Nous, innombrables, cent et mille égarés, mille et dix mille enfermés dans le ventre d'une métropole mort-née. Nous, amnésiques volontaires, muets pour le principe, aveugles par nécessité. Nous, dont le nom fut rayé des listes, dont l'existence fut niée, nous à jamais tenus pour morts. Nous, mille dormeurs à qui on a refusé le droit de rêver.
Nous, captifs de toute éternité, errant sans fin dans une prison dévastée aux murs irréguliers. Nous, intouchables douloureusement terrés dans les recoins de vastes plaines concentrationnaires. Nous à jamais emmurés dans le silence des abîmes, prisonniers de caveaux aux proportions de cathédrales. Nous, qui marchons sur les corps de nos frères tombés avant nous. Nous qui hurlons notre faim et nous qui pleurons nos morts, nous qui geignons interminablement nous dans une langue qui n'existe plus.
Nous, une seule âme disséminée dans mille organismes, une conscience unique mécanique pour mille esclaves interchangeables. Nous bêtes endoctrinées au sein d'un troupeau sans contours, qui s'enroule à l'infini sur lui-même. Nous cloîtrés dans la nuit des temps. Nous, mille fous illuminés par le soleil de la connaissance, nous mille dévots auréolés par la divine lumière pathologique. Nous, éphémères flammèches de vie vouées au vide. Nous courrons à l’extinction sans nous retourner. Nous, nos errances asynchrones, nos songes faméliques.
Nous nous ressassons sans arrêt les mêmes histoires exsangues, nous nous agonisons sans force nous nous, l'agonie court sur nous, nous suturons nos blessures nous chérissons l'infection nous bénissons nos maladies. Nous mille pestiférés courbés jusqu'à terre et nourris d'ordure. Nous notre désagrégation n'est que l'aboutissement d'un processus démarré par notre éveil, nous rien ne nous sera épargné non nous non rien.
Dépérisse le vent, dépérisse le béton, dépérissent les chairs et meurent et crèvent et se disloquent sous l'insoutenable poids qui nous écrase, nous tombons au sol et nous couvrons nos oreilles nous gémissons nos tympans saignent. Nous. NOUS. Nous. NOUS. Nous ne savons rien nous ne connaissons rien nous ne savons rien nous ne connaissons rien.
NOUS mille organismes stériles, mille ombres tapies dans l’ombre, NOUS chirurgiens affamés, NOUS nous chiens aux abois. NOUS mille adorateurs anormaux, mille voix souterraines. Nous NOUS mille proscrits mille cœurs corrompus. Nous présences détraquées qui gangrènent les rêves des comateux. NOUS corps putréfiés NOUS machines ensanglantées nous perdus perdus égarés. Nous, cent et mille, dix mille et cent mille, innombrables.
Nos paumes collées sur nos yeux, nous appuyons, nous ne voulons pas voir. Personne ne nous empêchera d’être ce que nous sommes, la cécité notre béatitude. Non, nous ne voulons pas voir. NON, NOUS NE VOULONS PAS VOIR. Notre handicap, notre force. Famine, famine.
Et nous verrons la planète sous nous nous nous multiplierons jusqu'à faire éclater notre prison. Nous nous nous savons qu'il n'existe plus d'autre monde que le notre.
Nous nous viderons de notre âme comme de nos entrailles séchées, nous nous éventrerons en d'obscures cérémonies hébétées nous nous fascinés par le spectacle de notre propre destruction. NOUS NOUS déités anciennes et enterrées, jetées en masse dans les charniers mouvants, NOUS NOUS multiplierons à étouffer, hurlant d'une même voix terrorisée NOUS envahirons les limbes décomposées NOUS frapperons les murs de notre prison jusqu'à les abattre NOUS NOUS déborderons NOUS NOUS dédoublerons encore et encore et encore NOUS NOUS répandrons sur le monde NOUS NOUS saccagerons tout ce qui est connu à ce jour. Nous. NOUS. Nous. NOUS. Nous. NOUS Légion. NOUS croîtrons jusqu'à ce que tout autre forme de vie disparaisse, entendez nous, entendez NOUS NOUS ENTENDEZ NOUS. NOUS la rage nous possède NOUS sommes la maladie ET NOUS sommes la putréfaction et la tourmente déchaînée, d'une fièvre aveugle et vengeresse nous contaminerons la réalité et l'entraînerons dans le néant NOUS NOUS NOUS.
[ remix du texte Nous ]
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NOUS n'irons plus jamais,
Où tu m'as dit je t'aime,
NOUS n'irons plus jamais,
Comme les autres années,
NOUS n'irons plus jamais,
Ce soir c'est plus la peine,
NOUS n'irons plus jamais,
Comme les autres années;
Capri, c'est fini,
Et dire que c'était la ville
De mon premier amour,
Capri, c'est finiiii...
Hervé, 'faut réviser ta discographie. La citation appropriée était celle-ci :
"Nous, c'est une illusion qui meurt
D'un éclat de rire en plein cœur
Une histoire de rien du tout
Comme il en existe beaucoup"
Mais Capri, c'est joli. Et ça rime admirablement avec cabri.
Monsieur Villard. Pardon.
Sinon, le texte est pas mal, des phrases qui pètent, et tout et tout, mais je l'ai peut-être lu au mauvais moment, je n'étais pas dans l'état d'esprit, je ne sais pas, en tout cas je me dis que tu étais plutôt lucide en te commentant.
Le problème de ce genre de litanie, c'est qu'au point de vue narratif, il n'y rien derrière, c'est juste un tableau, une vision, un état d'esprit, bref de la poésie en prose. Donc faut pas que ce soit trop long. Ici, ce n'est pas le cas, donc ça reste une bonne lecture, mais je pense que ça sera assez vite oublié.
Puissance 4
C'est toujours aussi sympa à lire au regard de Néo-Inquisition mais j'avoue avoir préféré le premier jet. C'est pas assez long pour être chiant, donc ça vient pas de là; mais je m'attendais à beaucoup mieux, plus de précision et de subtilité par rapport au premier. Puis la répétition de 'nous' devient vitre franchement agaçante,la typographie n'aidant en rien. On se croirait à un meeting politique.
Par contre au niveau des images et de l'écriture c'est nettement meilleur.
Un mix des deux c'est possible ?
Commentaire édité par Aka.
Chimène Badi - Entre nous
Entre nous,
C'est l'histoire
Qui commence au hasard
De nos yeux qui se cherchent
Entre nous
Entre nous,
De nos bras
C'est le temps qui donnera
Un premier rendez-vous
Entre nous
{Refrain:}
Entre nous, c'est le temps qui s'enfuie qui s'en fout
C'est la vie qui me prend dans son poult
C'est le coeur qui avoue
Entre nous,
Entre nous,
C'est l'aveux qui nous brûle en dessous
De nos peaux que l'on frôle, jaloux,
De nos moindres secondes sans nous
Entre nous,
C'est toujours
C'est le contraire
D'un jour
Un voyage sans détour
Entre nous
Entre nous
C'est le fort, la raison et le tord
C'est l'envie qui nous mord dans le cou
{au Refrain}
Entre nous,
C'est l'amour qui nous brûle en dessous
De nos peaux que l'on frôle, jaloux
De la moindre seconde sans nous
Entre nous,
C'est toujours
C'est le contraire
D'un jour
Un voyage sans détour
Entre nous.
Et sinon, le nouveau rythme de publication, c'était pas deux textes par jour ?
Moi je dis ça, hein, je dis de la merde.
C'est bien de s'en rendre compte après le commentaire qui précède.
La journée elle est pas finie connard.
Bah ouais mais depuis le 14, y'a eu 1... 2... 3... 4... 5 textes publiés.
Au lieu des 18-14 = 4
4*2 = 8 promis.
CQFD
J'suis vraiment trop fort
Attends j'ai pas suivi, répète.
idem Dourak en 3
Winteria ,je l'avais deja fait ce commentaire, espèce de plagiaire d'opinion !
Je trouve que ce texte honnore comme il se doit la premiere personne du pluriel qui nous rend fort service au quotidien alors qu'on n'y prete meme plus attention.
C'est vrai que nous c'est mieux que on et d'ailleurs on le sent bien... pardon nous le sentons bien dans la psyché des persos de l'histoire, il suffirait qu'y en ait un qui lache un "on" par megarde pour qu'il se prenne un coup de boule dans le thorax. C'est tendu.
Sinon je pense que ce texte emane de l'esprit torturé d'un communiste refoulé. nihil, tes belles descriptions implicites de la toundra, du tchernozium et du goulag siberien temoignent d'un desir profond de voyage vers ces terres lointaines pour y vivre un communisme sans gène ni tabou, chose que tu as du mal a exprimer dans nos contrées conservatrices des valeurs capitalistes familiales.
sinon plaisanterie à part, c'est vrai que la repetition du Nous fait ressembler le texte à un discour politique. Le martellement me rappelle tellement de trucs demagos que j'ai entendu que j'ai eu du mal à me laisser penetrer par l'histoire.
A part çà la montee en puissance sur la fin, l'acceleration m'a fichu une sacrée frousse inexplicable, j'ai eu comme une attque panique. Je m'en vais de ce pas prendre un petit anxiolityque rose avant d'aller me pieuter. Pas envie de faire des rêves de kholkozes ou que je becherais des champs de patates pour le bien du groupe. Le rêve seul sur un île deserte avec Miss Gronibards univers me fait passer des soirees bien plus douces.
Commentaire édité par Lapinchien.
Commentaire édité par Lapinchien.
Ca m'a fait penser au film "Le dentiste".
Je l'avais pas encore précisé, et en même temps, tout le monde s'en fout, mais ce remix est directement inspiré des infections bactériennes.
Je l'avais pas précisé non plus mais le film Le Dentiste est tout à fait acceptable dans son genre. Le 2 est moins bien, mais c'est un avis personnel.
En même temps, je vous encule.