Elle a commencé à me raconter la genèse du truc. Enfin, je crois, c’était pas évident de tout bien capter avec les écouteurs qui gueulaient dans mes oreilles. Mais j’ai entendu les mots soirée, alcool, garçon. Après je sais plus, j’ai mis le son plus fort.
Et là, la musique s’arrête, pile à un passage que j’adore : batterie déchargée. Forcément, ça m’a contrarié, mais je m'en sortais pas trop mal vu qu’elle venait d'achever son récit. Du coup elle a cru que j’avais de la compassion. Je sais pas pourquoi. Elle a eu un genre de petit sourire rassurant.
" Ce qui ne me tue pas me rend plus forte. "
Connasse.
C’était le genre de personne à sortir ce genre de phrase, à attendre que la vie s’excuse de l’avoir enculée à froid. Aussi aberrante fut cette affirmation sur un plan médical dans ce contexte, et malgré le fait que n’importe qui d’un tant soit peu informé sur le VIH l’aurait remarqué, j’ai cru bon de me taire. Faute d’avoir inventé l’eau chaude, elle aura inventé le sida qui rend plus fort.
Et maintenant, il faut vraiment que je trouve un moyen d’échapper à la sidéenne.
Vite une idée.
Le train à prendre, non, le bus, bof… Peut-être le taxi ?
Etrange, je n’ai absolument aucune idée de qui peut bien être cette fille. Je l'ai déjà vue ? C'est qui, une copine, une camarade de classe, ma sœur peut-être ? Qu'en sais-je, qu'importe.
Je crois que j’ai trouvé :
" C’est la punition de Dieu. Mais il n’est pas trop tard pour te repentir. "
Ca a son petit effet, elle change de couleur. Je parviens à me retenir de lui demander si par hasard elle couve quelque chose, parce que j’ai franchement plus le temps, et je me tire calmement, en espérant qu’elle reste médusée au moins jusqu'à ce que je sois hors de portée.
Hélas, par je ne sais quel instinct de mammifère, elle me court après. Si au moins j'avais des piles de rechange. Mais non, il a fallu que j'affronte le monde extérieur sans munitions. Mon inconséquence me perdra.
" Mais… Qu'est-ce que tu veux dire ? "
Seigneur. On va jamais s'en sortir. Je m'arrête en face d'elle et je manque lui faire rentrer ses putains de cernes de séropositive dans la gorge. Je suis un être raffiné et délicat moi, bordel de merde.
" C'est simple. Il te faut cacher ta honte au monde comme jadis le faisaient les filles-mères abandonnées par les preux chevaliers en manque. Tu rentres au couvent où tu pourras demander à Dieu de pardonner ton pêché, et tu fais pas chier. "
"Mais…"
Mais c'est pas vrai. J'ai faim. J'essaie de me cacher derrière un arbre, de traverser la route entre deux voitures, mais elle me colle toujours au cul.
" Ecoute, je suis prêt à payer de ma personne. Je veux bien t'exorciser avec ma bite, et même porter le poids de l'infamie gravée dans ma chair s'il le faut, accompagner ta déchéance et pleurer sur mon sort avec toi. Te faire don de ma semence bénite et enfanter un nouveau messie HIV+, tout ce que tu voudras, mais là il faut vraiment que j'y aille. "
" D'accord, je t'appelle alors. C'est quoi déjà ton téléphone ? "
" Un Samsung. "
" Non je veux dire… "
" J’ai les sonneries hi-fi tu veux écouter ? Ecran 65 000 couleurs, la classe quoi. Ca prend des supers photos, attend regarde. "
*clic*
" Et je peux rajouter un message sur ta gueule, genre 'Joyeuse trithérapie' ou alors 'J'irai sucer des bites en enfer' ; mais j’en change dans trois mois, question de renouvellement, tout ça, donc si tu veux le récupérer, pas de soucis. Si t’es toujours en vie bien sûr ! Oh regarde là bas, Kyo qui chante pour le Sidaction, c'est horrible ! "
Merde, ça marche pas.
" Ecoute, mon amour, lumière de ma vie, je t'aime beaucoup trop pour te mentir plus longtemps : t'es foutue. Cramée, niquée. Y a plus rien à faire pour toi, cette fois c'est la fin des haricots. Désolé d'être aussi abrupt, mais il le faut. Sois forte. Avant de crever, puisque c'est désormais inévitable, je te propose d'être utile à la communauté et de montrer ta grandeur d'âme. Ramène ton cul gangrené. "
Je la chope par une aile et la traîne bon gré mal gré. Direction, le supermarché. C'est à deux pas d'ici, je fais le trajet avec elle en remorque en train de gémir et glapir, je ne comprends rien, aucune importance. Sur le parking du supermarché, entre deux rangées de voitures, est stationné un grand camion blanc, avec une entrée par l'arrière. J'ouvre à la volée et projette la pesteuse à l'intérieur. A l'infirmière qui se précipite pour voir ce qui produit ce vacarme, j'explique rapidement :
" Elle vient ici pour faire un don de sang pour les petits enfants qui meurent, les éthiopiens, les pauvres petits vieux décalcifiés, je sais plus trop. Enfin bon, prudence hein : elle a horreur des piqûres, elle va vous raconter n'importe quoi pour y échapper. N'y prêtez pas attention. "
M'adressant à elle :
" Allez salut, ma chérie génitalement décomposée, essaie de bien te conduire, pour une fois. Et pense aux petits enfants qui attendent ton offrande généreuse pour revivre. La chance qu'ils auront d'avoir ta confiture de virus dans les veines. Allez, essaie de pas infecter tout le monde sur ton passage et à la prochaine."
C'est ainsi que j'échappai au sida.
" J’ai le sida "
Elle m’a sorti ça, comme ça, à la sortie des cours. Pour le coup ça m’arrangeait vraiment pas, son sida, fallait que je trouve un endroit où bouffer rapidement parce que j’avais TD juste après, dans à peine trois quarts d'heure. J'avais pas vraiment de temps à consacrer au sida des autres, mon estomac criait famine. Il pouvait attendre, son sida, moi non.
Elle m’a sorti ça, comme ça, à la sortie des cours. Pour le coup ça m’arrangeait vraiment pas, son sida, fallait que je trouve un endroit où bouffer rapidement parce que j’avais TD juste après, dans à peine trois quarts d'heure. J'avais pas vraiment de temps à consacrer au sida des autres, mon estomac criait famine. Il pouvait attendre, son sida, moi non.
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La fin est naze, ni vraisemblable ni bien ficelée, ça laisse une impression d'inaccompli, mais c'est pas grave, y a trop d'humour froid pour que ça ait la moindre importance.
J'ai passé ma lecture à mourirr de rire.
Mention spéciale à :
" D'accord, je t'appelle alors. C'est quoi déjà ton téléphone ? "
" Un Samsung. "
" Non je veux dire… "
" J’ai les sonneries hi-fi tu veux écouter ? Ecran 65 000 couleurs, la classe quoi. Ca prend des supers photos, attend regarde. "
*clic*
La chute de ce texte, c'est un vrai calvaire. Invisible a probablement foutu ce texte à la poubelle parce qu'il en trouvait pas de valable. Son premier jet s'arrêtait en gros à
" C’est la punition de Dieu. Mais il n’est pas trop tard pour te repentir. "
Au début je voulais faire une parodie de l'Exorciste, où le héros, en grand justicier, saute la nana pour l'exorciser de son mal et se trouve, à son tour contaminé et saute par la fenêtre, comme dans le film quoi. Mais c'était pourri. J'ai fait une première tentative qui s'est trouvée bloquée à :
" D'accord, je t'appelle alors. C'est quoi déjà ton téléphone ? "
" Un Samsung. "
Ensuite on a cherché des plombes un truc valable, et on a pas trouvé mieux que ce qu'on a là. Plutôt que de disperser notre énergie et notre argent dans des conneries inutiles comme le Sidaction, je propose qu'on s'implique tous dans un Chutethon qui nous permettrait d'envisager une fin alternative valable à ce texte.
Commentaire édité par nihil.
Un météore s'écrase sur l'arcade sourcillière gauche de la sidéenne, et fait exploser la planète.
C'est vrai, ce serait beaucoup plus vraissemblable, enculé de pédophage.
Le personnage central, face à un ralentissement de son référentiel temps, et à diverses hésitations de la grande aiguille de sa montre, prend conscience que quelqu'un est en train d'écrire son histoire, et qu'il n'est qu'un personnage de fiction (il est en TL, il a des bases conceptuelles sur la littérature, Borges, Pirandello, tout ça).
Il se suicide.
Casimir apparaît, et révèle le vrai message de ce texte :
LES SANDWICH DU MAC DONALDS C4EST PAS BON? DEUX HEURES APR7S T4AS D2J0 FAIM? T4AS VU? HIHIHI? DANSONS TOUS NE CHOEUR BANDE DE BÄTARDS ENCUL2222222S
La réplique : "c'est alors que je me suis réveillé".
Clausule possible : ", lol !!!!!!!!"
Marcel Béliveau sort de derrière un paravent, dans le camion : "biênvenûe à Seurprisse Seurr Prîsssssssses !!!"
Même si cette histoire est très morale, elle n'en est pas moins joyeuse.
D'ailleurs, laurent Fabius a beaucoup ri.
Bonne idée de base, mais plutôt moyen au final, un bon texte un rien poussif peut-être, en tout cas je suis à peine parvenu à sourire. Peut-être un dialogue aurait été plus percutant.
Il aurait pu lui filer ses préservatifs.
La fin fait un peu comme une tache de vin sur le crâne d'un chauve russe. Sinon, c'est très sympa, et puis j'ai bien ri.
Ça vous dit pas, une petite soirée Bare-Baking interdite aux plus de Dix-Huit ?
C'est complètement con d'interdire le barebaking aux plus de dix-huit, elle va être naze ta soirée.
pareil que le 1er commentaire
je veux dire je mentionne spécialement le même passage
Pareil, encore une fois.
"" Ce qui ne me tue pas me rend plus forte. "
Connasse."
Là, j'ai ri comme un con.