Alors dès le début, j’attaque fort. Je filme en gros plan la lampe de mon salon. C’est un lustre auquel j’ai fichu un gros coup dedans. Du coup, il arrête pas de valdinguer dans tous les sens. Je zoome dessus jusqu’à saturation de la luminosité, puis je recule rapidement. Je recommence avec une cadence de plus en plus rapide, tout en tournant autour de la lampe. Et en background, je raconte ça en prenant une douce et chaude voix de mâle en rut :
« Parfois, lorsqu’on marche, sans y prêter attention, on tourne le dos au soleil et notre ombre nous devance. Les contours de ces choses qui se produisent hors champ, celles qu’on ne voit pas directement mais dont la portée sur notre être est certaine, ces silhouettes que l’on pense insignifiantes, mais qui pourraient à tout moment se révéler menaçantes, dangereuses, sont alors projetées devant nos pas. Ces ombres se mêlent à notre environnement direct et on n’y prend pas garde car elles font partie du décor. Il suffirait pourtant de se concentrer un peu pour révéler en elles des indices précieux, pouvoir presque anticiper l’inévitable par simple déduction, par l’interprétation évidente de ce qu’on observe si limpidement. »
Ça le fait, hein ? J’en ai mis du temps pour pondre cette intro. L’idée m’est venue hier matin quand j’ai loupé mon bus pour aller au turbin et que j’ai dû marcher une heure sous un cagnard du feu de dieu pour pas être en retard… Enfin, après dans le film, j’enchaîne sur un plan bizarroïde où qu’on devine ma tronche en gros plan dans la pénombre, en contre-plongée… En fait, j’ai scotché mon portable dans un magazine de boules que j’avais sous la main, et je secoue lentement les pages pour inculquer un léger mouvement de balancier à ma caméra. Mes yeux sont perdus dans le vide… C’est splendide… J’en pleure encore. J’enchaîne alors avec ceci en voix-off :
« J’entends les pas anxieux du patient qui me précède, sa consultation est terminée et le docteur le conduit vers le couloir dérobé, celui qui mène à la sortie. C’est bien la seule salle d’attente où l’on ne risque pas de croiser les regards tantôt inquisiteurs, tantôt sombres, dubitatifs ou exaspérés d’autres malades… Tout est fait dans ce cabinet pour respecter l’anonymat et la confidentialité (enfin c’est ce que je pensais). Je repose sur la table basse une revue que je n’ai même pas parcourue, trop absorbé par mes pensées et mes craintes. La porte s’ouvre, et le médecin me tend machinalement la main : mon tour est venu… »
Ça va être le gros truc innovant de mon court ! J’vais enchaîner sur toute la durée, un plan d’introspection à un plan d’action réelle. Du coup, ensuite dans l’histoire, y a un plan que j’ai fait par erreur mais que j’ai gardé au montage… Un plan où qu’on voit mon oreille… Mais là en fait, j’avais oublié d’éteindre ma caméra alors que j’appelais Dominos pour me commander une pizza hier soir. J’ai gardé le plan quant même, pasqu’il collait parfaitement avec la phase introspection du narrateur qu’allait suivre:
« Un jour, j’ai tourné le dos à Dieu pour des raisons qui me regardent. Ça n’est pas tant ma foi en son existence mais celle en l’importance de ses actions sur la Création qui s’est évaporée. Cependant, au lieu de m’abandonner, Dieu, par sa seule présence, n’a pas cessé de m’irradier, de projeter devant mes pas perdus, les signes et échos d’un futur imminent… Je suis à l’affût de ces ombres, de ces projections… J’arrive parfois à les comprendre, ou tout du moins à en décrypter des bribes… De plus, en plus à vrai dire… ça m’obnubile et c’est épuisant. Mes interprétations jusqu’à présent se sont montrées d’une redoutable exactitude. »
Je joue a donf sur le suspens… L’alternance des phases intérieures et extérieures va finir par déstabiliser le spectateur qui ne va plus savoir si la clef de l’intrigue se trouve dans la tête du narrateur ou bien dans ce qu’il vit. J’me surprendrais toujours, un jour j’suis sûr qu’on dira d’moi : « Ce mec-là, ben c’est le nouveau Coppola ! » J’en profite pour rappeler à tous ceux qui racontent que j’me la pète dans les commentaires du blog, que j’n’hésiterai plus à effacer sans la moindre considération chacune de vos critiques stériles… Vous êtes que des pauv’cons, aveugles et jaloux. En tous cas, pour le plan suivant, je joue deux personnages et je cadre alternativement leurs mains… heu mes mains... Pasque c’est sensé être deux italiens, et que les Italiens, tout le monde le sait, ça parle avec les mains…
« Le psychiatre me fait allonger et va immanquablement s’affaler dans le fauteuil molletonné planqué derrière son beau bureau. Je le sens nerveux, ça n’est pas dans ces habitudes…
- ‘Tout s’est produit comme je vous l’avais annoncé ?’, je lui lance.
- ‘Désolé… Pas vraiment…’ , rétorque-t-il en débouchant et rebouchant frénétiquement son stylo plume, ‘J’ai pris garde aux signes avant coureurs, ceux dont vous m’aviez parlé lors de la dernière séance, ceux dont il fallait que je me méfie… Et dès qu’ils se sont produits, j’ai renié toutes mes certitudes à votre égard. J’ai décidé de placer ma foi en vos propos car après tout, la vie de mon enfant était en jeu et… Même si tout ce que vous me racontez depuis des mois n’est pas le moins du monde rationnel… J’ai préféré faire jouer le principe de précaution…’
- ‘Vous avez pu éviter l’inévitable, n’est-ce pas ?’, je l’interromps inondé par la joie non pas tant d’avoir pu infléchir le cours des évènement mais essentiellement d’avoir été écouté et compris.
- ‘Je ne vous en remercierais jamais assez…’, me concède-t-il penaud. Et c’est alors que je comprends qu’il a trahi mon secret. »
Ça fout les chocottes, hein ? J’avoue m’être un peu inspiré de X-files sur ce coup-là… Le suspens est à son comble, et j’en dévoile ni trop peu, ni pas assez. Ouais, faut absolument que j’ajoute une musique d’ambiance comme ces bouses que nous pond Marc Snow. Je vais le noter pour pas que j’oublie… Ok, après comme convenu je poursuis par une petite introspection du narrateur, un de ces discours moralisateurs à la con qui tiennent même pas debout pasqu’ils se basent sur des raisonnements par analogie mais qui font croire aux spectateurs que le personnage est un mec d’expérience, un vieux d’la vieille à qui on la fait pas… y a pas de failles… C’est la vaseline des scénaristes, ces ptites tirades toutes fabriquées… En plus ça vient tout seul :
« On n’avance pas vers le futur même si on laisse le passé derrière soi. L’avenir nous suit à la trace, il nous prend en filature, se tient à l’écart tout en nous observant, puis au moment le plus opportun, alors qu’on ne s’y attend pas, il accélère par surprise et finit par nous doubler à toute vitesse sans qu’on ne puisse plus y faire grand-chose. Je n’ai pas de rétroviseur mais l’ombre du futur qui devance mes pas m’offre de précieuses informations. »
J’pense faire un gros zoom sur le stylo plume du psy avec un fondu vers le noir le plus total pour ce plan-là… Bon ben voila en gros, plus ou moins où j’en suis… Va y avoir des rebondissements après mais je sais pas encore lesquels… Au bout d’un moment, on va se rendre compte que le narrateur, en fait, était un ancien pasteur qui officiait au Rwanda au moment où a eu lieu le génocide… ça va être le gros final twist du court. Ce sont toutes les exactions inhumaines qu’il aura vécu là-bas qui l’auront poussé à tourner le dos à dieu : Son église saccagée, les réfugiés qu’il y abritait violés et massacrés… J’ai encore chouré un peu de bidoche au taf pour faire la scène où que tous ses souvenirs refoulés vont lui revenir dans la tronche. Y a des gros rôtis auxquels j’ai enfilé des chemises à manches courtes… J’y ai injecté de l’hémoglobine fraîche avec des seringues et j’m’en vais tout charcuter à grands coups de machette. J’ai pris des tripes aussi… J’vais m’en gaver pis tout vomir après m’être gargarisé avec du sang de porc. En gros plan ça va être un vrai putain de cauchemar.
LA ZONE -
26 Janvier 2006
Shadows of the past
Finalement, j’ai mis de coté le projet « Organicratia »… ça n’est que partie remise, j’suis sûr qu’y a matière à creuser là dedans… J’ai mis une grande bâche par-dessus le décor car il commence à schlinguer. J’ai eu comme une révélation cette nuit… J’ai rêvé d’un truc super qu’il faut qu’je tourne absolument en priorité… En ce moment, ça bouillonne dans ma tronche mais faut qu’j’arrive à m’organiser. Mon nouveau projet s’appelle donc « Shadows of the past» et c’est un truc plus travaillé, plus rédigé. Je vais réciter pas mal de texte en voix-off. Voici en exclu, le making-of du bousin.
Shadows of the past
Finalement, j’ai mis de coté le projet « Organicratia »… ça n’est que partie remise, j’suis sûr qu’y a matière à creuser là dedans… J’ai mis une grande bâche par-dessus le décor car il commence à schlinguer. J’ai eu comme une révélation cette nuit… J’ai rêvé d’un truc super qu’il faut qu’je tourne absolument en priorité… En ce moment, ça bouillonne dans ma tronche mais faut qu’j’arrive à m’organiser. Mon nouveau projet s’appelle donc « Shadows of the past» et c’est un truc plus travaillé, plus rédigé. Je vais réciter pas mal de texte en voix-off. Voici en exclu, le making-of du bousin.
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Jack, je sais que tu me lis : je t'en prie, reviens à la raison. Ces délires hermétiques sont chiants au possible, heureusement que tu as décoré ça avec des bouts de making-of, sinon je jurerai que tu as viré intello rive gauche qui s'essaie à la culture populaire underground. Allez, putain, de la viande morte qui pue qui saigne, allez.
"En gros plan ça va être un vrai putain de cauchemar" : mais ouais putain !
moi ce que je prefere comme d'habitude c'est l'illustration du texte, un truc chourré sur google bien sûr... çà c'est un vrai artiste qui s'est penché sur le trouble sujet de la révolution française des poulets.
Bordel ! y a pas assez de place pour caser mon pseudo qui est bien sûr : Actionman le plus grand de tous les hétéros !
Et toujours pas le moindre extrait à l'horizon évidemment. Quelle supercherie.
Comme une porcherie mais plutôt avec des super.
Voire des supercs, pour être précis.
superchérie, c'est ce super hero femelle que tout le monde aime bien ? *conspuez moi !*
non je suis une super-grillote !
Messieurs et Mesdames V.I.P de passage, ne vous inquietez pas , c'est juste quand on a la possibilité de montrer à des gens un temps soit peu connu de passage, la Zone, qu'on a l'occasion de redorer le blason du site et rayonner de toute notre aura, qu'on fait des vannes aussi mediocres, qu'on s'autodiscredite innévitablement et qu'on se saborde notre race... merci de votre incomprehension, voire de votre jemenbaslescouillisme.
Commentaire édité par Lapinchien.