« La » coupable, car c’était une femme. Une putain de femme, même. Mini-jupe au ras du monticule, des jambes fuselées et musclées à la fois, des seins de tueuse sous un top stretchy. Des cheveux bleus, des sourcils bleus, des cils bleus. Et le fort accent breton qu’il avait prévu, lorsqu’elle lui dit :
- Comment qu’ tu m’as trouvée, enculé ?
- Héraklès Navet, demoiselle Jeanne Fézoé, pour vous servir ; pas Enculé. Riclès, à la rigueur. Et la rigueur est physiologiquement de mise, face à votre plastique.
Héraklès savait parler aux meufs, ça oui. Mais là, effet médiocre. La damoiselle gardait son arme étrange pointée sur lui. Il tenait son chapeau melon renforcé au titane dans le prolongement du tube, au cas où elle l’allumerait, et il avait déjà son arme secrète dans la main, cachée sous son chapeau, mais il n’avait pas envie d’abîmer la bombasse en face de lui. De la cabosser, oui. Mais très métaphoriquement.
- Et comment qu’ tu sais mon nom, trou du c’ ?
- Elémentaire, ma chère. Vous avez laissé votre signature sur les cadavres de toutes les victimes. Cette légère couche rougeâtre qu’elles avaient sur la langue. Les enquêteurs passaient à côté, à force d’examiner la tripaille éparpillée.
- Haha. Les kercons.
- Oui, mais pas moi. Car j’ai trouvé, après examen approfondi d’une victime, étalé sur mon gl... sur mes outils de prélèvement, du colcotar.
* taaa *
Riclès sourit en coin, et laissa son petit effet faire son petit effet.
- Du colcotar, dis-je. Oxyde ferrique communément utilisé pour polir le verre ou le cristal. De là, tout s’enchaîne. Le cristal le plus commun se fait dans les cristalleries d’Arc. Vous vous appeliez donc Jeanne, d’Arc. Quand au symbole du colcotar, c’était Fe2O3. Une solide habitude des tchatss (il laissa traîner le ssss, dans un élégant trait d’accent french old style) m’a permis de reconnaître là une version l33t de votre patronyme, Fézoé. Pseudonyme trop bizarroïde pour être autre chose que breton.
- Pirate de mon cul !
- En revanche, j’ignore votre mobile.
Héraklès Navet avait du mal à rester debout immobile, quant à lui, après cette démonstration de puissance réflexive. Il avait le slip en forme de bonnet phrygien à l’envers et une furieuse envie de danser une lambada transcendantale avec la dame Jeanne, ou d’aller lui brouter les pâturages azuréens.
- Mon mobile, connard, il est dans mon passé. Déjà toute petite, elles se moquaient de moi, les salopes de françaises. J’y peux rien si mes parents avaient déménagé à Créteil. Et j’y peux rIen si ma mère faisAIt un kouing aman poUr moN goûTEr chaque JOUr. Et j’y peux rien sI j’exPRimAis mon sTREss en me tortILLAnt le doigt DANS le noMBRil. Et j’y PEUX rien SI j’ai lE noMBRIl en bOUTON dE MARGUErite bORDEl de NOM DE SAInT LO ! ET SI J’AVaIS LE NOMbRIL TOUT LUIsaNT APRES ! GNAAAGNAGNA LA BRETONNE ELLE A DU BEURRE DANS LE NOMBRIL, GNAAAAGNAGNA LA BRETONNE ELLE SUINTE DU BIDE ! CREVEZ PETAAAAASSES !
- Oui bon faut pas s’énerver, ma petite dame.
- ALORS JE LEUR FAIS PETER LE NOMBRIL AU SOUFFLEUR INDUSTRIEL ! LES UNES APRES LES AUTRES ! SALOOOOPES !
- Oui non mais
- CREEEEVE !
Héraklès n’eut pas le choix. Il utilisa son arme suprême anti-Bretonne, le granulé superconcentré de bicarbonate de soude. Il négocia une parade-riposte au parapluie de ville contre le tube du souffleur de Jeanne Fézoé, et lança élégamment de la main gauche son granulé, droit dans la bouche hurlante de celle que les journaux appelleraient, dès le lendemain, « La Graisseuse Kouing des criminels ».
Ainsi fut fait, et c’était pas du gâteau. Breton. Gniaahrahaha.
hum
LA ZONE -
Héraklès arrivait au terme d’une enquête difficile, ah oui, bien difficile. Une série de morts inexpliquées par éclatement du nombril. Des jeunes femmes plantureuses, qui lui faisaient la bite comme un bouton d’acné en phase terminale, même avec leur bide en forme de tomate explosée au micro-ondes. Mais il avait la coupable en face de lui (et une nouvelle moussaka de nombril à ses pieds, aussi).
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C'est azuréen. Carrément transcendantal. Presque lisible.
Putain c'est totalement dégueulasse cette rubrique, une vrai disgrâce. Lapinchien, t'aurais pas encore pire comme idée en stock, par hasard ?
Genre 'Charlie et ses trois drôles de cadavres mutilés' ?
Commentaire édité par nihil.
Faudrait peut-être d'abord laisser tomber le jeu débile sur les mots aléatoires, histoire de se laisser une chance au départ de faire autre chose que n'importe quoi.
Le jeu des mots aléatoires n'est pas une obligation. Néanmoins, on peut le prendre comme un petit exercice amusant...
Je me demande même si on pourrait pas s'amuser à faire des petits jeux littéraires et/ou stylistiques, pas forcément sous forme d'articles mais sur le forum...
J'ai pas forcément d'idées concrètes pour le moment mais je trouve l'idée sympa.
S'imposer des contraintes ? Par exemple, un sonnet, c'est ça que tu veux dire, Nourz ? Pas con comme idée, je trouve.
Pas con ? Tu voulais surement dire "Pas normal".
wow pitain...
trop fort le navet avec son sens de la deduction impitoyable. Fe2O3 qui en l33t done Fézoé, c'est du bien tordu... Il n'a rien a envier aux Professionnels Miami Unit, NCIS et autres polices scientifiques à la mode notre personnage collectif...
Faites tourner le Riclès !
Kerrespect Glaüx !
Cependant, je suis déçu, tu es passé tout près du souffleur de Bretagne sans le voir (ou l'oser).
(pas de quoi piquer un far, cela dit)
Ca sent le lapin.
Les Chrétiens ont toujours eu des problèmes intestinaux face aux longues cornes, aux longues oreilles, aux langues fourchues, aux appendices bifides et surdimensionnés.
Sûrement un souci dans l'enfance de la Chrétienté.
Je n'aime pas les cornes de lapins, tu vas pas m'en vouloir pour ça, puteborgne.