Je quittai la cellule puante dans laquelle j’avais fait incarcérer, au terme d’une longue enquête, cet individu coupable de sept meurtres avec préméditation. Le gardien referma la porte derrière moi, et je partis pour le commissariat où je devais me rendre afin d'assumer les formalités d’usage. Inspecteur de police, un métier qui comporte comme tant d’autres son lot de paperasses à remplir. Je m’acquittai rapidement de ma tâche, et quittai mon bureau pour me rendre en hâte à mon appartement. Une heure d’embouteillages dans la capitale, une foule énervée, agacée par tous les tracas du quotidien. Un quart d’heure de plus avant de trouver une place pour stationner la voiture. Et puis, la délivrance, enfin.
Je me servis un cognac, allumai la radio, et m’affalai dans le canapé. Fatigué. Las de courir après la lie de l’humanité, de traquer jour après jour des détraqués. Et surtout, de savoir que tout cela était inutile, que ceux attrapés ne représentaient qu’une infime partie de la masse des dégénérés meurtriers, violents qui profitaient des travers de notre société moderne pour assouvir librement leurs instincts bestiaux. J’avais envie de tout plaquer, d’arrêter de me confronter sans cesse à ce que le genre humain possède de pire. Mais que pouvais-je faire d’autre ? J’étais un bon flic. Je n’avais rien d’autre.
Comme les autres soirs, je n’eus aucun appétit. J’avalai un somnifère et m’allongeai sur mon lit, encore habillé. Des crimes sanglants, des viols, des actes de tortures ; des esprits malades à pister, débusquer, enfermer. Les enfants perdus d’un pays perdu. Ma vie. Je fermai les yeux, tentai de faire le silence dans mes pensées. Par la fenêtre, la rue charriait son cortège de bruits, ses battements désordonnés, ses cris. La vie urbaine me parvenait par saccades, comme des rafales sonores déferlant dans la pièce à intervalles irréguliers. Il m’était impossible de quitter cet univers, celui de la folie ambiante qui transforme le désespoir des hommes en pulsions agressives. Impossible de changer de vie, je ne le savais que trop bien. Je fis cet amer constat, comme chaque soir, et comme chaque soir la résignation finit par l’emporter.
Je m’endormis sans avoir quitté mes vêtements. Malgré sa longueur, le sommeil fut peu réparateur, et j’émergeai non sans difficulté le lendemain matin, avant le lever du soleil. Douche, café, informations télévisées. Ensuite, je sortis dans la rue encore silencieuse, montai dans ma voiture et me rendis au commissariat. Mon boulot est toujours le même, une nouvelle affaire ne tarderait pas à montrer le bout de son nez. Toujours plus sordide, toujours plus inhumaine. Assis devant mon bureau, je soupirai longuement, puis commençai à éplucher les différents dossiers qui traînaient devant moi. Une journée de merde s’annonçait, qui ne serait certainement pas la dernière.
LA ZONE -
« - Une dernière chose… puis-je connaître votre nom, inspecteur ?
- Navet. Héraklès Navet.
- Je vous remercie. »
- Navet. Héraklès Navet.
- Je vous remercie. »
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Ca manque de morale, mais y a du cognac, c'est parfait. Un épisode non burlesque, ça change, on entrerait presque dans de la vraie série noire. Par contre, là, j'ai juste envie d'aller me pendre, mais merci quand même Nourz.
En fait, j'ai voulu m'entraîner à faire un texte qui ne soit pas débile, pas psychopatho, où il n'y ait pas de montée en puissance ni de final twist.
Je considère que j'ai atteint mon objectif.
Pour l'humour, je verrai bien une prochaine fois.
Ah c'était un genre d'exercice de style ?
Wow.
J'aime beaucoup, et ça pourrait tout aussi bien être un texte indépendant, hors de la série Héraklès Navet. C'est plutôt un compliment, ce que je dis.
Mais c'est aussi la preuve qu'Héraklès Navet est universel et peut revêtir tous les visages et que ses aventures peuvent prendre toutes les formes.
En fait je propose que toutes les rubriques soient renommées Héraklès Navet.
En fait, c'est tellement un texte indépendant que j'ai fini par rajouter le mini-dialogue d'introduction histoire qu'il y ait un lien avec le reste de la rubrique...
oui c'est çà ! Je suis sûr que c'est le debut d'un scenar que t'as commencé à ecrire pour l'Inspecteur Derrick et que par honte tu as fini par laisser de coté... tu auras habilement ajouté l'intro pour faire coller le tout à l'univers relativiste d'heraklès Navet. tout cela dans le but de te debarrasser d'un texte genant que ta conscience eprise des series policieres Allemandes ne pouvait t'autoriser à jeter au flammes... Avoue !
La flemme actuelle des zonards à commenter les textes m'incite à incrémenter de façon artificielle le nombre de commentaires de celui-ci.
Sinon, j'suis pas fan de Derrick Hunter.
J'adore celui là. Il se passe rien, c'est plat et ça tourne en rond.
Définitivement, j'aime beaucoup.
J'incrémente, Nourz, j'incrémente.
c'est mon texte préféré, on sent l'intensité qui se dégage du regard de holmes, quand face à la femme en pantoufle de verre il déclare: "madame, vous êtes en état d'arrestation, vous pouvez demander un avocat, droit qui vous sera refusé tant que vous n'aurez pas été violée dix-sept fois [...]"
J'adore, c'est génial, certainement mon texte préféré du dossier Héraklès Navet.
Incrémentons.
Farpaitement ! Machin a raison.