Mais je comprends, ne t'en fais pas. Tu as oublié où j'habite. Pour tout dire, je ne sais plus très bien non plus. Je compte sur toi, il faut que tu trouves un moyen de me ramener. Je ne sais pas du tout où nous sommes, mais la ville doit être là derrière. Devant nous il fait très chaud, cela doit être le désert profond...
Mais qu'est ce c'est ? Je sens des choses visqueuses qui frottent mes jambes ! Tu les sens aussi ? Qu'est ce donc ? Elles sont couvertes de sable... C'est absolument dégoûtant. Tu ne dis plus rien ? Il faut que je comprenne par moi-même, c'est bien cela ? Qu'est ce que cela peut bien être ? C'est petit... rond... mou...
Des cerveaux ! Il y a des cerveaux qui rampent partout autour de nous ! C'est bien ça. Des cerveaux... c'est atroce. Pourquoi ne dis-tu rien ? Tu es parti, c'est ça ? Tu es parti. Tu m'as laissé seul avec des cerveaux qui rampent vers la ville. Une marée de cerveau dans le désert !
Pouha ! Dès je fais un pas j'en cogne un. Il se liquéfient quand on les touche. Un peu d'eau en plein désert. Qu'est ce qu'ils font là ces cerveaux ? Pourquoi dans le désert ? Pourquoi vers la ville ? Un avion plein de cerveaux s'est écrasé ? Pourquoi rampent-ils ? Il faut que je comprenne par moi même.
Tu n'aurais pas du m'abandonner. Laisser un aveugle en plein désert, entouré de cerveaux, ce n'est pas très gentil. C'est vraiment de la malchance. Il a fallu que je vienne ici, précisément aujourd'hui quand tout cela se passe. Un aveugle en pleine apocalypse, c'est triste. Enfin ce n'est peut-être pas l'apocalypse. Je ne suis jamais venu ici avant, peut-être qu'ils affluent depuis toujours vers les villes.
Ils font du bruit en plus tous ces cerveaux. Ils murmurent des choses. Non, on dirait qu'ils crient tout bas. Ils marmonnent des hurlements, des plaintes et des avertissements. Est-ce qu'ils sont tous mourrants ? Ils ont tout juste la force de ramper. Ils ont l'air faibles et abrutis. Ils rampent, ils rampent, ils crient tout bas des choses incompréhensibles, ils disent qu'ils sont comme morts. Une nuée apathique de cerveaux lessivés... comme c'est étrange. Des cerveaux hors de leur corps, comment est-ce possible ? Qu'est ce qui peut bien faire ça ?
Evidemment, ils cherchent un corps où s'installer. Une place où se blotir. Ils cherchent un petit monde pour la durée de leur existence ici bas. Ils cherchent un peu de chaleur. Mais que sont devenus leurs anciens corps ? Il doit y avoir des montagnes de corps inanimés. Peut-être là juste devant et je ne la vois pas. Qu'est ce qui c'est passé là-bas ?
Il n'y a qu'une façon de le savoir. C'est d'y aller. Dans le désert profond. Je me doute bien qu'il n'y aura que mon cerveau qui renviendra. Ensablé et dans un état lamentable. Mais tant pis, un aveugle a moins à perdre qu'un autre.
Loki a du trouver un nouveau visage, là-bas, à Kansas City, dans le désert du Vigrid. Comment le reconnaîtrai-je ?
- Pourquoi m'as tu amené jusqu'ici ? Ce n'est pas chez moi. Tu me proposes de me ramener et tu m'entraînes n'importe où. Je suis peut-être aveugle mais je sais bien qu'on est en plein désert.
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Pour se reconnaitre dans le désert, voici une astuce simple: ils peuvent porter chacun une baguette sous le bras et un masque de Mickey.
Putain la vision d'horreur paranoïaque.
Sympa, mais sans plus.
Il est vrai que "onirique" colle bien, parce que c'est tout à fait le genre de situations qu'on peut rêver. Et ça, j'aime bien : ambiance sympa, dénuée de sens, surréaliste.
Seulement, autant j'aimais bien le dialogue absurde de "Thoughts I", autant je trouve ce monologue un peu chiant.
Donc voilà : bonne ambiance, mais la manière dont elle est utilisée me fait chier.
Moi c'est les cerveaux qui sautillent de partout qui me gonflent. Le reste ? Le reste je m'en fous, ce qui est à la limite moins pire. L'ambiance onirique j'aime bien ça quand je dors. En terme de littérature je préfère de loin le cauchemardesque.
Le problème c'est que, contrairement au premier texte, le personnage se pose les questions que le lecteur est censé se poser. Ca ruine un peu le côte philosophique symboliste bizarre truc. Et puis du coup ça me donne pas envie de relire pour comprendre.
commentaire édité par Invisible le 2006-11-12 16:5:25
en remplaçant cerveaux par "saucissons" c'est bien aussi.
c'est la transhumance des cervelles de la zone
La transhumance début novembre, faut pas demander dans quel état elles sont, les cervelles.