Tendez l’oreille mes frères !
N’entendez vous pas cette rumeur qui roule comme les tambours de la mort le long de la vallée ?
Regardez les lions et les impabas courber l’échine, le soleil s’incliner, les Kalachnikovs se taire et les salariés d’Enron arrêter de se jeter des buildings pour faire place à la majesté de... TOUNGA !
Oui, c’est bien lui, nous le reconnaissons, Tounga, le célèbre enfant des bois, celui qui a pulvérisé Tarzan dans le coeur des petits et des grands, celui qui fut la cause de la ruine et de l’alcoolisme de Rahan, celui dont Zembla a dit, dans une interview à Gentleman Quarterly : « This kid kicks some f***in’ a*s dude ! »
Le voici, Tounga, l’air noble et conquérant, le pagne cachant à grand peine sa virilité émouvante, les doigts caressant négligemment la hampe de l’HK G41 en platine massif que le chef de la tribu des Ompopos lui a offert pour le remercier d’avoir regardé sa fille, le voici accompagné d’Autruch’Joe et de Rodriguez, ses compagnons de toujours.
Comment s’attarder une seconde sur la personnalité complexe et raffinée de ces deux personnages secondaires lorsque l’on a la pupille iradiée par la beauté nucléaire de Tounga ? Résumons si vous le voulez bien en disant que Autruch’Joe a embrassé la cause africaine et a quitté l’armée américaine pour suivre une jeune pouliche. Ayant perdu celle-ci, il lia son destin à l’enfant des bois et depuis est devenu le mentor et le père que Tounga n’a jamais eu, l’ayant étranglé par mégarde à sa naissance. Rodriguez quant à lui fut le canari le plus célèbre de Paris. On l’a vu aux côtés de Lacan, de Debord et de Sophie Marceau. L’oiseau délaissant la vie intellectuelle pour une sombre histoire de boîte échangiste ayant impliqué divers membres de la droite réaliste française, décida qu’il était temps de faire preuve de praxis, d’appliquer sa philosophie de l’action et de voleter loin des paparazzis, là où il y avait des gens simples à convertir au marxisme althussérien.
Mais trêve de bavardages mes frères, que tout le monde se taise pour écouter la parole de Tounga.
Notre aventure démarre donc dans le Sémanalé, seule colonie américaine d’Afrique centrale. Cerné au nord par la forêt subtropicale et au sud par la zone aride du Banté, le bassin alluvial d’Oussahili Swali abrite les plantations de chanvre, de pavot, de coca et d’ergot de seigle qui assurent au pays son dynamisme en matière d’exportation de textiles en fibres végétales.
Entre deux guerres tribales Autruch’ Joe gagnait sa vie en écrivant des pastiches pornographiques pour les enfants alors que Rodriguez était attelé a la tache ardue de traduire Noam Chomsky en wolof, quand il ne passait pas ses nuits à fignoler Horgr Imar son personnage sur War Factor, le tout premier jeu de rôles en ligne africain. Tounga, pour sa part s'affairait sous la jeep du groupe.
« Bordel de cul de nonne Tounga, comment ça s’écrit cunnilingus ?
- Deux « n » et pas de « y » Autruch', cunnilinctus en est une autre acception validée par l'Académie en 77.
- Rien à foutre… Rodriguez ! 1 ou 2 T a Harry Potter ? »
À cet instant California Love retentit sur le Nokia d'Autruch’ Joe.
« Par les couilles de Mahomet (5 fois béni soit son nom), Johnny Coconut vient encore de piller un convoi humanitaire !!! Rodriguez ! Dans la jeep ! Mais... Putain, Tounga qu'est-ce que t’as fait à la bagnole ?
- Heu… rien… Je l’ai rabaissée de 17 cm, j’ai posé des ailerons avant Momo en fibres de carbone, j’ai soudé un rotor Yamashi à injection air-cooled, et j'ai fixé un néon bleu sous l’arbre a meuca…
- Nom de dieu Tounga, on dirait un bar a putes ! Y a même plus les sièges !!
- Attends, t'as pas encore entendu le son ! Ça défalque quand on est à 2-40 !! »
Ainsi nos trois héros se dirigèrent-ils clignotant et vrombissant vers une nouvelle aventure épique, les piaillements de Belinda Carlisle accompagnant leur chevauchée de chiens furieux.
Il n’y avait pas d’ennemi plus acharné à Tounga que Johnny « Fire in the Hole » Coconut. Ancien professeur de pilotage en Floride, il avait fait du crime un sacerdoce et du génocide une profession de foi. L’anthrax, c’était lui, les fausses vidéos de Ben Laden, c’était lui, le virus « i love you » c’était lui. Et le 21 avril 2002, c’était lui aussi. Pour des raisons de bienséance, et parce que Coconut sait dans quelles maisons de retraite croupissent nos grands-parents, nous ne vous dirons pas qui est derrière l’affaire Marc Dutroux. Bref, cette canaille aurait été capable de vendre ses gosses à une famille de Tutsis pour le plaisir d’en égorger 8 de plus. Il était assisté en cela par une bande de soudards édentés et toxicomanes, et à eux tous ils formaient la « Counter Strike », sorte de milice armée par Satan et Nicolas Sarkozy réunis.
Ils avaient leurs quartiers d’été dans le Mogo Mogo, vallée rasée préventivement et chirurgicalement par l’US Air Force qui pensait trouver là une mine d’Uranium. Hélas ils s’étaient trompés de 500 kilomètres, leur système de détection GPS étant configuré sous Windows. Si l’on ne pourra plus jamais prouver qu’il n’y a jamais eu d’exploitation minière dans la région, une chose était certaine, les rayonnements fossiles la rendraient radioactive pour environ 25000 ans. Les habitants avaient bien entendu muté, et on s’adonnait à présent à des activités aussi passionnantes que le piano à 8 mains, le baby-foot devenant totalement obsolète.
« Autruch’ ! Autruch’ !
- Ouais niño ? Autruch’Joe reboucha sa bouteille de Jack et se cura le nez discrètement avec une cartouche de 5.56
- Je crois que Rodriguez est malade. Ils se tournèrent tous les deux vers le canari et virent qu’il planait de travers en lâchant parfois de minuscules peaux de renard verdâtres pas plus grosses qu’un clitoris de jeune fille fraîchement excisée.
- Par les roustons de l’abbé Pierre ! T’as raison petit... Ce con va nous ramener la maladie des jaunes ! Voilà Rod c’que c’est que de passer la nuit à lire tes torches-culs de bouquins de communistes !
- C’est pas... uuurk... c’est pas... uuuuuuuuurrrrrk... kof... kof... c’est pas ce... uuuuuuuuuuuuuurrrrrrkkkk...
- Bordel accouche, on va pas y passer la nuit, le petit cul de Coconut va pas nous attendre jusqu’à ce que t’aies dégobillé ta dernière goutte de SIDA ‘spèce de loque !
- O...uuuurk... K... Autruuuuurrrrkkkch’... Mais je... uuuurrrrkkk... crois que quelqu’uuuuuurrrk a mis quelque chose dans l’uuuuuuuurrrrrrrkkkk... dans l’uuuuuuuurrrrrrkkkk... dans l’uuuuuuuuuurrrrrk...
Tounga mit la nitro en reverse et pila à en casser les essieux du bolide.
- Mon Dieu Rodriguez ! Dans quoi quelqu’un a-t-il mis quelque chose ?
- Dans ton.... uuuuuurrrrrrrkkkk... dans... uuuuuuurrrrrk kof kof kof... dans ton cuuuuuuurrrrrrrk !
- Petit con ! On a compris foutu bougre de bouc ! Autruch’Joe avait attrapé le canari et allait le broyer dans ses paluches de maçon clandestin. Dans QUOI ??!!
- uuuuuurrrrrkkk... dans le whisky... »
Un éclair menaçant zébra le ciel. Les singes bicéphales qui jouaient dans le mambou avoisinant cessèrent de se chamailler. Autruch’Joe se tourna le regard plein de terreur vers Tounga.
« Niño. Ce coup-ci, je crois que nous sommes foutus. »
À suivre.
[note de l'auteur : Après le cyberpunk, le steampunk, et le punk tout court, voici le colonialpunk, genre auquel le feuilleton Tounga prétend appartenir...]
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Bon texte, je me suis vraiment éclaté surtout en ce qui concerne la caisse tunning, on sent que l'auteur s'est bien éclaté à l'écrire.
C'est légèrement con et plutôt marrant. Mais j'ai le sentiment que si ça part trop dans tous les sens, ça risque de devenir lassant après plusieurs textes. M'enfin, là, c'était surtout marrant.
çà m'a donné envie de relire Normalizer... On va bientot pouvoir monter une boite d'editon de Comics illimited DTC
Ouais bon.
J'aime bien le décors (Afrique machin chose). J'ai laché à la moitié du texte moins 3 lignes : pas assez bien écrit, baclé. Je sens qu'il doit bien y avoir deux ou trois trucs marrants à grapiller en cours de lecture, mais là j'ai pas la fibre humanitaire pour les atteindre. C'est anarchique-impuissant, crêmeux-bancal, non maîtrisé et sans puissance de feu. J'ai rien contre l'impro et le total bordel. Soyons clair. A condition, toutefois, qu'ils soient assortis d'une vigueur stylistique ou d'une identité littéraire originale.
Encore une série à la con qui, à priori, ne sortira jamais des oubliettes. D'où un petit coté touchant quand même.
Oui, quand même.
Ah. Moi j'ai vraiment bien aimé. Bien sûr, c'est du lis-et-oublie, je lis, je pète de rire devant mon écran, puis je zappe, et c'est fini, j'ai passé un bon moment et point. Mais faut déjà arriver à le faire, ça.
Le genre du débilitage à 342 volts, c'est commun. Suffit de fumer un peu trop pour partir sur des délires à moitié cohérents. Mais ce que j'aime ici, c'est que tout en procurant l'effet attendu, un rire débile, ça reste cohérent. Ca ne me paraît pas être du total bordel.
Comme si les vannes de malades émanaient d'une réflexion, et pas d'un pétage de plomb. Si on reprend les vannes une à une, elles tiennent. Toutes.
Pour être franc, l'accumulation est telle que ça fait un peu tas. Mais le tas est passé, pour moi, même à la première lecture.
D'ailleurs j'excuserai volontiers ce léger défaut si c'est une série : si tel est le cas, un tas de vannes peut s'expliquer par la volonté d'accrocher le lecteur.
Bref bref.
J'attends la suite.
J'ai déjà bien aimé cet épisode.
Hop.
Qu'on ne s'y trompe pas j'ai extrèmement adoré. c'est super fendard le colonial punk.
Je ne suis pas convaincu que le genre débilitage 342V est si commun que ça. ça dénote une fraicheur d'esprit et une créativité débridée, la bonne déconnade aussi demande du génie et vice et versa. Après, c'est sûr, il faut le talent, la structure, la cohérence, tout ce que tu veux.
En tout cas je me suis bien plus marré qu'en lisant les souvenirs de chasse d'Hemingway. En plus je peux témoigner que ça ressemble à l'Afrique (non, c'est pas moi qui était dans la hutte ni devant l'aquarium)..
Je me demande si Fayard ne devrait pas publier ça plutôt que des histoires sur Grand père. Le pays vieilli, la dépression sénile fait son office. Il faudrait plus de trucs déjantés comme ça.
J'espère qu'il y a une histoire aussi longue que celle d'Ernest et qu'elle tient la route, sinon je resterai sur ma faim. T'as fumé quoi ,Lord, pour expirer ces délires ?
C'est complètement con et décalé, les vannes sont atroces, je trouve ça génial.
ça m'a fait sourire, par moments.
mais globalement, c'est chiant.
J'avais pas lu ce texte jusque là parce qu'une sorte d'instinct de conservation primaire m'avait soufflé que je n'aimerai pas.
Il faut toujours écouter son instinct.
J'ai rien à dire, j'ai même pas réussi à finir.
qund tarzan fut impressoinné par cet horrible bete éfraieante sa mère était en train de se balader dans la foret,quand soudain cette bete l'a attaqué par dessus alors tarzan a courru comme une moteur pour sauver cette dèrnière et l'a tué et tous les singes ont fait une grande fete a l'ocasion de cette victoire incroyable