Je me demandais vaguement si c’était sérieux, de conduire pour rentrer. J’avais quand même bu davantage que quelques verres... Mais en y repensant, c’était aussi davantage que quelques heures auparavant et je savais bien que j’étais en état de conduire. Et puis les routes étaient désertes à cette heure-là. Et j’avais manqué le dernier tram, alors c’était ça ou tourner des heures à la recherche d’un taxi. Assez réfléchi.
Je marchais d’un pas mécanique et je laissais glisser mes pensées mollement sur tous ces détails qui faisaient que ma vie ressemblait à une flaque de boue noirâtre recouverte d’une jolie couche de glace scintillante. C’était le problème avec la vodka. Elle faisait semblant d’être ma meilleure amie, mais elle me collait toujours dans des humeurs moroses et mélancoliques à faire baver d’envie la plus artificielle des préadogothicodépressives fardées. Surtout la nuit. Bah. A quoi bon lutter. Je pensais à ma vie, au train-train, aux prétendus amis, au pseudo copain avec qui même le sexe n’était plus qu’une parodie, au travail devenu une façade ravalée sur des murs décrépis.
Ce soir là, je marchais en rêvant à tout ce que je pourrais dire, à tout ce que je pourrais faire, à leur cracher ma haine, mon dégoût, ma lassitude amère, à tout plaquer, à disparaître sans laisser d’adresse, à faire quoi que ce soit d’autre, ailleurs. Loin. Visiter des pays inconnus, m’essayer à des coutumes barbares, faire tomber les tabous dans des lieux interdits, devenir, tout à coup, quelqu’un d’autre. Ou bien juste devenir « moi-même ». Et de nouveau sentir, et revivre.
Je longeais le nouveau parc, à coté de la gare, en suivant la piste cyclable de terre rouge couverte de givre. C’était plus agréable que de marcher sur le trottoir. La haie d’arbres cachait la route et coupait un peu la hideuse lumière jaune des lampadaires. J’entendis alors un bruit derrière moi et je me retournai. Je distinguai une ombre dans la haie, qui se rapprochait de moi. Quand il fut à trois mètres, je vis que c’était un homme. Quand il fut à deux mètres, je vis qu’il était armé. Une belle lame blanche de vingt centimètres, tranchante et sensuelle, qui reflétait sur mon visage les éclats des lampes au sodium du parc. Quand il fut à un mètre de moi, je compris qu’il était bien trop tard pour m’enfuir. Il était petit, bestial, avec cette barbe de trois jours qui arrache la peau comme du papier de verre, des lèvres sombres et humides et de la crasse au coin des yeux. Répugnant.
« T’en as un joli sac ! J’suis sûr qu’il est bien lourd. File moi l’liquide que t’as d’dans, ça l’rendra plus léger. »
« Allez salope ! »
Je m’exécutai, la peur au ventre. Mais en tremblant de peur, je fis tomber mon porte-monnaie.
« Putain de conne. Ramasse. »
Je me penchai pour obéir, mal à l’aise sur mes talons, et consciente que me baisser ferait remonter ma jupe le long de mes cuisses. Et c’est comme ça que tout a commencé. Ce qui aurait pu n’être qu’une banale agression pour quelques dizaines d’euros s’est transformé soudain en l’histoire de toute une vie. Je l’ai entendu jurer ; la seconde d’après, il était sur moi.
« Tu bouges, tu meurs. »
Il a appuyé son couteau sur ma gorge, sa belle grande lame coupante. J’ai vu dans ses yeux le désir et la bave à sa bouche. Ca le rendait encore plus dégoûtant, encore plus immonde. Pourtant je sentis mon corps répondre à ce regard par une chaleur entre mes jambes oubliée depuis longtemps. D’une main, il déchira le devant de ma chemise, et le couteau libéra mes seins, laissant une fine coupure brûlante sur ma poitrine. Me repoussant sur le dos au pied de la haie, tenant toujours son arme glacée au contact de ma gorge, il commença à me mordre les seins, à les lécher, et à les malmener de sa main libre. Il sentait mauvais, il avait la peau grasse et visqueuse, cela me fascinait et me dégoûtait à la fois. Il était si petit que lorsqu’il me mordait les seins, il était juste à la bonne hauteur pour me coller sa braguette dure entre les jambes. Je me rendis compte que ma jupe était remontée au-dessus de mon pubis, et laissait voir l’avant de mon string. Collé sur moi, mon agresseur était agité de soubresauts, se contrôlant à peine. Sa lame entaillait ma peau ici et là, au hasard de ses spasmes, et me faisait gémir de douleur. Je crois. Il s’énervait contre son pantalon qu’il n’arrivait pas à ouvrir, et il poussa un cri aigu de frustration.
« Fais-le toi, pétasse ! Mais fais gaffe ! Tu tentes une connerie, tu meurs ! »
J’obéis, et libérai moi-même sa queue sale. Elle lui ressemblait : petite, laide, velue, baveuse. Il me jeta à nouveau contre les pierres du sol et coupa maladroitement mon string. Puis il appuya sa queue immonde contre moi et me pénétra brutalement. Il me fit mal, et je soupirai de plaisir.
« Mais t’es vachement mouillée, salope ! T’aimes ça on dirait ?! »
Il me laboura pendant quelques brèves minutes, puis il grogna plusieurs fois et s’écroula sur moi, appuyant son couteau un peu plus fort sur ma gorge. Il était temps, j’aurais pu jouir s’il avait continué un peu plus.
Quand il se retira et se releva, je repris conscience du froid. Le sol était gelé, les cailloux contre mes hanches à nu étaient gelés, l’herbe givrée laissait des gouttelettes glaciales sur ma peau à chaque mouvement. La douleur des coupures décupla, et je gémis. Mon violeur s’était relevé. Sa réaction fut immédiate. Il sembla revenir brusquement à lui, ramassa l’argent et commença à me rouer de coups de pied, jusqu’à ce que je perde conscience. J’accueillis les coups comme autant de preuves qu’il voulait me terminer proprement.
Fatigue. La neige tombe avec une douceur silencieuse. Je suis couchée par terre, j’ai froid, et tout mon corps me fait mal. Tout est calme autour de moi. J’entends parfois une voiture passer de l’autre coté de la haie, mais la piste cyclable est toujours aussi déserte. Je repense à cette soirée, je repense à mon héros. Il est sorti de nulle part pour me rappeler ce que c’est que de sentir, et vivre. J’ouvre les yeux, et je vois que ma main est toute couverte de neige. Je trouve ça beau. Je referme les yeux et laisse ma conscience s’égarer au souvenir de cette rencontre inoubliable, tandis que la chaleur de mon corps continue à faire fondre sous moi le sol noir et boueux.
LA ZONE -
Résumé : Après un départ laborieux et atmosphérique, genre introspection désabusée sur fond nocturne, l'action se lance... Et est trop vite torchée, sans grands coups d'éclat. Le style est correct sans rien transcender et doit à vue de nez plus à Kirunaa qu'à Glaüx, dont on perd un peu la trace dans ce tas de larmoyances femelles. L'idée de fond est intéressante mais pas neuve, et est rarement sauvée par une réalisation plutôt sage.
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= résumé =
[ Après un départ laborieux et atmosphérique, genre introspection désabusée sur fond nocturne, l'action se lance... Et est trop vite torchée, sans grands coups d'éclat. Le style est correct sans rien transcender et doit à vue de nez plus à Kirunaa qu'à Glaüx, dont on perd un peu la trace dans ce tas de larmoyances femelles. L'idée de fond est intéressante mais pas neuve, et est rarement sauvée par une réalisation plutôt sage. ]
= biblio =
27/11/2006
06/05/2006
15/04/2006
21/01/2006
19/12/2005
01/01/2016
21/11/2015
20/04/2014
28/03/2012
23/01/2011
Fatigue. La neige tombait avec une douceur silencieuse. Dans le ciel, une seule lueur, floue - une torchère. Je poussai un soupir. Le froid me pénétrait jusqu’aux os alors que je marchais dans la nuit, résignée, pour rejoindre ma voiture.
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C'est pas la bombe qu'on est en droit d'attendre de deux bons auteurs qui se mélangent, même si c'est largement lisible. Dans le même registre sur la Zone, on a le couple de textes De passage par Aka (http://zone.apinc.org/article.php?id=1065) et son remix par Nounourz (http://zone.apinc.org/article.php?id=1461), ou en version un peu plus barbare, l'Aube grise (http://zone.apinc.org/article.php?id=1179).
Et j'ajoute quelques détails de making-of transmis par Kirunaa :
"Ben, ça a essentiellement commencé par moi, soudoyant Gloupi et le subtilisant à Winteria pour la nuit, grace à un choix judicieux de harcèlement par MP.
Ensuite, tout c'est décidé après la malheureuse rencontre d'un jus de citron avec un Wu Long: il a cédé. Et ensuite, rien que la parade amoureuse habituelle:
G: "tu es une dangereuse psychopathe"
K: "je pense que tu serais chou, en mini jupe et talons aiguille"
G:"j'ai déjà été en mini jupe. Par contre, pas en talons aiguille. En New Rocks."
et pour finir:
K: "je me dis que peut etre t'es passe dans la boite à spam?"
G:"bon attends, je vais envoyer par ici"
K: "oh ouiiiiiiiiiiiiii! éjac faciale !"
voila. En gros.
Il y a eu mention de la crète de Narak à un moment aussi, pour illustrer le fait que la Bretagne, c'est mal (rien à voir avec rien)"
Mouais, c'est pas mauvais mais ça semble pas vraiment abouti. Ca manque un peu de subtilité au niveau de l'excitation de la narratrice ; et aussi de photos de Glaüx en minijupe et new rocks.
HAHA !
Je suis re-active. C'est bon !
J'aurais bien laché un petit :
"j'espère bien que t'es réactive... Ta gueule !"
mais c'est tellement pas mon personnage...
Ça me parait inabouti, peu approfondi, facile. Aucune vraie plongée dans les sentiments de la narratrice, et la scène de viol éclispe (malheureusement) tout le reste.
Je suis pas très objectif : j'étais bien en Glaüx, pas prêt à me retirer. T'as tout gâché. Salope. Mon Gloupi, je te pardonne, reviens vite.
commentaire édité par Winteria le 2006-11-27 19:53:53
Pas approfondi ..ou réaliste et du coup bien pensé??
après un viol j'imagine mal la nana se laisser aller a de grandes envolées littéraires sur ses états d'âme. au contraire, état de choc, distanciation par rapport à son statut de victime, enfouissement des émotions....
du coup les émotions que ressent le lecteur sont non pas celles de la narratrice qui seraient en version light mais celles que chacun pourrait ressentir face a des stimuli determinés: saleté, froid, coupure...
j'aime bien
Je suis mais pas du tout d'accord avec Winteria quand il dit que ça lui parait "facile".
Le personnage de la nana dans ce texte m'a fait penser à celui de l'otage dans l'excellent film (noir, anar et tout et tout) de JP Mocky "l'Albatros". Celui d'une fille sexuellement frustrée qui raconte qu'elle a joui lors de son viol...pas courant...pas facile.
Pour ma part après Mocky j'avais jamais rien lu, ni entendu dans ce sens :
"Il me fit mal, et je soupirai de plaisir."
C'est pourquoi ce personnage est different de ceux d'Aka et Nrz.
Du coup je sais plus quoi dire et je me demande si vous l'aviez remarqué.
Si ce qui ne m'a pas plu c'est le coup "de la belle lame tranche et sensuelle" et on insiste "avec sa belle grande lame coupante"...merde quand tu vois ça t'as peur. Pas crédible.
Bah y a clairement une fascination refoulée de cette nana pour la violence, la contrainte, puisque comme tu le précises elle manque de jouir avec son violeur, qu'on peut mettre en balance avec son mec, son "pseudo copain avec qui même le sexe n’était plus qu’une parodie". Dans ce cadre là c'est logique. Elle a peur mais elle est quand même fascinée.
On s'attache à un style un peu trop distant, à une scène d'agression trop peu développée ou à un manque de scènes-choc pour satisfaire nos bas-instincts de charognards (en tant qur zonards c'est surtout la forme qui nous branche, le fond un peu moins), mais le texte reste plutôt subtil du point de vue psychologique.
Toutes des salopes!
Heureusement que M. Maurice est là pour rattrapper l'imbécillité de mon commentaire.
Plus sérieusement, ce qui m'a mis mal à l'aise c'est l'intolèrable discrimination outrancière vis à vis du violeur qui semble être une personne fruste et renfrognée, s'exprimant maladroitement , bref peu sympathique et dotée de surcroit d'un petit zizi.
En effet,cette description me parait caricaturale et pourrait stigmatiser les violeurs, s'adonner à l'art de l'agression sexuelle en milieu urbain peut aller de paire avec un bon gout vestimentaire, une hygiène corporelle irréprochable et la possession d'une grosse bite.
Monsieur Maurice, vous avez raison, comme d'habitude.
Kirunaa a voulu me protéger en me maquillant sous des traits difformes et répugnants, alors que tout le monde sait que je suis une statue grecque.
C'est pour ça que le texte est moins crédible qu'il devrait l'être.
D'ailleurs si j'étais moins bourré je le réécrirais tel qu'il s'est produit, avec les dialogues ineffables tels qu'ils ont été prononcés.
Tu veux dire que tu as été violé par Kirunaa?
Non. Les dialogues seraient en germain mâtiné d'angloys, sinon.
Tu as été violé par un grand couteau peut-être alors ?
Plus sérieusezment et aussi à prpos que l'alcool le permet de moins en moins, le grnd couteau, c'est moi qui ai insisté ; si ça faity faux, du coup, c'est qu'au début, ça devait être de la psy féminine pas compréhensible du tout pour un lecteur à burnes (y a qu'à demander à Kirunaa, j'arrêtais pas de lui envoyer des SOS de pas comprendre). Alors j'ai ajouté un grand couteau bien couillu bien phallique bien visible et tout et tout. Et du coup ça sonne sûremenbt moins juste. Mais c'est ma bite qui a parlé. J'y peux rien moi madame.
Et le vrai making of était vachement plus drôle.
t'as eu raison d'ajouter un couteau
elle fera la vaisselle cette grognasse, ça la remettra a sa juste place: a genoux, yeux fermés, bouche ouverte.
mieux que le flingue!
Ah non non mais le couteau y était, j'en ai juste fait un très très gros couteau. Pade contre j'arrive pas du tout à imaginer ta vision de la vaisselle, là.
Lâche immédiatement cette bouteille.
C'est naze. De la part de Gläbre et de Kirunaa on pouvait espérer mieux. L'histoire dans le genre pitoyable touche déjà le fond. La meuf qui prend son pied en se faisant violer déjà j'y crois pas 15secondes, mais en plus le coté reflexion est carément à coté de la plaque au niveau crédibilité lui aussi. Avec un vrai devellopement, pas torché en quelques phrases, une analyse plus poussé, je sais pas moi, n'importe quoi, ça aurait pû donner quelque chose ( Et encore, pas évident avec le thème du viol éculé sur la zone.) Mais là vraiment non rien. Tous les clichés du viol y sont.
Malgré ces quelques invraisemblances, c'est une bien belle histoire, quand même.
Et puis ca fait gracieusement un peu de promotion pour les vendeurs de couteaux suisse et les fabricants de strings, aussi.
En ouvrant cette page et en tapant du poing sur son écran, on voit apparaître, subliminal, l'aphorisme suivant : "Glauque, qui le rut chouette n'a". C'est satanique.
Sinon, il est bien ce texte, inégal et comme hésitant entre le sérieux et la gauloiserie, c'est vrai que les paroles stéréotypée de l'agresseur jouent un rôle dans cette impression. Manque un truc en plus pour que ça reste dans les mémoires, mais faut pas me demander quoi.
Des majorettes.
Je t'avais pas precise qu'elle etais majorette, la fille?
Toutes les filles sont des majorettes.
Sauf maman.