Elle gémie, elle crie, ce n’est ni du plaisir, ni de la peur. De la haine. Elle crie son dégoût d’elle-même. De ce morceau de viande qui la traverse. De son corps à elle qui n’est plus qu’un morceau de viande. Un morceau de viande. Il ne lui appartient même plus. Peu importe son état. Ce qui lui donne la nausée, c’est qu’elle ressente encore. Quelques vagues frissons issus de son bas ventre qu’elle refuse d’assimiler à du plaisir. La nausée.
Cette odeur de pisse froide qui émane du sol. Les feuilles désagrégées d’un journal qui n’appartient à personne. La banane pourrie et la cendre froide qui dégueulent des poubelles en vagues constantes. La marée de merde dégoulinant les angles. Et les poubelles. Le parfum des mégots crevés. Cet organe. Ces tripes retournées qui s’expulsent, se déversent, emplissent l’atmosphère. La décomposition, vivante, la pourriture se nourrissant d’elle-même.
Les entrailles révulsés, il veut jouir. C’est un spasme, une convulsion qui se guette. Il ne se rejette en arrière que pour repartir. En avant que pour retourner. Ca tape, il tape. Ce bruit de chair molle qu’on claque. Mollement. Qui claque. Frénétiquement. La mâchoire serrée, les veines à en péter. Un amas qui s’agite, sur lui-même, sur un autre. Qui s’agite. Ca pénètre, avance comme si ça ne pourrait pas s’arrêter. Et ça s’arrête, reprends son élan, et recommence. Indéfiniment. Plus fort.
L’endroit se déteste. Il déteste tout. Il aime tout. Il accueille tout le monde. Tous les bienvenus à la digestion de soi. Ca vit, et ça ne vit pas vraiment comme ça. Une digestion de soi par soi. La puanteur, la pourriture qui s’en produit retourne nourrir ce qui l’a produit. Se nourrit elle-même. D’elle-même. Et ça éclate, s’étale, lentement rejoint tout. Ca se digère, et éclate à nouveau. Ca stagne constamment et ça vibre. Plus fortement que la vie.
Elle va vomir, s’évanouir, crever. Elle ne tiendra pas. Elle ne sait pas, elle l’espère. Crever. Crever encore. Pour ne pas sentir son corps. Pour ne pas se sentir lié à ça. Et ça tape. Encore. Et ça bouge, sans cesse. La lumière bouge devant ses yeux. Comme si le reste du monde se secouait autour d’elle. Elle va crever. Il faut qu’elle crève. Il faut s’en arracher. Ce corps insoutenable. Ce corps qui se hait. Qui se nie. Se dégager, s’échapper. Crever. Tout mais crever.
LA ZONE -
Le mur est crade. Définitivement. Des générations de crachats, de chewing-gum collés, de graffiti à la va-vite, de vomis d’alcooliques, de pisse de chien, de clochards, l’ont rendus à cette état. Le froid, le froid mord le mur, aspire la lueur du réverbère. Ce mur est déjà mort, ce froid est aussi sale. Une blatte écrasée gît à coté d’une canette qui a subit le même sort. Ce n’est plus l’ennui, mais la crainte qui parcours le recoin vide.
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Petite saynète baroque de violence urbaine à caractère sexuel ostentatoire, début du XXIème siècle.
C'est calé dans l'peloton. Bien au milieu des coureurs.
Certaines images passent en couleur, le reste en noir et blanc et sans aucune surprise ou piment vert. Dommage.
Les répétitions de répétitions rendent l'assiette calorique. Trop.
Ah moi j'aime. Mais faut dire que je suis pas trop un fan de la sobriété non plus.
excessif et facile, du coup ça croche pas.
Je ne ressens rien
Ange, mon meilleur fan...
Pour information, ce texte a été écrit dans un état d'ébriété passablement avancé. Je ne savais pas vraiment quoi en faire, sur les conseils de nihil je l'ai publié.
J'avoue que j'avais un peu la flemme de l'inclure dans un texte plus long (Ca aurait difficilement collé). D'ailleurs je l'aime bien comme ça.
Et je vous emmerde...
L'avant-dernier paragraphe est pas top mais j'aime bien.
J'avais écrit un commentaire pertinent, mais la zone l'a refusé. Donc je réessaye et je synthétise, j'aime pas.
commentaire édité par Simili le 2006-10-6 20:5:37
Womble,
Si tu as pondu ce texte dans un état d'ébriété passablement avancé, eh bien c'est que tu as l'alcool triste. D'un autre coté, tu bandes encore, et là tu me bats.
Dans le fond je trouve ça pas mal, allez...
Simili,
Tu veux pas te joindre à moi pour constituer un syndicat anti-censure ?
Je suis prêt à fonder n'importe quoi tant que c'est insensé, prestigieux et hautement rémunérateur.
Pareil que Ange la première fois.
Note: ceci est mon premier commentaire depuis des plombes, félicitations wombeul, t'as gagné une médaille en chocolat.
En chocolat allemand : 85 % beurre aux hydrocarbures, 2% cacao, le reste on sait pas, sûrement du foutre de porc.
C'est pas plutôt une spécialité écossaise ça, le foutre de porc ?
Oh la jolie découverte, j'ai franchement accroché. Ca fait mal en lisant, Dieu que c'est bon.
C'est peut-être pasla eine d'en appeler à Dieu directement par contre.
La notule du döktör Glaüx : en langage de moine, s'écrier "Seigneur !", ou "Dieu !", ou "Jésus !", ça s'appelle une éjaculation.
Je crois que je l'avais déjà dit, mais ça me fait vachement plaisir de le répéter.
Ah oui, et donc, Aka est un mec.
L'orgasme n'est pas seulement masculin. Si, si je t'assure.
L'éjaculation, en revanche, la vraie, celle qui déplace les meubles, celle avec laquelle tu peux chasser les mouches à la glu sans glu, c'est plutôt masculin.
Donc t'es un mec.
Maman!!!!!!!!!!
Très bien écrit, mais je me suis un peu emmerdé quand même. Plus long, my dear, et avec une intrigue digne de ce nom, j'aurais accroché.
Ce qui m'a le plus retenu mon attention c'est l'introduction, notamment pour ces deux phrases, qui possèdent comme une espèce de musicalité très agréable :
"Le froid, le froid mord le mur, aspire la lueur du réverbère. Ce mur est déjà mort, ce froid est aussi sale."
Pour un texte dont le thème est usé jusqu'à la corde, celui-ci est particulièrement bien écrit, fluide et non exempt de poésie.
Ce style me plait d'avantage dans son minimalisme, les phrases sont courtes mais bien pensées.
c'est très court, mais incisif. Je lirai sans nul doute à l'occasion d'autres textes de cet auteur.