mieux que rien. Puis finalement, j'ai trouvé mon con, ou ma conne en l'occurrence, une véritable horreur dont la disparition me serait un véritable plaisir certes, mais qui de plus rendrait service au monde. Parfait, car rien n'est plus satisfaisant que le sentiment de faire une bonne action n'est-ce pas ? Les préparatifs maintenant.
Je m'étais renseigné, je savais où elle vivait ces jours-ci. Avant de me mettre en route, je faisais un dernier inventaire. Une barre de fer, pour les préliminaires. De l'adhésif de bricolage, toujours utile. Un sac à dos, une chaîne radio cd portable, quelques compact-discs soigneusement choisis, des vivres, des cartes, un couteau de plongée, en cas de problème. Et évidemment le bidon d'essence. Je mettais tout le bazar dans le coffre de la Twingo, et m'en allais sereinement vers le sud de notre belle contrée. Le voyage n'était pas court, mais la perspective d'un bon feu me motivait au delà de toute espérance. J'arrivais dans la région cible en début d'après-midi, après un trajet monotone, et décidais d'agir prudemment. Trop de beaux projets finissaient abruptement faute de patience, ou à cause d'un détail d'apparence inoffensive que l'on avait négligé. Ne précipitons pas les choses.
Je savais que sa maison, ou plutôt sa propriété, était perdue dans la nature. J'allais faire un tour de repérage, prendre mes marques, puis je décidais de passer le reste de la journée à un hôtel Formule 1, à peaufiner mon plan et me reposer un peu avant l'action à venir.
A neuf heures du soir, alors que le voile de ténèbres était tombé sur le pays, je me remettais en route. Je conduisis prudemment, feux éteints, par les petites routes de campagnes, un oeil sur la route, un autre sur la carte, et le dernier vérifiant que les cahots, provoqués par la mauvaise qualité des chemins que j'empreintai n'abîmaient pas mon fragile et inflammable matériel. Je m'arrêtais à un kilomètre de ma cible, constatai que j'avais dégueulassé et rayé la Twingo, et m'équipais dans le noir total. Guidé par la lueur pitoyable d'une boussole fluorescente, avec tout mon bordel sur le dos, je continuais le chemin.
Je prenais les sentiers détournés, désirant de ne pas être repéré, et seul parmi la nature, je fondais sur ma proie.
C'est après environ une heure de marche que je me rendis compte qu'en fait non. En vérifiant à la lumière étouffée d'une torche sur mes cartes de randonnée, en conjonction avec de savants calculs et une certaine intuition, je trouvais que je m'étais gourré de sentier. En revenant sur mes pas, je me perdais à nouveau et me retrouvais je ne sais comment sur une route bitumée de campagne. Une borne kilométrique perdue sous les herbes confirma que j'étais tout à fait paumé. A nouveau j'invoquais le pouvoir des cartes, et dus me résigner à longer la route pour espérer retrouver ma voiture. Perdu dans mes pensées, je ratais l'embranchement clé, ne constatant mon erreur qu'en découvrant que j'allais entrer dans un village quelconque et qui ne me disais absolument rien.
Demi-tour. Je venais de dépasser le stade le l'exaspération pour rejoindre celui de la morne résignation, mon esprit fonctionnais désormais au ralenti, et n'était plus focalisé que sur un seul objectif : retrouver la voiture. Finalement, j'y parvins, et m'accordais une pause casse-croûte, un rapide calcul m'apprenant que j'avais parcouru une quinzaine de kilomètres avec mon sac de dix kilo sur le dos. A ma montre, il était bientôt une heure du matin. J'avais encore tout mon temps. Je restais une bonne dizaine de minutes à étudier le chemin à prendre. Je me décidais enfin, un peu près sûr du trajet cette fois-ci, et je me motivai d'une bouteille de despé de 75cl.
Plus motivé que jamais, je coupai droit à travers la nature vers ma cible, courant à travers les champs, taillant dans les haies et les arbustes, traversant sans un regard plusieurs routes. Finalement, en moins de dis minutes, la propriété de la conne se dressai devant moi. Je faillis éclater d'un rire diabolique, avant de me rappeler que j'essayai d'être discret. Je longeai les murs tel une ombre, avant d'atteindre un endroit parfait pour m'introduire. Là, le mur était un peu plus bas, et un grand pin avait la bonne idée d'avoir une grosse branche qui commençais près du sol pour passer par dessus l'enceinte. Malgré mon manque de pratique sportive, je franchis sans encombre l'obstacle et chus dans l'herbe impeccablement taillée. La phase finale venait de s'enclencher, comme dans les films, avec la musique sourde et entraînante.
Derniers préparatifs. Je mettais le cd choisi dans le lecteur transporté dans le sac à dos, prêt à être allumé à tout instant. A l'aide d'un morceau d'adhésif, je fixais la lampe torche sur ma tête, de manière à ce qu'une fois allumée, le faisceau puissant éclaire face à moi. Enfin ! Enfin la route était libre, je sentais déjà la victoire. Incessamment, Mme E. T., célèbre astrologue et conne de première, allait périr dans les flammes. Chic.
Je me rapprochai dans le silence, guidé par la lumière de la lune, vers le bâtiment au centre du domaine. Il n'y avait aucune lumière d'allumée. Il avait fait chaud dans la journée, et une fenêtre était encore entrouverte. Le passage était étroit, je fis d'abord passer mon lourd paquetage, avant de me faufiler à mon tour. Je me trouvais maintenant dans une sorte de bureau. Il y avait un manuscrit en court. Parfait, je ne manquerai pas de combustible. La pièce donnait sur un couloir. La première porte que j'ouvris fut celle des toilettes, puis -chance- celle d'une chambre, où dormait l'intéressée, dont l'identité me fut rapidement confirmée de par son visage hideux, répugnant résultat de la chirurgie moderne. Bien. Ne pas rater son entrée. Je retournais dans le couloir, allumais ma lampe frontale, vérifiais que la luminosité était au plus fort, puis j'allumais la chaîne, volume maximum. Aussitôt, la puissance sans égale d'un orchestre symphonique éclata, et la bâtisse trembla de la magnificence de l'hymne soviétique.
Je bondis dans la chambre, foutant le faisceau dans la tronche de l'autre (ce qu'elle était laide) en reprenant, hurlant, les voix chaudes du choeur de l'armée Rouge. J'étais l'ange exterminateur, invincible, et l'autre, qui s'était redressée, aveuglée et assourdie par ce son et lumière surprise à bout portant, semblait avoir du mal à y croire. Généreux, je lui fournissais une preuve de la réalité bien physique du phénomène en lui envoyant quelques coups de barre de fer dans la gueule. Elle ne sembla guère apprécier ce préliminaire pénétrant, et de peur qu'elle ne crève de saisissement je passai à l'étape suivante. Je lui liai les mains à la bande adhésive, la bâillonnai, la saisit par les cheveux et la traîna jusque dans le salon, immense et luxueux. Elle se retrouva attachée à une chaise, tandis que je retournais dans son bureau rechercher du papier. Je répandis tout autour d'elle le manuscrit de son prochain ouvrage, toujours en chantant à tut tête. En fouillant un peu dans la pièce, je trouvais le bar, j'emportais une bouteille de rhum -pour la route- et pris une gorgée de gin, avant de vider le reste de la bouteille sur ma victime qui commençait à se remettre de sa frayeur, à en juger la manière dont elle se débattait et essayait de crier, surtout quand je lui en ai versé un coup sur sa figure sanglante, pour désinfecter.
C'est à ce moment là que la bière que j'avais prise au tout début se fit rappelée à mon bon souvenir, et mus par une envie soudaine et profonde, j'urinai donc sur le corps de l'astrologue, dont l'état permanent de surprise et de peur indiquait qu'elle n'avait visiblement pas vu venir cette nuit. Soulagé, je changeai le cd sur la "Marche Russe", et tranquillement je savourai ma victoire prochaine, narguant la victime impuissante de coups de couteau qui la soulagèrent de quelques orteils et d'une oreille, qui irait très bien une fois empaillée accrochée à ma cheminée, à côté de la tête de sanglier héritée de mon grand-père.
Finalement, c'est au son de "Plaine ma Plaine" que j'ai vidé le bidon d'essence, un peu sur elle, mais aussi autour, sur le sol et les meubles, que ça fasse un chouette feu. Et enfin, Conne en face et bais vitrée dans le dos, j'ai ouvert la boîte d'allumette. Sans doute sous le coup de l'émotion, je cassai le quatre premières, mais la cinquième fut la bonne. D'un geste souple et gracieux, je jetai le bâtonnet en feu sur la flaque de carburant, qui partit d'un joyeux "swooosh" tout à fait réjouissant. Mais comme le brasier gagnait rapidement le reste de la salle, je ne m'éternisai pas et je sortis par la baie vitrée dans l'air nocturne frais et humide. J'éteins la musique, et à distance respectable, je profitai du spectacle magnifique, tandis que ce fut bientôt toute la maison qui partit d'un bon feu.
Sur le chemin du retour, alors même que la propriété avait disparue depuis longtemps, on voyait encore dans le ciel l'aura lumineuse de l'incendie.
C'est en regardant par la fenêtre que je me suis décidé. J'avais pas mal réfléchi ces derniers temps, et je m'étais rendu compte que trouver un bon con n'était pas si facile.
= ajouter un commentaire =
Les commentaires sont réservés aux utilisateurs connectés.
= commentaires =
Magnifique, la photo de bite en pull à col roulé !
Pour le texte, contrat de Saint Con rempli, avec un système des temps déplorable mais on s'en fout un peu je crois, et pas beaucoup d'ampleur mais c'est pas grave, allez, j'ai pas éclaté de rire mais j'ai souri souvent. Came sympathique.
La pauvre, elle ne mérite pas çà, c'est juste une pauvre fille qui n'a rien dans la tronche et qu'a besoin de se sentir au centre de l'univers alors qu'en fait ceux qui la consultaient n'en voulaient qu'a son cul.
Pour l'accompagnement, je crois que j'aurais choisi quelque chose de plus égyptien, comme Aida ou Claude François. Ou Sheila, bien sûr.
Sadate il avait un beau filet de voie aussi sous sa douche, a ce qu'on m'a dit.
Quelques détails amusants (la musique, etc...) et un certain sadisme dans la scène. Du blockbuster Saint-Con, j'ai bien aimé. Par contre le passage où le narrateur se paume ne sert à rien ou alors j'ai rien compris. J'aurai bien vu soit le type ultra-con qui crâme la mauvaise cible et foire de long en large son plan, soit le héros très minutieux qui exécute son plan à la perfection.
Bon maggle©
Mouaif, j'aime pas en fait. C'est bien écrit, c'est tout.
Le meilleur pour l'instant, je crois, bien que ça ne soit pas prodigieusement fantastique.
L'écriture est sympa (très saint-connesque en tous cas), le con pas mal, la crémation pas très originale par contre, et le texte un peu long.
Ca passe.
Je vous trouve bien indulgents pour cette sombre merde écrite à toute vitesse en état d'hypoglycémie.
Quand au choix de la conne, c'est juste que j'avais besoin d'une cible et que puisqu'elle me sort par tous les orifices, elle s'est retrouvée là.
Oui je me justifie.
Pensez que vous échappé de peu à un truc ultra-sérieux-premier-degré.
"elle me sort par tous les orifices"
Je grille Glo, et j'empoche 300 points connard : CMB.
Trop facile.
"Je grille Glo, et j'empoche 300 points connard : CMB"
Si c'est un Kamoulox je refuse de jouer et j'achète un antigel au zoo.
À part ça, le texte.
Je bénis mille fois l'auteur pour avoir brûlé textuellement cette pute, déjà. One point.
Ensuite, le style et la trame sont pour moi la quintessence même de l'esprit saint-connesque, c'est-à-dire des personnages complétement cons, de l'alcool, des phrases comme
"La première porte que j'ouvris fut celle des toilettes"
ou "Généreux, je lui fournissais une preuve de la réalité bien physique du phénomène en lui envoyant quelques coups de barre de fer dans la gueule." (surtout celle-là, en fait)
qui sont connes CVB mais s'intègrent nickellement (bah oui) à l'ensemble, et enfin la crémation et ses préliminaires qui sont tout à fait réjouissants et efficaces, alors merde, qu'est-ce qu'on veut de plus ?
Je le place au même rang que le texte d'Ariankh, écrit à l'occasion de la Saint-Con 2006, "Manif en vilchbonk" (je crois). C'est plutôt un compliment. Ça manque peut-être de chbonk, enfin je suis pas très objectif en la matière.
J'ai bien aimé. C'est assez entrainant, on ne s'ennuie pas et on n'a pas envie de passer direct au dernier paragraphe (souvent celui de la crémation).
Donc clap clap claouips
Sympathique et plutôt bien écrit. J'adore le côté absurde de ce personnage super bien préparé qui se perd et fait un peu n'importe quoi.