Au milieu de cette crasse, je suis assis, un crayon dans la main droite, le papier dans la main gauche, reposant sur mes genoux. Pardonne-moi dès à présent pour les hésitations, la présentation et l'orthographe de ce bout de papier. Je sais que tu comprendras.
Il faut que je t'explique que ce n'est pas ma faute.
Je recommencerait toute la nuit s'il le faut, mais ce n'est vraiment pas ma faute.
Pas ma faute.
Je te promets, c'est pas ma faute.
Tout a commencé normalement. Ca faisait un bail que je n'avais pas revu Richard, au moins deux ans, et ce soir c'était l'occasion. On s'était appelés, mis d'accord sur une date et c'était ce soir. On a commencé par manger, tranquillements, et boire un peu.
On discutait, tu sais, comme deux amis qui trinquent en parlant du bon vieux temps. On était tous les deux amoureux, tous les deux contents de vivre, tous les deux avec une forte envie de parler et qui plus est de parler avec l'autre.
Souvenirs d'enfance, quand on foutait le feu aux paillassons de la montée d'immeubles où on avait grandi. Fous rires.
Souvenirs d'adolescence, de dessins de nichons en classe, attrapés par madame... qui déjà ?
Souvenirs d'étudiants, de groupe de rock, de beuveries, de nanas. Beaucoup de souvenirs de gonzesses. Et on boit, en trinquant à chaque fois et en se regardant dans les yeux.
Nous en sommes arrivés tout naturellement à parler du présent.
Tu sais, dans une discussion, il y a un moment où la discussion bascule. Où on passe d'une discussion de copains, qui prennent plaisir à se retrouver, à une discussion d'amis. D'amis qui parlent d'eux mêmes sans faux semblants, sans tergiverses. D'amis qui reflètent pour une fois qui ils sont. Cette transition s'est faite tout naturellement. Plus de mensonges, on évoque son âme. Ca paraît grandiloquent, mais il y a vraiment un peru de ça.
Et puis on a parlé de nos amours.
Et c'est là que tout a réellement commencé.
« Claire, elle s'appelle », qu'il me dit. « Sans déconner ? », j'ai répondu. Je devais avoir l'air d'un con avec ma bouche grande ouverte.
Ben ouais, pourquoi ?
Ma chérie aussi s'appelle Claire !
Là, on a tous les deux l'air d'un con. On se regarde, on éclate de rire, on se refélicite, et on s'embrasse. Puis on commence à les, à te décrire. Car tu le savais depuis longtemps n'est-ce pas ?
Tu devais bien rigoler à nous entendre parler l'un de l'autre, mais sans jamais faire le rapprochement.
Mais comment as-tu pû ?
Comment ? Je ...
Mais nous avons continué à discuter, trouvant la coïncidence formidable. Claire, une petite blonde, un petit nez, des grands yeux bleux rieurs, aime l'escalade et la danse...
Tiens ? Coïncidence encore ?
Claire, discrète malgré tout, aime ses petits secrets, ses instants volés.
Claire qui tousse doucement...
Claire qui ...
Claire avec ?
Claire que ...
Claire quoi ?
Claire c'est ... c'est ...
L'atroce vérité, ton atroce vérité nous a transpercé tous deux aussi sûrement que le Katana devait transpercer celui qui se faisait hara-kiri. D'un coup d'un seul, elle nous a brisé le coeur. Et nous avons pété les plombs.
On a hurlé, on s'est jeté dessus. Je crois qu'on a tenté d'abord de s'étriper parce que c'était nous, moi, l'autre que tu aimais vraiment. Puis on s'est battus par honte, par désespoir, par rève brisé, par surprise, par fierté et parcequ'on ne savait pas quoi faire d'autre. On a cassé tout un tas de trucs chez moi, je crois.
Mais ce n'était pas ma faute, tu comprends ? C'était pour toi !
Et il est tombé. La fenêtre était ouverte, nous avions chaud lors du diner. Il était bourré, moi aussi, et il est tombé.
Je ne l'ai pas poussé, je te le jure. Pas à ce moment là. Pas dans cette intension là.
Mais il est tombé.
En hurlant.
Et il a fait comme une atroce jolie fleur rouge tout en bas.
Et là, il y a eu un immense silence. Un silence environnant, de nuit paisible et calme. Un silence effrayant. Ce silence résonnait comme le calme absolu qui règne dans l'oeil d'un cyclone.
Et le bruit est revenu d'un coup. Le cyclone a commencé à se déchainer, encore et encore. Les voisins hurlent, une voiture écrase du verre en bas et part en pétaradant. Les voisins hurlent toujours. J'entends du bruit venant d'en bas, par la fenêtre, mais également de l'escalier de l'immeuble. Des cris, toujours plus de cris. Des bruits de course au dessus. J'entend comme dans un rève le voisin du dessus téléphoner à la police. C'est comme si j'étais au dessus de son épaule lorsqu'il parle de meutre, de défenestration.Et je reste planté là, au milieu de mon salon, ne sachant que faire. Ne réalisant pas encore en fait.
Le bruit m'entoure, me poursuit.
Une sirène commence à hurler dans le lointain, mais se rapproche, se rapproche et se rapproche encore. Je m'éveille d'un long cauchemar, et j'ai peur. Et la sirène commence à m'emplir le cerveau.
Alors j'ai commencé à courir. J'ai fui lâchement. J'avais la flemmede tout expliquer. J'avais peur de finir ma vie en prison. J'avais peur de la vérité. J'avais peur de t'affronter.
Je ne voulais pas te regarder dans les yeux, contempler ton regard plein de haine. Je ne voulais pas me haïr malgré ce que je savais ne pas avoir fait.
Ce n'était pas ma faute, et j'ai couru.
J'ai couru sans savoir où j'allais, pour fuir les sirènes obsédantes qui me hantaient désormais. Couru sans but autre que d'échapper à tout jamais à cette horreur, que de la laisser derrière moi.
Courir et courir encore. Avoir mal aux trippes, une douleur sourde qui efface toute autre pensée. Courir et le sang qui tape en cadence contre la fine paroi de mon crâne condamné.
Courir toujours.
Jusque ailleurs, jusque chez toi, jusqu'ici, ne connaissant rien d'autre que toi.
Jusqu'à tes ordures, ton rebut.
Jusqu'à ce papier et sa fin.
Jusqu'à ma fin.
Enfin.
LA ZONE -
Autour de moi, des poubelles. Leur odeur commence déjà à m'imprégner. J'avais peur de m'évanouir à cause de leur puanteur en rentrant, mais en fait je commence à m'y habituer. Des poubelles qui renforcent encore l'image de noirceur et de tristesse qui émane de ce local à poubelles. Un local comme tous les autres en somme. Sombre, triste, sans espoir. Il pue. Symbole de ma vie. Symbole de mon histoire.
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C'est trop bien.
Je ferai une critique détaillée demain, quand j'aurai lu le texte.
J'aime beaucoup, c'est bien prenant. J'aurais plutôt imaginé que les deux s'associent pour faire les pires sévices possibles sur la fille mais jedois dire que ta fin est plus réaliste.
Y a trop de "Et" putain.
Je l'avais pas vu en me relisant, mais avec du recul ça m'a fait chier.
J'aime beaucoup aussi.
C'est court mais on rentre sans problème dans l'histoire.
Le passage où les voisins découvrent la scène m'a beaucoup plu, avec son accent sur les bruits divers qui emplissent l'esprit du narrateur...
Bon, la fin en entonnoir, aux orties.
A part ça c'est juste et ça s'embarasse pas de fioritures, j'aime bien.
Y en a, de très chouettes, ceci dit, des fioritures, mais bien placées et pas comme ça pour le plaisir.
(J'ai la flemme de citer)
Et pour une fois je préfère largement le texte à l'image.
Oua bientôt je pourrai passer de Popi à J'Aime Lire, alors, peut-être.
Pfff j'aime lire c'est pour les nullos.
Je lis Astrapi.
Et pan !
Astrapi c'est un journal de tafioles.
j`4|M3 £1r3 RùLZz mothafucka
Ouais c'est un journal pour les petits cabris...
héhéhé
J'ai bien aimé, c'est facile à lire, pas trop long, pas trop court. Au début j'ai appréhendé l'idée de la fille qui se fait deux mecs en même temps, mais là j'avoue ça donne bien, surtout le moment où le narrateur commence à paniquer.
Y a juste un détail de réalisme qui me chagrine, bon je sais le réalisme on s'en bat les couilles, mais ça m'a interpellé, c'est que tomber accidentellement au cours d'une baston d'une fenêtre dans les étages, faut y aller. Si à la limite le mec s'interrompt au cours de la dispute et se penche à la fenêtre pour faire coucou à une meuf qui passe, et qu'il se fasse bousculer je veux bien, mais là... Je sais pas c'est ptête possible, mais je le sens pas.
Ben comme je le voyais, ils sont bourrés, et il peut tituber ou se prendre les pieds ou reprendre son souffle accoudé et se faire pousser ou...
J'ai laissé volontairement du flou par là pour qu'on sache jamais exactement ce qui s'est passé.
Mais c'est vrai que c'est louche.
Bon fera mieux la prochaine fois ...
Tu vas avoir du mal à le faire remonter le type, pour lui trouver une mort plus classe et plus réaliste.
C'est pas génial génial, mais le début accroche bien je trouve.
"Et il a fait comme une atroce jolie fleur rouge tout en bas."
Je trouve la phrase rigolote
C'est marran comme quoi on peut faire des bons textes sur une idée somme toute assez banale.
J'aurais même dit "marranT"
Commentaire édité par Narak.
Narak, je t'avoue que cette phrase a été ma préérée à écrire.
Aka, je trouve ta flatterie limite inconvenante.
Retire la donc tout de suite.
Putain !
Vous avez décidé de me faire chier et d'être gentil aujourd'hui ?
Bande de décérébrés du genou
Difficile de faire une critique.
Le domage, c'est que, comment dire, tout se lit d'un coup, je trouve que ca aurait été bien qu'on sente un peu plus une différence de rythme au moment de la baston.
Peut-être que tu aurais du être plus rigoureux sur l'usage des temps: Les paragraphes racontant la rencontre, avant qu'ils ne parlent de claire auraient gagné, je trouves, à être à l'imparfait et ensuite, juste après le "Et c'est là que tout a réellement commencé." repasser au présent.
Après, y a le pb des passages à la ligne & la justification, mais la c'est plus un truc domage du postage d'article et faut voir avec le webmestre ^^
Enfin, j'suis peut être un peu pédant la ^^
C'est pas à mettre à la poubelle ! Bon Bon.