LA ZONE -

Le deuxième souffle

Le 02/01/2006
par M. Con
[illustration] Il y a déjà plusieurs semaines que je ne parle plus à personne. Cela s’est fait peu à peu. Une sorte de détachement progressif de moi face à la société que j’exècre. Je continue malgré tout mon activité professionnelle pour percevoir en fin de mois l’argent vitale. J’y vais chaque jour sans y penser, comme une machine bien huilée par deux décennies de bons et loyaux services. Sur place je m’isole. Je m’enferme dans ma tâche routinière et inutile, sans aucun contact avec les autres que je ne supporte plus. Le reste du temps, je ne sors pratiquement jamais, sauf par obligation. Dés que je me trouve à l’extérieur, je me ferme volontairement aux gens, aux bruits, au climat. Je vais à l’essentiel et je retourne me cloîtrer seul dans le silence et l’indifférence collective.
Physiquement ce n’est pas ce que l’on peut appeler la grande forme, probablement parce que je me nourris au minimum, juste pour tenir le temps nécessaire. D’ailleurs, il y a fort longtemps que j’ai oublié de prendre soin de mon apparence et ça, dans une société basée essentiellement sur le paraître, ça ne pardonne pas. Le regard des autres se charge d’ôter définitivement toute illusion que l’on pourrait conserver encore dans un repli du désespoir. Mais que m’importe ! De toute façon j’ai définitivement évacué toute vie sociale et je suis bien comme cela, en paix avec mes tourments.
Mon quotidien est devenu insignifiant. Les brimades et les reproches fréquents sont des motivations supplémentaires. Les frustrations habituelles qui génèrent du stress me procurent l’énergie nécessaire. Toute agression me porte, me grandit, me purifie. C’est comme une révélation, une réponse évidente à ma haine accumulée depuis des années, jusqu’à la jouissance.

Envers et contre tout, mon projet avance.

La conception même de mon objectif ultime m’emploie à temps plein. Chaque seconde de liberté est offerte à son aboutissement. Je dois penser à tout, ne rien laisser au hasard. Trouver le lieu idéal pour mettre en place mon œuvre. Acquérir discrètement tout le matériel nécessaire. Planifier la méthode idéale pour réussir sans faille. Me documenter sur toutes les procédures afin d’agir en véritable professionnel. A chaque étape franchie, à chaque obstacle surmonté, ce n’est que joies, émotions et excitation.

Pourtant au départ j’étais la copie conforme à toutes ces machines humaines. Moi aussi je croyais à ces concepts illusoires comme la famille, les valeurs, le pays, la religion, aimer les autres. Je fonctionnais.
Puis il y a eu ce fameux soir. Je me souviens de tout. Je rentrais d’une journée morne, sans joie, j’avais passé la ligne interminable des bouchons et la route devenait de plus en plus déserte. Comme toujours je repassais mentalement en revue la longue liste de mes problèmes financiers, de mes promotions qui n’arrivaient jamais, de ces femmes qui refusaient mes avances, de toutes ces frustrations qui me rongeaient à en être malade, jusqu’à ne plus dormir, jusqu’à vomir.
Brusquement devant ma voiture, il y a eu ce vieux chieur sur son vélo qui m’a coupé la route. Il se traînait lamentablement, se moquant éperdument de moi qui étais pressé, son gros postérieur moulé dans un collant fluo soudé à la selle. Il profitait de la grosse retraite que je lui payais tous les mois. Avertisseur, appels de phares, rien n’y faisait. Il prenait son temps, ralentissait même, juste pour m’emmerder davantage. Il jubilait j’en suis certain.

Ce fut le déclic.

Cela s’est passé très vite. J’ai accélérer un maximum. Il y a eu un bruit mou et je l’ai vu sauter comme un bouchon coloré devant mon capot tandis que son vélo partait dans les champs. Je l’ai volontairement traîné sous mes roues quelques secondes puis j’ai tout planté.
J’ai allumé une cigarette. J’étais bien. J’ai écouté le silence un long moment puis, je suis descendu voir le résultat. Il bougeait encore, pataugeant dans son propre sang, essayant de ramper vers le bas coté. Je l’ai regardé s’agiter vainement et je l’ai poussé mollement du pied. Il a grogné des mots incohérents alors j’ai commencer à jouer au foot avec sa tête. j’ai cogné, frappé, je l’ai tabassé jusqu’à ce qu’il ferme sa gueule une bonne fois pour toute. Lorsque j’ai réalisé qu’il était passé de vie à trépas, j’étais en sueur, mes chaussures étaient maculées de sang et sa tête ressemblait à de la bouillie visqueuse d’où pendait encore un œil porcin. Je l’ai balancé dans un fourré comme un chier crevé et j’ai repris la route, soulagé.
Jamais je ne me suis senti aussi bien. J’étais détendu, heureux. J’avais brisé mes chaînes. Je venais de laisser tomber le carcan de mon existence sur le bord d’une nationale. Je venais enfin de trouver le chemin de ma délivrance. Désormais plus personne ne me pourrirait l’existence sans en payer le prix.

J’ai pleinement conscience que ma vie a définitivement basculée de l’autre coté ce jour là, je ne suis pas fou. De toute façon qu’est ce que la vie ? Sinon une misérable période donnée sans accord préalable. Une errance solitaire vers une fin inéluctable que l’on s’efforce d’ignorer par lâcheté.
Entre le début et cette fin libératrice, de toute façon, on ne fait rien d’autre que gesticuler fébrilement dans des obligations stériles qui ne mènent nulle part. Nonobstant cette évidence, chacun dans son immense vide existentiel se raccroche désespérément à une foi, l’ésotérisme, la science ou dieu sait quoi pour faire semblant de croire que peut être après, il y aura autre chose que rien.

Moi pas.

Je peux donner la vie, c’est ma fonction première de mammifère soit disant évolué mais à présent je m’autorise à la reprendre.

……

Après des mois de travail acharné, ma tâche est pratiquement achevée. Devant moi elle est là, parfaite. Ma cave laboratoire est superbe. Grande, bien conçue mais surtout isolée et insonorisée. J’ai mis l’électricité et terminé d’en repeindre les murs à la chaux. Puis j’ai collé des dalles de taraflex vert au sol, c’est propre, fonctionnel et d’un entretien facile. Sans oublier les trois énormes ventilateurs dispersés dans l’espace, destinés à brasser l’air ambiant lors de mes futures séances récréatives.
J’ai également installé plusieurs rayonnages mobiles en acier blanc pour y déposer tout mon matériel collecté patiemment. Ca va du produit d’entretien en passant par des outils divers et toutes sortes d’ustensiles chirurgicaux forts utiles. Au centre de la pièce une table en fer est fixée solidement au sol prêt du pilier central sur lequel j’ai vissé des chaînes. J’ai également adapté des sangles solides sur la table, au cas où.

Au pied du pilier j’ai conçu une sorte de renfoncement que j’ai cimenté pour récupérer plus aisément des écoulements éventuels. Dans un angle de la pièce, j’ai monté un demi mur pour bâtir une petite cellule interne dans laquelle j’ai placé un vieux lit de camp pourvu de menottes ainsi qu’un bidon métallique de chantier faisant office de latrines. J’ai aussi creusé une profonde fosse pour la destruction totale des restes qui ne manqueront pas de s’accumuler. Les dix néons installés au plafond donnent à l’ensemble une clarté d’hôpital qui convient pleinement à mes attentes.

Je définirai cet ensemble comme un circuit fermé où tout se transformera selon mon inspiration, ma fantaisie, mon pouvoir absolu.

Tout est prêt. Il ne manque plus que mon cobaye.

Il sera le premier de ma longue liste inscrite en lettres rouges sur le tableau blanc accroché au mur. Un privilège qui revient de droit à celui qui me pourrit la vie depuis trop longtemps. Je vais lui prouver très bientôt que son pouvoir octroyé par la société n’est qu’illusion lorsque les règles du jeu changent. Je ne doute pas qu’il comprendra tout cela rapidement dés qu’il se retrouvera face à son exécuteur pour s’acquitter de sa dette.

Je l’ai jugé coupable de se croire au dessus des autres simplement parce qu’il a eu la chance d’être bien né. De profiter de ses prérogatives avec outrecuidance. De toiser de sa superbe tout ceux qui sont obliger de ramper pour survivre.

Son omnipotence est terminé. Il va payer. La sanction : La mort. Le bourreau : Moi.

………

2ème sous sol de l’entreprise qui m’utilise. Il est 20h00. Ce fut plus facile que je ne le supposais. Finalement ce fut presque banal. Le P.D.G. de ma société est dans le coffre de sa grosse berline de fonction, chloroformé et consciencieusement attaché comme dans un film. Sauf que l’odeur acre du chloroforme me donne envie de vomir et pour conduire s’est assez gênant. Je devrais sérieusement revoir ce procédé lors du prochain enlèvement.

Je dépose rapidement ce lourd colis inerte sur le lit de camp de mon antre, puis je le bâillonne. Ensuite il ne me reste plus qu’à abandonner sa voiture sur l’immense parking de la gare. C’est discret. D’ici qu’on la retrouve, plusieurs semaines se seront écoulées. Peut- être même que le véhicule aura été volé. De quoi voir venir.

Me voici enfin de retour dans mon laboratoire personnel face à celui qui m’a rabaissé depuis quinze longues années. Je suis excité, fébrile. J’ai mis de la musique classique pour l’ambiance, du Vivaldi je crois. C’est gai, enlevé, un bon choix. Assis dans mon fauteuil de bureau en battant machinalement la mesure du pied, je le regarde se tortiller vainement sur sa paillasse, ne prêtant aucune attention à ses grognements primaires étouffés par un bâillon adhésif. C’est jubilatoire. La récompense méritée après des mois d’efforts.

Je capte son regard.

Important le regard, cette peur mêlée à de l’incompréhension et de la colère. L’homme égaré, sorti de son cadre qui ne parvient pas à croire ce qu’il vit. Je fais durer, je savoure sa peur qui transpire. Son odeur monte dans la pièce. Une odeur de sueur aigre qui me picote les narines. Je mets en marche les ventilateurs et augmente le volume musical. Les violons inondent les murs de leur plainte aiguë.

Surtout ne rien précipiter ne pas casser trop vite mon jouet.

Au bout d’une heure environ je m’approche de mon cobaye sans un mot. Pas besoin d’explications ni de longs discours, le silence est encore plus douloureux. Il laisse que des questions sans réponses, des doutes, des espoirs improbables. Mes silences augmentent la peur et rend tous les bruits encore plus inquiétants. Je me trouve génial.
J’enfile calmement mes gants puis, muni d’un ciseaux de couturière je m’emploie à découper un à un ses vêtements, transformant son beau costume sur mesures en un tas de chiffons informes que je brûlerai plus tard, le laissant ridiculement nu. J’ai lu quelque part que la nudité diminuait un humain captif et je veux l’humilier totalement, en faire une épave.
Je le laisse ainsi, tremblant, ces pauvres jambes grêles flageolantes, son ventre grassouillet agité de soubresauts, sa blancheur parsemée de taches de rousseur, ce sexe si ridiculement petit, sa laideur, l’humain authentique dans toute sa faiblesse.

« Stupide imbécile prétentieux, il est bien loin le temps de l’arrogance et de la fatuité derrière un somptueux bureau n’est ce pas ? »

Ma tâche terminée, je le contemple un long moment. J’ai envie de le massacrer immédiatement et je dois faire un effort pour me reprendre, pour résister à mes pulsions. J’ai les mains qui tremblent. Je me pince les lèvres. De la sueur coule le long de ma colonne vertébrale. Je pourrai le mettre en pièces là tout de suite, en finir, me soulager, me libérer de ce poids qui m’écrase….. Lui arracher sa misérable vie de pourriture morceau par morceau, détruire tout ce qu’il est !….

« Non, pas tout de suite, calme toi, tu as tout le temps !…. ».

Je ne veux pas seulement le détruire physiquement je veux également briser sa personne morale, anéantir jusqu’à son âme, faire de lui une bête suppliante, je veux qu’il ne soit plus rien, même pas le dernier des humains. Moins qu’une bête, ma chose. Soucieux de parfaire sa préparation avant le sacrifice suprême, je le tonds entièrement, cheveux, poils, sourcils, et tout en m’attelant à cette tâche amusante tandis qu’il hurle inutilement ses cris mourant dans le bâillon avant même de devenir audibles.
Je me surprends à chantonner en rythme ce qui me fait rire nerveusement. C’est l’extase, je suis comblé, joyeux comme un enfant possédant enfin le nouveau jouet trop attendu. Je l’enchaîne consciencieusement, dépose une bouteille plastique d’eau, sur le lit et en préambule à ce qui l’attends, je lui urine dessus. Je promène méticuleusement mon jet acide de son visage crispé par la colère à son corps ramassé en boule. Ses yeux sont ivres de rage, il voudrait me tuer. Lui aussi vient de basculer de l’autre coté. Nous nous retrouvons sur la même rive. Vivre ou mourir et rien d’autre que la souffrance. Je lui arrache son bâillon d’un geste sec.

« Ici tu peux hurler autant que tu veux, il n’y a personne pour t’entendre »

Tandis qu’il s’époumone en questions, hurlements et insultes, presque à regrets, je coupe l’électricité et je retourne à ma vie comme un banal anonyme, le laissant croupir ainsi dans l’obscurité, s’affaiblir doucement, s’étioler autant qu’il me plaira.

Ensuite le jeu commencera vraiment.

……….

Mon laboratoire respire la mort. C’est le grand jour, mon heure de gloire. Mon triomphe.

J’ai testé les lourdes chaînes, elles tiendront sans problèmes. Suspendu au pilier par les bras, dans la position du supplicier celui qui fut un tout puissant homme d’affaire me dévisage avec toute sa haine et sa peur. Il est épuisé, amaigri par deux semaines de jeûne mais sa hargne est restée intact. Tant mieux ce ne sera que meilleur.

Face à lui j’enfile lentement mes gants. Mets la musique à fond. Du Wagner, la charge des Walkyries s’impose.

« T’inquiète pas, tu vas les baisser les yeux Monsieur le tout puissant » !

Mes premiers coups de poings ne sont pas les meilleurs. Ils sont imprécis, trop violents, me font mal aux phalanges. Je dois rapidement canaliser mon énergie et frapper dans les parties molles. La bonne technique vient très vite. J’ai la délicieuse sensation de faire exploser un sac de frappe de l’intérieur. Au bout de quelques minutes Je suis en nage au point de devoir m’arrêter afin de reprendre mon souffle.
Je m’offre une bière fraîche et, serein, je contemple ma besogne. Il a le nez explosé, la mâchoire fracturé, les lèvres éclatés, des dents en miettes. Il crache abondement du sang qui goutte sur le sol en dessinant des arabesques pourpres. Ses yeux ont quasiment disparus dans des bourrelets de chairs tuméfiées. Probablement qu’il a aussi plusieurs côtes cassées. Il pend stupidement dans un tintement de chaînes telle une pièce de viande chez un boucher.

« Il n’y a pas à dire mec tu es salement amoché ! Allez à la tienne ! .Je souffle un peu et on continue »

Je ne sais plus combien d’heures il a tenu. Lorsqu’il s’évanouissait je le réanimais puis je reprenais posément . Je lui ai cassé tous les membres un par un avec une barre de fer. Les doigts, les mains, puis les poignets, les avant-bras, les bras. Ensuite les jambes par étape. A la fin il ressemblait à un pantin désarticulé, une marionnette pantelante au bout de ses fils.

Et je l’ai laissé là, jusqu’au lendemain.

………

J’ai repris très tôt notre conversation. Comme je n’avais plus rien à casser, pour varier les plaisirs et avoir pleinement l’usage de mes outils de chirurgien, j’ai entrepris de le découper avec raffinement . Je tranchais avec une facilité déconcertante et je cautérisais patiemment les plaies. Les doigts, les oreilles la langue aussi pour qu’il arrête de beugler.
Je me faisais une joie de lui expliquer au fur et à mesure ce que j’allais lui faire subire. Que j’allais expédier ses doigts à ses collaborateurs en souvenir. Que ses oreilles iraient chez sa femme et que je lui enverrais son sexe plus tard, je l’ai vu pleurer. Enfin il n’était plus qu’une loque suppliant du regard pour que je l’achève. Je l’avais détruit totalement

La langue je me la suis gardée. Je l’ai mangée le soir même à la poêle avec du beurre, succulent.

Pour le grand final, j’ai confectionné à son attention un siège spécial, une sorte d’hommage à sa fonction. Un trône tout en métal avec en son centre un énorme phallus en acier semblable à une corne de taureau.

« Une belle fin pour un enculer ! ».

Il est là agonisant, le menton sur rentré dans le cou, respirant à peine. Celui qui fut un homme de pouvoir orgueilleux, n’est plus qu’un tas difforme désormais sans intérêts pour moi.

Je le détache sans difficultés du pilier où il termine lentement de vivre et je l’arrache violemment du sol pour le jeter sur le siège comme un vulgaire sac. Il s’empale dans un craquement mou lâchant une dernière plainte aigu qui me fascine.
Il s’agite nerveusement, tremble, bave du sang, mais plus il s’agite, plus le pieu s’enfonce en lui inexorablement. Ses gémissements faiblissent comme une acceptation de son sort, de sa mort, de sa délivrance qui prend là tout son sens tandis que toute sorte de matières commencent à s’écouler sur les cotés du siège jusqu’à dégouliner lentement au sol. Du sang, des excréments, des viscères s’étalent dans un relent vomitif. Des odeurs putrides qui viennent se coller à ma peau malgré les ventilateurs qui tournent au maximum.
Je le laisse planté là, crever patiemment, ce sera long. J’ai tout mon temps. Je crois même que je vais jouir sur moi. Il y avait si longtemps…..

Ensuite ce sera la longue séance de découpage sur la table d’opération, J’ai fait des essais sur des animaux pour bien maîtriser les gestes ça devrait aller. Je le couperai en morceau, le dissèquerai comme un légiste, je mettrai en pièce chaque partie de son corps. Il ne sera plus rien que des tas de viande sanguinolente modelés selon ma fantaisie créatrice puis le tout finira dans la fosse à destruction et on pourra passer au suivant.

………..

A présent que j’ai acquis davantage d’expérience, le prochain sur ma liste je vais particulièrement le soigner. Il s’agit d’un admin de forum virtuel qui passe son temps à m’humilier. Cela m’a demandé du temps mais j’ai réussi à le localiser.

Il va voir ce qu’est réellement l’annihilatio

= commentaires =

nihil

Pute : 1
void
    le 02/01/2006 à 16:02:07
Effectivement le style s'est lissé. Dans les deux trois derniers textes sérieux de M. Conque j'ai lu, y avait de la grosse emphase romantique de lycéen, là c'est plus adulte. Ca tatonne encore un peu, mais c'est beaucoup plus lisible. Comme toujours dans ce genre de textes, je cautionne pas le gore du genre 'sa tête ressemblait à de la bouillie visqueuse d’où pendait encore un œil porcin', ça allège inutilement l'ambiance tendue. Le gore c'est rarement autre chose que comique. Y a encore un peu de travail à faire sur le style, mais ça se défend déjà bien. Puisque c'est un bon texte, je m'arrête à des défauts moins pénibles mais qui existent : l'originalité assez limitée (vengeance et torture, ça nous mène pas loin), le détail de la préparation de la séance qui s'allonge un peu trop... J'apprécie le fait que ce personnage garde toute sa raison et son self-control dans son projet, malgré quelques explosions de rage appréciables. Bon le détail de la torture est assez attendu et au final, ça fait un peu liste de courses. La chute casse le trip, c'est pas grave, au contraire ça détend.
J'aime bien, même si ça manque quand même pas mal de surprises.
    le 02/01/2006 à 21:25:11
Mouais.

Il y a de très bonnes choses : le moment où le narrateur dit qu'il va reprendre sa "conversation" (j'aime beaucoup le mot) ; l'énervement gratuit et jusqu'au-boutiste contre le cycliste (malgré le ridicule de la note gorounette, en effet) ; le côté méticuleux du gars (ça ne m'aurait pas dérangé que l'insistance sur sa méthode soit encore plus grande, beaucoup plus grande ; elle est esquissée, mais pas assez à mon goût) ; et le début sonne juste.

Mais deux problèmes m'empêchent d'aimer pleinement le texte.


D'abord, c'est un texte d'une banalité navrante, sur le fond. Un homme qui pète un cable, un jour, parce que la société elle est aliénante, bouh bouh bouh, et que personne ne l'aime. Un gars qui se venge sur son patron, en le torturant. Le traitement de la torture est banal. Les tortures sont banales.
Le sujet est intéressant, la torture, c'est éminemment intéressant ; mais le souci, c'est qu'il intéresse tellement tout le monde que tout le monde a déjà eu, un jour ou l'autre, un fantasme de ce type.
Tous les Zonards, en tout cas, je pense, ou l'immense majorité. Peut-être moins ailleurs. Ce qui fait que si c'est (à mon sens) un texte zonard finalement oubliable même s'il est plaisant, ça peut être un texte efficace ailleurs. Qui sait.


Ensuite, il y trop d'invraisemblances pour que j'accroche.
Il écrase le cycliste, y a du sang partout ; puis il le marave à coups de pieds ; puis il s'en va. Et sa caisse ? Et ses vêtements ? Est-ce que personne ne l'a remarqué quand il est rentré ? Pas d'enquête ? Pas de soucis de camouflage des bosses et bris de phare éventuels ? Trop facile...
Il attache le patron pendant son sommeil, d'accord. Mais après ? La bouteille d'eau, c'est pour la patron en question, mais alors, il détaché ? Il ne se débat pas ? Il se laisse pisser dessus ? Il se laisse attacher à nouveau ?
Et pendant la scène de torture, par où est-il attaché ? Par les bras, c'est ça ? Alors comme évites-tu qu'il s'étouffe, une fois évanoui et une fois que ses membres sont brisés ? Les dissections, tu les fais pendant qu'il est attaché ? Et les garots ? Tu les lui fais comment, alors ? Et tu travailles sur les doigts à 2 mètres de hauteur ? Tu as un escabeau ? Et lorsqu'il a été frappé et brisé, comment évites-tu qu'il ne s'évanouisse, précisément ? Et la cautérisation de la langue, tu m'expliques ? C'est large, une langue, à sa base, je ne sais pas si tu sais ça, alors à moins de le cramer au troisième degré et de rendre sa trachée inutilisable par la même occasion, et de le faire s'étouffer par conséquent, y a pas vraiment moyen. Ou alors tu lui coupes seulement le bout, trois centimètres, ça se fait ; mais alors, un gars à qui on a brisé la mâchoire et les dents et qui a passé une nuit suspendu, tu crois qu'on lui ouvre la mâchoire comme ça sans qu'il ne perde connaissance ? Bref, c'est invraisemblable tout le temps ou presque, à moins de supposer que le mec passe son temps dans les vaps.
Quant au fauteuil, pour l'idée, d'accord, c'est grandiloquent mais soit, c'est marrant ; par contre, là, anatomiquement, sur les effets, c'est n'importe quoi. Vraiment n'importe quoi.

J'adore tout ce qui tourne autour du découpage, de la dissection, de la torture. On a les obsessions qu'on peut, ou qu'on doit, j'en sais rien ; mais ça me fascine.
Mais faut faire ça bien, ou ne pas le faire.
Il y a un respect à avoir pour le corps, pour ce qu'on dit, et simplement pour le lecteur.

Faut travailler ça. Beaucoup.
L'anatomie est une science exacte, sur le papier. Et on y est, sur le papier.



A part ces deux soucis, dont le premier est peu grave et le second à mon sens rhédibitoire, c'est un assez bon texte.





Ah oui, au fait : la fin est naze, mais au second degré et demi, elle est marrante.

Commentaire édité par Glaüx-le-Chouette.
nihil

Pute : 1
void
    le 03/01/2006 à 17:12:16
Faudrait voir à ce que ça se transforme pas en liste de courses non plus, c'est beau d'être méticuleux, mais gare à l'exagération. Un catalogue descriptif en quinze tomes des avanies que peut subir l'organisme, ce serait vraiment sympa, mais je crois qu'en termes d'intensité, ce serait le degré zéro. On perd en rage spontanée et explosive à force de trop détailler je crois.
Ca me va bien à moi, le tenant des rapports d'auto-autopsie en seize pages, de dire ça.
    le 03/01/2006 à 17:29:20
Bon, à me relire, je me dis que je suis quand même super con, et épais, c'est vrai.


En plus clair et avec les yeux moins exorbités, ça donne ça :

quand on écrit du gore ou des pages de violence physique et anatomique, on vise essentiellement un effet sur le lecteur. Pas question de faire de la belle ouvrage, de la phrase fleurie et de bon goût grammatical, pas vraiment, on est pas en poésie ; mais il faut taper le lecteur au bide, aux poumons, après arrachage des côtes si possible.

Or le lecteur a toujours une première attitude de méfiance, ou d'écart, face au texte. On attend de voir si ça plaît, si ça frappe, si ça prend ; pendant ce temps, on se dit "qu'est-ce que ça va être", et on reste critique.

L'attention à la vraisemblance, pendant ce moment de méfiance, est primordiale ; avec l'attention à l'orthographe, au style (moins, peut-être), à la richesse de l'intrigue, etc.
Parce que c'est une caractéristique facile à voir, à critiquer.

Donc si dans un texte de ce genre, on pose une somme de petites inexactitudes, de grosses erreurs, d'invraisemblances grand-guignolesques, on est sûr de ne jamais avoir l'adhésion du lecteur, et qu'il restera planqué derrière son bouclier de "hahaha c'est n'importe quoi". Et que le texte sera un échec.

Nuance à apporter : l'esprit critique du lecteur sera proportionnel, pour un texte de ce genre, à ses connaissances en anatomie, en torture, en physiologie générale, et à sa capacité à imaginer des phénomènes du genre de ceux décrits. Moi, m'en faut pas beaucoup pour m'insurger contre des babioles, qui sont peut-être indifférentes aux autres, qui ne les voient d'ailleurs peut-être même pas.
Donc peut-être que ça tape à la plèvre d'autres gens, même si moi, ça me laisse froid et m'énerve même.

A mon sens, il y a donc un dosage délicat à trouver, entre d'un côté la violence brute et gorasse, sans exactitude et je-m'en-foutiste, tant que ça chie des bulles, et de l'autre la précision médicale, chirurgicale à tous les sens du terme qu'on voudra.
Souci : le dosage varierait entre tous les lecteurs possibles...
Solution : n'a pas vraiment.


Demeure qu'à être imprudent, on s'expose à des critiques violentes et, surtout, fondées ; alors qu'à être trop précis, on ne s'expose qu'à des reproches d'excès dans l'obsession, ce qui n'est pas forcément, en soi, un défaut (les dingues sont intéressants en soi), subjectifs et donc sans fondement objectif. Donc éminemment envoyablechiers.


Ceci étant, je fais moi-même des grosses bourdes dans le genre, que personne ne me reproche jusqu'à ce que quelqu'un qui s'y connaît (genre nihil, jadis) me les signale à raison.
Personne n'est parfait.
N'empêche qu'il faut essayer. Essayer beaucoup plus fort que ça, à mon goût.
    le 03/01/2006 à 17:29:59
Et maintenant, toi aussi, facétieux lecteur, joue à mon nouveau jeu : faire des commentaires plus longs que le texte.

Youpi !
nihil

Pute : 1
void
    le 03/01/2006 à 17:36:01
Ta plèvre ferait un superbe couvre-chef pour mon chat.
    le 03/01/2006 à 17:40:45
Si on y coud ta bite, au centre, ça fera un béret basque.
Nounourz

Pute : 1
    le 04/01/2006 à 01:26:48
J'ai du du mal au début du texte. Le gars qui râle contre la société, à force, je commence à m'en lasser. On est des robots, on mène une vie inutile et frustrante, ça va, on le sait à force de se l'entre-répéter à tour de bras.
Pour tout dire, toute cette tirade de plaintes m'a prodigieusement agacé.

Le coup du cycliste est pas mal ; en fait, j'aurais directement commencé la nouvelle par ce passage, en le détaillant davantage.

Vient le passage sadique. La jubilation du tortionnaire est une fois encore très convenue. Pas assez tordu dans le tordu, si j'ose dire. Des méchants, j'en ai lu plein, trop, et celui là n'apporte pas grand chose de neuf à mes yeux.

L'escalade dans la torture infligée n'est pourtant pas si mal, même si à l'instar de glaüx j'ai tilté sur certains soucis de vraisemblance.

Pour le style, concernant l'ensemble du texte, je l'ai trouvé correct, moyen au début et meilleur sur la fin.

--

J'ai tout de même l'impression d'être trop critique sur ce texte qui aurait sans doute remporté mon approbation lors de mon arrivée sur la zone. Seulement, il arrive un an et bien des textes après, et entre-temps, il y a un peu de la magie qui s'est envolée. Quelque part, ma façon de percevoir le texte est aussi sujette à critiques que le texte lui-même.

--

Sinon, j'aurais bien vu le protagoniste d'enfer-sur-seine péter un plomb pour se transformer en celui de ce texte-ci, héhé :)
Aka

Pute : 2
    le 07/01/2006 à 16:45:54
J'ai pas lu les autres commentaires donc je vais surement répéter des trucs, mais on s'en fout.

Pour moi le texte aurait du s'arrêter là : "Je peux donner la vie, c’est ma fonction première de mammifère soit disant évolué mais à présent je m’autorise à la reprendre." Et là ça aurait été très bon. Le vrai truc de M. Tout Le Monde, beaucoup plus de réalisme (et donc plus frappant) que ce qui suit.

Le reste c'est du plus qu'attendu à la suite de cette première partie. Ok il est super énervé par sa condition donc il va torturer don PDG. On avait bien compris, merci. Du coup on se laisse porter sans plus, on a l'esprit qui part un peu ailleurs en lisant.
C'est gore ok, mais sans surprise (dans le genre ça devient difficile de surprendre ou de susciter une quelconque réaction d'ailleurs), au moins ça ne tombe pas dans le ridicule. Y a moins d'emphase que d'habitude (à part cette horreur : "« Stupide imbécile prétentieux, il est bien loin le temps de l’arrogance et de la fatuité derrière un somptueux bureau n’est ce pas ? »"), ça fait du bien.

En gros, la haine et la rage, perso je les préfère larvées, refoulées, à la limite.

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