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Violette entre à sa suite. Violette est un clochard femelle. Qu’est-ce qu’elle pue, nom d’un chien galeux ! … Personne ne bronche. Une torpeur malsaine se répand avec l'odeur. La foule balance, immobile : elle ne peut pas se situer, incapable de souscrire au conformisme imposé, ou de réagir dans une justesse interdite. Masse engourdie, otage d’une propagande de compassion obligatoire. L’alien social shunte la file, menton arrogant, brandissant l’étendard du droit social français, de l’insulte légitimée. Exclu et toléré, il fend la masse des yeux et des corps biaisants, comme s’il avançait parmi des statues de cire. Pauvre cloche, il règne dans sa déchéance, empire dérisoire parce qu’il trouve dans la résignation sociale une prérogative encourageante.
La passivité des gens est affligeante. On se croirait dans le métro. Du corps social tout entier semble perfuser une drogue bizarre. La déconnection de la conscience réactive confine à la démission. Les croquants semblent aussi lâches vis à vis de cette épave que face à des desperados menaçant l’ordre et la sécurité publique. La couardise et son pendant de menace seraient-ils nécessaire à l’ordre des états ? Le désordre suppose-t-il un éveil, une révolution des consciences ? Une pointe d’anarchie serait-elle essentielle au bon sens ? A quel moment la révolte est-elle salutaire ? Caricature de western : Une poignée de desperados impose sa dictature à un village de far ouest. Une terreur alimentée en grande part par la lâcheté, La peur. Qu’est ce qui a changé depuis ? Rien... En fait, c’est comme ça depuis toujours. La force brutale nourrit la résignation aussi bien que les menaces sans formes. Aujourd’hui comme hier, les populations pacifistes sont cernées entre les voyous d’en haut et les voyous d’en bas. On pourrait même se demander s’il n’y a pas une collusion logique entre les deux camps. Torts partagés, bénéfice du doute, initiatives en réserve pour le ministère de la lâcheté.
Projetant son haleine avinée à l’impuissance qui l’environne, Violette assiège le comptoir et exige son mandat à la postière. Elle fait tâche sur un calme contrefait, provoque un silence forcé, révèle les faux semblants d’une paix sociale factice. Retranchée derrière son bunker, la réceptionniste l’ignore. Elles se connaîssent bien. Les regards environnants s’évitent, contenus dans une réprobation réprimée. Olympe, lui, se sent distinct, exilé. Il est interloqué plus par la passivité des gens que par l’objet qui les provoque. Il ne veut pas être assimilé dans ce silence coupable. Il exclut la collectivité, les veaux, la laideur des esprits faibles. L’hypocrisie d’une société moralisatrice n’est jamais si criante que dans ces circonstances. Ce qui visait a priori le clochard, finit par accuser tout ce qui le cautionne dans son attitude de provocation. Dans le fond, le cancrelat a raison de provoquer les lâches et les menteurs. Olympe considère cet antigène qui s’agglutine dans son imaginaire, aussi bien que sur l’atonie des braves gens. Il a l’impression de se faire chiper ses illusions par un intrus s’immisçant dans sa conscience. Que doit-il faire ? Lui timbrer l’œil pour l’expédier au pays des cauchemars ? Faire la police en plein dans le sanctuaire d’une administration qui partage avec ses sangsues le sang du peuple ? Bousculer cette sécrétion, estampillée du droit social par la fonction publique ? Il sort de la queue, s’avance, et s’accoude à sa hauteur :
- « Alors princesse, parait que tu offres la tournée générale avec ton RMI ?
- Beuh beuh, et pis quoa encor ! La petite créature oscille du menton dans une attitude de toise ridicule.
- Je te préviens poupée, si tu touches ton pactole avant moi, c’est toi qui casques, et pas question d’y échapper, sinon tu prends la queue comme tout le monde. Ça te va ?
- Ouais, ouais… d’ac, j’toffre un coup de rouge plus tard, alors. »
Elle rebrousse vers la queue, mais à ce moment une grand-mère aigre et revêche intervient :
- « Qu’elle se fasse servir de suite, elle sent trop mauvais! »
Au guichet, un employé lui tend déjà son pécule… Violette repart avec un air de gagnant aux courses. Le silence ne quitte pas les rangs…
A quoi bon, ce clochard est irresponsable, c'est-à-dire que ce n’est pas lui le responsable, mais le système qui vole deux fois le contribuable en l’instituant «ayant droit», 20% pour toi, 80% pour moi, comme font les ONG. D’ailleurs, il s’en sert aussi, des ONG, pour financer les collusions. Olympe s’est fait voler son emploi par un groupe puissant, et pendant qu’il plane encore dans ses aspirations naïves, il assiste au quotidien d’un kidnapping social. Sur le plateau de tournage, il a l’impression de se faire littéralement vider les poches. Au moins dans les pays socialistes, les purs et durs, personne ne reste à rien faire, et si on ne fout rien il n’est pas bon de la ramener. En France, ce sont d’abord les bons à rien qui réclament leurs droits, gueulent tout haut, bien en vue, tout en jetant leurs Krau vides aux pieds des Rangers qui tournent le dos en épinglant les voitures mal garées. Les vaches à lait sont bien gardées.
Cette vision lui fait l’effet d’une insulte, une provocation, comme si quelque chose voulait le foutre dehors. Dehors de quoi d’ailleurs ? Comment et pourquoi rester dans une supercherie ? Des arguments incongrus et spécieux s’invitent et se bousculent dans sa tête. Il se sent agressé moins par un événement que par un symbole. Il interprète cela comme un signal dans un contexte qui a brisé son aventure. Il a besoin de rejeter tout ça, envie de partir… D’ailleurs, N’est-il pas déjà en train de préparer son départ, à envoyer des CV au gardien d’une cité imaginaire, écrire à une princesse qu’il ne verra jamais, qu’il n’a jamais appréhendé qu’avec les yeux du cœur, ceux qui plongent en lui-même ? Il se sent décalé. Il avait partagé sa vie entre sa bécane, son univers de reconstruction de l’espace à partir de chiffres triés, l’idée d’un avenir, peut-être préfabriqué aussi, et puis, Ah ! La galaxie du cul de déesse de Krystell qui troublait sa conscience du monde. A présent, il est seul et sans boulot. Sans elle. D’accord, mais il ne veut pas se résigner dans l’image renvoyée par ces gens qui abdiquent pour une queue de cerise. Si on laisse un simple clochard imposer des prérogatives minables, alors ce peuple est prêt à subir la tyrannie. C’est comme si le rempart qui abritait son confort intérieur s’effondrait pour révéler l’inattendu : un monde de mensonges, d’images trompeuses, de pensées préfabriquées clonées par les médias.
« Qu’est-ce que je fais là ? Songe-t-il. Est-ce dans une société égarée que je chevaucherai mes rêves sans risquer de tomber de mes nuages ? L’aventure est d’abord en soi. Il ne faut pas se complaire dans les idées reçues, confortablement anesthésié par ses illusions, jusqu’à ce qu’un jour on découvre le monde comme une erreur. Et pourtant, ironie, c’est ça mon aventure : un programme qui peut donner aux gens une illusion. Ce n’est pas leur corps qui explore le monde, c’est leur idée qui se balade dans une image du monde ».
Peu à peu, son malaise cède devant ses spéculations favorites : Générik. Comment passer de l’étape de la vraisemblance à un véritable clonage numérique de la réalité ? Chose insoluble : comment appréhender le réel sans corrompre sa nature, conformément aux paradoxes de la dualité, comment rendre le programme suffisamment « ouvert » pour qu’il soit en mesure de traiter des signaux inattendus ? La machine à germer les idées est en route, le monde mesquin s’efface. Il dépose sa lettre. Le timbre est bien, il montre le Radome de Pleumeur Bodou.
Olympe arrive à la poste avec une enveloppe à timbrer. Le clochard de service fait la manche au pied de l’escalier. Il lui demande s’il a une prérogative territoriale de mendicité. Le clochard sourit. Olympe lui file une pièce, et entre. Queue habituelle, une vingtaine de personnes, un seul guichet ouvert par un des six RTT. Bah, de toute façon il a le temps, comme eux ...
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La pute elle m'a fait bander.
C'est l'Episode 1 de la première trilogie de Matrix, c'est ça ? L'Architecte va à la Poste ? Demain, l'Architecte fait caca, et après-demain, l'Architecte nettoie son clavier.
C'est plein d'un discours de frustré. Socialement frustré. Je parle pas de l'auteur, je sais pas s'il parle au travers du narrateur, et je m'en bats les couilles (je précise parce que ça va encore chouiner sinon et ça me gonfle quand ça chouine, et quand ça parle politique pour "argumenter" c'est pire). Le narrateur me répugne, pas tant pour ses idées, qui puent, certes, mais pour ses prétentions à l'éminence intellectuelle, qu'il n'a pas plus qu'un chroniqueur du Nouvel Obs. Si c'est fait exprès c'est réussi, sinon on s'ne bat les couilles.
Mais surtout, c'est follement chiant à lire. Et ça fout tout par terre.
Encore, quand Marcel Proust bouffe une madeleine et qu'il fait vingt pages dessus, c'est du Proust, ça se lit, y a un intérêt stylistique, littéraire. Mais là c'est du style le plus commun qui soit.
Bref, je trouve ce texte merdique.
En fait je crois que ce texte aurait du être publié sur la revue Cancer de Bruno Deniel Laurent, ce cher "anarchiste de droite."
Sinon le côté pédant ou pseudo intellectuel de la fin qui tente de sur elever le niveau relativement faible du texte m'amuse beaucoup. Sans doute parce que c'est un lamentable échec.
Et puis vous vous réveillâtes.
Un texte de merde.
Même BHL c'est plus sympa.
J'ai haï le narrateur pendant un instant. C'est que ça doit pas être complètement merdique.
Violette devrait émigrer aus States.
Avec l'american dream, tout est possible.
AND GOD BLESS AMERICA.
Doux jésus quelle horrible histoire.
Heureusement que c'est complètement aseptisé.
J'aime pas
Texte lourd et mal écrit. Mauvais choix de langage et de vocabulaire. Et pourquoi qu'il faut toujours enchaîner quatre ou cinq questions qui durent deux plombes? My dear, tu n'es pas Desproges, que diable (diantre, non).
Olympe, c'est féminin. Mais bon, c'est pas grave. Ce qui me gêne le plus, c'est l'arrogance du récit. Derrière, y a cette bonne vieille morale de mes deux. Une bise, quand même.
Le mont Olympe c'est masculin, non ?
çà ressemble à une demonstration par l'exemple donc je m'en méfie même si la fin est superbe et les mots inspirés.
Vous moquez pas, ma poulette m'a quitté, peut-être pour ça, allez savoir, alors je suis en pleine déprime. N'en rajoutez plus, s'il vous plait, j'ai envie de me flinguer au rouge
une de perdue, dix de retrouvées... je parle pas de meufs, là, mais d'occasions de se taire.
Franchement j'ai laissé tombé au début du 3ème paragraphe.
Le mont, c'est masculin. Le nom "Olympe", c'est féminin. J'en connais une, d'ailleurs. Porte très mal son prénom. Moche comme un pou mais une voix d'or.