Combien de fois le Scorbut s’était tiré de situation périlleuse grâce à la lecture de cet ouvrage qui, doit-on le rappeler, n’est qu’un extrait romancé du manuel d’entraînement de la légion étrangère.
N’avait-il pas à l’age de 16 ans, grâce à Riri, Fifi et Loulou, sauvé sa mère de location d’une poussé de lait en lui suçant frénétiquement les deux énormes excroissances mammaires jusqu’à épuisement. Et n’est ce pas grâce à ces fabuleuses astuces qu’il avait, lors de l’hiver 99, sauvé ses mains fragiles de vilaines gerçures en éventrant le chat de madame Michel pour s’en servir de manchon.
Bref, la situation était grave et le Scorbut, fort des conseils de trois jeunes et brillants canards à queue de castor, avait entrepris de délimiter les frontières de la pièce par un savant palpé roulé réalisé avec la partie la plus sensible de son corps, le gros orteil droit.
Il avait d’abord perçu un sol moite, une sorte de texture moitié mousse qui pousse sous les majestueux chênes bourguignons en automne et moitié aisselle de lanceuse de poids sud-vietnamienne après 3 essais à 1 mètre en cumulé.
Il avait ensuite entrepris de calculer la surface de la pièce, n’étant pas équipé de son traditionnel équipement de géomètre, il décida de calculer en pouce, il aviserait plus tard le moyen le plus sûr de convertir les pouces du pied en pouce de main. Méticuleusement, à cloche pied, il longeait le mur dans l’espoir d’y trouver un angle, une plinthe, une porte, un bas de pantalon, une plinthe … un bas de pantalon ???!!! Qu’est ce qu’un bas de pantalon pouvait bien faire dans cette pièce noire, se demanda t-il stupéfait … Il ne lui fallu qu’un quart d’heure pour en déduire brillamment qu’il devait se trouver dans le dressing d’une quelconque chambre d’hôtel … sûrement une partie de cache-cache un peu trop arrosée avec Nihil et Lapinchien la veille, tout allait bien, il allait crier « Ouh, ouh, je suis là » quand un craquement d’allumette le fit sursauter.
Pitin, ses sens et son cerveau l’avaient trahis … il y avait quelqu’un dans le bas de pantalon, une lueur éclairait maintenant son visage anguleux pendant qu’il tirait calmement la première bouffée d’un cigarillos mexicain.
« Alors comme ça voilà le fameux Scorbut ! » lança le cigare costumé dans une voix teintée d’un léger accent arménien.
« Ca fait longtemps que nous te surveillons toi et tes compères. Longtemps que nous attendions que vous fassiez une erreur pour contrecarrer vos plans machiavéliques … deux semaines que nous vous suivons, contemplant vos frasques, comptant les cadavres sans réussir à trouver la logique dans tout ce merdier et là, l’erreur fatale, l’attaque d’une pile de boites de conserves dans un hypermarché … je vous croyais plus intelligent que ça ! Découvrir votre but ultime de façon si vulgaire, vous me décevez ! »
Scorbut était abasourdi par ce qu’il entendait, les Arméniens vouaient-il un culte étrange aux boites de conserves ? A l’instar des vaches en Indes, les petits pois étaient-ils sacrés dans ce pays barbare ? En bref, keskidi l’Arménien ?
« Alors comme ça, on veut déstabiliser l’économie mondiale en s’attaquant à son pivot, l’emballage aluminium »
Scorbut ne pu s’empêcher de faire un bruit de buzzeur … « Faux »
Il sentit deux énormes doigts s’immiscer dans ses narines jusqu’à toucher la base des globes oculaires.
« Tu vas être gentil l’ami … tu vas prendre ce bloc-note, ce crayon et tu vas m’écrire tes aveux complets sinon la prochaine fois, tu n’auras pas le plaisir de sentir mes doigts mais une fourchette à escargot »
Scorbut perdit connaissance lorsque les dernières phalanges du tortionnaire sortirent de son anatomie. Il se réveilla dans une salle borgne mais éclairée par une lumière diffuse, un peu comme celle du tunnel avant la mort, il remarqua tout de même que, la présence d’un interrupteur rendait plus pratique la situation présente et fort de ce nouveau confort décida de ne pas se donner la mort. Le bloc de papier gisait devant lui, le crayon de papier, légèrement enfoncé dans sa cuisse gauche, fut plus dur à trouver. Il commença de s’atteler à la tâche lourde de dénoncer ses amis en écrivant un petit mot d’introduction :
« Cher Monsieur l’agent, afin de vous assurer de notre incapacité à faire du tors aux truies, veuillez trouver ci-joint quelques extraits significatifs issus de mes notes secrètes qui vous prouveront l’incapacité mentale de mes deux compagnons de voyage. Je reste à votre entière disposition pour tout complément d’information et garde ouvert tous mes orifices, voire exclusivement mes narines, afin que vous puissiez y enfoncer tout objet de votre convenance. Très cordialement. Scorbut »
Extraits des notes secrètes du Scorbut
Jour n°1 : Discussion inspirée d’une jeune serveuse siliconée
Lapinchien : « Tu savais qu’en Pologne on opère les amygdales par les voies basses ! »
Nihil : « Hein ? Tu veux dire qu’on se fait opérer debout par des chirurgiens nains qui te passent un bras dans l’anus pour t’arracher dans la gorge ?! »
Lapinchien : « Mais non crétin, on les fait dissoudre à la vodka, tu finis par les pisser ! »
Jour n°2 : Arrêt de la voiture en pleine campagne pour laisser traverser un éleveur suivi d’une centaine de poule
Nihil : « Putain, on va être en retard à la fête avec ces conneries et si ce connard continue de me regarder avec son air de paysan attardé, je vais le trépaner au coupe œuf à la coque »
Lapinchien : « Attends Lapinou, laisse moi faire, j’ai l’habitude de traiter avec les autochtones, la diplomatie, c’est mon truc ! Hey, tête d’œuf, dégage tes poules fissa si tu veux pas qu’elles pondent des œufs plats dès demain ! »
Jour n°3 : Discussion philosophique sur la façon d’atteindre notre but ultime
Lapinchien : « Tuer … tuer, c’est ringard de tuer, je ne parle pas de tuer, je préfère éradiquer … y a comme une notion de définitif dans éradiquer »
Nihil : « D’accord avec LC, d’ailleurs on parle souvent de morts vivants jamais de morts éradiqués, c’est un signe ! »
Jour n°4 : Une nouvelle technique pour tuer les passant
Lapinchien : « La voiture piégé c’est bien mais faut qu’on voit plus grand … la prostituée piégée … bourrée de TNT, ça c’est classe »
Nihil : « Encore plus classe … l’eunuque piégé ! »
Lapinchien : « Ah bah oui en plus c’est facile à trouver ! T’es vraiment un eunuque de la tête des fois ! »
Nihil : « Et pourquoi pas débile pendant que tu y es ?! »
Jour n°5 : Dans un restaurant traditionnel
Nihil : « Des fois, je me fais la cuisine chez moi, je coupe une tranche de pain rond et je le tartine de ratatouille »
Lapinchien : « Ouais, moi aussi je mange des pizzas des fois »
Jour n°6 : Parlant du barman après une bagarre générale déclenchée par Nihil
Lapichien : « Il n’avait pas sa langue dans sa poche le con, te traiter de Couillemolleovsky … »
Nihil : « Sûr qu’il l’avait pas dans sa poche après que j’y ai collée dans l’œil »
Jour n°7 : Parlant de votre serviteur
Lapinchien : « Tu sais pourquoi il a plus de dents Scorbut ? »
Nihil : « Ouais, il se les lavait à la chaux vive »
Lapinchien : « Alors pourquoi il continue maintenant qu’il n’en a plus ? »
Nihil : « Des gencives saines, c’est super important aussi ! »
…
LA ZONE -
Page 567 du manuel des Castors Juniors - Rubrique « Survie totale en forêt québécoise » : En cas de nuit noire, oublier ses yeux pour établir une cartographie sensorielle de la zone avec les 5 restants.
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