- Salut !
- Bonjour, madame.
- Quelle chaleur ! Ce Soleil en permanence !
- Vous allez à Kansas City, je suppose ?
- Oui…
- Kansas City ce n’est pas par là.
- Ah non ?
- Non, c’est derrière vous.
- De là où je viens ?
- Oui.
- Tiens, c’est étrange. Je n’ai pas vu Kansas City pourtant.
- On ne la trouve pas facilement vous savez. J’ai cherché longtemps aussi.
- Ah, c’est bien embêtant. Et vous, que faîtes-vous si ce n’est pas indiscret ?
- J’attends le bus.
(silence)
- C’est logique, en effet. Et… où va-t-il ce bus ?
- Il ne va pas à Kansas City. Aucun bus ne va à Kansas City.
- Quelle malchance. C’est bien dommage. Puis-je… puis-je m’asseoir sous l’abris bus quelques instants pour me reposer ?
- Venez, je vous fais de la place.
- C’est bien gentil merci. (elle ne s’assoit pas) Je suis un peu fatiguée. Et pourtant il va falloir trouver Kansas City.
- Vous n’êtes pas loin.
- Ah. Tant mieux. Et votre bus, à quelle heure passe t-il ?
- Aucune importance. J’espère juste qu’il passera. L’heure m’importe peu.
- Nous pourrions faire de l’autostop, vous vers votre direction et moi vers Kansas City.
- J’y ai pensé aussi... il y a longtemps. Mais la réponse est toute simple : il n’y a pas de voitures dans le désert.
- C’est certes vrai.
(silence)
- Je me demande bien où est Kansas City.
- Par là.
- Par là ? Vers là où j’allais ? Je croyais que c’était derrière…
- Non, je suis certain que c’est dans cette direction.
- Eh bien merci.
(elle scrute la mauvaise direction)
- Où m’avez-vous dit que vous alliez déjà ?
- Je vous l’ai déjà dit, ne me le demandez plus.
- Pardon. Vous… vous ne me demandez pas pourquoi je vais à Kansas City ?
- Je sais pourquoi vous allez à Kansas City.
- Oh…
- Vous y allez pour la même raison que tout le monde. Vous y allez pour la même raison que j’ai voulu y aller. Tout le monde va à Kansas City.
- Sans doute. Excusez-moi d'insister, mais… il passe souvent des bus par ici ?
- En effet, non.
- Dans ce cas, c’est peut-être indiscret, mais... (elle s’assoit près de lui) Auriez-vous l’amabilité de coucher avec moi ?
- Certes non.
- Ah.
(elle se remet debout)
- Cela n’a rien de personnel, mais j’attends le bus. Si je couche avec vous, le bus passera pendant ce temps et je n’aurais pas le bus.
- Mais dîtes moi, vous avez déjà vu un bus passer ici ?
- Non. (petit silence) Pas encore.
- Et vous êtes ici depuis longtemps ?
- J’attends le bus depuis un certain temps, oui.
- Et vous allez encore attendre longtemps ?
- Sûrement.
- Comment pouvez-vous le savoir ?
- Parce qu’aucun bus ne passe ici.
- Logique, c'est un arrêt de bus. Il ne passe pas non plus à Kansas City apparemment.
- Vous êtes à Kansas City, charmante demoiselle, et aucun bus ne passe ici.
Un arrêt de bus en plein désert.
Un homme (voix italique) assis là.
Une femme (voix normale) entre en marchant
Un homme (voix italique) assis là.
Une femme (voix normale) entre en marchant
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J'ai trouvé ça plutôt bien foutu, et vachement théâtral. Il y a, comme l'a souligné nihil, une ambiance étrange que j'aime bien.
Mais ça manque de DTCS.
ambiance un peu "en attendant godot"....
Moi aussi j'apprécie, mais je me demanderai donc éternellement pourquoi ça doit se passer chez les Etatsuniens. Le mystère, le glauque, le sulfureux, l'inspiré, l'épique, ça peut très bien se donner rendez-vous à l'un des nombreux et fort beaux arrêts de bus de Montigny-le-Platane.
Un petit quelque chose de Kafka, peut-être.
Un gros méga énorme inmanquable quelque chose de En attendant Godot, mais du coup, à part l'hommage, même justifié à mon goût, je ne vois pas bien l'intérêt de ce texte. Le pastiche pas drôle, c'est pas drôle.
Même reflexions qu'au dessus à la seule différence que j'ai trouvé ce texte très agréable.
J'accroche pas au genre absurde que je trouve passablement chiant, on se croirait en face du gourou qui t'explique qu'avec une bite dans le cul t'atteint le cosmos.
Tiens voilà une putain d'idée de texte.
moué ça méne pas loin, y'a peut-être un sous entendu que j'ai pas capté du style ils sont morts et ils attendent le bus qui ne passera jamais tel une sorte de purgatoire.
Je reste sur ma faim et je comprend pas pourquoi tout le monde veux aller à Kansas, y'a rien à fout' dans ce désert à la con
C est qui lui?
C'est Le Duc, incognito.
Comme déguisement, il aurait pu trouver mieux qu' une fausse moustache. Incognito toi même.
J'adore. Comme pour les autres pour Godot, manque qu'une corde pour se pendre. Mais ca serait du plagiat.
C'est plutôt bon, voire même suffisamment pour qualifier le bout de phrase d'avant d'euphémisme. Cependant, Kansas City, ça m'a rappelé Slevin et j'ai attendu tout le texte qu'un rabbin vienne se faire dessouder.
Frustrant.
Porteur de faisceaux.
Georges ?
Copain Harry !
Je me demande ce qu'on trouve à En attendant Godot, surtout au théâtre bordel, parce qu'en papier on peut zapper les passages où il ne se passe rien pendant 10 minutes à la rigueur.
Je précise juste en passant que Thoughts est en 5 parties.
Tu passes quand tu veux, hein.
on sent bien l'aridité du desert en tous cas.
J'ai encore du mal à l'admettre mais j'ai pensé comme le duc.
On ne pense pas comme Le Duc; on va aux chiottes.
T'as oublié d'ajouter la motion "Pour les petits lecteurs de Télé-Loisirs", Narak.
Je dois avouer que je n'ai foutument rien capté à cette remarque et que je m'en contrebranle.
Commentaire édité par Narak.
Ah, merde, je dois être le seul à avoir Télé-Loisirs, comme programme télé.
Ah, merde, ça voudrait dire que je regarde la télé.
Ah, merde.
Ah merde, t'as une télé ?
Bon ben même commentaire que pour Voix (un an après, désolé). Il n'y a pas de conceptuel, de sous entendu ou je ne sais quoi.
Quand vos commentaires disent il n'y a rien, il ne se passe rien, voilà c'était la seule chose que je voulais faire.