Cinq minutes qu'il s’affaire, qu’il me halète son haleine nauséabonde dans la gueule. Je le sens, là, en moi, je le sens déchirer mes chairs. Jupe trop courte, regard trop aguicheur, décolleté trop provocant ou plus simplement, le fait d’avoir été au mauvais endroit au mauvais moment : j’ignore pour quelle raison il a jeté son dévolu sur moi. Qu’importe, pour le moment il est là, en moi. Les yeux fermés, il s’agite en ahanant, mais garde étrangement un sourire satisfait. Comme si c’était sa place normale, attendue, comme si mon existence entière avait eu pour seul but d’accueillir cette chose en moi.
Je pourrais très bien crier, appeler à l’aide… Mais à quoi bon ? Personne ne viendra m’aider, quand bien même il y aurait une foule à quelques mètres de nous. Consciente de l’inutilité d’un tel réflexe, mieux vaut rester sage et silencieuse, et je m’efforce de n’être, comme on l’attend de moi, qu’un trou béant à combler. Ne plus penser, ne plus être, incarner l’absence. Je ne suis qu’une poupée de chair, un jouet entre les mains d’un gosse qui - je l’espère - se lassera bientôt. Mon seul souhait, à l’heure actuelle, serait qu’il m’achève une fois son affaire terminée… J’aimerais une fin digne des films les plus sordides, qu’il me crève, me tabasse à mort, afin que je n’aie pas à porter durant le reste de ma vie ce poids sur ma conscience. Je l’imagine porter ses mains à ma gorge, je me vois rendre mon dernier souffle tandis qu’il éjecte sa semence dans mes entrailles. Je l’imagine sortir un couteau, un poignard, je vois la lame rougie de mon sang s’enfoncer et ressortir de ma poitrine. Je l’imagine m’attraper par les cheveux, je vois le rebord du trottoir se rapprocher à grande vitesse de mon front, les chocs successifs, et le fondu au noir…
Responsable. Je suis la seule responsable, la seule à blâmer dans cette histoire. Ce qui m’arrive est entièrement de ma faute, je ne peux en vouloir à personne d’autre… pas même lui. Au delà de la douleur, je peux déjà sentir cette culpabilité peser sur mes épaules, qui ne me quittera plus jusqu’à mon dernier jour. J’avais pourtant remarqué cette silhouette qui me suivait, entendu ces pas derrière les miens qui se voulaient discrets. La fuite et l’appel à l’aide étaient deux alternatives parmi d’autres que je me suis refusée à choisir ; je n’ai pas même esquissé le moindre geste défensif. J’aurais également pu castrer cette queue qui avait tenté de se frayer un chemin dans ma bouche, mais je n’en fis rien non plus. Pourquoi donc avais-je été si peu réactive ? Parce que. C’est comme ça. Parce que ce sont les statistiques. Parce qu’en fin de compte, il était préférable que je sauve ma peau plutôt que mon cul : de deux maux, il faut savoir choisir le moindre. Dans ce genre de situations, les choix s’imposent d’eux-mêmes ; ensuite, il est de toute façon trop tard pour regretter. Reste la résignation, des souvenirs qu’on s’efforcera de ranger dans une case reculée de sa mémoire. Une tentative maladroite de minimiser le drame ; après tout, vu le nombre de bites qui me sont passées entre les jambes, une de plus ou de moins ne fera pas grande différence. En fin de compte, cette situation n’a rien de tellement original…
En y réfléchissant un peu, c’était finalement comme un amant de passage ramené après une soirée, un peu aussi comme ces minets qui se ramassent en boîte : le genre de personne dont on ignore presque tout, et au sujet duquel on n’apprendra rien. Un inconnu dont on se souviendra le visage, la voix… et la force et la fréquence de ses coups de reins. Il m’arrivait parfois, tandis que je me réveillais aux cotés de mes aventures d’une nuit, d’essayer d’imaginer leurs pensées.
Suis-je la première ? Se souviendra-t-il de mon visage ? Eprouvera-t-il de la honte, des remords ? Passerons-nous sans le savoir les mêmes nuits d’insomnies ? Nous croiserons-nous dans le couloir du même cabinet de psy ? Irons-nous vomir nos tripes au même moment quand le souvenir sera si palpable qu’il en deviendra réel ? Commémorerons-nous la date anniversaire ? Aurons-nous des crises d’angoisse similaires à l’évocation d’un lieu, à la senteur d’un parfum, à l’intonation d’une voix ?
Deviendra-t-il lui aussi un adepte du « un peu trop » ? Un peu trop longtemps sous la douche, un peu trop longtemps sans baiser, un peu trop longtemps sans aimer, un peu trop longtemps à vivre aussi sans doute… Une existence entière perturbée, hantée par ces dix minutes que je revivrai en boucle encore et encore, sitôt qu’un homme s’approchera un peu trop de moi, qu’une conversation s’orientera vers les histoires de baise voire d’amour…
A quoi bon me torturer ainsi, c’est fini : il est déjà parti. Ce on devenu il à cause d'un moment d’intimité, cet homme qui, contrairement à tous les autres qui traversèrent ou traverseront ma vie, restera à jamais gravé dans ma mémoire…
[ remix du texte De passage d'Aka ]
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Et c'est le mien. Merci.
Sinon franchement c'est meilleur que le mien, et vraiment meilleur que ton premier jet qui était à chier. Sauf "de deux maux, il faut savoir choisir le moindre", ça c'est vraiment de la merde et ça fout en l'air ma super phrase d'avant.
en passant d'une nana qui raconte du difficile en s'en distanciant à un mec qui se place dans le regard de la nana, on passe de la troisième à la première personne. intéressant d'un point de vue psychologique, ce n'est pas la première fois que je remarque que la souffrance s'écrit peut être plus facilement à la 3e personne au féminin, et à la première pour un mec. non-admission/réappropriation des situations désagréables? trop ignorant suis.
mis à part ça c'est un bon remix, et augmentation de l'original.
Ouais bah ça va hein, allez pas dire que mon texte c'était de la merde non plus !
non c'est le meme propos, repris, augmenté, si celui de base était de la merde celui là le serait aussi. c'est pas le cas.
bonne nuit..
ya que toi qui l'as commenté négativement en plus.
petit dédeoublement de personnalité?
bonne nuit à vous deux, mesdemoiselles, dans ce cas.
Bah non moi j'ai pas commenté négativement, j'ai dit qu'il était mieux. A part si tu parles du texte de base, auquel cas j'ai juste dit que ce texte est meilleur. L'autodénigration c'est mon créneau humoristique bordel.
Quant à mon dédoublement de personnalité, nous vous remercions de le prendre en compte.
De rien.
J'ai préféré l'original au remix. En le lisant récrit à la première personne je m'attendais à ressentir sa peur et son dégoût et ce ne fut pas le cas.
Je trouve celui d'Aka beaucoup plus flippant.
Dans celui-ci le fait qu'elle n'appelle pas à l'aide est expliqué par Nourz quand il écrit "personne ne viendra m'aider..." et du coup cela rend moins crédible le fait qu'elle veuille qu'il l'achève.
Pas forcément, c'est si compliqué une tronche...
Putain quelle chieuse. il a bien fait de la violer, saalope!
La psychologie, je m'en tape et ça me fait chier la bite en spirales.
Par contre, là, j'aime beaucoup le lissé de la langue et la façon presque détachée de parler de la fille. Elle paraît déjà loin, comme si elle parlait de son passé, dans ses phrases. Ca me plaît. Ca me fout le blues.
Nounourz sait salement bien écrire.
ANGER VERHELL T KUN ENCULER C TA MERE KE JE VAI VIOLER SAALOPE
ENCULER DE MERDE
Développez.
Attention au soin.
Gros soucis grammaticaux.
Peut mieux faire à condition de s'efforcer beaucoup.