C'est toi, petite tache inattendue sur le coin du scanner qui m'a donné ce rôle assez surprenant pour un mec. "Trop tard pour l'enlever sans risque" m'a annoncé un docteur avec l'air gêné de celui qui est obligé de compatir. Bon, je te garde alors. Cancéreux, c'est pourtant pas un choix de vie décent m'avait dit ma mère. Elle avait l'air affolé. Ils avaient tous l'air affolé d'ailleurs. Pourtant c'est moi ton élu, petite tumeur.
J'ai essayé de leur faire plaisir. J'ai réussi la tête de déprimé et la remise en question de ma vie. Par contre, j'ai échoué au refus de la fatalité et à la jouissance sans limite du condamné.
Les 50 ans que tu as retranché de mon espérance de vie ne me manquaient pas plus que ça. Ce n'est pas comme si j'avais eu des projets. Les questions existentielles m'ont toujours laissé froid.
Comme ils ne me comprenaient pas, j'ai pris de la distance pour les laisser s'apitoyer convenablement. Je respecte la douleur des gens quand elle est assez loin pour ne plus puer. Si je ne disais rien, ils m'attribueraient sans doute la réflexion de rigueur sur l'Homme et sa mortalité.
Je suis partit libre. Ta présence m'a rendu libre. Je me suis retiré du jeu social où je n'avait de toute manière jamais été doué. Je pouvais m'autister comme si je voulais, être franc avec les gens que je n'aimais pas, ne pas me sentir concerné par les catastrophe naturelle à plus de 200 mètres de chez moi et par les clochards crevant de froid. Et tout ça sans pression sociale. Ca faisait déjà longtemps que ma conscience avait déménagé mais grâce à toi j'ai pu l'afficher en même temps que mon avis de décès. Merci chérie.
Est-ce que deux mois de liberté valent 50 ans de routines ? Moi je t'ai pas choisie.
LA ZONE -
= commentaires =
Oui, ça vaut le coup de cliquer et de lire ces douces lignes.
ça remet le moral d'équerre, justement ça tombe bien j'ai un chagrin d'amour
Ange, osef.
J'aime l'impression qui se dégage de ce texte.
A mon avis, sa longueur convient, il n'y a pas besoin d'en dire plus.
C'est bizarre.
J'aime assez.
Je ne sais pas quoi dire. du coup, je sais quoi écrire.
Sympathique et désabusé. Fiction ou réalité? J'aimerais savoir.
Fille-mère ? Bon, pas grave. J'aime beaucoup, dans la réflexion sur la complaisance c'est assez fortiche.
"un auteur comme Obn". Ha. Avant on citait Borges ou Lautréamont, maintenant on fait référence à Obn. C'est beau, un site avec des auteurs édités.
Obn c'est moi?
Sinon boff, rien à dire, rien ...enfin... j'aime pas du tout, y'a rien.
J'ai une vague idée de ce que signifie le titre du texte, mais je ne vais pas pouvoir demander à l'auteur qui est vraisemblablement décédé. Ici au moins.
C'est d'abord très agréable, une impression toute vierge se dégage du texte qui devient trop long sur la fin. J'ai été embarqué aussi vite que j'ai été giclé de bord.
Puis il a écrit "partit", alors moi aussi.
Excellent pour si court ! Intense et métaphysiquement parlant... très abouti.