PREACHER
J’ai commandé une pizza, il à 20 minutes de cela… Plus la moindre trace des Bots, j’ai dû tous les décimer en nukant le cœur… Internet vivote, les emails fonctionnent plutôt bien… Tant mieux même si c’est temporaire, tout va s’effondrer d’ici peu… J’ai de nouveau eu l’occasion de pratiquer l’art pour lequel je suis le plus doué, l’art de la manipulation… Chaque fois que je me connecte sur le réseau, je retrouve la confiance en moi que je perds lorsque je suis confronté à la dure réalité, et je ne rate pas une occasion de ressourcer mon ego… Quant la déprime me gagne elle fait d’horribles ravages que je colmate comme je peux. De toutes façons, la vérité, çà n’existe pas. Il y a manière et manière de rapporter le réel. D’ailleurs, il y a deux réels bien distincts. Celui que l’on vit, celui qui intéresse le commun des mortels, celui que les hommes idéalisent au point d’en faire le référentiel de leurs jugements de valeur, le centre de leur moralité… Il y a un réel qui m’intéresse d’avantage. C’est le réel que je souhaiterais vivre, que je souhaiterais vivre et partager avec mes concitoyens… Il m’arrive de faire des allégations réfutables dans la première réalité. Ne croyez pas pour autant que je ne sois qu’un banal menteur… Le menteur dissimule par honte, là où j’occulte, où je déforme pour arriver à mes fins, faire en sorte que ma belle hypothèse prenne vie. Je pense sincèrement agir pour le bien de mes semblables. Certains faits doivent leur être éludés, présentés sous un jour plaisant pour leur propre bien… çà doit être la raison pour laquelle, il me terrifient… Inconscients ! Bienheureux !
J’ai envoyé un mail à une troisième recrue : Big Chief… Hypocondriaque comme il est, jamais il n’aurait voulu mettre un pied dehors… Je pense avoir cerné ses faiblesses lors de nos longues heures de discussion par messages interposés. J’ai changé mon adresse sur les fichiers centraux, il n’y a guère plus que les livreurs de pizza qui aient la vraie et encore, sous un nom d’emprunt... Mes armes sont la jovialité, la gravité, une forme d’assurance bancale, ainsi que l’humour parfois. Mes chers petits amis, vous servirez la bonne cause quelles que soient les chimères que j’aurais mis dans vos têtes… Quels que soient vos combats, vos batailles feront mes victoires et leurs issues n’auront aucune importance…
Argh ! Bordel ! C’est ma putain de sonnette qui vient de retentir ? Heu… Faut pas faire de bruit ! Faut qu’ils croient qu’y a personne pour qu’ils nous fichent la paix et se barrent… heu… où est ce que je peux me planquer ? où est ce que je peux me planquer ? Chut… Mince, le livreur appuie sur la sonnette avec plus d’insistance… Il doit savoir que je suis là… Putain d’angoisse immatérielle de mes deux ! Elle me fait perdre tous mes moyens ! J’aurais pu dominer la terre entière, bordel de merde, sans cette saloperie de point faible à la con qui fiche tout par terre… Adieu, mes ambitions politiques, j’en suis réduit à me branler sur le net pour satisfaire mes désirs de pouvoir au sein d’une communauté de masochistes…
Calme-toi Preacher, calme-toi… Respire à fond… Ce putain de livreur est là parce que c’est ton plan ! T’es un peu habitué à lui… çà va être plus simple pour ouvrir cette putain de porte ! Tu t’automanipules, ok ? C’est comme quand tu te branles, hein ? Tu trompes ton esprit mais c’est pour ton bien … Preacher ? La porte est dans l’autre direction… çà c’est ton putain de PC ! Il faut lui dire au revoir maintenant ! Au revoiiiirrr, pourquoi çà marche pas ? C’est nul l’automanipulation !
Çà y est… Le livreur glisse le reçu sous la porte… Je vais le signer comme d’hab… eeeett… au lieu de le lui repasser sous la porte, ben je vais prendre la poignée…pis la tourner, et le lui remettre en main propre, prendre ma pizza, dire merci, l’envoyer se faire shampouiner dès qu’il réclamera un pourboire… enfin faire un truc normal quoi…. « Abigail pauvre con ! Ahhhhh Banzaï ! », Que je me motive… Je cours, je sautille sur place… Ah ben non en fait je suis tétanisé pardon… Ah ! Bonne surprise, je ne sais pas comment j’ai fait mais j’ai actuellement la poignée de ma porte dans la main droite… Peut-être qu’en poussant un peu … Peut-être que je pourrais me péter mon putain de poignet et avoir un excuse pour pas ouvrir ? aïe j’ai peur ! miam j’ai peur ! huumm j’ai peur ! kowabonga j’ai peur… saloperies de réactions inadéquates ! Cerveau de seconde main !
A quoi qu’il peut bien ressembler ce con de l’autre coté de la porte ? J’espère que j’ai l’air normal… J’aime pas quand les gens pensent que je suis bizarre… euk euk euk… vite un mirroir… Je suis bien peigné, j’ai une coupe normale ? euk euk euk snork zboing…. J’ai peur… tiens ma main veut plus lâcher la poignée… Je suis sûr qu’il a un casque de scooter et un accoutrement ridicule le livreur… ah ah ah… ridicule ! euk euk euk… de quoi que t’as peur hein ? c’est un minable, c’est un livreur ! Toi t’es un putain de client bordel ! Et t’as un super taf de logisticien et… euk euk euk… t’es un hacker euk euk… il vaut que dalle… euk…tu vas lui nuker sa pizza ! euk euk euk
-« euk euk euk »
-Hein ? Comment ai-je bien entendu ?
-« euk euk euk »
-Putain de merde ! Ce connard de livreur à la noix est en train de se payer ma euk euk euk… gueule et…
-« euk euk euk »
-Y a rien qui me mette plus en pétard qu’un mec qui se fout de ma gueule pasqu’euk euk euk j’ai des euk euk euk problèmes euk d’allocution euk euk lorsque je stresse euk euk
-« euk euk euk »
Et la j’ouvre la porte… Sans me démonter, je lui assène un bon « Tout le monde n’a pas la chance d’être né normal, monsieur… monsieur le bûcheron métallique du magicien d’Oz… euk…Au revoir… » Je ferme la porte sans demander mon reste… derrière y a un putain de Daft Punk… une boite de conserve de quincaillerie sur patte… une sorte de robot en gros…. euk
***
BIGCHIEF
Tiens… J’ai du courrier. Encore une de ces saloperies de spam, à tous les coups. Ah non, c’est cette chaudasse de Selena, je me demande ce qu’elle me veut…
[From : Selena@alphasoft.com
Object : J’ai besoin de TOI…
Salut, bigchief.
Ca commence à faire un certain temps qu’on chatte ensemble. Il fallait que je te dise… J’en ai assez de n’être qu’un trou pour mecs paumés. Des mecs qui n’ont rien à foutre de ma tronche, rien à battre de mon plaisir, qui ne pensent qu’à balancer leur sauce puis se barrer en inventant une excuse quelconque. Je ne veux plus de ce genre de relations…
Non, je veux quelqu’un qui me comprenne, qui me respecte et prenne soin de moi. Et de toutes les personnes avec qui je chatte, tu es le seul sur qui je pense pouvoir compter. Je sens ces choses-là… l’intuition féminie se trompe rarement. Parce que je veux que le plaisir soit partagé au lieu d’égoïste ; parce que la volupté est plus intense quand les deux partenaires se respectent mutellement…
C’est TOI que je veux.
Je veux te sentir en moi et hurler ma jouissance… Je veux sentir ta peau contre la mienne, sentir ta main dans mes cheveux… Je veux te donner du plaisir jusqu’à ce que tu demandes grâce, je veux frémir sous tes coups de reins…
Rejoins-moi le plus vite dans la tour 24A, appartement 217
Baisers mouillés…
Selena]
Du calme. Je respire un grand coup. Je tremble, mon cœur s’est emballé. Je file dans mon placard à pharmacie, il me faut un comprimé de tachycardyl. Putain, mais où est passé cette putain de boîte ? Ah, la voila… ah non, c’est du phosphoryl pour la mémoire. J’en prends deux cachets, ça m’aidera peut-être à me souvenir. J’ouvre les tiroirs : des médicaments en tous genre, sauf celui que je cherche. Mon cœur bat de plus en plus vite, j’ai peur. Tiens, du viagra. Je prends la boite sur moi héhé, Selena n’en reviendra pas. Du sirop pour la toux… Comme je risque de sortir, ça pourrait être utile. J’en prends une cuiller à titre préventif puis fourre le petit flacon dans ma poche. J’ouvre un autre tiroir, je trouve le tachycardyl. J’en prends deux et garde la plaquette sur moi.
Bon, reste à déterminer ce qu’il faut que j’emmène avec moi avant de sortir. Gants en plastique, masque antipoussière, spray antiseptique, pansements cicatrisants, antibiotique à large spectre, antidouleur, antidiarrhéique, médicaments pour la digestion et les maux de ventre, bain de bouche antibactérien, pommade pour incidents musculaires… Je prends tous ces médocs plus quelques autres au hasard, et fourre tout dans mon sac à dos. J’enfile ma paire de gants, je mets mon masque, je suis prêt. Je… J’ai peur ! Depuis combien de temps ne suis-je pas sorti ? Je ne sais même pas si je vais réussir à me retrouver dans ce dédale de couloirs. Vite, un comprimé d’antistressyl. Je vais attendre qu’il fasse effet. Je prends en décontractyl et un ducalmectol, pour accompagner.
Trois quart d’heure se sont écoulés. Je me sens mieux. Je vais sortir… Maman, j’ai toujours peur ! Ressaisis-toi, bon Dieu bigchief… y’a une chaudasse qui t’attends, tu vas baiser avec quelqu’un d’autre que ta main droite… Il y a une fille qui t’attend lascivement, et elle ne finit pas en .jpg… Courage !
J’ouvre timidement la porte de mon appartement. Mon cœur ne bat pas trop vite, tout semble ok. Mon appartement est situé au bout d’un long couloir, je ne me souvenais pas qu’il avait cet aspect-la. Peut-être a-t-il été modifié depuis la dernière fois que je l’ai vu. Je risque un premier pas sur ce sol inconnu. Je visualise déjà un millard de bactéries se ruer sur moi pour me plonger dans les affres d’une maladie inconnue et incurable. J’avale un antibiotique, par précaution. Mieux vaut prévenir que guérir… Allez. Je ferme les yeux, j’inspire profondément, j’expire lentement. J’ouvre les yeux, je commence à marcher. J’avance, le bâtiment est d’un calme presque macabre. Au bout du couloir se trouve un escalier, je pense qu’il faut que je descende. Mais au fait, peut-être suis-je au sous-sol ? J’espère que non. J’arrive en bas de l’ecalier. Il n’y a aucun panneau d’indication. Cinq couloirs partent en étoile, sans que je sache où ils mènent, j’en prends un au hasard, pourvu que ça soit le bon… Je vais niquer ce soir, le charme bestial de bigchief a enfin été reconnu, courage ! Le couloir monte un peu puis de plus en plus, mais il est trop tard pour faire demi-tour. J’arrive au bout, il y a une porte, je l’ouvre. Je sors dans un autre couloir, semblable à tous les autres. Au bout du couloir, il y a une porte sur laquelle est inscrit le numéro de mon appartement. Restons calme. J’inspire profondément, j’expire lentement.
PUTAIN DE SALOPERIE DE MERDE DE LABYRINTHE DE MES COUILLES !!
J’entends un bruit au loin. Un autre être humain ? J’ai peur de la confrontation, mais il est évident que c’est un mal nécessaire. Je me dirige vers la source de ce cliquetis, plein d’espoir. J’arrive au niveau au-dessous et me retrouve nez à nez avec un androïde. Il porte un costume rouge avec la mention « pizzadroid », et s’apprête visiblement à livrer une pizza. Ca tombe bien j’avais la dalle, ce con de robot n’y verra certainement que du feu… Hop je subtilise la pizza, vif comme un guépard, et je m’apprête à prendre la suite.
Le robot tente de m’asséner un coup de poing, mais j’esquive le coup. Je me retourne et m’élance. Le robot envoie une giclée d’huile devant moi. Je marche dedans, je glisse, je me cogne contre le mur d’en face. C’est douloureux, mais je dois avoir un remède pour cela aussi. Le droide s’avance lentement vers moi, l’air menaçant, et lève ses bras au ciel. Ses mains se rétractent, et deux longues lames sortent de ses poignets, sur l’acier je devines des traces de sang, certainement du sang humain. A moins que ça soit de la sauce tomate à pizza…
Je hurle, j’appelle au secours, mais je sais que personne ne répondra. Selena, je meurs pour toi… Adieu, monde cruel ! Je me console en disant que ce sont toujours les meilleurs qui s’en vont. J’en étais sur, j’aurais du me faire une petite branlette avant de partir. Je… je vais… m’évanouir… vite… un glucozyl… non, trop tard… je…
***
AKAIO
- Ou qu'on va, caupin ?
- Tu la veux vraiment, ta réponse en trois lettres ?
- Looool, j’aime bien quand ton aura d’humour vient doucement caresser mon coeur, Akaiô, mon caupin ! Mais où qu'on va bordel d'enculé ? On arrive bientôt ? J’ai faim, j'ai envie pipi, je veux te planter une fourchette dans la gorge, gros porc suppurant de fiel. Le monde est merveilleux.
Pourquoi j’ai oublié ma table. Pourquoi j’ai oublié ma table. Pourquoi.
Ca fait quoi, une heure, deux heures, qu’on marche ? J’ai oublié. La notion du temps c'est pas mon truc. Evidemment, avec les petits chiffres en bas à droite de l’écran, c’était plus facile. Au début, par réflexe, j’ai cherché ces mêmes petits chiffres sur les plinthes des couloirs gris ; en me maudissant pour ma connerie après coup. Ce demeuré de Kikoolol est complètement dans les vapes. Y a vraiment rien à attendre de ce déchet. Il me suit comme un bon toutou, il regarde partout avec un air amusé. Je suis sur qu'il se croit dans un jeu vidéo de dernière génération. D'ailleurs il a tendance à sautiller au niveau des obstacles, à la Mario Bros. Bon.
Le but étant d’arriver au pied de la tour et d’y trouver l’ordinateur central de la tour et de trouver l’adresse de la tour de Bigchief et de celle de Preacher et de reformer le groupe et d’aller niquer sa gueule au clan des bots d’Alphasoft dans le serveur d’Alphasoft dans la tour d’Alphasoft et après on verra, mais une petite branlouze serait indiquée, peut-être. Et une pizza au tofu. Sans anchois merci. Merde, à qui je parle moi ?
Le pied de la tour, ça doit être vers le bas des escaliers. La géométrie euclidienne l’exige. L'encyclopédie en ligne Kikipédia aussi, j’ai vérifié avant de partir. Si les instances supérieures en ont décidé ainsi, je m'incline. Mais là, ça fait deux cent mille trois cent douze marches qu’on descend, au moins. Ca me semble beaucoup, mais je n'en suis pas sûr. D’après le nombre d’étages, on devrait déjà être plus bas que le rez-de-chaussée, à peu près au niveau du centre de la Terre... Du moins j'ose supposer que nous sommes sur Terre... Bon. On va repartir dans les couloirs pour voir à quoi ça ressemble.
- Kikoolol.
- Schlouais shrpgnaupain ?
- ?
Putain il a emporté des sucettes gigantesques. Putain il bouffe des sucettes roses et vertes et gigantesques. Putain et si les couloirs étaient sous vidéo-surveillance. Je presse la pas pour ne pas être sur l’image, et je lui parle par dessus mon épaule.
- Bon. Hrm. On va sortir dans les couloirs, ça fait six fois et à chaque fois c’est pareil, mais faut essayer. Tu marches derrière moi et on y va.
- Schlrpsm. Attends je prends un Lexocalm suppo 200mg pour combattre les petits fantômes.
- FAIS PAS CHIER AVEC TES LEXOCALM !
- Mais non mais je mais tu sais je mais
- TA GUEULE DONNE-MOI CETTE SALOPERIE DE BOITE OU JE T’ECLATE AVEC CALME ET RETENUE ! ET LES SUCETTES AVEC !
Bien. Bon. J’ai tous les médocs, là. Ceux du hippie et ceux de Kikoolol. Bien. J'ai la pleine maitrise de la situation, oueergh.
Maintenant, on sort. Je pousse la porte battante de la cage d’escalier. Un long couloir gris, au-delà. Le même que tous les autres, en apparence.
Shlam shlam shlam shlamalamalam. La porte se referme derrière Kikoolol, qui ressemble tout à coup à un hamster stressé, sans compter que privé de sa sucette, il continue quand même à suçouiller dans le vide. Mais au moins, il la ferme.
Nos pas résonnent dans le couloir, mes chaussures cuir pleine peau davantage que les chaussons-lapins-bleus de Kikoolol. Rien d’autre. Cling sbarm. Ah si. Un cling sbarm, aussi.
Un cling sbarm. Ah. Voyons. Jamais lu d’entrée dans Kikipédia pour ce genre de bruit. EH ! Au retour, j’aurai un article à écrire pour Kikipédia. Ma gloire va s’étendre encore plus loin dans l’éternité virtuelle du savoir. Voyons donc cela de plus près, je dois me documenter. Je commence à marcher plus vite vers l’origine du bruit, juste après le coin du couloir, apparemment. Kikoolol me suit, en faisant un bruit un peu semblable à celui d’un disque dur qui charge, un petit sifflement aigu et en accélération. Peut-être qu’il charge. Peut-être qu’il va devenir vraiment humain. Tiens.
Je passe le coin en courant, et BANKLAPRONK (note pour plus tard : bruit très rare qui fait très mal). Je viens de heurter du front une masse dure et coupante. Je sens un fluide qui me coule d’entre les sourcils, c’est chaud et salé. Je me relève en titubant, et je vois devant moi un homme couché au sol, les bras sur son visage, comme en transes, ou épileptique, qui gigote dans tous les sens. C'est passionnant. Sur lui se tient un droïde rouge et jaune, avec un bras cassé en arrière et l’autre qui s'acharne à vouloir frapper l’humain au sol. Dans les vapes, occupé à goûter ce liquide chaud qui coule de ma tête, je me demande un instant s’ils font l’amour, et s’il y a lieu de sortir ma bite pour un petit instant émotion.
Putain de merde, mais je saigne.
Bon. La queue, plus tard.
- îîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîî, dit Kikoolol en crispant ses poings sur sa poitrine.
Je me jette sur le droïde (dont le bras cassé et la roulette coupante à son bout sont manifestement la cause de mon état), avec la rage des premiers hommes face au bison sacré. Partie à trois, où sont les orifices ? Banzaï. J’essaie d’arracher le droïde de dessus son adversaire.
- îîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîî, dit Kikoolol.
Pendant la lutte, j’entends la porte s’ouvrir, au bout du couloir. J’immobilise comme je peux le bras valide du droïde, pendant que l’humain gigote stupidement en dessous, et je me retourne. C'est un autre droïde. Ah les salauds, c'est une embuscade ! Celui-ci est entièrement gris et ses bras se terminent par des tournevis et des perceuses.
- îîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîîî, dit Kikoolool.
Le nouveau droïde avance jusque vers notre ami trisomongolien et s'arrête à sa hauteur.
- « Panne détectée, carence en huile de synthèse », analyse le truc archaïque à roulettes étiqueté « robomécano ». Puis il se précipite sur Kikoolol.
Le robomécano sort un tube du haut de sa structure, et envoie environ deux litres d’une substance huileuse chaude dans la poire de Kikoolol, très chaude même, à en croire l’aspect du visage de Kikoolol. Il bredouille tout doucement :
- A pas compris... Aïeuh.
Le robomécano paraît satisfait de l'arrêt du couinement suraigu, rentre son tube et s’en retourne à allure normale vers la porte de service, que je n'avais pas remarqué. Kikoolol est figé mais devient de plus en plus rouge, tandis que ses yeux s’exorbitent et rougissent eux aussi.
Son cri reprend doucement, mais en [a].
- aaaaaââaâaAâAAÂÂFILE-MOI MON LEXOCAAAAAAAAAALM ENCULEEEEEEEE !!!
C’est le moment que je juge opportun pour m’évanouir. De toutes façons je viens de me reprendre un coup de coude de droïde en pleine tempe, il est temps de taper pause et de vérifier mes stats dans le log. Mais il n’y a pas de pause. Ni de stats. Ni de log. Quel jeu de merde, la vie. Je vais donc m’évanouir. Hop.
***
KIKOOLOL84
Je vois tout en rouge, et la vague de chaleur brutale qui me monte aux cheveux n’a rien de doux ni d’agréable. Aaaargh. Tout ce qui entre dans mon champ de vision s’est mis à palpiter. J’ai la peau du visage qui frit et crépite tranquillement, recouvert d’huile bouillante, mais c’est le monde entier qui est en train de brûler. Ces salopards. Ces putains d’enculés de bâtards ont piraté mon univers pour le changer en cauchemar gluant, mon cocon a explosé et s’est ouvert sur des perspectives insupportables. La conscience est une malédiction. J’ai les yeux qui clignotent, j’hallucine grave.
Je vois mes amis virtuels sortir de mon écran pour m’étrangler.
Je vois mon lapin en peluche s’arracher la gorge avec ses griffes en plastique, sectionner ses artères et mourir dans son sang.
Je vois ma douce maman (dont on m’a envoyé la photo en jpg quand j’avais onze ans), enceinte, se foutre des objets tranchants dans la chatte.
Je hurle brutalement :
- Woueergh, sortez de mon canal, tas de hackers ! Kick-Ban Akaiô ! Kick-Ban PizzaBot001 ! Kick-Ban UnknownGuest001 ! Kill all users ! Looool !
Je veux des câlins moi ! Je veux des putains de câlins et je me retrouve en plein combat pour la survie. Je veux qu’on s’occupe de moi, qu’on me berce doucement jusqu’à la fin du monde ! Je refuse cette merde d’air froid qui bat les couloirs vides, je refuse ce sol granuleux et dur que je sens au travers de mes chaussons-lapins-bleus, je refuse l’existence de ces humanoïdes vautrés, leur odeur de sueur, leurs dents de traviole, leur chaleur ignoble ! A moi Kevin17, à moi PoeticLover, à moi Titounette ! Mes amis virtuels, dressez-vous d’entre les limbes obscures des canaux désormais interdits, formez vos légions de soldats de la bienséance et de l’amour factice, et venez-moi en aide. Je vous invoque !
Ce sale gros méchant d’Akaiô et l’autre humain, ils sont out of order, je vais bouffer leurs entrailles et démolir ce putain de bot avec leurs membres découpés au couteau à pain ! Il me faut mon Lexocalm, ou je ne réponds plus de rien. Je me précipite vers la dépouille d’Akaiô pour trouver mon médicament, mais le droïde se dresse sur ma trajectoire, et le haut-parleur crachouille avec un accent italien :
- Quelques oulives soupplémentaires pour la Margarita, chère Madame ?
Sur ce il m’envoie un grand coup de bras articulé dans la gueule. Je tente de lui passer le combo à 350 points de Ryû dans Street Fighter 2, mais je ne fais que me casser le poignet sur la coque métallique. Je pleure. Je trépigne. Je glapit.
Une Margarita fumante sort d’une trappe ouverte dans le bas-ventre du robot et m’est expédiée en pleine poire. Je sors mon couteau et ma fourchette et je les plante dans la gorge de ce mixer à roulettes. Ca fait clic gzzz crrrrr et clic clic et shshshsh. Y a des étincelles de partout, c’est magnifique, j’applaudis. Il s’effondre dans un coin en murmurant :
- Merci d’avoir choisi Alphapizza. Nous vous souhaitons un bon appétit et une gzzz…
Je me jette sur Akaiô et je commence à le secouer à lui rompre le col :
- Dis-moi où t’as foutu mon Lexocalm, pourriture ! Tu vas cracher le morceau oui ? Ton aura de prédateur sensuel ne m’impressionne pas du tout ! Tu veux des bisous ?
Je récupère le reste de croûte de Margarita et je lui en tartine la gueule. Je lui fais sentir l’intérieur de mes chaussons-lapins-bleus. Je lui susurre que j’ai eu sa mère en PV hot l’autre nuit. Rien ne fonctionne.
Je décide donc de le fouiller, et comme je m’en doutais, ce salopard de pervers à caché les boîtes de médicaments dans son rectum. J’enfonce ma main dans le cul d’Akaiô, jusqu’à mon poignet cassé, dont l’os explosé bloque contre les hémorroïdes de ce petit coquin. Il marmonne :
- Oh oui, chérie, continue, baise-moi à mort ! Tiens, ça sent le poulet cramé.
J’en profite pour bien frotter avec mon os, histoire qu’il en profite un maximum au réveil. J’attrape la boîte du bout des doigts, je ne parviens pas à la retirer, mais je l’ouvre et je saisis une plaquette. Je ressors mon trophée, empli de joie et d’amour pour notre monde merveilleux, et j’en avale les trois quarts. Glb. Putain c’est quoi cette merde. Je retourne la plaquette blister et je lis : « Hallu3000 2.5mg - Acide lysergique pour hippies ».
Aïe.
Pendant ce temps, l’humain inconnu émerge de son inconscience et me regarde avec des yeux ronds.
- Que… Mais… Mais elle est passée où cette grosse salope de Selena ? Elle avait des putains de capteurs, trop magnifiques, et ses bras articulés, ah ! Et elle cuisine comme personne, c’est la femme de ma vie !
C’est Bigchief. Je me mets à rire aux larmes et à ululer et à sauter en rond dans une folle danse de Saint-Guy. Youpi et you et pi et tralalala ! On va tous crever ! Et un, et deux, et trois connards ! Darladirladada sur le tirelipimpon ! Tralalilalolalilala !
Résumé : Les aventures de nos quatre Nerdz à qui on a coupé le net se poursuivent. Alors que Akaiô et Kikoolol déambulent déjà dans le labyrinthe de la Tour Parthenon, Preacher stresse à l'idée de franchir sa porte d'entrée. Quand à Bigchief, il y est poussé par un mail des plus motivants. Un épisode un peu moins survolté que le précédent, et moins drôle. Malgré celà un combat homérique sur la fin vient redresser la barre.
= chemin =
= résumé =
[ Les aventures de nos quatre Nerdz à qui on a coupé le net se poursuivent. Alors que Akaiô et Kikoolol déambulent déjà dans le labyrinthe de la Tour Parthenon, Preacher stresse à l'idée de franchir sa porte d'entrée. Quand à Bigchief, il y est poussé par un mail des plus motivants. Un épisode un peu moins survolté que le précédent, et moins drôle. Malgré celà un combat homérique sur la fin vient redresser la barre. ]
= biblio =
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20/04/2014
28/03/2012
23/01/2011
Résumé des épisodes précédents : une armée de bots hostiles a déferlé sur le net, prenant le contrôle des canaux de chat et coupant les connexions des usagers. C'en est trop pour nos quatre héros qui décident de sortir de chez eux pour organiser la rébellion. Etape complexe s'il en est. Alors que Preacher se heurte lamentablement à sa porte d'entrée, incapable d'oser la franchir, Akaiô a du monter une expédition punitive chez son voisin pour lui piquer son ordinateur. Là, il a reçu un message de Preacher lui enjoignant de trouver Kikoolol84. L'obéissant Akaiô s'est éxécuté et après avoir défoncé la porte de notre bisounours multicolore, extirpe celui-ci de son refuge... Ledit Preacher éprouve plus de facilité à pousser ses esclaves hors de chez eux qu'à sortir lui-même.
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En bonus DVD, voici les titres qu'on avait proposé à l'origine pour la série :
Autiste-Land
Nobody does it better than a freak
le freak c'est chic
histoire de froques de freaks
t'ai-je acculé dans tes retranchements ?
Vie de nerd
Geeky Town
Dans ma tour de silicone
DTCS
Geeky geeky yeah
then goto : dehors
then goto : IRL
la passionnante épopée de quatre paumés pathétiques.
De l'influence de la masturbation simultanée.
welcome to cyberlooseland
Loosers/nerds/geeks part.1 : l'impossible/improbable/impensable mission/quête/saga/épopée (entourez la réponse qui vous convient pour chacun des cas)
Extraspection
Commentaire édité par nihil.
Et avec tout ça, tu nous fais chier pour le titre de ta rubrique?
Sinon, je lis le texte et donne un avis positif dessus.
Avis positif.
Avis : v .
Avis: rond.
Avis : Gnon dans ta gueule !
çà c'est un middle twist qui dechire sa mère vegra ! vous vous en doutiez pas hein ? pas vrai ? (putain faites que le psychologie inversée fonctionne !)
Sinon, le texte, c'est dans la lignée des autres, pas grand chose à rajouter. Ça reste marrant, on sent les personnages déraper, on espère que ça va tenir la route sans s'essouffler. Il me semble que le Kikoolol déborde de potentialités. Je mise sur Kikoolol.
Kikoolol est celui qui m'a fait le plus marrer dans cet épisode.
On a qu'à fonder un club de kikoololeurs. On créerait un forum sur Aceboard et on passerait nos journées à nous dire bijour et kikoo avec des smileys à la con. Je suis sur que c'est dans nos possibilités.
mauvaise pioche, kikoolol meurt d'un cancer du cul fulgurant au prochain épisode... l'art de la télénovela consiste a savoir tromper son monde
Commentaire édité par Lapinchien.
Moi je le trouve fouilli cet épisode. Puis c'est pas le bidonnage total. Pour l'instant mon vote : Kikoolol, Akaio (parce que vraiment dans cet épisode il tue), Preacher. Bigchief. Tiens d'ailleurs ça me donne une idée moi... Direction le forum.
Je l'ai trouvé marrant cet épisode. J'attends beaucoup de Kikoolol dans le prochain.
Akaio aussi a un gros potentiel.
Par contre je trouve BigChief un peu sous-exploité. Comme Preacher (Un peu chiant dans cet épisode).
Marie-Ange Nardi était très bien aussi.
Mmh Kikoolol a plutôt tendance à s'assagir prochainement. Et ne sous-estimez pas Preacher, il vous prépare de bonnes tranches de rigolade prochainement.
Y a de purs produits de l'enseignement nationnal ici, des qui ne peuvent apprecier les choses qu'au travers de comparaisons, de classements... Pourquoi qu'on filerait pas des notes tant qu'on y est... Je vois même pas quel est le but de tout çà... y a comme un arrière gout d'emulation de Boy Scout, de prise au "serieux" à la con...
J'ai beau tout relire dans tous les sens, je ne vois rien de sérieux dans tout ça (hormis peut-être ton commentaire, mais j'ai un doute), ou alors ce n'est qu'un vaste complot.
Je ne pensais pas avoir à dire ça sur la Zone mais : je déconnais.
Je ne pensais pas que faire un vote bidon à la loft story sur des personnages purement virtuels (et dans tous les sens du terme) pouvait être mal pris. A la base je faisais ça pour avoir un peu d'anim' autour de votre rubrique. je pensais que ça pouvait faire marrer du monde et rameuter plus de participation. La prochaine fois je posterai un putain de commentaire thèse/antithèse/synthèse. Ca c'est d'une part.
D'autre part vous avez fait le choix de traiter quatre personnages sur quatre tons différents, ça semble un peu logique que certains plaisent plus que d'autres suivant les lecteurs.
En règle générale (et je dis bien en règle général, c'est pas que pour LC), je trouve qu'on est assez balaise pour dézinguer ici, par contre pour se prendre des poutres dans la gueule y a plus grand monde. On vieillit ?
Ici c'est le médiateur de la police ! Tout le monde à terre, personne ne bouge ou je vous bute tous les uns après les autres ! SOS Mediation à votre service ! Qu'est-ce que t'as toi, tu me cherches, batard ? Alors quel est le problème tas d'enculés ?
Commentaire édité par nihil.
Ta mère à poil chez les Mormons. Nique la Zone.
Grâve.
J'ai voté Akaio juste pour faire chier LC.
moi j'ai voté pour toi
"nihil le 06/12/2005 à 22h23min58s
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On a qu'à fonder un club de kikoololeurs. On créerait un forum sur Aceboard et on passerait nos journées à nous dire bijour et kikoo avec des smileys à la con. Je suis sur que c'est dans nos possibilités
"
Oui. http://162052.aceboard.fr/index.php?login=162052
Ah ah ah.
Hey toi tu vas pas t'en tirer sans payer des royalties hein !
Bon OK j'arrive.
(ça sent le Ventoline, ce forum ou je me gourre jusqu'à l'oignon ?)
il é pourrit votre truk!!!
non. incinéré, batard.
En principe c'est tirelipimpon sur le chihuahua.
Sinon j'aime bien les histoires de chatte.
Bien marrant cet épisode, ça part en couille dans tout les sens, c'est complètement déjanté, et vraiment unique.
J'adhère totalement à cette série, et petit à petit, commence à préférer Preacher et sa mégalomanie parano à Kikoolol et sa psychopathologie de bisounours.
C'est une fois de plus très bien ficelé et bien écrit, pas besoin d'en dire davantage, c'est du tout bon qui se lit avec vraiment beaucoup de plaisir, sans peine et vraiment jouissif.
https://sotaku.com/japanese-cosplay-queen-shocks-fans-by-revealing-that-she-is-actually-a-man/